B. R. BRUSS – Éditions Fleuve Noir – Collection Angoisse - 1971
Le docteur Blaine est dans son cabinet, son dernier client vient de partir quand le téléphone sonne. Il décroche, s'attendant à un appel de Lucie, sa fiancée.
Mais non, il reconnaît la voix du professeur Robert Scheelring. Conversation laconique, son interlocuteur lui disant qu'il va mettre fin à ses jours dans deux minutes avant de raccrocher. Il rappelle, personne. Que faire ? Aller à la gendarmerie semble la solution.
Le lieutenant Boze auquel il s'adresse est surpris, le matin même il rencontrait le professeur, souriant et affable comme d'ordinaire. Il ne peut rester sans rien faire et propose d'accompagner le docteur chez Scheelring. Ils en auront le cœur net. Au passage ils prennent Léon Nelsy, chirurgien qui pourrait être utile.
Hercenat est une petite ville, bourgeoise, le professeur réside dans la Tour Blanche, dans la périphérie.
Sur le chemin Blaine s'interroge, après tout il connaissait mal le professeur, l'ayant seulement croisé au hasard de réunions plus ou moins formelles. Qui est réellement ''l'ermite de la Tour Blanche'' ? Plus ils approchent plus le docteur est convaincu que Scheelring est bien mort, le malaise s'installe dans le véhicule alors qu'ils traversent un paysage que l'obscurité nimbe d'étrange.
La maison semble déserte. Ils s'interrogent devant la grande porte noire, mais ils ne sont pas venus pour repartir ainsi. Le carillon résonne dans la demeure sans que rien ne se passe. Un deuxième, puis un troisième essai ne donnent rien. Machinalement Blaine pose la main sur la poignée, appuie. La porte s'ouvre, la lumière dans le hall s'allume. Nelsy hésite, les autres se souviennent de l'appel, pas question de rester inactif. Jamais le professeur ne serait parti, avec ses trois serviteurs qui plus est, en laissant sa maison ouverte.
À l'autre bout du hall une porte métallique doit communiquer avec les laboratoires où le professeur conduisait ses recherches. Pas de serrure, aucun moyen visible de l'ouvrir. Pourquoi ne pas visiter les six étages de la tour. La cuisine est bien approvisionnée, personne dans les chambres, une pièce immense avec en son centre un socle métallique surmonté d'une grosse boule de cristal taillée de mille facettes. Ils continuent leur exploration, arrivent dans le cabinet de travail. Blaine trouve l'interrupteur, Nelsy pousse un cri. Le professeur est allongé sur un divan, il semble dormir mais ses yeux ouverts contredisent cette impression.
Aucun doute, il est mort. Une perte immense pour la science !
Tous pensaient que Scheelring était un génie, mais aussi un franc-tireur. Né à Hercenat cinquante ans plus tôt, il y avait vécu jusqu'à 11 ans. Prodige intellectuel il avait fait ses études dans les meilleures universités d'Europe et d'Amérique, se spécialisant en physique nucléaire et faisant faire des pas de géants à cette science, sans pour autant ignorer la chimie, l'informatique, la biologie...
Ignorant médailles et récompenses il avait fait savoir qu'il refuserait le Nobel avant que celui-ci ne lui soit attribué.
À 45 ans il avait quitté ses fonctions pour revenir à Hercenat, fait construire la Tour Blanche sur le plateau des Vorgnes, y vivant depuis en ermite.
Les trois hommes se décident à rendre officielle ce décès, mais au moment de prendre le téléphone ils découvrent une enveloppe posée sur le bureau sur laquelle était écrit : Pour ceux qui entreront les premiers ici. Deux feuilles à l'intérieur, l'une couverte de signes incompréhensibles, entre hiéroglyphes, figures géométriques et séries de points assemblés. L'autre portait la fine écriture du professeur portant les dernières volonté du mort. Il souhaitait être inhumé dans le tombeau proche de sa maison, dans le cercueil de verre qui s'y trouve, pas de cérémonie, pas de nom sur le caveau.
Rien de plus.
En attendant l'ambulance et les autorités Blaine demanda s'il pouvait faire une copie de la première feuille, le décrypter était un défi qu'il souhaitait relever.
Après enquête, tests et autres investigations le professeur fut porté dans sa dernière demeure comme il le souhaitait. Bien des questions subsistaient mais aucune réponse n'était accessible. Quand au personnel de Scheelring, aucun ne fut retrouvé.
Petit à petit la curiosité s'estompa, la Tour Blanche fut promise à des chercheurs, aucune cause au suicide du professeur n'avait été découverte, pas plus que le moyen qu'il avait utilisé. L'actualité joua son rôle, il disparut des gazettes et les journalistes quittèrent la région. L'automne finit, vint l'hiver, en décembre Blaine épousa Lucie Bersang. Tout s'annonçait parfait pour le jeune couple. Nelsy lui-même préparait son mariage, la mort du professeur n'était plus qu'un curieux souvenir.
Mais cela n'était qu'un prélude à ce qui allait arriver !
Tout commença par la visite d'une mère et de son fils, la première inquiète qu'un index de son rejeton fut plus court que l'autre. Rien de rare lui dit Blaine. Mais l'enfant ne l'entendait pas ainsi, il se mit à pleurer, affirmant que son doigt diminuait régulièrement. Aucune raison de s'inquiéter affirme le médecin. Il en est persuadé.
À quelques jours de là ce sont deux fermiers qui viennent en visite, cette fois c'est de nez dont il est question, celui du fils, Firmin, change, raccourcit...
Blaine est intrigué, doute, s'interroge, et reste sans réponse. Le soir même il est invité chez Nelsy, alors qu'il s'apprête à lui parler du dernier cas en date celui-ci le précède pour évoquer une visite récente, celle d'un mécanicien se plaignant qu'un gros orteil ait si grandi qu'il en devient gênant.
Malformation affirme Nelsy, pas du tout répond le patient, cela ne fait qu'un mois qu'il est embêté par son pied.
Et puis c'est M. Huglan qui lui demande de passer chez lui. Dont acte. Ce monsieur lui explique qu'il s'est mit à boiter sans raison, avant d'en comprendre la cause, une de ses jambes est plus longue que l'autre. Cinq centimètres en un mois c'est beaucoup.
D'autres cas se présentent, neuf en quelques jours ! La chose se sut et la peur d'une épidémie apparut. Ce qui n'était pas une raison pour que Léon Nelsy retarde son mariage avec Clara, celui-ci fut célébré le 2 août. Le soir même ils partaient en voyage de noces.
Un soir Blain a un accident de voiture, sous une pluie torrentielle il se retrouve prisonnier éjecté de sa voiture. L'étrange cette fois était que l'orage n'avait eu lieu que sur une vingtaine de mètre, au-delà la route était sèche et le ciel radieux.
Quelques jours se passent, avant qu'il ne remarque cette fois sur sa fiancée que celle-ci a des lobes très court.
Une étape va être franchie avec le premier mort, Pierre est fermier, il s'occupait de ses vaches quand il tomba foudroyé pendant un orage qui n'eut lieu que sur quelques mètres carrés.
Les médias s'en mêlent, Hercenat refait la une de l'actualité. Des questions, pas de réponse.
Il est temps d'agir, en pratiquant l'exérèse d'une excroissance que Mme Dorne présentait sur le cou depuis quelques temps. Opération brève, sans difficulté. L'analyse de la chair donnera peut-être une explication de tout ces phénomènes inhabituels.
Mais avant celle-ci Mme Dorne, meurt, d'une crise cardiaque apparemment, encore que rien ne prouve celle-ci. La peur commence à s'imposer chez tout ceux qui sont atteint de ce mal étrange, croissance ou diminution, en attendant que tous soient frappés.
Cela va continuer par un homme ayant cherché à s'opérer lui-même d'excroissances qu'il avait dans la main.
La foudre continue de frapper, provoquant plusieurs morts simultanément ; les dérèglements cellulaires se multiplient, les spécialistes s'arrachent les cheveux. Les décès se succèdent sans qu'aucune explication ne soit trouvées, y compris par les scientifiques installées à la Tour Blanche.
Un événement différent va avoir lieu ; le maire, alors qu'il regardait la télévision voit à la place des variétés un homme masqué le regardant et affirmant ''Vous vous appelez Léonard Grel, vous êtes maire de Hercenat. Vous mourrez subitement cette nuit, à minuit précis''. après quoi l'émission repris comme si de rien n'était.
Il n'y croit pas, Blaine non plus.
Ils ont tort !
Que se passe-t-il à Hercenat, et dans sa région, ces événement ont-ils un rapport avec le professeur Scheelring et la Tour Blanche. Quels secrets avaient découvert ce scientifique, et quelles conséquences avaient-ils sur l'environnement du caveau du savant ?
Si vous voulez en savoir davantage vous pouvez, et devez, lire ce roman de B.R.BRUSS. L'histoire aujourd'hui serait traitée tout autrement, progrès oblige. Sa lecture est une agréable façon de retrouver un imaginaire toujours d'actualité.