(Utsukushisa to kanashimi to)
Traduit par Amina Okada
Oki Toshio est dans l'express pour Kyôto, nous sommes le vingt-neuf décembre, il se rend dans l'ancienne capitale pour y entendre les cloches de fin d'année. Depuis toujours il en écoute la retransmission ; les commentaires des speakers ; la résonnance diminuant, marquait la fin d'une année alors qu'une autre s'annonce. C'est l'occasion de faire le point sur les 12 mois passés alors que sa femme et sa fille dans la cuisine préparent le repas qu'ils vont prendre ensemble.
Depuis longtemps pourtant il a envie d'être sur place, d'entendre ''en vrai'' les cloches sonner, prétexte pour souffler sur une braise ancienne mais jamais refroidie, celle qui a les traits d'Ueno Otoko, peintre ayant acquis une petite notoriété dont il est sans nouvelle depuis longtemps.
Parti sur le coup d'une pulsion il n'a pas retenu de billet mais le contrôleur est un vieil ami.
Chance, il y a de la place, mieux, il y en aura même pour le jour de l'an qui sera celui de son retour.
À Kyôto, Oki prend une chambre à l'hôtel Miyako, songeant qu'Otoko pourrait venir le voir. Lui qui voulait une chambre calme a pour voisins deux familles qui, réunies, ont douze enfants.
Otoko voudra-t-elle revoir son vieil amant, son premier alors qu'elle avait seize ans, lui, trente et un, il y a vingt-quatre ans de cela ? Comme pour le train il n'a rien organisé, il sait seulement qu'elle habite dans une véritable maison, traditionnelle, avec une jeune fille qui est son élève.
N'avait-elle pas perdue leur enfant, alors que lui était marié et déjà père ?
Il se souvient des larmes d'Otoko quand elle apprit le décès de sa fille, il se remémore aussi son propre soulagement et qu'il avait pensé que si l'accouchement avait eu lieu dans un hôpital digne de ce nom avait un médecin qui ne fut pas un alcoolique les choses se seraient passées autrement. Plus tard la jeune femme, avec sa mère, avait quitté la capitale.
Au téléphone c'est la voix d'une jeune fille qui lui répond, l'élève lui passe rapidement Otoko. Oki ne sait plus que dire alors il parle des cloches, de son envie soudaine de venir les entendre, et lui propose de les écouter avec lui.
Ce qui est sûr c'est que vous ne passerez pas la suite de la lecture avec moi.
Tristesse et beauté est le dernier roman achevé de Kawabata, toutes ses obsessions s'y retrouvent, le vieillissement, l'art, Oki est écrivain, Otoko est peintre, le Japon où s'affrontent tradition et modernité en ce début des années soixante, la beauté de la jeunesse. Keiko, la jeune fille vivant avec l'ancienne maîtresse de l'écrivain est à l'image des héroïnes de Yasunari, sublime comme une arme. On retrouve la tentation du passé noyée par le tragique du présent.