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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 07:15

(Utsukushisa to kanashimi to)

Traduit par Amina Okada

Oki Toshio est dans l'express pour Kyôto, nous sommes le vingt-neuf décembre, il se rend dans l'ancienne capitale pour y entendre les cloches de fin d'année. Depuis toujours il en écoute la retransmission ; les commentaires des speakers ; la résonnance diminuant, marquait la fin d'une année alors qu'une autre s'annonce. C'est l'occasion de faire le point sur les 12 mois passés alors que sa femme et sa fille dans la cuisine préparent le repas qu'ils vont prendre ensemble.

Depuis longtemps pourtant il a envie d'être sur place, d'entendre ''en vrai'' les cloches sonner, prétexte pour souffler sur une braise ancienne mais jamais refroidie, celle qui a les traits d'Ueno Otoko, peintre ayant acquis une petite notoriété dont il est sans nouvelle depuis longtemps.

Parti sur le coup d'une pulsion il n'a pas retenu de billet mais le contrôleur est un vieil ami.

Chance, il y a de la place, mieux, il y en aura même pour le jour de l'an qui sera celui de son retour.

À Kyôto, Oki prend une chambre à l'hôtel Miyako, songeant qu'Otoko pourrait venir le voir. Lui qui voulait une chambre calme a pour voisins deux familles qui, réunies, ont douze enfants.

Otoko voudra-t-elle revoir son vieil amant, son premier alors qu'elle avait seize ans, lui, trente et un, il y a vingt-quatre ans de cela ? Comme pour le train il n'a rien organisé, il sait seulement qu'elle habite dans une véritable maison, traditionnelle, avec une jeune fille qui est son élève.

N'avait-elle pas perdue leur enfant, alors que lui était marié et déjà père ?

Il se souvient des larmes d'Otoko quand elle apprit le décès de sa fille, il se remémore aussi son propre soulagement et qu'il avait pensé que si l'accouchement avait eu lieu dans un hôpital digne de ce nom avait un médecin qui ne fut pas un alcoolique les choses se seraient passées autrement. Plus tard la jeune femme, avec sa mère, avait quitté la capitale.

Au téléphone c'est la voix d'une jeune fille qui lui répond, l'élève lui passe rapidement Otoko. Oki ne sait plus que dire alors il parle des cloches, de son envie soudaine de venir les entendre, et lui propose de les écouter avec lui.

Ce qui est sûr c'est que vous ne passerez pas la suite de la lecture avec moi.

Tristesse et beauté est le dernier roman achevé de Kawabata, toutes ses obsessions s'y retrouvent, le vieillissement, l'art, Oki est écrivain, Otoko est peintre, le Japon où s'affrontent tradition et modernité en ce début des années soixante, la beauté de la jeunesse. Keiko, la jeune fille vivant avec l'ancienne maîtresse de l'écrivain est à l'image des héroïnes de Yasunari, sublime comme une arme. On retrouve la tentation du passé noyée par le tragique du présent.

 

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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 10:42

 

Traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain.

Faire les choses dans l'ordre n'étant pas dans mes habitudes, ma quatrième lecture de CL est son premier ouvrage.

Heureusement qu'Erica Falck est un personnage de fiction sinon sa vie serait bien compliquée. Son métier est d'écrire des biographies, celle de Selma Lagerlöf ? Pourquoi pas. Ses parents viennent de mourir, c'est l'occasion pour elle de revenir à Fjällbacka, une petite ville sur la côte suédoise qui connut son heure de gloire quand la pêche était florissante. Statistiquement il ne devrait pas s'y passer grand chose. C'est faire peu de cas de l'imagination de Camilla Läckberg qui n'arrête pas de la placer dans des situations stressantes. Cette fois, alors qu'elle se promène en quête d'inspiration, elle se fait interpelée par un voisin qui vient de découvrir, c'est pas à moi que ça arriverait, sa patronne, dans sa baignoire, nue, ce qui est habituel dans cet endroit, et morte, ce qui l'est moins, poignets tailladés.

Bon dieu mais c'est bien triste, se dit Erica, en suédois, cette femme, Alexandra Wijkner est, ou était, une amie d'enfance et d'adolescence. Les deux jeunes filles étaient inséparables quand elles allaient au collège.

À première vue c'est un suicide mais elle n'y croit pas, et le lecteur non plus, sans quoi le roman s'arrêterait là et il ne serait plus qu'une terne, et mauvaise, nouvelle.

Pour commencer, où se trouve l'arme qu'elle aurait utilisée ? Difficile de penser qu'elle l'aurait cachée avant de revenir se glisser dans l'eau glacée, d'autant que nous ne sommes pas le premier avril.

N'est-ce pas un signe du destin ? Bloquée sur sa bio de Selma elle se dit qu'un roman lui ferait le plus grand bien et aurait plus de chance de connaître le succès.

Par chance Patrick Hedström, policier de son état, écoute son opinion et la partage, rien n'empêche de se dire qu'il a des arrière-pensées la concernant... Ensemble ils vont mener l'enquête, jusqu'à son terme.

Alexandra était-elle si parfaite qu'elle le semblait ? Nous allons la découvrir, suivant le déroulement de l'intrigue par les yeux des deux héros mais aussi, de temps en temps, par ceux des autres intervenants, histoire de briser une linéarité fastidieuse à la longue.

Un petit tour dans le royaume de la perversité enfancicide (si, si !) ne fait pas de mal, sauf à la victime bien sûr, mais un polar qui chercherait une autre voie finirait dans le cul-de-sac de l'ennui.


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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 07:07

Traduit par Lena Grumbach

 

L'avantage (sic) de lire plusieurs romans d'un même auteur sur une courte période permet d'en voir les ficelles, en l’occurrence il s'agit plutôt de câbles.

Le même décor : Fjällbacka, le même argument : un crime qui permet de scanner un microcosme suédois et la même structure narrative : la combinaison du passé et du présent, les conséquences dans le second de ce qui fut vécut dans le premier.

Reste le plaisir de la lecture et l'avantage de le faire d'une manière électronique permet d'aller vite.

Le roman commence bien, un cadavre est en train de se décomposer, les mouches volettent tranquillement, utilisant cette charogne pour se repaître et pondre, ce qui résume leurs vies, comme celles de la plupart des animaux, y compris l'homo sapiens.

Vous en savez quelque chose, non ? Lire n'est qu'une occupation secondaire, comme tenir un blog.

Erica, que nous avions laissé faisant une trouble découverte sur le passé de sa mère hésite à aller plus loin, que va-t-elle découvrir ?

Le hasard, et la volonté de Camilla, faisant bien les choses, la mort d'un historien que l’héroïne interrogeait sur la présence d'une croix gammée conservée dans un linge taché de sang avec les carnets de sa mère, va déclencher une enquête sur le passé maternel, lequel se combine avec celui de la Suède.

Est-ce une bonne idée de se pencher sur la vie de ses parents, pour Erica cela relève plus du besoin de se rapprocher d'Elsy, cette mère si peu, et mal, connue, adolescente en 1943, comme Erik Frankel, l'historien, Frans Ringholm et Britta, alors que Maja, sa propre fille va fêter son premier anniversaire. N'y a-t-il pas un flambeau à transmettre, un héritage à perpétuer de mère en fille ?

Si j'ai parlé de câbles plus haut je peut rajouter à la sauce quelques poncifs sur les secrets de familles, ces vaisseaux fantômes n'attendant qu'une tempête pour remonter à la surface avec leurs équipages spectraux. Le froid est à l'extérieur, dans l'apparence, parfois pourtant les glaçons fondent et libèrent des flots de rancœurs et de mensonges.

La Suède fut, dit-on, exemplaire durant la seconde guerre mondiale, est-ce vrai pour les suédois ?

Dommage que ces fumets soient moins putrides qu'ils auraient pu l'être, je crains que mon palais n'ait besoin de plats plus épicés, peut-être n'est-ce pas le cas du vôtre.

Je l'espère.

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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 07:06

Traduit par Lena Grumbach

Quoi de plus amusant pour un auteur de romans policiers que placer une histoire dans un lieu clos, ici Valö, une île coupée du monde par le mauvais temps. Cette fois Erika et Patrick, héros attitré de Camilla sont en vacances, c'est le petit Martin Molin qui se trouve confronté au mystère, sans grand risque, n'est-il pas le héros et un polar n'est-il pas censé se terminer par la résolution du mystère et l'arrestation du coupable ?

Ça change de la réalité !

M² et sa fiancée, Lisette Liljecrona sont conviés à une réunion de la famille de cette dernière, le grand-père, Ruben a en effet une annonce à faire.

Il commence par ses deux fils à la médiocrité criante, alors qu'elle devrait faire profil bas, poursuit avec ses petits enfants, principalement Bernard et Miranda, égratignant à peine Lisette, trop jeune et loin des affaires de famille, ignorant Matte, trop faible pour être touché par son courroux. Puisqu'ils sont trop nuls il a décidé de les déshériter !

Dit-il avant de mourir, après c'eut été plus compliqué.

Martin se précipite, aucun doute, le patriarche a été empoisonné, au cyanure, et hop, le titre du roman est justifié, quel talent !

Problèmes, quitter l'île est impossible, comme communiquer avec l'extérieur. À lui de faire preuve d'initiative. D'abord placer le corps dans la chambre froide, heureusement qu'il y en a une, puis auditionner les témoins dont il semble que l'un, au moins, soit coupable.

Au petit matin les conditions climatiques ne se sont pas améliorées, le policier continue ses investigations. Il apparaît qu'il y avait des tensions entre les deux fils dont l'un a pioché dans la caisse pour assouvir sa passion du jeu, visiblement il n'est pas près de pouvoir rembourser. 

La tempête ne cesse pas mais le drame croît en intensité quand un second meurtre est commis, celui-ci avec une arme à feu, celle du papy probablement, puisqu'elle a disparue.

Chacun pourrait être coupable, ne comptez pas sur moi pour vous livrer la solution, vous ne patienterez pas longtemps, ce roman ne fait que 74 pages, en format Epub du moins. Certes le papier a son charme mais qui relit un roman policier dont il connaît la fin ?

Ce Cyanure peut, brièvement, vous empoisonner, un cluedo sans surprise, le truc ayant déjà été utilisé.

Même si Martin n'approuvait pas son ton insouciant, il savait que Bernard avait raison, ils n'avaient plus rien à faire sur cette île.

Il restait cinq jours avant Noël.

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 06:00

1954/1955 Traduction de Michel Bourgeot et Jacques Sergine.

Gimpei est fasciné par les très jeunes filles, leur beauté que le temps va dévorer. professeur il fut renvoyé pour avoir été trop proche d'une de ses élèves. Il est vieux et solitaire, comme souvent les héros de Kawabata, rêveur au point que le lecteur peut se demander si ce qu'il lit est ce qu'il vit ou imagine, mais quelle importance, de notre point de vue tout se mêle.

Habitué de la filature de jeunes femmes il tombe un jour sur Mizuki Miyako, par ailleurs maîtresse d'un homme beaucoup plus âgé qu'elle et qui ne s'offusque pas d'être ainsi observée, jusqu'à ce qu'elle prenne peur et le frappe violemment avec son sac. Que celui-ci fut plein d'argent est secondaire, c'est la brutalité qui secoue Gimpei

À-t-on le droit d'être attiré par les adolescentes ? Non disent les mœurs actuelles, mais de droit ici il n'est pas question puisque Gimpei n'a pas choisi ce qu'il est. Pervers, soit, et alors ?

Quel rapport avec l'horreur de ses pieds ? Peut-être une telle honte qu'il ne peut les montrer, qu'il ne peut que fantasmer des relations avec l'autre sexe. Est-il pour autant question d'excuse, d'équilibre... Finalement sa compagne est celle avec laquelle il se promenait le long du lac alors qu'ils s'y reflétaient, ces moments d'un bonheur disparu dont il cherche l'image à la surface encore lisse d'une jeunesse qui à son tour va s'éloigner. La femme avec laquelle il marche au terme du livre est bien loin de celle qu'il voudrait, qu'il voudrait oser vouloir pour user d'une formulation aussi boîteuse que lui. L'inaccessible est plus excitant pour qui veut garder la tête hors de la routine.

Trop difficile pour vous ?

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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 06:07

1955. Traduit par Bunkichi Fujimori et Armel Guerne. 

Shimamura, aristocrate friqué, vit dans l'insouciance et le luxe, publiant à ses frais des ouvrages médiocres sur la danse moderne occidentale (nous sommes au début du vingtième siècle). Dans le village où il se rend il connut jadis une femme qu'il aima une femme, avant de l'abandonner.

Dans un premier temps nous suivons la première rencontre entre Shimamura et Komoko, une passion intense qui ne l'empêchera pas de rentrer à Tokyo où l'attendent sa femme et ses enfants.

Deuxième époque : Il revient sur les lieux du ''crime'' et retrouve Komoko, de maîtresse de musique elle est devenue geisha et l'accueille sans trop de réticences, comme si elle l'attendait. Mais Shimamura s'il apprécie les escapades ne semble pas pouvoir se détacher de sa famille. Il n'est pas seul à descendre dans cette gare, une jeune femme dont nous savons qu'elle s'appelle Yoko en fait autant en compagnie d'un homme malade.

La preuve de sa versatilité est qu'il ne peut s'empêcher de revenir au village, cette fois en plein hiver. La neige est-elle cette pureté qu'il voudrait retrouver et qu'il lui sait inaccessible. Du dominant qu'il fut il se retrouve dominé, enfin ! Serais-je tenté de dire tant cette position lui convient. Qu'importe que la geisha accompagne ses clients jusque dans leurs chambres, chacun alourdit la chaîne qui le retient au village et à ses habitants si loin de son monde qu'il semble s'y reconnaître, comme celle qui nous relie aux personnages de ce roman. Derrière eux n'y a-t-il pas nos propres aspirations, envies, peurs ? N'avez-vous jamais eu envie de quitter la vacuité de votre existence ? Consulter un blog, ou l'écrire, ne l'emplit pas, elle est ce tonneau des Danaïdes que nous tentons de remplir avant de devoir, soulagés, y renoncer ?

Fichier:Matsuei.jpg

La neige est une gomme, temporaire, un masque fragile, comme ces mots.  

Pays de neige est connu (si, si!) pour l'étrangeté de sa fin, Kawabata lui-même avouait que la plupart de ses textes n'étaient pas terminés et que celui-ci l'illustre parfaitement, au lecteur de rajouter, de compléter, bref : d'utiliser son imagination pour une suite de sa convenance. Kawabata l'écrivit d'abord sous forme d'une suite de nouvelles, entre 1935 et 1947. En 1971 l'auteur lui donna sa forme définitive. Visitez ce pays, marchez dans cette neige, rencontrez ces personnages, vous vous rendrez compte que, passé le point final, votre lecture n'est pas terminée.

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10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 06:07

Nouvelles traduites par Anne Bayard-Sakai et Cécile Sakai.

Tout au long de sa vie Kawabata Yasunari écrivit de courts textes. Idées saisies au vol, souvenirs vécus et figés par l'art immatériel de Kawabata. Entre 1921 et 1964 il rédigea cent soixante-quinze nouvelles dans diverses publications qui furent réunies dans plusieurs recueils. L'auteur n'en retint que cent douze pour l'édition ''intégrale'' de son œuvre. Ici nous en avons soixante seulement.

On le sait, les Japonais ont l'art du bouquet, non seulement avec des fleurs mais avec des textes. Inutile de produire mille pages pour générer un univers, quelques pages, quelques lignes et le quotidien s'efface.

Personnellement une gorgée de bière me fait roter.

Ramasser des ossements(骨拾い) est le premier texte, autant dire que je me suis senti en pays de connaissance, d'autant que l'action se passe en juillet et qu'il s'agit d'enterrer pépé...

Autres textes :

Au Soleil (日向), La Scie et la naissance (鋸と出産), Un Vase fragile (弱き器), Celle qui va au feu (火に行く彼女), La Bague (指環), Une Fleur blanche (白い花), Soleil couchant (落日), Le Visage de la morte (死顔の出来事), La Mer (), Le Culte d'O-Nobu (お信地蔵), Hourra ! (万歳), Merci (有難う),La Voleuse d'éléagnes (胡頽子盗人), L'Incident du chapeau (帽子事件), La Mère (), Un Double suicide (心中), La Princesse du palais des mers (龍宮の乙姫),Joindre les mains (合掌), Poissons rouges sur le toit (屋上の金魚), Les Ongles du matin (朝の爪), Le Chemin de l'argent (金銭の道), Les Ossements d'un dieu (神の骨), Le Lys (百合), L'Homme qui ne rit pas (笑わぬ男), L'Aveugle et la jeune fille (盲目と少女), Prière en langue maternelle (母国語の祈祷), L'Enfant qui frappe (叩く子), Tonnerre d'automne (秋の雷), La Fiancée des pauvres (貧者の恋人), Anna la Japonaise (日本人アンナ), La Poule et la danseuse (鶏と踊子), Un Mari entravé (縛られた夫), Maquillage (化粧), Le Parapluie (雨傘), Masque mortuaire (死面), Visages (), Les Gestes du sommeil (眠り癖), L'Epouse dans le vent d'automne (秋風の女房), Les Mises bas de mes chiennes (愛犬安産), Maison natale (さと), L'Eau (), Les Coupons (小切), La Grenade (ざくろ), Les Camélias sasanqua (さざん花), Le Prunier rouge (紅梅), Les Tabi (足袋), Le Geai (かけす), L'Eté et l'hiver (夏と冬), Barques en bambou (笹舟), Les Serpents (), Les Oeufs (), Pluie d'automne (秋の雨), Les Voisins (隣人), Sur l'arbre (木の上), Les Pies (かささぎ), Immortalité (不死), Tubéreuse (月下美人), La Terre (), Neige ().

 

Un temps j'ambitionnai d'utiliser tous les titres pour en faire un seul texte mais j'ai eu la flemme, il n'eut pas été à la hauteur.

Pouvoir faire long est facile, savoir faire court est un art, la preuve !

 

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 06:07

Avril 1954, traduit en 1969 par Sylvie Regnault-Gatier et Hisasha Suematsu.

Adapté au cinéma par Mikio Naruse.

Ogata Shingo a entendu la montagne ! Il en est sûr, comme qu'il s'agit du signe de sa mort imminente et qu'il est temps pour lui de s'y préparer. Depuis quelques temps sa vie semble lui échapper, son quotidien s'efface alors que son attention est attirée par des petites choses, sa mémoire même lui fait défaut, à moins qu'il n'ait pas envie de se souvenir. A quoi bon le passé... mais le présent n'est pas si attirant, sa femme, plus âgée que lui d'un an, n'est pas une beauté, de plus elle ronfle plus fort que lui. Ses enfants ? Sa fille, Fusako, ressemble à sa mère, que son mari soit parti ne fut pas une surprise, que pouvait-elle faire d'autre que revenir à la maison parentale avec ses deux filles ? Son fils, Suichi, préfère sa maîtresse à Kikuko, son épouse légitime, une toute jeune fille d'une fraicheur détonnant, une goutte de lumière dans la pénombre de la banalité.

Il est le témoin de sa vie, de la leur, aucune ne le retient.

Shingo est seul, avec l'ombre de la mort qui s'approche sans qu'il en soit inquiet, n'a-t-il pas craché du sang l'an dernier ? Au fil des pages le héros s'éloigne de sa famille pour se rapprocher de Kikuko, son fils et sa fille ont chacun une double vie sans parvenir à en connaître une seule digne de ce nom, mais quelle importance pour le vieil homme, il n'a plus de temps, les couples ne sont qu'apparences, conventions et habitudes sans qu'il soit possible de leur échapper, autant faire comme si. Le seul qui vaille la peine est celui que ne forme pas Kikuko et Shingo, ne ressemble-t-elle pas à un amour de jeunesse que la mort vint lui arracher ?

La montagne gronde, comme la vie, leurs vies, mais ni l'une ni les autres n'explosera.

Souvent l'imaginaire aide à traverser sa propre vie, à en supporter la médiocrité, heureusement certains rêves restent irréalisables. Leur amertume devenant acidité permet de conserver la saveur de l'existence.

N'est-ce pas ?

 

Un roman kawabatien sur la vieillesse et la mort qui s'approchent en donnant encore plus de reliefs à ces moments de vie qui permettent de les affronter sans crainte ni abrutissement !

 

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 06:07

Utajima est une petite île de 1400 habitants. Shinji vit avec son frère cadet et sa mère, leur père et époux a trouvé la mort pendant la guerre, pour faire vivre sa famille il travaille comme marin. Hatsue est la fille d'un notable que son père fait revenir sur l'île. Aussitôt Shiniji en tombe amoureux, mais Yasuo aussi, et celui-ci est d'une famille aussi aisée que celle de Hatsue.

Terukichi, le notable voudrait que sa fille préfère Yasuo, qui ne demande pas mieux puisqu'il croit que tout lui est dû, mais la jeune fille est prête à affronter son père autant que les deux jeunes hommes entament un duel qui pour être sans arme n'en est pas moins violent autant que classique.

 

Bien qu'il s'agissent d'un village de pêcheurs ce roman est dépaysant au possible, surtout si l'on apprécie les noms japonais : La baise d'Ise, le temps de Yashiro dédié à Watatsumi no mikado le dieu de la mer, la presqu'île de Chita, celle d'Atsumi et à l'ouest on aperçoît la côte entre les portes d'Uji-Yamada et de Yokkaichi en Tsu.

 

Deux cent marches de pierre montent au temple, jadis, là, deux pins aux branches curieusement enchevêtrées formaient un semblant de torii, ilsl sont morts depuis longtemps mais un torii les remplace, encadré par une paire de lions de pierre. Mishima peint avec des mots des décors dans lesquels on entre et des émotions que l'on partage. Une belle histoire qui n'innove pas dans le fond mais qui, pour qui cherche un cadre différent, est des plus agréable, rafraîchissante et même, si si, optimiste.

 

Allez faire un tour au sommet du phare, la vue y est saisissante.

Traduction de G. Renondeau

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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 06:07

Taéko Asano tient un magasin de couture, Kawamoto Suzuko un restaurant et Matsui Nobuko s'occupe de cinéma et de mode, elles font partie de la plus haute société japonaise.

Depuis la fin de la guerre les changement intervenus leur permirent de divorcer de maris qu'elles n'aimaient pas. Raison de plus pour se retrouver une fois par mois histoire de parler de tout, sauf de leurs ex-époux.

Ce 26 janvier elles doivent se retrouver dans un restaurant, auparavant Taéko est convié à un cocktail par une de ses clientes, épouse de l'ambassadeur d'un pays qu'il est inutile de connaître. Pour Taéko c'est l'occasion d'un safari aux clients pour son magasin, depuis longtemps elle sait activer les leviers psychologiques pour qu'une femme se sente mieux en sortant de chez elle, après avoir dépensé plus que nécessaire. Acte rassurant, même si cela ne dure pas, il faut recommencer mais il faut bien faire marcher le commerce n'est-ce pas ?

Quoi que...

Les trois amies ne sont plus de la première jeunesse, le savent et tentent de le dissimuler par la magie d'un poudrier, elles adorent se raconter leurs vies amoureuses. Elles aussi aiment consommer pour oublier, mais cela ne dure guère...

 

Après le repas elle se retrouvent au ''Hyacinthe'', bar gay dirait-on aujourd'hui, où Taéno va faire la connaissance de ''petit Sen'', très beau jeune homme dont elle apprend vite que pour cinq mille yens il devient complaisant avec n'importe qui tant son goût pour l'argent est grand.

Tanéo a tout pour elle alors pourquoi ne pas s'offrir quelque chose ''contre'' elle, un détour différent de ceux dont elle a l'habitude, qu'importe un amant supplémentaire, non, ce qu'elle cherche ce sont des émotions inhabituelles, amères peut-être, acides sans doute, mais lui donnant l'impression d'être encore en vie.

 

Mishima recycle sa vie, sinon à quoi lui servirait-elle ? Il a l'âge de Taéko, Téruko est à l'image de Akihiro Miwa qui fut son amant. Dans un Japon en pleine mutation l'auteur exprime sa préférence pour un ''avant'' qui ne reviendra plus et son dépit face au ''futur'' qui s'annonce dont Tanéo, elle, sortira triomphante et transformée, pour Mishima ce sera différent...

Benoît Jacquot en fit un film en 1998 avec Isabelle Huppert et Vincent Martinez. Je ne l'ai pas vu et doute que cela arrive un jour, j'image mal I H dans le rôle de Taéko après avoir lu le roman.

 

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