(1946) King Vidor, Otto Brower, William Dieterle
Scott Chavez est un homme jaloux, et emporté, ces deux traits de son caractère expliquent qu'il ait tué son épouse pour l'avoir surprise dans les bras d'un homme homme. Alors qu'il va être exécuté il envoie sa fille Pearl chez sa cousine, Laura Belle, au Texas. Le mari de celle-ci est un important éleveur de bétail qui voit arriver la jeune fille, à moitié indienne, sans plaisir.
Pearl va se révéler difficile, disposant d'un très fort caractère mais prête, apparemment, à s'intégrer en suivant les conseils d'un pasteur surnommé (The Sin Killer!). Sa beauté sauvage attire les hommes, en particulier celui des deux fils de l'éleveur, Jesse, le gentil, et Lewt, le mauvais. C'est celui-ci qu'elle choisira mais quand il refusera de l'épouser son choix se portera vers Sam Pierce, homme plus âgé qu'elle et trop heureux de sa chance.
Le temps que Lewt se laisse emporter par sa jalousie, le provoque en duel, et le tue.
Dès lors sa tête va être mise à prix pour meurtre ce qui ne l'empêche pas de faire sauter un convoi de munition pour s'attirer les bonnes grâces de son père qui voit d'un mauvais œil le train s'approcher et passer sur ses terres. Là encore, là déjà, le progrès effraie et certains tentent de l'empêcher tout en sachant que leur monde va basculer dans le passé.
Jesse voudrait emmener Pearl loin de cette ambiance mortifère mais la passion qui la lie à Lewt est trop forte et la raison ne peut être la plus forte. Reste aux deux frères à s'affronter, Le pire l'emportant sur le meilleur, comme si souvent alors que Laura Belle meurt de chagrin de voir ses fils s'affronter ainsi, de culpabilité aussi peut-être.
Lewt fuit dans les montagne, Pearl sur ses traces, armée, pour mettre fin à une relation qui la rend folle.
Duel au soleil coûta encore plus cher qu'Autant en emporte le vent, mais aura été rentable au delà des espérances de son producteur. Selznic voulait faire un film qui combine le western et une histoire d'amour fou entre deux êtres qui ne peuvent réfréner leurs pulsions tout en mettant en valeur Jennifer Jones, son égérie d'alors. Qui d'autre aurait pu (sur)jouer de cette façon sans être ridicule mais donnant vie à une des héroïnes les plus sensuelles de l'histoire du cinéma. Bien sûr le film a vieilli mais sa mise en scène reste spectaculaire, sa mise en valeur des lieux comme des personnages, toujours extraordinaire. Qu'importe si les frontières du réalisme sont dépassées, c'est ce qui fait le charme fascinant d'un duel au soleil brulant d'une passion qui ne pouvait, comme si souvent dans la réalité, s'étioler dans la banalité.