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6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 07:57

Dossier Pour la Science N 86 – Janvier-Mars 2015

Les chimpanzés : des grands singes pétris de culture

Christophe BOESCH

La culture a toujours été un domaine réservé aux humains et serait l'exclusivité de notre espèce, nous différenciant du règne animal. Buffon, après Descartes, plaçait l'homme à distance des autres animaux, s'en différenciant, qualitativement (?) par ses facultés intellectuelles. Montaigne en revanche préférait une approche plus continue, aujourd'hui on dirait : évolutive. L'humain appartenant au règne animal en aurait hérité de beaucoup de ses facultés intellectuelles, lesquelles seraient partagés avec nos plus proches parents biologiques : les grands singes.

L'évolution darwinienne est généralement acceptée pour les aspects liés à nos morphologie et nos capacités physiques et physiologiques. Les opinions sont plus partagées pour nos facultés intellectuelles. D'aucuns virent dans cette réticence l'influence de notre culture judéo-chrétienne.

Difficile aussi, et surtout, pour les humains d'être ''juges et partie''. Impossible d'être impartial. Bertrand Russell écrivait en 1918 : ''Si on propose à un homme un fait allant à l’encontre de ses instincts, il va le scruter de près et, sauf si les preuves sont accablantes, il refusera d'y croire. Si, en revanche, on lui présente quelque chose qui va dans le sens de ses instincts, il l'acceptera avec le minimum de preuve. L'origine des mythes s'explique de cette façon''.

Dans Le Singe Nu, Desmond Morris l'approuve : ''L'histoire de notre parcours évolutif est une histoire de nouveau riche, et comme tel, nous sommes susceptibles quand à nos origines''. Bref, de nombreux scientifiques sont prisonniers d'une logique comparative égoïste plaçant l'homme à part et reniant notre parenté en survalorisant des études défavorables aux autres espèces animales. Beaucoup des réponses données aujourd'hui ne s'appuient pas sur une approche comparative avec nos plus proches parents mais sur un a priori sur nous mêmes.

Les cartésiens [mais que penserait Descartes aujourd'hui?] ont bloqué les progrès qui nous permettraient de révéler la spécificité de la ''culture humaine''. Sans oublier les perceptions différentes, encore une séquelle ''judéo-chrétienne'' qui fait qu'une preuve de culture au Japon est réfuté en oxidant. La véritable question est de savoir quels aspects du phénomène culturel sont particuliers aux humains par rapport aux autres primates en général, et aux chimpanzés, en particulier. Neuf populations de chimpanzés sont suivis, en Afrique de l'Ouest, Centrale, de l'Est, configuration permettant de mettre les observations en commun. Les observateurs furent surpris de comportements n'étant pas induits par l'environnement et qui, par conséquent, ne pouvaient être que culturels. Les chimpanzés les avaient appris en copiant les membres de leur groupe. De nombreux exemples (à découvrir dans le magazine) montrent la flexibilité du comportement des chimpanzés. La question n'est plus aujourd’hui d'attribuer ou non une culture aux chimpanzés mais de comprendre précisément quelles sont leurs capacités culturelles, et en quoi se distinguent-elles des facultés culturelles de l'humain.

Encore une fois l'humain semblait le seul à accumuler des innovations pour améliorer une même technique. Faculté unique fondée sur nos compétence en termes d’imitation, d'enseignements, de conformité et de normes sociales. Pourtant plusieurs chaînes cumulatives de techniques ont été observées chez les chimpanzés qui suivaient un schéma d'accumulation culturelle ou une technique est compliquée par l'accumulation d’éléments en augmentant l'efficacité et la spécialisation.

Autre aspect distinguant la culturelle humaine de celle des chimpanzés : l'importance de la culture symbolique à travers les langues, les mythes, les croyances, l'art... [pour autant qu'il s'agisse là d'avantages ou de preuves de supériorité!].

Une approche intégrative tenant compte des nouvelles observations obtenues auprès de plusieurs populations de chimpanzés a mis en évidence une complexité de la culture chez cette espèce qui était insoupçonnée il y a quelques années. Toute nouvelle population de chimpanzés étudiée nous surprend en montrant des comportements inconnus révélant de nouvelles facettes des capacités des chimpanzés. Cette approche nous oblige à réévaluer nos visions simplistes des animaux. La science a souvent souffert d'approximations, de théories fondées sur des anecdotes ou des faits inexacts. Les statistiques ont pris de l'importance pour éviter la subCjectivité. Parallèlement les expérimentations animales ont aussi gagné en popularité car elles représentent un progrès pour tester les facteurs qui influencent le comportement. D'autre part comment considérer que des études dirigés (dans tous les sens du mot) sur des individus captifs puissent éclairer les capacités de populations libres ? Sans omettre les handicaps générés par la vie en captivité !

Une étude plus complète des chimpanzés sauvages nous aidera à comprendre ce qui nous rapproche d'eux, et ce qui nous en différencie. Eux seuls peuvent nous aider à comprendre ce qu'est le ''propre de l'homme''.

Encore faut-il qu'ils survivent, l'homo sapiens agit comme s'il voulait effacer son propre passé. Espérons qu'il s'efface lui-même plus rapidement encore !

 

Dans le même registre, ne manquez pas de lire l'intervieux passionnante de Shelly Masi : La culture chez les gorilles et les différences qu'elle présente avec celle des chimpanzés.

 

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5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 07:47

Scénario, Textes, dessins et couleurs

ANNE RENAUD

Scénario

YANNICK BEAUPUIS

Antes, le 6 mars, Piotr Zgorski est mort. Collectionneurs et Musées vont approcher ses rejetons. Le temps est compté pour HEL qui se déshabille totalement, comme toujours avant une intervention. Vêtue de ses seuls tatouages elle doit pénétrer l'appartement du mort et voler un élément de sa collection, un Janus, fœtus prisonnier d'un bocal empli de formol.

Profitant de son pouvoir de planer, elle saute d'un autre immeuble et passe au travers d'une fenêtre pour entrer chez Zgorski. Elle le suppose vide mais une sonnerie retentit et elle constate que ce n'est pas le cas. ''Il est ici, tout le monde n'est pas encore arrivé'', elle approche de la pièce éclairée, une chambre ou une dizaine de personnes entourent le corps de M. Zgorski.

Rien qui puisse entraver sa mission !

Ailleurs dans la ville, Tour Anglelisti, Hel entre par une fenêtre, décidément c'est une habitude, descend un escalier et retrouve ses amies, Cyrrus et Théa, en plein ''travail'' sur un cadavre. Duo, frère et sœur, d'artistes privilégiant le macabre, ce sont eux demandèrent à HEL de leur rapporter Janus, fœtus de siamois recomposés pour en former un seul.

Le vernissage est pour le mois suivant, autant dire que le travail est loin d'être achevé. Janus rejoint quatre autre fœtus ! Cyrrus et Théa se voient annonciatrice d'un nouvel âge, d'une nouvelle société dont les standards ont muté.

 

Théa essaie de convaincre HEL de rester avec elle et son frère, mais la jeune femme aime sa liberté, elle qui se sent incapable de se mêler aux autres et ignore d'où lui viennent ses ''capacités''.

 

Elle retourne chez elle, commande de quoi manger puis prend un bain. Après quoi elle regarde, comme souvent, les photos de vacances de son enfance

L'exposition de Cyrrus et Théa a lieu, présentation d’œuvres qui utilisent le corps humain, le recrée, le manipule, le transforme au gré de leur inspiration. Rejetant la bipolarité de l'hominisation, affirmant qu'en incarnant les deux polarités l'humanité deviendra immanente. À cette manifestation assiste également M. Damanos, venu voir les artistes il propose à ceux-ci de puiser dans sa collection personnelle d'anatomie pathologique, 8928 pièces ayant appartenu à Paré, Maximilien Ier, Licetti... il ne leur demande en échange que leur Janus de 1543. Le duo refuse et alors que Damanos en vient à le menacer profite de la venue de HEL pour la présenter au vieil homme. Cela tombe bien, chacun avait entendu parler de l'autre. Au cours de la discussion le collectionneur en vient à évoquer certains éléments qu'il possède et ressemblent à Janus, en particulier celui qui possédait des tatouages in utero.

HEL sursaute en entendant cela mais ne dit rien. Finalement Damanos semble renoncer, temporairement à son échange. Avant de partir il s'approche de HEL et lui murmure à l'oreille : Hurti Magici Ingressum Hesperius Custodit Draco ! Qu'elle comprend comme : Le dragon des Hespérides garde l'entrée du jardin magique.

 

Pour la jeune femme c'est une indication, ou une invitation. Le Tératologue est aussi riche que discret, mystérieux qu'inquiétant. Néanmoins HEL veut en savoir plus, et la Tour Damanos, le palais le plus haut du monde, semble n'attendre qu'elle. Ses talents l'aident à y pénétrer, à le visiter, jusqu'à ce qu'elle tombe sur une pièce immense pleine de Janus mais gardé par un Minotaure qui se jette sur elle. La créature est forte, rapide, elle fuit dans le palais mais celle-ci finit par la rejoindre et s'en saisir. Alors qu'il va la broyer entre ses bras il s'écroule sur le sol, inanimé.

S'en étant sorti sans comprendre comment elle récupère le minotaure et le ramène à la tour Angelisti où ses amis découvrent qu'il est mort alors que ce n'était pas le cas quand elle le ramena.

Cyrrus et Théa veulent l'examiner, HEL n'est pas trop d'accord, tous les trois pourtant sont d'avis que Damanos ne va pas être content que son garde ait disparu.

C'est l'occasion pour HEL de confier à Théa qu'elle pense ses tatouages mortels, ce sont eux qui auraient vaincu le minotaure. Elle avoue qu'elle ignore leur origine. À la puberté elle découvrit des petites marques sur une jambe qui rapidement s'étendirent, des marques changeant au gré de ses émotions. Solitaire du fait de son étrangeté elle refusait les relations avec les autres, quand un garçon finit par retenir son attention, qu'elle accepta d'être embrassée, les tatouages convergèrent, le jeune homme fut pris de convulsion puis s'effondra, mort. HEL résolut de s'enfuir et gagna sa vie en tuant. Réfugiée au cimetière d'Antès elle découvrit le marché de mort, s'introduisant dans un réseau elle devint pourvoyeuse pour les collectionneurs. Par une annonce elle fit connaissance de Cyrrus et Théa. Ainsi, il apparaît que Damanos pourrait avoir des réponses aux questions qu'elle se pose depuis longtemps.

Pour l'heure Cyrrus va entamer l'autopsie du spécimen alors que dans son palais Damanos doit répondre aux questions des pompiers et des policiers, tout en demandant, discrètement, à ce que les coupables soient retrouvés.

Alors que le scalpel approche du corps HEL se précipite pour l'empêcher, elle est persuadée que la créature est vivante. Ce que celle-ci va confirmer en revenant à elle. Entre deux êtres aussi différents des autres mais aussi proches, la conversation est difficile, le minotaure ne sait rien, ne connaît que ses besoins, ignore son nom, d'où il vient. Symbole d'un labyrinthe que HEL entend bien retrouver et visiter jusqu'en son centre.

Entre temps les envoyés de Damanos ont remonté la piste et HEL doit intervenir pour protéger ses amis. Sans y parvenir puisque Théa sera abattue. HEL doit se rendre pour sauver Cyrrus. Les combats vont continuer, la jeune femme et son nouvel ami à cornes vont pouvoir s'échapper et se cacher. La survie est pourtant difficile.

La solution pourrait être dans l'immeuble haut et fin qui ressemble à une aiguille gigantesque...

 

À suivre dans le tome 2 ''La machine à monstre''.

 

Une réussite que ce premier tombe, j'ai hâte de connaître la suite, en attendant je vous en recommande vivement la lecture.

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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 07:19
MANHOLE

Tetsuya TSUTSUI – 2006 – 3 volumes – Éditions Ki-oon

7 décembre, 16 h32, le rue marchande principale de Sasahara. Ce sont les soldes, un marchant propose 12 rouleaux de papier toilette pour 248 yens, c'est donné...

Un homme nu, livide, déambule, hagard, mains et pieds ensanglantés, murmurant des mots incompréhensibles. Il vomit du sang sur un passant et s'écroule, mort. À 17 h 14 deux policiers, Shûchi Takimoto et Ken Mizoguchi du bureau d'investigation du commissariat enquêtent et découvrent qu'il est sorti d'une bouche d’égout. Ken est interpelé par sa jeune partenaire, Nao Inoue à laquelle il demande de recueillir un maximum de témoignages.

MANHOLE

19 h 06, salle d'autopsie du commissariat, Tadao Sugano dirige l'analyse du cadavre. Au moment où son aide va planter son scalpel il sent quelque chose bouger et avec une pince extrait de l’œil ressemblant à un vers. Le mort va être identifiée grâce à ses empreintes dentaires, il s'agit du de Yoshito Horkawa, 32 ans, chômeur, vivant au 205 de la résidence Kitahi dans le quartier de Kitamodai. Reste à interroger ses proches, la routine quoi. La résidence Kitahi n'a rien d'engageante et quand ils trouvent la mère de la victime celle-ci n'a pas l'air surprise ni peinée par le décès de son fils. Son appartement est à l'image du quartier, plein de sacs plastiques et de piles de n'importe quoi montrant qu'elle ne se débarrasse jamais de rien. Aux policiers elle montre les cicatrices des sévices que lui infligea son enfant, rien d'étonnant donc à ce qu'elle manifeste peu de peine ! Elle apprend aux policiers que Yoshito était dépendant aux jeux d'argent mais qu'elle l'avait fait entrer, gratuitement, dans un centre soignant les comportements violents et la dépendance aux jeux.

Mais la mère ignore l'adresse du centre, un photographe, ayant récupéré son fils pour l'y conduire. Le téléphone de Mizoguchi sonne, il apprend que la cause du décès est la filariose, maladie due à un parasite. Celui-ci serait source de ses hallucinations mais sa mort aurait été causée par la chute sur le trottoir.

Le 8 décembre, 12 h 12, commissariat de Sasahara. D'un côté la sections des maladies contagieuses du service de santé publique se manifeste, de l'autre, le témoin, Yôchi Amamya, sur qui le mort vomit, s'est présenté pour témoigner. Il raconte ce qui s'est passé, l'homme qu'il a vu venir vers lui, les paroles qu'il marmonnait ''Maman...'' sous le choc il laissa tomber son portable, la police l'ayant récupéré put par ce biais l'identifier. Yôchi a l'air étrange et demande à partir. Après tout il n'y a aucune raison de le retenir. Surtout sans savoir que le pansement sur sa joue cache une plaie faite la veille et par laquelle il fut contaminée par Yoshito.

Épuisé, il se retrouve dans la rue, hagard il ne voit pas venir la voiture qui le renverse. Plus haut Ken apprend que quatre vers ont été découverts dans l’œil droit de la victime, quatre filaire, une maladie qui touche surtout les chiens et les chats ! Il s'agirait d'une nouvelle espèce. Le filaire, s'introduisant dans l’œil de sa victime suit le nerf optique jusqu'au cerveau et se dirige vers l'hypothalamus qu'il dévore avec pour effet d'effacer la faim, le désir sexuel et le sommeil chez son hôte. Cette maladie est transmise par les diptère, ceux-ci peu fréquent en hiver au Japon passent la mauvaise saison au chaud, dans les égouts.

MANHOLE

Le corps de Yôchi est ramassé sur la route, des filaires adultes vont être découvert à l'intérieur comme s'il avait été contaminé par la première victime. Pour compliquer les choses, des taches circulaires sont découvertes sur le cuir chevelu de celle-ci, laissant penser qu'elle fut soumise à diverses expérience. Par conséquent que sa contamination ne doit rien au hasard.

La question centrale est donc de découvrir le centre qui accueillit Yoshita, si quelque chose lui est arrivé ça ne peut qu'être là ! L'enquête s'oriente vers le photographe qui fit office de messager. Le seul indice, fourni par la mère de Yoshita est le lieu où celui-ci avait rendez-vous avec son chauffeur. Un terrain vague !

Les voisins n'ont rien remarqué, mais la bouche d’égout attire leur attention, pourquoi les orifices de la plaque ont-ils été obstrués ? La tentation est forte pour les policiers de la soulever, d'autant qu'un pied de biche semble avoir été opportunément oublié à proximité.

Reste à oser descendre ! Rôle dévolue à Inoue, son partenaire étant trop gros pour cela. Un sac plastique sur la tête, pour la protéger des mouches, une lampe à la main, elle s'engage dans le trou. En bas elle découvre un siège noir entouré de batterie, une table et des appareils bizarres. Fouillant un peu partout elle découvre un livre de photos, de voyage, au Botswana. Elle prend une photo.

Parallèlement Takimoto interroge le père de Yoshita qui lui narre sa rencontre avec le soi-disant ''photographe'' et leur dialogue, portant principalement sur la psychiatrie en général et la lobotomie en particulier, regrettant que cette dernière ait si mauvaise presse qu'elle ne soit plus pratiquée et soulignant qu'il fallait une solution physique pour régler le problèmes des auteurs de crimes atroces. Là il montre le filaire qu'il pense être la solution, parasite capable de pénétrer le cerveau jusqu'à l'hypothalamus pour la ronger jusqu'à gommer les pulsions de son propriétaire. La preuve il la montre en ôtant ses lunettes noires et montrant qu'il n'a plus qu'un œil valide.

En lisant le récit de voyage au Botswana Nao découvre ce que son auteur y apprit en visitant le village des borgnes. Pour les policier il n'y a pas de doute, ce photographe est responsable de ce qui est arrivé et semble sûr d'avoir fait une découverte positive.

Ils ne savent pas encore à quel point !

Il vous faudra lire les deux tomes suivant pour connaître la suite, elle en vaut la peine.

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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 07:09

Dossier Pour la Science N 86 – Janvier-Mars 2015

L'homme : un singe à un poil près

Nina JABLONSKI

L'orang-outan est doté d'une belle toison cuivrée. Les gorilles, les chimpanzés et les bonobos sont parés d'une fourrure brune ou noire. Et nous ? Des cheveux et quelques régions pileuses bien localisées. L'humain est le seul primate à avoir une peau presque glabre.

Pourquoi ? Le registre fossile n'apporte pas d'explication, il ne recèle aucune trace de peau humaine.

Une découverte récente, dans un fossile, mit à jour les preuves de la transformation de la peau humaine. Glabre, elle favorisa l'évolution d'autres caractéristiques, notamment un cerveau très développé.

Avec l'allaitement les poils, fussent-ils temporaires, définissent les mammifères. Ceux-ci sont de bons isolants thermiques et protègent contre l'abrasion, l'humidité, les rayons du soleil, les parasites et les microbes pathogènes. Ils servent aussi de camouflage et de moyen de communication, sauf pour les plus grands mammifères, les espèces souterraines ou marines. En revanche les animaux semi-aquatiques ont une fourrure dense étanche qui emprisonne l'air pour améliorer la flottaison.

La peau de l'homme n'est pas une adaptation à la vie souterraine ou aquatique, elle n'est pas davantage le résultat d'une grande taille. Elle est devenue glabre parce que l'homme a acquis un système de régulation efficace de sa température corporelle. Chez l'homme l'absence de fourrure améliore l'efficacité de la sueur. Ses glandes eccrines peuvent produire jusqu'à 12 litres de sueur aqueuse par jour et libèrent la sueur à travers de minuscules portes. La combinaison d'une peau presque nue et d'une sueur fluide permet à l'homme d'éliminer la chaleur en excès. Système si performant que lors d'un marathon, un jour de forte chaleur, l'homme gagnerait contre un cheval.

Un changement climatique est à la base de l'apparition de ce système, devant quitter les environnements boisés pour la prairie nos ancêtres durent rechercher de la nourriture, la viande en particulier, et de l'eau en parcourant des trajets de plus en plus longs. Cette augmentation de l'activité causait une élévation de la température corporelle contre laquelle la perte de la pilosité était la meilleure solution.

Reste à élucider le mystère de l'évolution de la chevelure humaine.

L'apparition d'une peau quasi glabre eut des répercussions sociales, le maquillage et les expressions faciales complexes ont peut-être évolué après que l'homme ait perdu la capacité de communiquer au moyen de sa fourrure. Les décorations de la peau existent parce qu'ils véhiculent l'appartenance à un groupe.

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1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 07:02

仮面の告白 (KAMEN NO KOKUHAKU) - Yukio Mishima (1949)

Gallimard 1971 - Traduit de l'anglais par Renée Villoteau

 

Kochan est souffreteux, malingre, impressionnable et hypersensible. Enfant il affirmait se souvenir des premiers mois de sa vie, ce qui n'attirait que moquerie et méfiance d'un entourage réfutant ses allégations par des explications plus ou moins crédibles. D'aucuns se méfiaient, imaginant que ses affirmations n'avaient d'autres buts que de faire parler les adultes.

Mais ce n'était pas le but de Kochan, lui était convaincu de se souvenir de sa propre naissance. Une image le marquait, le cuvier l'ayant accueilli pour son premier bain, cuvier neuf à la surface de bois fraîche et lisse comme de la soie. Confrontant son souvenir à la réalité objective il devait admettre que le premier manquait de crédibilité, ce qui ne l'empêchait pas de s'y accrocher.

Ce qui était avéré en revanche était qu'il était né deux ans après le grand tremblement de terre dans un quartier peu reluisant de Tokyo où se famille avait fini après un scandale ayant réduit son train de vie dans une vieille maison, bâtisse prétentieuse et crasseuse possédant un jardin que protégeait une imposante grille de fer.

Au matin du 4 janvier 1925 Kochan naquit dans cette demeure, il était neuf heures du soir, il pesait deux kilos six cents. À quatre ans il vomit une matière couleur café. Mandé, le médecin émit un doute sur sa capacité à survivre. Ce qui fut pourtant le cas mais cette maladie revint régulièrement, occasionnant des crises plus ou moins graves. Au même âge il rencontra un jeune homme sale qui fit sur lui forte impression malgré sa jeunesse sans qu'il en comprenne la raison. Alors que les autres enfants rêvent de devenir généraux lui se mit à rêver de devenir vidangeur... avant que son attention ne se déplace vers les conducteurs de hana-densha, des tramways, ou les poinçonneurs du métro. Le ''tragique'' de ces professions lui paraissant évident. Plus tard il eut un choc quand il apprit que le personnage sur une image était une femme, Jeanne d'Arc, alors qu'il était persuadé que seul un homme pouvait ainsi monter à cheval, porter une armure, pointer son épée en direction du ciel.

Au fil des années divers personnages le marquèrent, de Cléopâtre à Héliogabale... lecteur de contes de fées il préférait les princes aux princesses, surtout quand ceux-ci étaient assassinés ou promis à un sort funeste.

Pour veiller à sa santé comme lui éviter de mauvaises fréquentations sa grand-mère lui avait interdit de jouer avec les garçons du voisinage. Il n'avait, outre les servantes, pour jouer avec lui que trois fillettes choisies parmi par enfants du quartier.

Quand ses parents sont absents il profite de la liberté que lui laisse sa grand-mère, en particulier celle de fréquenter Sugiko, petite fille robuste et débordante de vie dont il partageait parfois la chambre, dormant dans un petit lit à côté d'elle, la regardant alors qu'il cherchait dans la nuit à comprendre ce qu'il était, ce qu'il voulait. Se forçant à se comporter en garçon, comme on l'attendait de lui. Conscient qu'il portait un déguisement sous lequel son moi véritable suffoquait.

L'enfance pourtant un jour disparaît et il est toujours trop tard quand on en prend conscience. Kochan assiste à une procession, des jeunes gens soudain changent de direction, passent la haute grille et saccage le jardin devant la maison, pour le simple plaisir de détruire et leur regard, pour Kochan, incarna l'expression de l'ivresse la plus obscène et la plus manifeste qui fut au monde.

Son monde va changer, sa famille se scinde et il déménage alors que son père est à l'étranger en mission officielle. Un jour alors qu'il feuillette des livres d'art appartenant à son père il tombe sur une reproduction du Saint Sébastien de Guido Reni. Œuvre ou mort et beauté s'unissent en une vision qui le bouleverse.

Son entrée à l'école secondaire sera un autre changement important. Il va faire la connaissance d'Omi, plus âgé que lui mais qui a redoublé plusieurs fois et portant sur tout et tous un regard méprisant.

Désormais ce garçon va devenir le centre de son attention, de son intérêt mais aussi de ses craintes. Incarnation d'un conflit insoluble. Comment accepter ce désir dans une société ou l'homosexualité est impossible ? Il va se rapprocher de Sonoko, sœur d'un camarade avec laquelle le mariage est envisagé.

 

Kochan est-il un masque pour Mishima ou un miroir dans lequel il regarde son passé, enfance et adolescence, en profitant pour s'observer avec lucidité et se montrer avec cette crudité qui caractérise ses textes ? Lire ce ''roman'' c'est regarder par dessus l'épaule de son auteur en sachant que qu'il le souhaite, découvrir ce qu'il vécut et mieux comprendre le cheminement de Mishima et son martyr, moins ''élégant'' que celui de Saint Sébastien.

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25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 07:18

Dossier pour la science N 86 – Janvier – Mars 2015

Après avoir économisé, Jane Goodall s'embarqua pour l'Afrique et y rencontra le paléo-primatologue Louis Leakey qui lui proposa d'étudier les chimpanzés dans le parc national de Gombe, en Tanzanie. Par la suite, et soutenu par son mentor, Jane s'inscrivit en doctorat à Cambridge alors qu'elle ne disposait pas de l'équivalent du baccalauréat.

Au début des années 1960 le comportement des animaux, sauf ''l'animal humain'' n'était qu'un ensemble de réactions codées génétiquement, aux stimulus sensoriels. Toute velléités de sortir de ce raisonnement relevait de l'anthropomorphisme. Pas question d'évoquer personnalité, esprit ou émotion, caractéristiques réservées à l'humain [si ça ce n'est pas de l'anthropomorphisme!]. Elle était convaincue du contraire, grâce à l'enseignement de son maître d'école, celui de son chien Rusty et refusait les explications réductionnistes des comportements complexes. Son professeur de thèse, Robert Hinde, lui appris à exprimer ses idées révolutionnaires. Elle fut, par exemple la première à donner un nom plutôt qu'un numéro aux chimpanzés.

Malgré l'hostilité [des vieux c...] elle obtint son diplôme et mit en place un centre de recherche à Gombe. Ces travaux en sont à leur 55e années, la plus longue étude jamais conduite sur un animal vivant. Les chimpanzés vivant plus de 60 ans il était important de mener des observations sur le long terme.

Cette persévérance lui permit d'apprendre beaucoup sur nos plus proche cousin, les chimpanzés et nous avons plus de 98 % d'ADN en commun et des similitudes dans la composition du sang, le fonctionnement du système immunitaire et l'anatomie du cerveau. Ils disposent d'un répertoire complexe d'appels, de postures et de gestes leur permettant de communiquer des informations sur ce qu'ils ressentent ou leur environnement. Ils s'embrassent, s'enlacent, se tiennent la main, rient... comme des humains et souvent dans des contextes comparables. Ils élaborent même des outils, capacité longtemps réservée aux être humains amenant Leakey à conclure ''Nous devons redéfinir l'homme, l'idée d'outil, ou accepter que les chimpanzés soient des êtres humains.''

selon les régions ils montrent des comportements et des usages qu'ils transmettent de génération en génération via un processus d'observation, d'imitation et de mise en pratique. En outre ils font preuve de compassion, d'altruisme et, parfois, de violence ; ils comprennent et utilisent des symboles abstraits pour communiquer. Ils peuvent apprendre la langue des signes et mémoriser 400 mots et phrases. S'ils pouvaient développer ce genre de communication à l'état sauvage Janes GOODALL est sûre qu'ils nous demanderaient de les respecter, de ne pas en faire des sujets de divertissements ni d'expérimentation, et de les protéger. Malheureusement, poursuit-elle, notre arrogance nous conduit à mettre l'homme au-dessus de tout, d'en faire une espèce à part alors que les chimpanzés pourraient nous apprendre que nous ne sommes qu'une partie du règne animal.

Des études ont été engagées concernant les différentes populations de chimpanzés dans d'autres régions d'Afrique mais également sur les gorilles et les bonobos, ainsi que, en Asie, sur les orangs-outans. Il est clair que nous ne sommes pas les seuls êtres capables d'amour et de haine, de joie et de tristesse, de peur et de désespoir. Ni les seuls dotés d'un esprit apte à résoudre des problèmes ou à ressentir douleur et souffrance. La frontière entre nous et le reste du règne animal devient de plus en plus floue.

Malheureusement alors que la science nous en apprend toujours davantage sur le comportement des grands singes ceux-ci sont menacés de disparition [pour éviter une remise en cause?]. D'un million d'individus en 1960 la population de chimpanzés est probablement inférieure à 300 000 aujourd'hui. La prolifération humaine, ses besoins grandissant rongent leur habitat, sans oublier les diverses maladies [comme ce fut le cas en Amérique du Sud, quand les envahisseurs européens apportèrent des virus contre lesquels ils étaient immunisés, ce qui n'était pas le cas des populations indigènes] se répandent. Ebola ne se contente pas de frapper les humains, il touche également les gorilles.

Vu du ciel le parc national de Gombe semble une oasis tant la déforestation a fait des ravages autour, les populations humaines tentant de survivre en tentant de cultiver des pentes érodées. Petit à petit cependant les populations locales comprennent que la forêt est leur amie et la déforestation une mise en cause de leur propre survie. Ils participent également à la lutte contre le braconnage alors que les gardes forestiers alimentent un programme de surveillance en direct des forêts.

L'auteur conclue en citant [elle n'est pas la première] le célèbre proverbe indien ''Nous n'avons pas hérité la Terre de nos ancêtres mais nous l'empruntons à nos enfants.'' À regarder ce que nous avons fait de cette Terre, je dirais plutôt que nous l'avons volée...

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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 07:54

Dossier pour la Science N 86 – Janvier-Mars 2015

Anne-Marie BACON

Il y a 2 millions d'années plusieurs espèces de grands singes vivaient en Chine, dont la plus grande ayant jamais vécu. Il est probable que les premiers humains arrivés en Asie les aient rencontrés.

Moult contes, légendes et mythologies évoquent des créatures ni homme, ni singe, mais mélangeant les deux : le Yéti, Big Foot, Sasquatch en sont quelques exemples. Jusqu'au début du vingtième siècle ces récits passaient pour de totales élucubrations, depuis a été découvert la trace du Gigantopithecus blacki, ce singe pouvait mesurer jusqu'à 2,50 m et pesait 300 kgs. Il peuplait le Sud de la Chine jusqu'au Viêt Nam. À cette époque la région est couverte d'une forêt tropicale. Y vivent les ancêtres de grands carnivores, hyènes, panthères, chiens, sauvages, pandas et félins à dents de sabre mais également des ongulés, des bovidés... les fouilles mirent au jour des restes d'animaux dont nul descendant n'est arrivé jusqu'à nous. Les primates étaient nombreux, gibbons, macaques, rhinopithèques et autres. De cette diversité seul le premier est encore présent.

Blacki n'est pas le seul gigantophithèque ayant vécu, nous lui connaissons deux cousins, bilaspuresis qui l'aurait précédé et giganteus, découvert dans le Nord de l'Inde et en Chine. Mais c'est Gb qui retient notre attention.

Au pléistocène inférieur l'habitat des gigantopithèques s'étalait entre le Yangtsé et les montagnes du Chongzuo. Suite à une modification climatique ils durent descendre plus au sud.

Les sédiments conservèrent des dents de mammifères et quelques restes osseux d'amphibiens et de reptiles. C'est ce qui nous est parvenu du Gigantophithecus blacki dans une douzaine de sites connus. Trois mandibules furent également retrouvés qui permirent d'estimer la stature des individus, leur différence est interprétée comme preuve d'un fort dimorphisme sexuel.

Tout concorde pour indiquer qu'il était frugivore, se nourrissait aussi de graines, de noix et de bambou. L'étude des phytolithes (particules siliceuses présentes dans les plantes et retrouvés sur la surface des dents) permet d'identifier les végétaux consommés. Depuis dix ans, grâce à de nouvelles fouilles menées à Longgupo, une industrie faite d'artefacts rudimentaires en os et en pierre a mise en évidence, attestant de la coexistence des hommes et des gigantopithèques entre 1,8 et 1,4 million d'années à proximité du Yangtsé. La présence dans cette région d'Homo ergaster ou Homo erectus africain est possible, ceux ci ayant quitté l'Afrique il y a 2 millions d'années. Ceux-ci seraient donc retourné vivre en forêt.

Problème : survivre dans ce milieu nécessite des techniques de chasse que n'auraient pu pratiquer ces premiers hommes.

Cette rencontre advint-elle, put-elle générer des mythes qui seraient arrivés jusqu'à nous. C'est peu probable, ceux-ci perdurent pourtant et indiquent que des rencontres purent avoir lieu plus récemment engendrant un effet de mimétisme qui pourrait expliquer que de nombreuses régions possèdent ces légendes.

Les questions sont posées, manquer des réponses n'empêche pas de les imaginer.

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19 septembre 2015 6 19 /09 /septembre /2015 07:23

Dossier pour la Science N 86 – Janvier – Mars 2015

L'homme descend du singe, dit-on, la femme aussi par conséquent, et certaines eurent la bonne idée de consacrer leur vie à s'intéresser à nos cousins. Un brelan de dames influencé par le primatologue Louis Leakey et ainsi surnommées les ''Anges de Leakey''.

Dian Fossey, assassinée le 27 12 1985 qui dédia sa vie aux gorilles des montagnes dans le massif des Virunga, au Rwanda. Jane Goodall qui vécu plus de 50 ans en compagnie des chimpanzés du parc de Gombe en Tanzanie et Birutė Galdikas qui étudie les orangs-outans, principalement à Bornéo depuis 1970. Leurs travaux nous permirent de mieux connaître les grands singes jusqu'alors considérés comme stupides, violents, cruels... bref, comme des homo sapiens banals. D'autres leur succédèrent pour améliorer encore la connaissance que nous avons de nos cousins.

Pourtant ils ne furent jamais plus menacés, le braconnage, la déforestation et le trafic continuent et mettent leur survie en danger. Si rien n'est fait ils pourraient avoir disparu en 2050.

La frontière nous séparant des grands singes, principalement des chimpanzés, se dilue.

L'histoire des grands singes

Jean-Jacques JAEGER

Autrefois les grands signes vivaient sur toute a Terre à l'exception de l’Amérique. L’Europe en abrita plusieurs espèces, en Asie un grand signe de près de trois mètres fut peut-être à l'origine du Yéti. Si trois espèces subsistent les fossiles nous en présentent 40. La parenté entre singes et homos fut longtemps refusée, elle l'est encore par quelques idéologies obsolètes mais les arguments scientifiques à l'appui de cette relation sont écrasants en nombre et en qualité. De fait, les taxonomistes regroupent au sein des hominidés, les hommes, les chimpanzés et les gorilles, la comparaison de leur ADN permit de retracer leur chemin commun.

L'un des défis de la paléoprimatologie est de trouver l'ancêtre commun au sapiens et au chimpanzé. Chercher des caractéristiques anatomiques intermédiaires est tentant mais l'évolution en mosaïque condamne cette idée. Il est aussi possible de s'inspirer de l'anatomie des formes phylogénétiques plus éloignées, gorilles, orangs-outans, gibbons, mais cette piste ne mène nulle part.

Reste l'analyse de la documentation paléontologique de ces grands singes pour reconstituer leur histoire et celle de leurs caractères anatomiques !

Toumaï (Saheloanthropus tchadiensis) est le premier homininés. Âgé de 7 millions d'années il témoigne de l'ancienneté de la séparation humains chimpanzés et d'une probable bipédie. Aucun fossile de ces derniers n'est venu aider à reconstituer leur histoire, sinon quelques dents identiques à celles des chimpanzés d'aujourd'hui. L'absence d'ancêtres de chimpanzés et de gorilles reste une énigme. En revanche l'évolution de nos cousins asiatiques, les orangs-outans est bien documentée et avec les fossiles d'autres grands singes disparus peut nous aider à en découvrir davantage. Le registre fossile africain témoigne d'une différenciation progressive des premiers grands singes entre 30 et 25 millions d'années. Ces primates, les proconsulidés ont été découverts en Afrique de l'Est et représentent les premiers grands singes dépourvus de queue, les hominoïdes, vivant dans la forêt tropicale et ses lisières et se nourrissant de fruits. Les proconsulidés vont se distinguer par une plus grands flexibilité des membres et une meilleure capacité de préhension des mains et des pieds. Essaiment en Afrique pendant au moins 10 millions d'années ils vont donner naissance à de nombreuses formes de singes, des plus petits aux plus grands mais furent-ils les ancêtres des hominidés ? Rien n'est moins sûr, comme il semblent qu'ils ne soient pas davantage à l'origine des grands singes africains actuels. Force est donc de chercher ailleurs !

Les changements géographiques et climatiques conduisirent à la dispersion hors d'Afrique des premier hominoïdes. La plaque africaine emboutit la plaque eurasiatique, fermant une branche de la Téthys, produisant de nombreuses chaînes de montagnes et ouvrant une voie terrestre entre l'Afrique et l'Eurasie. Venant d'Asie de nombreux immigrants colonisèrent l'Afrique pour la première fois : des ruminants, girafidés, cochons, félidés et les premiers grands singes représentés aujourd'hui par deux groupes distincts, les hylobatidés et les pongidés. Les premiers sont petits, adaptés à la suspension et la locomotion arboricole avec un faible dimorphisme sexuel, mais aucun fossile n'a encore été découvert en Asie, les autres, les orangs-outans, de grands tailles, avec un dimorphisme sexuel important et une évolution qu'il est possible de retracer depuis le Sivapithecus.

Les autres Sivapithecus ont disparu au moment de la forte diminution des milieux forestiers il y a, environ, 8 millions d'années. Parmi les branches éteintes de Sivapithecus, le Gigantophithecus, évolution différente d'une espèce de Sivapithecus acquit les dimensions d'un géant, le Khorapithecus, plus proche des orangs-outans, le Lufengpithecus, des hauts plateaux de Chine du Sud. La découverte en Turquie de l'Ankarapithèque témoigne de l'expansion des pongidés au Miocène supérieur.

En revanche les grands singes qui vinrent en Europe sont d'origines africaine. Comme le Dryopithecus, le singe des chênes, mis au jour dans une carrière proche de Saint-Gaudens, en Haute-Garonne. La plupart des fossiles de grands singes européens a été trouvé en France, en Espagne, en Hongrie et en Grèce. Outre le Dryopithecus trois formes ont été identifiées : l'Anoiapithecus, le Pierolapithecus et l'Hispanopithecus. Toutes pourraient être réunies dans l'ordre des dryopithécidés.

La modification du climat en Europe, occidentale et centrale, entraîna la disparition des forêts tropicales et des grands singes, en Europe orientale quelques grands singes purent s'adapter à un milieu plus ouvert et saisonnier. Comme l'Ouranopithecus, rattaché au groupe des dryopithécidés mais possédant des caractères que l'on retrouve chez l'homme.

Rien n'indique un lien avec la lignée humaine débutant avec Toumaï.

Dernière forme, l'oréopithèque qui vécu en Italie (alors une île) entre huit et neuf millions d'années.

Ces dryopithécidés sont-ils frères des hominidés africains ou des pongidés asiatiques ? Le débat reste ouvert.

2 autres formes, mal connues, de grands singes peuvent prétendre au statut d'ancêtre potentiel des hominidés. Le Griphopithécus, connu en Turquie, Allemagne et Slovaquie, dont les dents présentent des similarités avec celles des hominidés et le Kenyapithecus, mis au jour sur le site de Fort Ternan, au Kenya et en Turquie dont certains caractère le rapprochent des hominidés. Sa présence en Eurasie renforce l'hypothèse selon laquelle l'ancêtre commun des hominidés africains aurait évolué hors d'Afrique avant d'y retourner pour donner naissance aux hominidés actuels.

Diverses hypothèses s'affrontent, reposant sur des éléments fossiles épars, autant d'indices mais aucune preuve. Il en est sans doute qui, dormant au cœur de sédiments ou de roches, attendent d'être découverte. Peut-être pour réfuter les idées avancées jusque-là.

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14 septembre 2015 1 14 /09 /septembre /2015 07:57

Science et vie N° 1166 – Novembre 2014

                                       Trous noirs

Un article d'Emmanuel Monnier

Nous avons tous entendus dire, sans que nul ne l'ait jamais vu, que les trous noirs aspiraient tout et que leur forte densité retenait même la lumière. Une nouvelle théorie, basée sur des calculs associant quantique et relativité, suggère qu'elle ressurgirait sous forme d'immenses ''fontaines blanches''.

L'incapacité de la lumière d'en sortir nous rendrait aveugle à la réalité de ce qui se passe au cœur des trous noirs, l'un après l'autre ils pourraient libérer la matière et la lumière qu'ils avaient engloutis.

Pour surprenant que cela puisse paraître les calculs de Carlo Rovelli, chercheur au Centre de physique théorique de l'université Aix-Marseille, donnent de la crédibilité à cette possibilité.

La relativité générale nous a décrit la genèse d'un trou noir : étoiles qui après avoir consommé leur énergie s'effondrèrent sur elles-mêmes, concentrant leur matière en une boule si petite que l'espace-temps se courbe autour d'elle.

La question posée par Rovelli est donc : Tout tombe dedans, mais pour aller où ? Densité et courbure de l'espace-temps devenues infinies vont-elles finir par annihiler la matière. Carlo Rovelli propose son explication, matière et lumière exploseraient, transformant le trou noir en trou blanc.

Ce prodige est interdit par la relativité générale, hors ici ce n'est plus elle qui a la parole mais sa rivale, la mécanique quantique, qui régit l'infiniment petit et qui est formelle : il n'est pas possible de concentrer la matière au-delà d'un certain point. Lorsque la masse de l'étoile initiale est réduite à un volume inférieur à celui d'une petite molécule, elle atteint la limite de Planck. Les théories de la gravitation quantique prédisent qu'alors apparaît ''l'étoile de Planck'', une force s'opposant à toute nouvelle compression, créant un mur quantique infranchissable contre lequel la ''boule'' rebondit comme un ballon. ''Facile de calculer comment une balle va remonter : il suffit de prendre l'inverse de sa chute'' explique Carlo.

Un peu comme si on repassait le film à l'envers.

L'idée est plaisante mais un astrophysicien ne peut s'en satisfaire, il a besoin d'en démontrer mathématiquement la véracité en réunissant l'effondrement et le rebond. ''À notre grande surprise nous nous sommes aperçu que c'était possible'' explique Rovelli, les équations de la mécanique quantique prennent un court instant et sur une région limitée le relais de la relativité générale. La métrique du trou noir devient alors celle d'un trou blanc ; le tour est joué !

Maintenant direz-vous : pourquoi n'a-t-on encore jamais surpris de trou blanc en plein jaillissement ? La question est justifiée et l'explication est simple : le temps à l'intérieur du trou noir et celui à l'extérieur sont différents. Une milliseconde d'un côté, plusieurs milliards de l'autre côté.

''Reste à décrire ce qui se passe au niveau microscopique en se basant sur une théorie de la gravitation quantique. Ce modèle n'y parvient pas encore'' précise Iosif Bena. La possibilité existe de détecter de telles explosions venues de mini-trous noirs, ceux-ci perdent constamment une partie de leur masse à cause du phénomène d'évaporation de Hawking. ''Le modèle de Carlo Rovelli implique que cette évaporation soit arrêtée par une explosion qui va en libérer la masse'' explique Aurélien Barrau. Laquelle libérerait un flot de photons dont l'énergie serait accessible aux instruments actuels.

Cela reste encore à prouver, mais quand je lève les yeux pour regarder l'Univers je me dis que je pourrais surprendre ce phénomène. S'il faut patienter quelques milliards d'années je suis d'accord.

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11 septembre 2015 5 11 /09 /septembre /2015 07:41

   Science et Vie N° 1166 – Novembre 2014

De la vie sous la glace

                                                                          Boris Bellanger

John Priscu, professeur de microbiologie à l'université du Montana, revint en 1984 de l'Antarctique avec la certitude que ce continent ne pouvait être stérile. ''Pour moi cela n'avait pas de sens, il devait y avoir de la vie au cœur de cet enfer blanc !''

Il attendit trente ans avant d'en apporter la preuve.

Jusque-là les recherches de vie dans les profondeurs de la calotte glaciaire avaient vu se succéder annonces éclatantes et cruels démentis. Priscu lui-même y participant avant d'atteindre son but. Ainsi en 1999 il avait affirmé avoir trouvé des bactéries dans de la glace prélevée au-dessus du lac Vostok, enfoui sous 4km de glace, la suite avait prouvé qu'elle venait d'une contamination des échantillons par le fluide de forage.

Apprenant de cet échec il passa six années à mettre au point une technique de forage ultrapropre à base d'eau chaude stérilisée et en choisissant une cible plus facile que Vostok, le lac Whillans, lentille d'eau de 60 km2 et de moins de 10 m de profondeur.

4 jours suffirent pour percer les 800 m de glace dominant le lac Whillans, et quelques heures pour remonter des échantillons d'eau liquide et de sédiments des entrailles de l'Antarctique.

Les premières analyses démontrèrent que cette eau abritait bien de la vie, et même une vie abondante, 130 000 cellules par millilitre d'eau. Une densité équivalente à celle que l'on observe dans les grands fonds océaniques.

Cette fois les précautions semblent avoir été suffisantes pour ne pas connaître de désillusion dans le futur. Cette fois, confirme Jean-Robert Petit, du laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement de Grenoble, le signal est net, il n'y a pas de contestation possible : la vie est bien là !

Une vie nombreuse et diverse, le séquençage génétique des micro-organismes découverts met en évidence près de 4000 espèces différentes de bactéries et d'archéobactéries proches de celles que l'on peut trouver dans les grands fonds. À 800 m sous la glace, comme au fond des océans, il est impossible de bénéficier de l'énergie du soleil. ''Dans cet écosystème sous-glaciaire, il faut des organismes qui occupent le rôle fondateur joué à la surface par des organismes photosynthétiques'' explique Brent Christner.

Quid de l'origine de cette vie ? Est-elle venue par le haut ou vint-elle de bactéries présentes dans les sédiments tapissant le fond du lac ?

La réponse viendra peut-être de l'exploration des autres lacs. Ils permettront de dresser un portrait de ces écosystèmes. La quête de la vie sous l'Antarctique ne fait que commencer.

Un jour cette technique pourrait être utilisé pour explorer les lunes de Jupiter à un milliard de kilomètres de la Terre. Non seulement le monde est petit mais l'Univers aussi.

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