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16 mars 2024 6 16 /03 /mars /2024 21:12

Vous connaissez HP LOVECRAFT, dont nous commémorions hier le 87ème anniversaire de la disparition, prétexte à un article de plus, et Alan MOORE l'un des meilleurs auteurs de sa génération, leur rencontre ne pouvait que donner une œuvre exceptionnelle dont Omnibus publie l'intégrale en un seul volume, fort lourd il est vrai mais incontournable pour qui apprécie l'univers de l'un ou l'autre de ces auteurs, ou plus largement une bande dessinée sortant de l'ordinaire.

Ainsi se présente Providence et autres récits lovecraftiens, scénarisés par Alan MOORE et illustrés par Jacen BURROWS assistés de Antony JOHNSTON, NUMBUS STUDIO, Juan RODRIGUEZ et JUANMAR, traduit par Thomas DAVIER.

Tout commence en 2004, c'est la fête de Farrakhan, dans Clinton street dans le quartier de Red Hook. Aldo Sax est un agent du FBI envoyé là pour enquêter sur une série de crimes violents qui s'ils se ressemblent dans leur mode opératoire semblent ne pas avoir de lien entre eux puisque à chaque fois un coupable a été arrêté, d'abord un libraire de 20 ans dont le beau-frère découvrit dans son réfrigérateur 12 mains humaines individuellement ensachées, celui-ci appela immédiatement le FBI, ensuite il y eut un poivrot qui trimbalait trois têtes dans un sac de supermarché puis une famille décimée par le fils, et seul survivant... tous reconnurent leurs crimes, l'étrange étant qu'ils se ressemblaient sans que ces criminels aient pu communiquer, d'où l'intervention de Sax, spécialiste de la ''théorie des anomalies'' qui commence son enquête en se basant sur des bizarreries trouvées chez ou sur chacun des tueurs.

Pour cela il se rend au Club Zothique, y circule toutes les drogues possibles et ''la poudre blanche'' une nouveauté basée sur la DMT, une production du cerveau, naturelle donc et éliminée rapidement.

Il rencontre un contact qui lui parle de l'Aklo dont Sax n'a jamais entendu parler et qui est proposée par Johnny Carcosa un homme portant toujours un masque sur le visage. Sax se rapproche de cet homme pour goûter à ce produit alors que sur la scène montent les Chats d'Ulthar qui entament leur succès, Les Variations de Zann...

Sax convient d'un rendez-vous avec Carcosa, il va pouvoir tester ce nouveau produit...

 

Gordon Lamper et Merril Brears sont agents fédéraux arrivent dans un centre psychiatrique ultra sécurisé, ils viennent voir un certain Aldo Sax emprisonné pour avoir assassiné 2 personnes avant de les découper à la façon particulière des meurtres précédents. Ils espèrent que Sax pourra leur apprendre quelque chose, et vont être déçus, celui-ci emploie une langue inconnue, des agents, mais pas des lecteurs dont je vous souhaite de faire partie.

C'est le début d'un long voyage de 643 pages, plus de nombreux compléments que je vous laisse découvrir. Au long de ce périple vous suivrez Robert Black, jeune journaliste qui commence, en 1919, son enquête sur les zones d'ombre des États-Unis, il fera de nombreuses rencontres, découvrira des rites inconnus, des créatures improbables, des livres que personne ne devrait même nommer. Il rencontra même, entre autres, un jeune auteur que nous connaissons bien.

Mais tout cela vous l'attendez, que dis-je : vous l'espérez, vous le désirez. N'est-ce pas ?

 

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20 août 2023 7 20 /08 /août /2023 05:30

S'il est un texte emblématique de l'oeuvre de notre ami Howard, c'est bien celle-ci, d'abord parce qu'elle met en avant sa création la plus célèbre et, mais est-ce bien le cas, de Cthulhu et de Lovecraft lequel est le créateur et lequel la créature ? Bien sûr personne de sensé ne peut se tromper et intervertir les rôles, mais qui disait autrefois que la plus grande force du Diable était de nous faire croire qu'il n'existait pas...

 

Mais chacun pensera, ou croira, ce qu'il veut, ou peut, aujourd'hui la question n'est pas là et si je reprends la plume c'est pour honorer la naissance de HPL survenue, vous le savez tous, le 20 août 1890.  Le hasard, ou une volonté ''inconnue'', fait qu'il s'agit aussi d'un jour de fête pour moi. C'est donc un double événement qu'il me semblait important de souligner, pour cela je voulais vous présenter le travail de François Baranger, bien que je sois sûr que vous le connaissez déjà, si ce n'est pas le cas et avant d'aller faire un tour dans d'inhospitalières régions je vous suggère de vous rendre dès demain si c'est physiquement, dès la lecture terminée de cet article si c'est par internet, chez votre libraire préféré pour l'acquérir.

Si vous êtes ici par hasard je vous résume l'histoire qui est relatée ici.

 

Tout commence à Boston, en 1926, Francis Thurston hérite de son grand-oncle décédé dans des conditions inhabituelles de documents évoquant une secte mystérieuse, et inquiétante, adorant une espèce de divinité endormie au fond de l'océan dans une cité cyclopéenne depuis des millions d'années. Intrigué Francis va marcher sur les traces de son parents pour découvrir l'abominable vérité et que c'est l'humanité entière qui est en danger.

Il fallait l'immense talent de François Baranger pour donner la meilleure illustration de Cthulhu, à moins qu'il n'ait eu, comme un certain personnage de Lovecraft, la possibilité de la contempler dans sa grandeur immortelle. Puisqu'il semble avoir conservé l'intégrité de son esprit je pense que ce n'est pas le cas, et c'est une bonne chose puisqu'il ne s'est pas arrêté là et... mais j'aurais l'occasion de vous présenter la suite de son travail.

 

J'ai eu la chance de profiter d'une édition spéciale, judicieusement appelée EDITION R'LYEH comportement davantage d'illustrations ainsi que d'un reportage abondamment illustré du travail de l'illustrateur, le tout dans un format plus important. Je pense cette édition épuisée, que cela ne vous empêche pas de la rechercher ou, à défaut, de vous procurer la version normale, vous ne le regretterez pas.

 

Vous imaginez ce qui vous arrivera si vous ne le faites pas...

 

 

Bragelonne

 

 

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15 mars 2023 3 15 /03 /mars /2023 10:22

Éditions Actu SF

45, chemin du Peney

73000 Chambery

www.edition-actusf.fr

 

Existe-t-il un titre qui conviendrait mieux à définir l’œuvre du maître de Providence ? Encore que pour certains ils puissent s'agir de simple lucidité, pourquoi craindre la réalité ?

 

Il y a un an, pour commémorer sa disparition le 15 mars 1937, j'évoquais le manque de reconnaissance dont souffrit HPL au long de sa, courte, vie, mais les choses ont changé depuis cette époque et ce livre en est une preuve, parmi d'autres. Vous y lirez divers articles et interview, un article sur Lovecraft et les préjugés, comme s'il existait des gens qui n'en ont pas, et sans oublier que dénoncer ceux des autres est une bonne façon, simpliste il est vrai, de se donner bonne conscience, il en va de même pour le racisme dont fit preuve l'auteur qui nous intéresse ainsi que pour la quasi absence de femme dans ses textes. Est-ce un défaut de ne pas polluer un récit avec des histoires d'amour banales qui n'apportent rien à l'action, bien que ce terme convienne peu à la production Lovecraft. À ce propos il est regrettable que Sonia Greens ait brûlé les lettres que son époux lui envoya, nul doute qu'elles eussent été plus éclairantes que ses créatures même si celles-ci peuvent éclairer, partiellement, celui qui les engendra.

 

Excellente analyse également sur Lovecraft et le personnage de ''reclus'' que beaucoup dépeignirent, sans l'avoir jamais connu, dessinant une version mythifiée d'une vie par ailleurs digne d'être étudiée. Le lien entre HPL et REH est également souligné, les auteurs de Deirdre Tales qui ont traversés le temps ne sont pas si nombreux et ceux deux là sont ceux dont la postérité est la plus grande. Ils correspondirent pendant des années, chacun exprimant son admiration pour l'autre, ce qui n'empêchait pas les désaccords. Homard fut beaucoup touché par le décès de son correspondant, ils ne se rencontrèrent jamais, et il disparut l'année suivante. Combien d'esprits rencontra-t-il qui purent le comprendre...

Que ne suis-je né quelques décennies plus tôt.

 

Il serait fastidieux, et inutile, que je recopie la liste des interventions, elles sont assez nombreuses pour apporter quelques précisions au portrait de l'homme et de l'auteur. D'autres travaux existent dont j'espère me faire l'écho ici dans l'avenir. Sans oublier les traductions françaises et leur évolution, les premières qui remontent aux années 50 ne rendaient pas hommages au travail de Lovecraft, et les illustrateurs qui tentèrent de dessiner l'indicible, mais j'y reviendrai... dans 366 jours, si Nyarlathotep ne vient pas me chercher avant.

 

Intervenir une fois par an est peu mais en les programmant je pourrais donner l'impression que je suis encore là alors que je serais attablé avec quelques amis chez notre ami CTHULHU.

 

D'ailleurs il se pourrait que vous y soyez conviés également.

De quel côté de la fourchette, ça...

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15 mars 2022 2 15 /03 /mars /2022 17:58

Il y a 85 ans disparaissait, alors presque inconnu, Howard Phillips Lovecraft. Depuis les choses ont bien changé et HPL prend la place qui lui revient de droit. Cet anniversaire voit la parution en France, enfin dois-je dire, d'une intégrale digne de ce nom, c'est-à-dire disposant de traductions refaites, et celles-ci permettent au lecteur français de mieux apprécier le style de l'homme de Providence et de plus facilement entrer dans son univers. C'est aussi pour moi l'occasion de le (re)découvrir, à travers son œuvre mais aussi à travers sa vie, en cela la parution de sa biographie I am Providence, écrite par S. T. Joshi, une somme en deux volumes mais pour une existence qui en valait la peine. Une existence avec laquelle j'aime à me trouver quelques points communs d'autant que j'ai découvert HPL alors que j'avais 25 ans et avais quelques opinions et goûts que j'ai retrouvé, au moins partiellement, en plongeant dans les nouvelles d'un auteur nouveau pour moi.
 

 

Refaire ce chemin, plus riche et complexe aujourd'hui, plus clair aussi, bien que plongeant dans des profondeurs insoupçonnées, je suis conforté dans la certitude que je suis moins seul que je l'ai cru, même si c'est à travers l'abîme du temps, forcément !


 

 

Nous partageons le plaisir de voyager, et pas seulement par l'imaginaire, la vision de la place de l'Homme dans la Création, si infime qu'elle est difficilement discernable, et, entre-autre, la conviction que celui-ci porte une ambition, pour autant qu'elle soit sienne, trop lourde pour ses capacités cognitives. Maudit, pour utiliser un terme lovecraftien, celui qui est trop lucide et doit supporter ce qu'il entrevoit, avec le risque de finir comme tant de personnages de l'auteur dont je parle ici. Et je ne parle pas de l'héritage... du moins pas aujourd'hui, encore un po(i)nt commun.

Je suis d'ailleurs, certes, mais d'où ?

 

 

Le plus simple sera pour vous de vous plonger dans ces milliers de pages au risque, non de vous perdre, mais de vous trouver, mais c'est là le propre de la littérature.

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21 août 2020 5 21 /08 /août /2020 13:03

Misha Green d'après le roman de Matt Ruff – 2020 – HBO

Noir et blanc : Des soldats courent dans une tranchée,

l'homme de tête s'arrête, regarde autour de lui, emprunte une échelle vers la surface, et découvre un champ de bataille où s'affrontent humains, extra-terrestres et créatures étranges.

D'une soucoupe descend une jeune femme, rouge, qui le

prend dans ses bras alors que derrière lui une créature tentaculaire, à l'image de Cthulhu, s'approche avec, visiblement, de mauvaises intentions. Heureusement un coup de batte de base-ball lui explore la tête, avant qu'elle ne se reforme et...

À la faveur d'un cahot le jeune homme se réveille et retrouve le livre dans lequel son esprit s'était aventuré.

Ouf. Si l'on peut dire !

Atticus, surnommé ''Ati'' revient de Corée où il combattit après s'être engagé, il retrouve son univers habituel, à une exception, notable près, son père a disparu en laissant une lettre étrange adressée à son fils dans laquelle il évoque un leg que doit recevoir Ati, ce qui surprend beaucoup celui-ci, en outre il est question de la ville d'Arkham d'où seraient originaire les parents de sa mère.

En prêtant au texte plus d'attention oncle George découvre qu'il s'agit d'Ardham, une lettre qui change tout, la première cité appartient au monde de Lovecraft, elle est imaginaire(?), la seconde est réelle bien qu'il soit difficile d'en trouver la localisation et encore plus une carte permettant d'y accéder.

Ce n'est pas une raison pour que Atticus ne veuille pas partir à la recherche de son géniteur, s'il faut pour cela trouver cette ville il y est près. Pas question de partir seul à l'aventure, il va être accompagner de son oncle, et de Letitia ''Leti'' Dandridge, une cousine.

Bien que dans ces états-unis des années 50 Internet n'existe pas il ne leur sera pas difficile de trouver, approximativement où se trouve le comté de Devon qui abrite Ardham. Reste à s'y rendre.

Rien de plus simple penserez-vous, sauf dans l'Amérique des années 50 règne la ségrégation et des lois régissant la séparation entre les blancs et les noirs. Georges le sait bien puisqu'il édite un guide spécial destiné aux noirs pour faciliter leurs déplacements en leur indiquant les routes les plus sûres.

À cette époque les agressions racistes sont nombreuses et rarement sanctionnées pénalement.

Notre trio part donc pour Ardham et l'héritage de Atticus, le chemin ne sera pas long mais semé d'embûches, et de policiers aimant faire des cartons sur les noirs mais aussi de créatures étranges, et agressives, droit sorties des récits de Lovecraft, les seconds sont terrifiants mais les plus dangereux ce sont les premiers, et c'est l'argument de la série de montrer que le véritable ennemi n'est pas celui que l'on pense.

Lovecraft grandit dans un environnement où le racisme était ''normal'' et certains de ses contes peuvent être lus comme la mise en scène de cette idéologie, ce qui est possible, certains passages de sa correspondance sont sans ambiguïté à cet égard, il y dénonce clairement les minorités menaçant son art de vivre, son héritage culturel et prenant une place qu'il estimait mériter. Décédé en 1937 il n'aura pas connu la guerre ni les camps et encore moins les années 50, quelle aurait été son évolution...

Pour lui les Grands Anciens n'étaient pas vraiment des ennemis, les humains étant pour eux ce que sont les fourmis sont pour nous. Les verrons-nous dans cette série, faute d'avoir jamais eu un film digne de ce nom pour nous présenter la cosmogonie lovecraftienne ?

N'ayant vu, hier, histoire de commémorer les 130 ans de la naissance d'Howard, que le premier épisode, je ne peux que livrer une impression partielle, et partiale forcément, elle est on ne peut plus favorable avec l'association d'un univers que je connais bien avec celui, plus réel, de la ségrégation étasunienne. 

Qui est réellement Atticus et cette blonde qui intervient alors

que des policiers leur tire dessus ?

D'un côté l'horreur classique, de l'autre l'horreur sociale, les 9 épisodes à venir diront si elles font bon ménage, ça ne m'étonnerait pas.

Maintenant que nous connaissons la route...

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23 août 2019 5 23 /08 /août /2019 08:00

Anthologie établie par Stéphane Bourgoin – Éditions Clancier-Guénaud – 1983 – traduction de François

Truchaud, Gérard de Chergé, Jean-Paul Gratias

En Juillet 1934 Robert Bloch vendit sa première nouvelle au magazine Weird Tales. À 17 ans, après avoir terminé ses études secondaire et alors que la Grande Crise minait le pays, c'était une belle réussite. Le secret de la tombe n'était pourtant pas un chef d’œuvre mais l'éditeur, Farnsworth Wright, avait du flair et devinait sans doute un talent qui ne demandait qu'à

éclore.

Ainsi encouragé le jeune Robert écrivit une nouvelle histoire, The Feast in the Abbey, elle aussi fut acceptée. La chance restait là et le destin de Bloch prit une direction nouvelle, et intéressante.

Celui-ci fut malgré tout ironique puisque cette deuxième histoire fut la première à paraître en novembre 1934 dans un numéro daté de janvier de l'année suivante.

L'auteur reconnaît que The Feast était meilleure. Suivirent le Secret de Sebek, L'expérience de James Allington, Le démon noir, La grimace de la goule, Le Dieu sans visage... autant de récits exploitant des thèmes éculés signes des tâtonnements d'un auteur cherchant son style et s'inspirant du Mythe de Cthulhu preuve de l'influence du maître de Providence.

Est-ce pour se débarrasser d'une tutelle que Bloch décida de rédiger un texte dans lequel il assassinait M. Lovecraft, non sans lui en avoir préalablement demandé la permission. RB put donc rédiger Le visiteur venu des étoiles, en réponse HPL écrivit L'habitué des ténèbres où son jeune correspondant était tué dans des circonstances atroces. L'histoire ne s'arrête pas là, une nouvelle vient conclure le triptyque L'ombre du clocher.

Robert s'essaya aux nouvelles Égyptologiques ou Égyptillogiques et avoue qu'il lui fallut 10 ans avant d'écrire de façon convenable.

S'il est un point commun à toutes les nouvelles rassemblées ici c'est qu'elles sont liées au monde lovecraftien dont l'initiateur se plut longtemps à encourager et motiver un Bloch débutant et cherchant sa voie.

Bloch la découvrit mais jamais ne désavoua ce qu'il devait à Lovecraft bien qu'il eut peut-être existé sans lui. Les amateurs de Cthulhu aiment toujours à découvrir des à-côtés du Mythe fondateur, des agrégats venant le nourrir et l'approfondir.

Pour aller plus loin il est indispensable de lire Retour à Arkham. Si vous ne le faites pas méfiez-vous que Cthulhu ne vienne vous chercher.

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20 août 2019 2 20 /08 /août /2019 08:00

S.T. Joshi – Éditions ActuSF – 2019

Sous la direction de Christophe Thill

Traduit par Thomas Bauduret, Erwan Devos, Florence Dolisi, Pierre-Paul Durastanti, Jacques Fuentealba, Hermine Hémon, Annaïg Houesnard, Maxime Le Daim, Arnaud Mousnier-Lompré & Alex Nikolavitch

Nul n'est censé ignorer, sous peine d'être offert en pâture au Grand Cthulhu, que Lovecraft figure au sommet de mon panthéon personnel, aussi est-ce avec plaisir que je fais, enfin, état de la sortie en mars de cette année de l'imposante biographie consacrée à cet auteur par S.T. Joshi. Celle-ci fut rédigée entre 1993 et 1995 mais était inédite en français. Et heureusement, à l'époque la version éditée était réduite et que, depuis, de nombreux documents sur HPL ont été découverts et pris en compte par l'auteur qui décida donc de publier la version intégrale de son ouvrage. L'ensemble fait près de 1400 pages. Il fallait ça pour présenter un auteur dont la valeur et l'œuvre sont reconnue, se dégageant du monde du fantastique, ou de la science-fiction, pour prendre sa place dans l'histoire de la littérature. Le cinéma aurait son importance pour cela mais l'univers lovecraftien est difficile à rendre sur grand écran alors que les illustrations de qualité sont nombreuses. Nul doute que ceci sera facilité lorsque paraîtra une nouvelle traduction des textes de Lovecraft. Dans les années 50 le respect du travail original était moins strict qu'il l'est de nos jours où le traducteur doit connaître l'auteur autant que son environnement, imprégné du premier, comprenant le second il peut livrer une traduction aussi proche que possible de ce que voulait le rédacteur original.

''À l'Américaine'' cette bio suit son sujet au plus près, donnant noms et dates, soulignant chaque détail et citant ses sources à chaque fois pour ne rien, ou presque, laisser dans l'ombre. L'avenir pourrait apporter d'autres précisions par la découverte de textes encore inconnus ou de correspondances ignorées. Impossible de ne pas regretter que Sonia Green, épouse de HPL pendant deux ans, ait jugé bon de livrer les missives de son (alors futur) époux aux flammes.

Joshi recherche les origines de Howard en éliminant les inventions, ou croyances sincères, que celui-ci avait sur ses ancêtres, cherchant dans le passé des aïeux nobles ou important, mais anglais, lui qui longtemps se rêvait fidèle serviteur de sa majesté, portant perruque poudrée et costume. Nous voyons Lovecraft enfant dans une grande maison qui était un univers pour lui et un cadre prompt à lui offrir ce qu'il demandait, ainsi put-il laisser libre cours à sa curiosité scientifique et à son imaginaire mais en gardant des distances qui furent difficiles à réduire avec les autres. Encore qu'il soit préférable d'éviter les fréquentations trop vulgaires !

Le biographe évoque le décès du père pour une ''paralysie générale'' d'origine syphilitique, le comportement distant de la mère qui put se laisser aller à le déclarer ''hideux'', ses ''dépressions'' qui lui interdirent une scolarité ''normale''. Le lien est logique entre la vie et l’œuvre, changer la première serait altérer la seconde. Se demander ce qui serait arriver si... est un jeu mental, distrayant mais vain.

Contrairement à l'image que Jacques Bergier voulu dessiner de HPL celui-ci n'avait rien d'un reclus et aimait voyager autant que rencontrer ses amis et les recevoir chez lui, du reste il est probable que la correspondance dont le français se vantait ne fut qu'une invention de sa part. Une de plus, mais la question n'est pas là.

Impossible de laisser de côté les opinions raciales, racistes souvent, et sociales, presque socialistes sur la fin, de Lovecraft. Les remettre dans leur contexte historique et familiale n'est qu'une explication, pas une excuse. Pour autant cela n'empêcha pas Howard d'épouser une femme de confession juive. Mariage improbable mais qui eut lieu néanmoins, Lovecraft n'avait jamais semblé intéressé par le sexe, il est probable que ses expériences furent rares. Ces activités ne représentaient rien de passionnant pour lui en regard de l'art, de la science ou de l'esthétique.

Inutile, d'en rapporter davantage ici, la vie du natif de Providence se lit comme un roman, c'est un plaisir de le suivre à travers le temps, de connaître ses découvertes et influences, de partager sa curiosité, d'apprécier, ou non, ses lectures mais aussi ses difficultés. Si son jeune âge fut aisé il n'en fut rien par la suite et il connut des moments de vraie pauvreté tant il lui était difficile de vendre ses textes et lui peu désireux de faire des efforts pour y parvenir, aussi bien pour suivre les goûts du moment que pour présenter son travail de la manière requise.

Tout commença le 20 août 1890 à 9 h du matin. Pour certains artistes l'immortalité, fut-elle relative, n'est pas qu'un vain mot. Que penserait-il de ce qu'il est devenu ? Je pense qu'il en apprécierait certains aspects mais que le monde lui déplairait, la quantité est plus valorisé que la qualité, l'avoir se substitue à l'être et la machine est en passe de devenir intelligente, elle ! Qui sait s'il n'aurait pas un regard ironique se disant que la fin est proche pour cette espèce médiocre, et si elle arrive en même temps que la mort de la Terre alors ce n'est pas grave en regard de l'immensité de l'Univers.

J'aurais à dire sur ma ''relation'' avec Howard, cette édition étant en deux partie j'aurais le temps d'y revenir en mars prochain. Sauf si Cthulhu me rappelle en Sa demeure avant.

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20 août 2017 7 20 /08 /août /2017 07:20

- Howard, est-ce un succès pour vous de faire partie de l'actualité 8 décennies après votre décès ?

- Succès ? Surprise peut-être, écrire n'était pour moi qu'un divertissement. Être connu, populaire comme disent certains, ne fut jamais mon ambition. Posture peuvent-ils penser. Mais non, quelle importance, quelle utilité, peut avoir la célébrité, sinon des contraintes à supporter, des compromissions à accepter, bref, tout ce que j'ai toujours détesté, pour ne pas dire méprisé. Je viens d'un autre temps, d'un autre siècle, d'un lieu hanté, non de figures fantastiques mais de notions que beaucoup taxeraient, à raison probablement, d'archaïques. J'étais déjà vieux de mon vivant, alors maintenant...

- Néanmoins votre œuvre a survécu.

- Combien d'auteurs qui le voulurent n'y parvinrent jamais, alors moi qui n'y pensais pas, faute de temps peut-être, en profite, c'est l'ironie, si j'ose dire, de la chose, et la démonstration qu'il est impossible de planifier un avenir sur lequel nous n'avons pas de prise.

- Votre œuvre est disséquée par des ''spécialistes'', des hommes, depuis Derleth et Wandrei, ont fait le maximum pour lui donner la place qu'ils estimaient, et je les rejoins, lui revenir de par sa qualité.

- En regard de celles de beaucoup je veux bien le croire.

- On dirait que ça vous amuse ?

- Nous en revenons à cette notion de succès, à mon époque les vedettes littéraires de mon domaine trustaient les illustrations et les couvertures. Qui s'en souvient aujourd'hui. C'est la relativité de l'ambition.

- La vôtre fut seulement de produire des textes de qualité.

- Ce qu'ils ne sont pas tous, je le reconnais. Mes débuts sont pleins des exemples que j'aie suivi, j'espère que les suivants, quelques-uns au moins, ont une touche personnelle.

- Dommage que vous n'ayez pu continuer votre travail.

- Les regrets ne servent à rien et peut-être cela se serait-il retourné contre moi.

- J'en reviens à ces commentateurs qui analysent chacun de vos mots dans vos textes et lettres, qui étudient vos faits et gestes, vos déplacement, votre régime alimentaire, votre famille, votre éducation et ses conséquences sur vos récits, votre mariage, vos pensées...

- Cela fait partie du ''jeu''. Mes textes me reflètent mais des réflexions esquissent les portraits de ceux qui les font. Comme ces mots sont plus vôtres que miens.

- J'essaie au moins de vous trahir un minimum, et en vous animant ainsi de mieux vous comprendre pour vous approchez.

- Vous êtes meilleur juge que moi. Se voir, honnêtement, est difficile ; pour ne pas dire impossible.

- Quelle représentation pourrait avoir Cthulhu aujourd'hui, dans notre monde moderne et connecté ?

- Votre monde est justement le Sien, Ses tentacules qui s'étendent partout, des millions d'êtres qui se tournent vers Lui chaque jour... Qu'importe la représentation physique, celle que j'ai pu donner était fonction de mes références, de l'époque, et de celles de mes contemporains. Ceux qui L'ont cherché ne pouvaient Le trouver, Il transcende les dimensions. Nos mots, sens et capacités sont trop faibles et doivent se contenter d'approximations lointaines. Lesquelles sont déjà dangereuses. Il est des créatures, des formes de vies qui nous dépassent comme nous dépassons les bactéries, et que nous ne savons pas remarquer. Sauf rares exceptions qui voient s'ouvrir une porte par l'entrebâillement de laquelle ils distinguent des formes qu'ils n'oublieront jamais, la plupart deviennent fou, quelques-uns finissent artistes, mais ils appartiennent à la première catégorie.

- Être à la mode vous convient ? Et votre anniversaire aujourd'hui ?

- Où je suis cela ne m'importune pas le moins du monde. J'ai, comme vous je pense, oublié ces rituels obsolètes et fabriqués. Le hasard, le destin, ou pire encore, pourtant fit bien les choses si je ne me trompe.

- Et où êtes vous Howard.

- Approchez-vous, je vais vous le dire à l'oreille...

     

    À suivre. Peut-être !

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    18 août 2017 5 18 /08 /août /2017 08:00

    Le Double lovecraftien – William SchnabelLa Clef d'Argent

    2002

     

    Les qualificatifs associés à Lovecraft sont nombreux, solitaire, asexué, pathologique, raciste, fasciste, névrosé, étrange... certains évoquèrent son homosexualité latente. Ceux qui le connaissaient le décrivent comme un ''gentleman'', un ''ami fascinant'', non pas bizarre mais ''différent''. Ambiguïté pimentant la lecture de Lovecraft et invitant le lecteur à éclaircir certains aspects de ses récits.

    Impossible d'évoquer Lovecraft sans parler de sa ville natale ''Je suis Providence'' aimait-il à répéter. Sa famille eut une grosse influence sur lui, son père d'abord, mort des suites de la syphilis dans l'hôpital psychiatrique où il résidait depuis plusieurs années. Une source de honte pour la famille Phillips, de vieille souche du Rhode Island dont certains membres semblent s'être mariés entre eux. Évoquant ses recherches généalogiques Howard parle souvent de pureté raciale. Un motif qui reviendra dans ses contes, associé à celui de la dégénérescence héréditaire et de l'inceste.

    Lovecraft préférait son grand-père maternel, Whipple Van Buren Phillips. Inutile de résumer ici la biographie de Howard, l'auteur ne peut y renoncer puisque justement c'est cette vie qui l'amène à imaginer le besoin de l'auteur d'avancer masqué, aussi bien dans son œuvre que dans sa vie. Chez un auteur la création s'appuie, plus ou moins, sur sa vie, celle-ci pouvant expliquer ses choix, ses orientations, les chemins suivis. Il est patent que les personnages de Lovecraft sont ses incarnations, ceux qui sont confrontés à une pénible réalité, chez eux ce sont des créatures cosmiques et implacables, chez HPL c'était... autre chose, mais déjà, encore, toujours, une menace. Comment ne pas voir dans ses contes l'expression d'angoisses, de fantasmes, de frustrations, comme chez la plupart, sinon tous, les écrivains. Pour autant ceux-ci ne suffisent pas à expliquer une énergie créatrice si puissante bien que cette dernière s'en nourrît.

    Oscar Wilde, Stevenson, et combien d'autres, exploitèrent ce thème en rédigeant des textes remarquables par le fond comme par la forme. N'est-il pas possible de regarder plus loin que ses géniteurs pour trouver dans un passé plus ancien des visages, des ombres, des formes fascinantes et inquiétantes dont il peut être dangereux de s'approcher mais plus encore de les reconnaître.

    Pourquoi ne pas souligner ce que recherche de lui-même le lecteur de Lovecraft, ce que l'un et l'autre partagent d'expériences communes faisant que le premier se retrouve dans les expressions du second, qu'il cherche également à distinguer une forme dans un miroir ? Mais la première reste flou alors que le second demeure obscur. L'homme-œuvre est un Janus dont il est impossible d'arracher un visage sans le décapiter.

    Si je vous parlais de moi, de ce que je peux comprendre au travers des personnages de Lovecraft... le problème, mais en est-ce vraiment un, étant que je me sens plus proche de Nyarlatothep, et autres, que des pauvres sapiens cherchant à intégrer une réalité qui les dépasse.

    Si je... mais ce n'est pas le sujet. Lisez donc ce livre, qui sait si au travers des pages vous ne distinguerait pas quelqu'un, ou quelque chose, qui vous ressemble.

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    9 août 2017 3 09 /08 /août /2017 08:00

    Fantastique, mythe et modernitéColloque de Cerisy

    Éditions Dervy 2002

    Ce colloque qui a lieu chaque année à Cerisy-la-Salle réunit pendant l'été, artistes, chercheurs (en quoi?) étudiants... dans le but de confronter idées et points de vues sur des sujets culturels et scientifiques. En 1995 Lovecraft était le principal sujet d'intérêt des intervenants avec pour ambition de faire le point sur cet auteur, 30 ans après la parution du Cahier de l'Herne qui lui fut consacré, à la lumière des travaux les plus récents. Étudiant les divers aspects d'une œuvre située à la confluence de traditions diverses, d'époques en mutations, d'idées nouvelles devant s'imposer au début du vingtième siècle.

    HPL se revendiquait l'héritier de divers auteurs, Poe, Machen, Lord Dunsany... s'opposait à la littérature réaliste de son temps et cherchait à retrouver le style du XVIII ème siècle.

    L'intérêt de ce volume est de regrouper des points de vue divers sur Lovecraft, ses relations avec la mythologie comme avec une science ouvrant de nouvelles voies.

    Cinq parties peuvent regrouper les angles d'approches, d'abord le texte, inaugural, de Maurice Lévy, qui ne craint pas d'en évoquer les limites et défauts, d'y trouver dérives et délires, tout en en soulignant l'importance et l'originalité ; Donald Burleson en rappelle les thématiques principales et comment elles peuvent être placées dans la mouvance de Jacques Derrida et de la théorie de la déconstruction (!). Gilles Menegaldo met en lumière la figure tutélaire de Poe sans que Howard en soit l'héritier ou le continuateur.

    Alain Chareyre-Méjan est philosophe et spécialiste d'esthétique, il montre l'importance du son, du cri, dans la fiction de Lovecraft. Roger Bezzoto postule que le monstrueux, non seulement renvoie à l’effroi, mais fonctionne comme discours articulé à une rhétorique. Le montre lovecraftien induit une originalité dans sa prolifération même.

    Denis Mellier remet en cause les reproches d'excès souvent fait au natif de Providence, lesquels ont pour but de provoquer une véritable peur cosmique chez le lecteur. Excès et visibilité étant les signes d'une poétique.

    Max Duperray met ses pas dans ceux de Randolph Carter, héros du cycle de Kadath, observe l'esthétique et le sublime du texte, plaçant en évidence le motif du visage, et du masque, comme but ultime de la quête. Pour Michel Graux la plupart des textes de HPL ne sont que des récits de meurtres déguisés en récits fantastiques. Le ''monstre'' justifiant la mort du narrateur.

    Michel Meurger analyse un corpus de nouvelles et propose un renversement de perspective en regardant non vers le futur mais vers le passé lointain de notre planète. Il repère des motifs récurrents : civilisations anciennes, architecture gigantesque, immensité du savoir, régression et décadence. William Schnabel examine différentes modalité du double en se fondant sur l'analyse de plusieurs textes, ''L'Affaire Charles Dexter Ward'' ou ''L'Abomination de Dunwich'', éclairant la hantise de l'écrivain comme si le double répondait à un besoin inconscient.

    La quatrième partie est centré sur le rapport entre ésotérisme et fiction, étudiant d'autres écrivains, tels C. A. Smith ou R. E. Howard prouvant que dans les années 1920 et 1930 un contexte favorisant l'exploitation littéraire d'un savoir ésotérique. De multiples intervenant explorent cette voie, quand à la cinquième et dernière partie elle est consacrée à la relation entre les contes de Lovecraft et le cinéma

    21 spécialistes éclairent d'un nouveau jour les créations du Maître de Providence au fil d'interventions passionnantes réunies dans ce livre dont la couverture est due à Philippe Druillet.

    Rien n'étant parfait, dans le monde de l'édition comme dans tous les autres, il est amusant de noter la faute, grossière, commise sur la tranche.

     

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