Maryse Rivière – 2014 – Prix du Quai des Orfèvres 2015
Yann Morlaix adore la lecture, c'est la raison qui le fit devenir libraire, mais il aime aussi autre chose : tuer, c'est la (dé)raison qui le fit devenir un assassin, quand la pulsion, la ''force'' devint trop forte, qu'il ne put contrôler ce désir de mettre les mains autour de la gorge d'une jeune femme...
La police fit son métier, parvint à l'identifier, à le traquer jusque dans son repaire : le réseau de carrières sous Montmartre. Mais un coup de feu provoque un éboulement, des tonnes de roches s'effondrent alors que la police se rapprochait rapidement. Les policiers parviennent à s'échapper de justesse et imaginent que Morlaix n'a pas eu cette chance. C'était sans compter sur sa connaissance des lieux et son instinct qui le fit trouver une sortie au dernier moment au pied du Sacré-Cœur et s'échapper avant de faire appel à un ami d'enfance en Bretagne qui lui trouva d'abord une cachette puis un moyen de s'embarquer pour l'Irlande où il pourrait se faire oublier.
Pour la police Morlaix est mort, alors que celui-ci espère que le capitaine Escoffier a connu le même sort dans l'effondrement.
Tout le monde se trompe !
Le tueur a trouvé un hébergement chez Susie O'Brien, habituée de la chose, laquelle lui indique comment gagner sa vie pour peu qu'il fasse ce qu'on lui demande sans poser de question. Justement, Morlaix n'aime pas les questions, ni dans un sens ni dans l'autre.
Deux années vont passer, pour les enquêteurs parisiens l'ancien libraire a disparu définitivement, soit sous les pierres, soit sous les tonnes de bétons injectées dans le sol pour le consolider.
Mais la ''force'' ne lâche pas ses marionnettes et quand il avait rencontré Deirdre elle s'était manifestée, imposée, et la jeune femme avait fini enterrée dans la tourbe où la police ne la trouverait que bien des mois plus tard, autant de répit pour le tueur qui savait que le répit qu'il avait eu jusque là était terminé.
Pourquoi avoir ''choisi'' cette jeune femme, peut-être à cause de ce prénom si symbolique pour l'Irlande. Yann est sensible aux légendes, à vouloir s'inscrire dans une histoire qui le dépasse et lui donne l'impression de participer à une œuvre.
Mais la terre d'Irlande ne cache pas longtemps les cadavres et ceux de Morlaix vont remonter à la surface, et l'ADN va parler, provoquant la surprise en France où il passait pour mort depuis des années. Sauf peut-être pour Escoffier, celui qui le connaissait le mieux et qui affirmait que tant que le corps ne serait pas retrouvé la mort de son ennemi serait à mettre au conditionnel. C'est lui qui sera chargé de particper aux recherches, en restant à sa place, pour tenter de mettre fin, cette fois définitivement aux exactions de son vieil adversaire.
Maryse Rivière promène son personnage, difficile de parler de ''héros'' ici, des landes aux pubs irlandais, entre légendes anciennes et histoire récente aux cicatrices mal refermées, Morlaix est le prétexte parfait pour présenter la dualité d'une âme dont la verdeur plonge ses racines dans un sol gorgé autant de sang que de mystères.
Qui sait quelles rencontres sont possibles en s'asseyant dans un de ces pubs, rousse ou rousse ?