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Plaisir de se surprendre. Prévoir c’est abaisser sa garde et la surprise est gratifiante une fois encaissée sa violence, douce elle est inintéressante.
N’est-ce pas ?
C’est à moi que je parle ?
Je ne me répondrais pas, na !
Fausse indifférence. Hein ! Dis, fait rance ?
Rien à dire, juste attendre et regarder, le sourire du pire est le plus doux. Son visage est le plus beau, le plus nu, dans ses grands yeux ténébreux c’est l’éternité qui se promet.
Le pire ?
Que ce soit vrai !
Les mots permettent, circulent, se multiplient, porteurs d’une vie détachée du physique, d’un sens qui se propage en restant lui-même.
Le livre est le pont sur lequel j’avance, chemin vers l’éternité.
Un mot ?
Une façon de voir, de penser, de jouer avec soi, ses ambitions et son destin, ou le croire ; de voir les fils s’agiter et s’en savoir irresponsable. Cela vient de loin, du début, mouvements gagnants en précision, justifiant cette suite d’étapes. Le but s’affine jusqu’à être compréhensible.
Par qui ?
Par…
Non, je ne veux pas, je ne…
Et pourtant !
Dans l'appartement où il vécut il s’interroge sur la valeur de ce monde de papier qui fut le sien, cocon rassurant pour supporter le monde extérieur.
Écrire fut nécessaire, reste à s’y remettre ! Si une petite voix lui disait “agis, fait cela ! ” ce serait facile, obéir sans rien attendre ni espérer. N’est pas Jeanne d’Arc qui veut ! Aurait-il dû rester vierge, intellectuellement ?
Tant de textes, ds milliers de pages à relire pour se comprendre, sa vie est devant lui, en millions de mots se suivant plus ou moins bien, mélange d’idées, d’images, album confus, puzzle incomplet, des pièces mélangées dont il ne sait s’il doit, ou peut le reformer. Aurait-il peur de chercher la vérité interne, plus qu’intérieur, dont il est la chambre d’écho. Ce que les humains appellent vie n’est que la forme temporaire d’une vérité en quête d’elle-même.
Le pire de l’abîme est de voir au-delà de soi l’évidence de cette vérité terrifiante. Image obsédante d’une continuité attendant d’être admise, intégrée, pour progresser. Il sait que le cœur de l’abysse est le meilleur point d’observation pour plonger ses pensées vers l’éternité.
Des mots pour dessiner ce qu’il ressent. Comment être précis dans une situation au goût de démence, sans référence dans la banalité, dans la normalité, dans cette caverne où s’abritent ces gens seulement capable de rêver à un ailleurs qui est l’inverse du possible.
Phrases qu’il cherche dans sa tête, pensées rétives, mouvantes dont il sait qu’aucune aide extérieure n’interviendra pour l’aider à les dompter.
Attendre est le meilleur moyen de rester le spectateur que je me targue d’être comme s’il s’agissait d’une gloire, ou, pire, d’une qualité. Je sais qu’il n’en est rien, j’avance pour comprendre, j’ai le choix, ce fameux libre-arbitre. J’ai envie de le refuser, de rester promis au supplice en sachant que le seul bourreau qui viendra ce sera moi. Je suis seul à pouvoir, seul à savoir, et si dans le passé j’ai pu avancer ce fut par incompréhension, j’étais poussé. Facile d’agir sans savoir, de n’être qu’une porte, maintenant j’accède à la responsabilité. Écrire prendra un autre sens et j’espère d’un personnage une indication utile.
Il n’y a pas que lui qui attend qui espère ; moi aussi, et plus que cela, une présence, cette ancre à laquelle je ne peux m’empêcher de penser.
Existe-t-elle ?
Personne n’accepterait un tel rôle, je l’ai cru, la sentant si présente dans mes bras, douce à faire peur avant qu’elle ne me repousse. S’il y a quelqu’un que je voudrais tuer, c’est elle ! La regarder agoniser, s’éteindre lentement, bougie cherchant l’oxygène. Les mots ne me suffiraient pas pour jouir de son agonie et qu’elle me soit réellement utile.
Je sens cette logique de mon destin comme je sens que la souffrance ne pourra pas s’apaiser ainsi. C’est confus ? Je sais, mais la clarté est au bout du tunnel, mon esprit conserve la cicatrice de l’avoir déjà vue. Ces pages ne sont qu’un brouillon, comme moi-même probablement ! À chaque passage j’apprends, attendant le moment d’aller trop loin et d’encaisser un savoir insoutenable, physiquement.
Qui lirait cela penserait que je suis fou, moi-même j’ai envie de le croire. Il n’y a pas une réalité, un dessein que je peux accepter en totalité, foi et lucidité sont incompatibles. Les réalités se superposent, j’en accepte une afin de mieux voir celle en dessous pour l’arracher à son tour.
Puis-je trouver la dernière ? Ai-je ce pouvoir d’aller toujours plus loin ?
Trop loin ?
N’y suis-je pas déjà ?
J’ai traversé une fois le vide, trouvé le chemin de la forteresse, accédé à sa cime pour m’abreuver à la clarté de la dernière étoile pour exploiter l’ultime chance qui me restait de ne pas sombrer irrémédiablement dans la démence ? J’aurais pu renoncer, m’enfoncer dans un univers d’encre et de papier. J’ai essayé dans un texte proliférant, une forme de cancer qui finalement ne fut pas vainqueur. Ignorant ma véritable motivation l’idée du choix est illusoire autant que mensongère ! Reste le chemin inverse, redescendre, traverser à nouveau la forteresse et pour arriver où ? Enfer intérieur, monde de réalités tellement complexes que je regretterais de n’avoir pas céder à la folie, une chance de plus qui m’aura glissée entre les doigts ?
Avant que quoi que ce soit n’arrive divague mon imagination, je ne sais ce qui m’attend, où j’irais, j’ai vu tant de mots, peuplé tant de monde, écrit tant de pages, combien encore ? Je voudrais accepter l’évidence qui me tend les bras pour une infâme jouissance.
L’amour de papier peut-il suffire ?
Sourirait-elle d’agoniser devant moi ? Je la vois m’implorant mais imagine que sa réaction serait autre. Inutile d’écrire quelques pages frustrantes de plus, j'ai plus à perdre qu’à gagner dans un affrontement avec moi-même.
La laisser mourir de faim, écouter ses suppliques, regarder son corps pourrir alors que son esprit survivrait, se battrait pour tenir encore et encore, jusqu’au dernier moment.
Serait-ce mon visage que je découvrirai au dernier moment ? Les cadavres ont le même sourire satisfait d’avoir trouvé la sortie alors que je n’aurais fait qu’éliminer une partie indispensable de moi-même : la faculté de haïr ! Jusque-là ce fut l’amour que fut l’ancre indispensable, demain la haine et la rage pourraient être mes seules prises avec le réalité, et si j’ai écrit le contraire c’était pour ne pas l’admettre avant d’être apte à l’accepter.
Détruire est pardonnable si c’est pour rebâtir mais comment faire avec du vieux un monde neuf ? Mieux vaux construire différemment, ailleurs ?
Trop d’étranges idées me viennent que je ne parviens pas à modérer, elles circulent, courent, elles se fatigueront avant moi.
J’espère !
Va-t-il écrire, lirais-je par dessus son épaule alors que c’est par dessus la mienne qu’il me faut regarder. Il n’est plus temps de biaiser, de manipuler des personnages, il est temps d’être je, d’être moi et d’accepter.
Le laisser libre ?
De quoi ? J’ai besoin de lui, de ses aventures à venir, beaucoup de pièces manquent et si certaines n’apportent rien à l’image finale leur absence serait remarquée. Beaucoup d’idées, les plus superficielles ne seraient-elles pas aussi importantes que les autres ?
J’ai besoin du recul qu’il m’offre par rapport à ce que je fais pour deviner ce qui vient et mieux l’accepter.
L’espoir ne veut pas m’abandonner !
§ § § §
IL ou JE ?
Il d’un JE qui se cherche, tâtonne, devinant un chemin sans savoir s’il est le bon, s’il est le seul, si…
Les pages s’entassent, il se cherche au travers de ses phrases, il… ou JE ? Lui est moi, énergie accumulée formant une personnalité presque autonome, sans ce presque la folie m’aurait entraîné. Autour de moi dansèrent des pantins dont je sais qu’ils ont tous mon visage. La vitesse seule empêcha la dislocation totale de mon être maintenant des ambitions antagonistes autant que des sensations contraires.
Lui ou moi, alliénation que je vis m’entraînant hors de ma réalité.
Ai-je tout perdu, le temps est-il susceptible de m’apporter quelque chose, quoi, quand ? Quelle importance peut avoir mon individualité ?
Des personnages qui m’accompagnèrent deux dominent, ce commissaire et une enfant, si lui représentait la folie si j’avais préféré exister par lui dans un univers de papier, l'enfant incarne autant mon envie d’amour que mon désir de mort, pulsions complémentaires finalement. Deux chemins que je tentais de prendre et qui me ramenèrent à la réalité, preuve d’une autorité supérieure intervenant en moi. Je le suivis face à la mort, nous en revînmes ensemble ; j’ai voulu la prendre dans mes bras et son visage est devenu celui de l’horreur même. Le danger était rassurant mais jamais je ne pus lui céder.
D’où vient ma capacité d’accepter la pression, ces interrogations sans qu’aucune ne me déstabilise vraiment ? Ma personnalité est si peu dense qu’elle encaisse les coups, quelque miracle, quelque socle profondément enraciné que rien ne peut déstabiliser. Imaginer ce qui se serait produit est amusant, j’aurais effacé ma vie pour préférer celle du papier, j’aurais cru en ces aventures, en cet amour étonnant et tout aurait pu arriver, un jour je n’aurais plus fait la différence, j’aurais cessé d’écrire pour vivre dans ma tête, un jour, derrière moi, se serait refermée la porte d’une cellule capitonnée. Je dis cela pour faire joli, ça n’aurait pas été le cas, une chambre, un lit, une chaise, une petite table avec un stylo, ou un crayon à papier, un bloc, une grande fenêtre, je serais resté devant, sur mon visage seraient passées ces impressions venant de l’imaginaire. Qui sait si, alors, je n’aurais pas été heureux d’avoir oublié le quotidien, mon passé et la réalité.
Il n’a pas vu l'absence de ses yeux, le choc aurait été trop fort, pour moi.
Je peux remonter jusqu’à une certaine promesses ? À qui la fis-je, la vie ou la folie ? Je voulais la seconde, la première s’interposa !
Victoire ?
Le saurais-je avant mon dernier souffle ?
Fascinant personnage ce Diatek, je le vois, assis dans sa chambre, des piles de feuillets autour de lui, un monde de papier qu’une allumette réduirait à néant. J’y ai pensé, le feu en gomme pour récrire ma vie sur un avenir vierge.
Cage d’encre, sang obscur d’un damné, ombre d’une damnation corrosive.
Je comprends qu’elle soit bien dans sa geôle, hamster courant sur place jusqu’à ce que les barreaux de sa roue tissent un mur opaque.
Lui et moi nous posons la même question, et pour cause. Écrire pour accumuler ces histoires horribles comme jadis. Que seraient-elles à côté de notre vécu qui ferait passer le dernier supplice pour un amusement d’enfant dénué d’imagination ?
Nous ? Un je trichant avec lui-même ! Au fil des années il devint mon alter ego, vivant à ma place, à tel point que j’ai des souvenirs plus vifs de certaines de ses aventures que des miennes ! Il est mon héraut, mon reflet, transmetteur d’émotions, de questions, ayant affronté les possibles d’un extérieur désormais sans surprise. Reste pour nous l’autre voie…
Les yeux clos, pensées explorant l’abîme pour en deviner les mystères, et surprendre les secrets de ma vérité. Me découvrir, je ne veux que cela, arracher les impressions, les terreurs, les excuses, jusqu’à voir ce qui m’y attend, s’il y a quelque chose, peut-être que le jeu de la vie est sans gain possible, que sa destination ultime c’est cela, me perdre telle une rivière dans un océan ignorant de sa présence, l’ayant absorbé parce que c’est sa nature et son rôle sinon son utilité. Après réflexion je pense avoir nourri la folie au point qu’elle ne put le supporter et se disloqua, ou se resloqua pour inventer un mot qui devrait exister. Restent des lambeaux épars, des moments précieux, tant de vie que la mienne paraît fade, si ce n’est qu’elle est réelle au point que je me demande si c’est une qualité, si…
Je tisse des idées telle Pénélope, défaisant puis recommençant phrases et chapitres.
Il range ce qu’il vient de lire, combien d’heures pour écrire cela, combien de vies ont filées entre ces doigts avant qu’il referme le dernier chapitre ?
Le temps de la quantité est fini, écrire ne rime plus avec courir mais avec réfléchir.
Il lève les yeux, est-ce lui qui vient de penser cela, est-ce moi, sommes-nous deux êtres distincts au point de pouvoir nous regarder et nous reconnaître ? Ce serait émouvant, le revoir, apprendre de lui ce que je suis. Toute ma vie j’ai attendu ce regard dans lequel je me rencontrerais, dans lequel je me saurais vivant, jamais il n’est venu, jamais il ne viendra. Je dus l’inventer ! Ceux que j’ai croisé ne virent que ce que je sus leur montrer, faussant ma personnalité pour correspondre à leur attente, jamais je n’ai osé… Si une fois, j’ai cru…
Trahison !
Je lui dois d’avoir appris la nocivité de l’espoir et la vacuité de la normalité.
Décor puant le passé, la mort, que peut-il en espérer, que puis-je en attendre, de ce placard, de cette chambre, qu’ai-je à vouloir dans ce petit monde gangrené ? je sens l’odeur méphitique du délire, d’une agonie, et d’autres peut-être. Qui sait ce qui s’est produit dans ces lieux, quels plaisirs où quelles peines y furent vécus ?
Partir ?
Il y pense mais se dit que son passé l’accompagnera où qu’il aille. Le combat est à conduire sur les lieux, affronter les fantômes qui y traînent. Y retrouverais-je des regrets moisis ou des désirs mort-nés ? Je me voulus en pièces et ces phrases sont mes tentatives pour reformer mon être sans grande certitude d’y arriver jamais. Je me souviens de la souffrance qui me déchirait. À genoux je demandais pourquoi, pourquoi cette souffrance, et, surtout, pourquoi lui survivre. Je me voyais les membres lacérés, os arrachés, agonisant dans le décor affligeant d’une enfance non-vécue. J’espérais mourir en conservant ma lucidité après, pourrissant, rongé, incapable de m'éteindre. Ainsi je me suis relevé en cherchant encore et toujours la solution. Les vers attendront avant de se repaître de ma charogne mais leur temps viendra.
J’aurais apprécié de les sentir s’insinuer en moi, m’investir, suivant la progression de la corruption. Esprit à l’écoute de la mort l’envahissant. Une joie étrange, une opportunité comme nul martyr n’en eut jamais.
Dévoré vivant ! Le serais-je encore ?
Sans doute pas !
Mais lucide, trop, voyant la réalité, ma réalité, comme elle est. Ah ! Sentir le cheminement de ces petits amis grouillant en moi, masse immonde qui dévorera ma peau, débordant de ma bouche, de mes yeux, ruisselant sur mon visage en autant de larmes opalines animées d’une vie propre pour se répandre en un moutonneux suaire. J’aime cette vision, la nourrit comme un souvenir chéri. La folie est ma plus sûre complice.
Il range ses feuillets, ces milliers de vers blancs qui se sont nourris de sa vie, comme les miennes l’ont fait. Je la leur ai donné en espérant qu’ils n’en laisseraient rien, je reste là, plein de question mais espérant encore les réponses !
Sortir et pour aller où ? Nous nous demandons si cela en vaut encore la peine ? Le jardin ? Trop connu, trop près, riche de souvenir autant réels qu’imaginaires. Nulle part où aller, l’extérieur n’offre plus rien et l’intérieur effraie d’autant plus qu’il est illimité et la sortie est clairement balisé. Il est là, ouvert à l’heure où je me vautre dans le renoncement, dans les phrases gratuites pour produire des pages qui n’iront nulle part, quand je reprendrai ce texte je les enlèverai, elles témoignent d’un instant, d’une vérité que je me plais à contempler sachant que dans quelques secondes il n’en restera que cendres.
Ce serait facile d’utiliser ce personnage pour du remplissage, il lui suffit de se souvenir de vieilles histoires, il pourrait retrouver dans un asile un tueur qu’il y aurait fait enfermer. Pourquoi ne pas imaginer cela, ou se pencher sur des victimes, ou… Les solutions ne sont pas innombrables mais j’en ai assez à ma disposition pour faire ce que je veux, pour laisser libre cours à mes désirs les moins intéressants.
Que dirait-il à un assassin, qu’il aurait voulu être à sa place ? Banalité, il le sait, et moi aussi ! Rencontrer une victime ? Ce serait sans intérêt dans le fond, il en fut une, et puis coupable, logique d’une banalité à faire peur.
Elle me fait peur, mais ça ne change rien au fond !
Curieux texte. Où est l’abîme ? S'y rejoignent créatures et créations. Quel mot employer ? Symbiose, réunion, récupération de plusieurs facettes d’un seul individu. Compliqué d’exprimer cela simplement, tel ne peut être mon but, être clair pour me comprendre, pour que JE ME comprenne, y parvenant ce serait possible aux autres.
Aux quoi ? Ah oui, ! Ça !
J’aime les ténèbres, y percevoir des pensées malsaines qui ne sont que de petits obstacles, tentations amusantes à regarder, connaître et goûter, sous réserve de n’y point céder. Le plus facile serait de rester loin mais le bon chemin passe par eux, par leur rencontre, le désir et l’émotion, l’affect diraient certains pédants, provoqués, réalité psychique, physique, physiologique cérébralement, comme une pierre jetée sur l’eau afin de poser le pied plus loin. On m’objecterait que ça ne doit pas être bien profond ? La profondeur est rare mais il s’agit d’un acide terriblement puissant, y mettre une pensée amène à s’y perdre. Les vapeurs m’ont donné envie de m’y jeter, de renoncer aussi en restant sur la berge, non, trop simple. Je veux avancer. Je sais que ce n’est pas un exemple de cohérence, que les images se contredisent, l’exemple ne compte pas, c’est ce qu’il induit qui importe, l’idée de progression, d’avancée, difficile d’être précis, là encore il ne s’agit que d’un brouillon, que d’une vision floue. J’aime l’idée de la tentation, d’une porte, d’une série de portes s’ouvrant sur l’intérieur, sur l’esprit, par l’esprit, en lui aussi, caisse de résonance cherchant dans sa bibliothèque émotionnelle et culturelle à exprimer ce qu’il entend. Là est le chemin à prendre, quête d’un savoir exprimant le ressenti, la vie ne s’arrête pas, à l’image d’un arbre qui pousse sans cesse et semble ne devoir jamais cesser de produire des branches.
Un long chemin, tant d'étapes derrière moi, autant que d’esprits sur lesquels je pus m’appuyer jusqu’à la limite. L’abîme sur lequel je tiens en un fragile équilibre avec l’envie d’y tomber sans arriver nulle part, oubliant la nature même du temps, subir les assauts du vent, les tentations, en sourire, sachant qu’aucune ne peut me détruire.
Le savoir ou le croire ?
Ne serait-ce pas le vouloir ?
Que de mots, d’impressions, d’images affluant sans fin, chaîne d’un destin dont je ne connaîtrais jamais les secrets. Quoi que je sache ou découvre, un jour il en ira autrement, je devrais céder à l’inconnu, renoncer, tomber, laisser la trace de mon passage qu’un autre utilisera pour me dépasser.
Non, ce n’est pas triste, au contraire, j’aime cette impression, être un moment, sentir le fil de l’éternité et m’en satisfaire.
Cage ?
Vivant peut être…