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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 08:31

 

Saviez-vous (non, n'est-ce pas ?) qu'avant de publier L'Origine des espèces (1859) Darwin avait réfléchi sur les questions mentales (mémoire, intelligence, conscience, émotions...) en comparant les facultés psychologiques de l'homme avec celles de nombreux animaux et s'interrogeait sur leur origine.

 

Ensuite la psychologie et la théorie darwinienne de l'évolution ont entretenus des rapports difficiles, certains psychologues cherchant à la rectifier, d'autres la contestant.

 

Konrad Lorenz pensait que les catégories de l'entendement sont le résultat d'une évolution adaptative répondant à des circonstances environnementales spécifiques. Il chercha les structures innées des comportements s'efforçant de comprendre la transmission et la modification de ces schémas.

 

Plus tard la science du comportement se scinda (principe même de la schizophrénie) : psychologie d'un côté, étudiant les mécanismes ; éthologie d'un autre, étudiant les structures innées. La psychologie expérimentale s'appuyant sur des modèles animaux, l'éthologie considérant qu'elle avait son mot à dire sur les attitudes humaines.

 

Ainsi naquit la psychologie évolutionniste ! Le mot paraît avoir été utilisé pour la première fois en 1973 par le biologiste et philosophe américain Michael Ghiselin. Il se répandit dans les années 1990.

 

 

David Buller définit le domaine de la psychologie ainsi :

Un champ de recherche caractérisé par des travaux « adoptant une perspective évolutionniste sur le comportement et la psychologie » et un ensemble de doctrines fonctionnant comme un paradigme et défendant « une perspective sur la psychologie humaine se traduisant par un ensemble de théories et méthodologies spécifiques ».

 

Ainsi trois postulats peuvent-ils définir la psychologie évolutionniste.

1 - Les adaptations psychologiques caractéristiques de l'espèce humaine sont des traits complexes ayant demandé des centaines de milliers d'années de sélection cumulatives répondant à des contraintes environnementales. La survie ne dépendait pas seulement d'aptitudes physiques mais aussi de comportements générés par des réflexes psychologiques tels que : identifier les plantes comestibles, reconnaître les cris d'alarmes, être attentif aux enfants...

2 - L'esprit a une structure modulaire composée d'organes mentaux qui sont autant d'algorithmes darwiniens préstructurant l'expérience selon des dimensions adaptatives variées telles des fenêtres sur l'environnement présentant non une image mais des informations physiquement et biologiquement pertinentes. Il existerait plusieurs centaines de modules mentaux caractéristiques de l'espèce humaine reposant sur l'action conjuguée de nombreux gènes ayant requis un processus sélectif de longue durée.

3 - Ces modules ont évolué dans l'environnement écologique et social du Pléistocène et refléteraient « des universaux psychologiques constitutifs de la nature humaine ». Ce dernier postulat relativise l'importance de la diversité culturelle. Celle-ci masquant une uniformité psychologique sous-jacente.

 

Pour résumer (!), la psychologie évolutionniste applique le principe darwinien de la sélection naturelle à l'étude de l'esprit humain, le cerveau ayant évolué pour résoudre les problèmes rencontrés par nos ancêtres. De là à supposer que pour faire face au contexte actuel l'évolution n'écrive un nouveau chapitre il n'y a qu'un pas que j'imagine sans l'espoir d'en voir un jour les effets. Il y a peu j'évoquais le film AO, le dernier néandertalien, j'imaginais le dernier sapiens...

Quelle évolution dans l'avenir ? Deux points suffisent pour tracer une droite, et la continuer au delà du second !

 

Ce livre n'est qu'une introduction à la psychologie évolutionniste, les thèses qu'il présente sont multiples et complexes, je serais incapable de vous les résumer ici sinon à recopier des pages entières ce qui serait long et emm... n'est-ce pas ? Il ne s'agit pas d'un best-seller à la mode aux histoires prévisibles mais d'un rayon lumineux essayant d'éclairer les profondeurs de notre passé, je ne regrette pas le temps mis à le lire et à tenter, partiellement j'en conviens, à le comprendre.

 

À vous de prendre le relais !

 

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 06:21

 

 

Juillet 1938

Agnes Brotherhood s'étonne de trouver la porte fermée, d'ordinaire la poétesse Katherine Mannheim en est au petit-déjeuner ! Dubitative elle finit par chercher la clé puis, l'ayant introduite dans la serrure, constate que la porte est déjà ouverte. La logique voulant qu'elle entre, elle le fait, et commence son travail, à savoir : faire le ménage de la Maison de Pain d'Épice.

Agnes, comme les autres, ne devait plus entendre parler de Miss Mannheim pendant plus de cinquante ans !

 

Bien plus tard...

Nora Chancel sort des cauchemars qui peuplent ses nuits, elle regarde un décor qui lui semble étranger jusqu'à ce que, lentement, elle revienne au réel. Cette chambre est la sienne et la silhouette en face d'elle est son reflet dans un miroir.

 

 

1996

Plon 1998

Traduit par Michel Pagel

ISBN : 2-7441-2269-6

 

France Loisirs 1999

 

Ainsi débute Le Club de l'Enfer, roman de Peter Straub où nous voyons, de loin, un tueur en série choisir ses victimes en fonction d'un livre à succès Le Voyage dans la Nuit et, semble-t-il, de leur proximité avec Nora Chancel, en effet ce roman fut la source de la fortune de Allen Chancel, fondateur de la maison d'édition Chancel House, dont son époux, Davey, est le fils. Ce roman, signé Hugo Driver, passe pour être, en réalité, l’œuvre d'une jeune femme que Driver aurait assassiné, un "plus" médiatique, comme on ne disait pas, encore, à l'époque.

 

Quand Nora cherche à en savoir plus son malaise ne fait que grandir, où est la vérité et qui est ce tueur dont les actes sanglants semblent l'étreinte d'un boa la broyant lentement avant de l'avaler. Quelle fascination ressent-elle pour désirer, (inconsciemment ?) plonger son regard dans celui d'un prédateur afin d'y puiser la force de ne plus être une victime. Quand Dick Dart, le tueur, la kidnappe, elle s'engage pour un voyage dans une nuit dont rien ne dit qu'elle sortira, ni comment.

 

Qu'en est-il réellement du Club de l'Enfer, pourquoi Nora, bien que violée par Dick (!) s'engage-t-elle avec lui dans une enquête qui les mènera dans une grande maison où...

 

Dora a connu le Vietnam, où elle fut infirmière et violée, l'un n'étant pas la cause, ni la conséquence, de l'autre ! Soumise et offrant ses nuits aux démons qui semblent être ses compagnons les plus fidèles.

 

Vous voulez en savoir plus ? Facile, il suffit de lire ce roman. Pour ma part j'avoue l'avoir dans ma bibliothèque depuis longtemps, je l'avais acheté par « obligation » à France Loisirs mais ne l'avoir lu finalement que pour participer au

 


 

Autant je trouve que Straub est un constructeur de labyrinthe formidable autant j'ai du mal à me faire à son style, et pourtant ma rencontre avec DD Minos fut agréable, puisque littéraire. J'aime à penser que dans la réalité elle eut été encore plus captivante...

 

 

Le hasard étant grand il se trouve que Peter est né à Milwaukee, la ville ou Jeffrey Dahmer s'illustra ainsi que je l'ai montré lors de ma première participation à ce challenge. Même sous la torture je dirais avoir ignoré cette coïncidence ! Outre ses nombreux romans personnels il collabora aussi avec Stefen King, un autre auteur que j'ai peu lu, comme quoi il me reste des territoires à explorer !

 

Pour l'anecdote, le Club de l'Enfer est aussi le titre d'un épisode de Chapeau Melon et Bottes de Cuir !

 

 

 

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 05:55

 

 

 


 

 

Série noire 2379

© Édition Gallimard, 1995
Premier Dépôt légal : avril 1995
ISBN 2-07-049495-0

635 pages

 

 

 

Nous ne suivons pas Andreas Schaltzmann, nous sommes Andreas Schaltzmann, voyons par ses yeux, pensons par son esprit pour autant que pensées soit le terme adéquat pour désigner le maelström de sensations, de pulsions ou de désirs qui l'obsèdent et desquels il se défend en buvant du sang... Il sait que des extra-terrestres venu de (las) Vega(s) nazifiants le cherchent et malgré la protection de son bonnet il doit se défendre et éliminer les ennemis qui se rapprochent par trop de lui.

 

Mais les choses ne sont pas ce qu'elles semblent, le serial-killer a été arrêté et nous découvrons un cogniticien père d'un « super-ordinateur » : la neuro-programmatrice capable de partir de quelques données sur un individu et de dessiner sa personnalité. Ainsi, programmée à partir de renseignements obtenus sur un psychopathe parvient-elle à en déduire l'impossibilité de ce dernier d'avoir commis nombre des crimes dont il est accusé, et dont il se défend, tueur soit, mais ce n'est pas une raison pour lui coller sur le dos des meurtres dont il est innocent !

Ainsi le scientifique utilise-t-il sa machine pour mener l'enquête et traquer dans l'ombre d'un « vulgaire » psychotique un groupe de criminels bien plus efficaces et terrifiants (hmmmmmmmmm).

 

Finalement le héros du roman est l'ordinateur plus que l'humain prit dans ses difficultés amoureuses, dans des réflexions qui pour sembler plus cohérentes que celles du « dément » du début de l'histoire n'en sont pas moins la démonstration que la normalité n'est bien souvent qu'une apparence, du moment que les apparences sont sauves...

 

Dantec cherche à remonter jusqu'aux racines du mal en partant d'une branche sur laquelle l'actualité aime à porter son attention, suivant ainsi le désir de tant d'individus en lesquels ce rhizome affleure la conscience sans qu'ils osent céder à leurs pulsions autrement que par personnages interposés, qu'ils fussent réels ou non. La neuromatrice est un guide, Virgile moderne nous menant jusqu'au dernier cercle des enfers.

 

Polar SF ce texte traduit les obsessions et/ou angoisses de son auteur trop conscient d'un péril imminent fruit aléatoire de la copulation de l'intelligence créatrice et des instincts animaux ancestraux incarné (si j'ose dire) dans une intelligence artificielle encore incapable de se couper de la nature de ses créateurs humains (ou assimilés). Imaginons l'avenir, quand les primates auront tous retrouvés la jungle dont aucun n'aurait dû sortir. Dantec est humain et comme tel ne peut échapper à la dualité culture/nature, mélangeant mystique, science et violence dans un style percutant, pour la dernière, ou à la limite du compréhensible, pour la première. Nul doute que le prénom du héros vient de la faille californhyène, impossible de mieux choisir.

 

 

 

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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 05:44

 

 

27 mai 1991

Konerak court vers les policiers, enfin il va pouvoir échapper au terrible destin qui semblait sien depuis qu'il avait rencontré, et suivi, cet homme. Deux jeunes femmes s'interposent entre lui et un grand blond qui visiblement tente de l'entraîner. Soucieux de régler l'affaire rapidement et pensant avoir affaire à un conflit entre homosexuels ainsi que l'affirme le plus âgé sans que l'autre soit capable de s'exprimer correctement. Les représentants de l'ordre mettant cela sur un abus d'alcool sans penser (?) que c'est l'effet des somnifères qu'il avait absorbé à son insu. Une affaire barbante pour eux et qu'ils entendent régler rapidement. Pour ce faire ils suivent le duo jusqu'à la résidence Oxford, appartement 213.

Konerak est autant sous l'emprise des produits chimiques que pétrifié par la terreur et l'incompréhension que ces policiers ne voient pas les photos sur le sol, ne réalisent pas ce qu'il subit, ne perçoivent pas l'odeur qui règne dans l'appartement !

Pressés de s'en aller les trois flics ne prennent même pas le temps de prendre des renseignements sur cet homme qui s'exprime si calmement, impossible qu'il ait quelque chose à cacher. S'ils l'avaient fait ils auraient eu un autre comportement et inspecté l'appartement. Ce faisant ils auraient sauvé la vie de Konerak, jeune laotien ayant fuit son pays avec sa famille pour trouver aux USA une nouvelle vie...

 

Le hasard est vicieux quand il en a l'occasion, trois ans plus tôt le frère ainé de Konerak avait été agressé et violé par un grand blond qui, suite à cette affaire, avait fini en prison, pour trop peu de temps.

Pour conclure l'affaire les policiers appelèrent le central pour signaler le cas qu'ils venaient de régler si rapidement. Plus tard la bande enregistrée de la conversation fera résonner leurs rires lors d'un procès qui leur permit de retrouver le grand blond au regard vide.

 

Lionel et Joyce se sont unis le 22 août 1959, leur premier fils, Jeffrey (j'effraie !) vit le jour le 21 mai 1960, son frère, David naquit le 18 décembre 1962. Jeff est un enfant introverti, peu liant et trouvant dans la solitude un écran sur lequel son imagination se plait à projeter un monde intérieur particulier. Il aime la forêt proche de chez lui et c'est en elle qu'il sera, à huit ans, sexuellement agressé par un garçon du voisinage. D'aucuns verront là une cause à son comportement ultérieur, à mon avis, si c'est peut-être le cas, elle ne peut qu'être infime. Plus tard, trop tard ! Les adultes qui le fréquentèrent à l'époque le décrire comme poli et bien élevé. Comme quoi l'expression : Méfiez-vous de l'eau qui dort est parfois vérifiée. Ils ignoraient qu'en secret il avait d'autres occupations En 1975 des enfants se promenant trouvèrent les restes d'un chien pendu à un arbre, éventré et décapité ; ils pensèrent à un culte satanique sans se douter de l'identité du responsable.

Plus tard les parents de Jeffrey divorcèrent, difficilement, l'un et l'autre se battant pour avoir la garde de David sans montrer le moindre intérêt pour leur aîné qui atteignit sa majorité avant la prononciation du divorce en juillet 1978, visiblement personne ne voulait de lui et il se retrouva livré à lui-même.

 

18 juin 1978

Face à l'évidence de ce qui l'attendait, le 18 juin 1978, Jeff décida de sortir pour "se faire un ami", en français le double sens de cette expression est savoureux. Roulant il rencontra Steven Hicks qui faisait du stop, il l'invita à boire quelques bières en écoutant de la musique. Ce qu'ils firent.

Toute bonne chose ayant une fin Steven, voyant l'heure, manifesta le désir de rentrer chez lui. Jeffrey manifesta son désaccord en lui fracassant la tête avec un haltère. Plus tard il avoua l'avoir achevé par strangulation puis démembré et enterré, avant de l'exhumer pour en disperser les restes.

Ce jour-là Jeffrey Dahmer commit son premier crime !

 

22 juillet 1991

Tracy Edwards était avec des copains quand il rencontra Jeffrey, celui-ci leur proposa de venir boire des bières chez lui en demandant à Tracy de venir avec lui les acheter alors que ses camarades viendraient les rejoindre chez lui. Ayant donné une fausse adresse ceux-ci furent bien en peine de le faire.

Ce qui frappa Edwards quand il pénétra dans l'appartement 213 ce fut l'odeur épouvantable qui stagnait, les photos sur les murs ainsi que l'aquarium où des poissons siamois combattants tentaient parfois de mériter leur nom. Comme d'autres avant lui il manifesta l'envie de quitter ce nouvel ami et son antre.

Pas question de quitter Jeffrey et celui-ci le lui montra en sortant un long couteau et l'en menaçant avec une expression qui ne donnait pas envie de lui dire non. Les deux hommes passèrent dans la chambre et le spectacle que découvrit Edwards fut plus explicite.

Son geôlier lui proposa de regarder son film préféré L'Éxorciste, pour le jeune homme c'était autant de temps gagné en espérant une occasion de s'échapper, celle-ci vint quand Jeffrey se détourna pour ramasser quelque chose à côté du lit, il lui donna un coup de poing en plein visage qui le fit tomber puis un violent coup de pied dans le ventre avant de courir vers la porte tout en redoutant à tout instant le coup qui mettrait fin à ses espoirs.

Celui-ci ne vint pas, il dévala les escaliers et continua sa course sur le trottoir jusqu'à ce qu'il aperçoive une voiture de police vers laquelle il se précipita.

Les policiers restèrent dubitatifs en écoutant le discours qu'il leur tint mais son expression les incitèrent à se rendre à l'appartement 213. L'homme qui leur ouvrit affichait un calme qu'il ne put conserver longtemps. Malgré sa force Dahmer se retrouva menotté et ne put empêcher la perquisition. Ce que Rauth et Mueller découvrirent était cauchemardesque, et, pour une fois, ce n'est pas façon de parler.

 

 

Jeffrey Dahmer n'est pas le plus grand serial-killer par le nombre de ses victimes mais certainement un des pires par les actes qu'il commit, principalement sur des membres de ce que l'on appelait pas encore à l'époque, les « minorités ethniques » ; Konerak était asiatique, Tracy Edwards noir, c'est lui qui permit l'arrestation de JD, la police ne mena pas, ou si peu, d'enquêtes sur les disparitions qui, pourtant, leur furent signalées ; minorités, homosexualité, deux raisons de regarder ailleurs.

Finalement il sera inculpé pour 15 assassinats et condamné à 957 ans de prison, il en fit 3, sa vie prenant fin de la main de Christopher Scarver, un illuminé se prenant pour Jésus Christ, le 28 novembre 1994.

Deux biopics lui furent consacrés, j'avoue n'en avoir vu aucun mais je me souviens des images de son procès qui eut lieu en février 1992, son avocat voulut plaider la démence mais le jury ne le suivit pas, en aurais-je fait partie que j'eusse voté pour la même sentence.

Contrairement à d'autres tueurs il ne voulu probablement jamais laisser son nom dans l'histoire, il n'empêche qu'il est devenu une espèce de référence de ce que l'être humain peut être quand il n'est pas le second et si peu le premier. J'en veux pour preuve cette image d'un épisode de la série True Blood qui met en scène la cohabitation, difficile, entre les vampires et les humains "normaux". 

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J'avais lu ce livre en 1993, les derniers paragraphes de ce billet n'en sont donc pas extraits, je l'ai relu pour le :

 

À suivre...

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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 05:59

 

 

Dans ce blog je tente de rendre hommage à ces « Grands Anciens » comme aurait dit HPL qui contribuèrent à former mon esprit. Former, déformer, méformer... sans doute un autre verbe serait-il à inventer et je le ferai quand j'aurai le temps !

Ils ne sont pas si nombreux dans le passé mais je prends plaisir à en rencontrer de nouveaux, ainsi, pour les rares qui lisent certains de mes textes un peu (trop) long comprendront-ils de quelles empreintes j'y fais allusion. Ceux qui ignorèrent ces œuvres, outres qu'ils seront damnés pour l'éternité ne savent pas ce qu'ils ont perdus, tout en ayant gagné du temps, on ne peut pas tout avoir.

 

Ainsi en est-il de Cioran. Roumain de nationalité et d'expression avant, ayant fait scandale dans son pays par la publication de Des larmes et des saints, de s'installer en France en 1941 (il y était venu fin 1937). Les communistes ayant interdit ses livres il resta à Paris jusqu'à sa mort survenue en 1995, il est inhumé au cimetière Montparnasse. Professeur de philosophie à Braşov au milieu des années trente il fréquentera quelques temps des membres du parti d’extrême droite la Garde de fer plus simplement appelé par son fondateur « Légions de l'Archange Michael » ! Peut-être, ne croyant pas en dieu ; être fils de pope étant une bonne raison pour cela ; aurait-il voulu croire eu diable... Je crois que l'histoire universelle, l'histoire de l'homme, est inimaginable sans la pensée diabolique, sans un dessein démoniaque...» Comment dès lors ignorer que croire est le pire possible ?

 

Lucide et intelligent il quittera cette voie boueuse mais gommera les passages antisémites de son œuvres lors de leur traduction française. Son premier livre écrit en français en 1949 sera Précis de décomposition. En 1947 il avait abandonné sa langue maternelle.

 


 

Editeur : Gallimard 
Collection : Quarto
ISBN : 2-07-074166-4
EAN  : 9782070741663
Nb. de pages : 1818 pages
Poids : 1,36 kg
Dimensions : 14cm x 20,5cm x 5,4cm

 

Finalement prenant ses distances avec toutes les idéologies on peut penser que son désespoir signait le constat de l’impossibilité d'établir un système qui ne finisse par devenir coercitif, ainsi, et là c'est moi qui parle, est-ce l'évidence que nulle « culture », nulle « pensée » ou « système » ne saurait libérer l'homo sapiens de sa, et de La, nature !

Il passait pour être de bonne compagnie, loin de ce qu'un lecteur, trop superficiel, penserait. Ce qui nous fait un point commun supplémentaire !

 

Un jour, épuisé, il dira « Je n'en peux plus », sa mère répondra alors « Si j'avais su, je me serais fait avorter »... Combien de génitrices auraient-elles dû avoir recours à ce procédé.

 

Peut-on dire qu'il existe une philosophie Cioranienne ? Sans doute pas mais l'acuité de son regard sur le réel est un exemple que je tente maladroitement de copier en tentant de mordiller les mollets de l'illusion. Pour lui écrire était le moyen de diminuer une pression intérieure, les similitudes croissent.

 

 

Refusant les honneurs il réussira à vivre pauvrement jusqu'à ce qu'Alzheimer ne vienne se délecter d'un cerveau digne de ce nom. Au moins est-ce là un risque que je ne cours pas ! Admirateur de Nietzsche il aura échappé à la démence qui emporta celui-ci.

 

 

 

Quelques citations pour passer un bon (?) moment :

 

Le progrès est l'injustice que chaque génération comment à l'égard de celle qui l'a précédée. (De l'inconvénient d'être né)

 

Des opinions, oui ; des convictions, non. Tel est le point de départ de la fierté intellectuelle. (Aveux et anathèmes)

 

La solitude est l'aphrodisiaque de l'esprit, comme la conversation celui de l'intelligence. (Le crépuscule des pensées)

 

Ce n'est pas la peine de se tuer puisqu'on se tue toujours trop tard.

(De l'inconvénient d'être né)

 

Ces enfants dont je n'ai pas voulu, s'ils savaient le bonheur qu'ils me doivent ! (Aveux et anathèmes)

 

On ne devrait écrire des livres que pour y dire des choses qu'on n'oserait confier à personne. (De l'inconvénient d'être né)

 

Ce qui est vraiment extraordinaire, dira-t-il à Octavio Paz, c'est que chaque fois que j'ai fini d'écrire, j'ai envie de me mettre à siffler. Dire du mal de l'Univers pour échapper à son emprise ; dire du mal de l'histoire pour ne pas être écrasé par elle.

 

Et pour conclure : On n'habite pas un pays, on habite une langue. Une patrie, c'est cela, et rien d'autre ! Je peux donc dire que nous sommes compatriotes !

 

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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 13:20
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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 06:00

 

 

Lettres, maximes, sentences

 

 

Poche - Broché

Paru le16/06/2008

Éditeur LGF/Livre de Poche

Collection Le Livre de Poche

ISBN 978-2-253-06709-2

222 pages - 110 g


 

De l’œuvre, vaste, d'Épicure (Ἐπίκουρος) il nous reste peu de choses ; Trois lettres : à Hérodote, à Pythoclès et à Ménécée qui nous donnent un aperçu de sa philosophie et qui nous sont parvenues grâce à Diogène Laërce, ainsi qu'un recueil de 40 maximes « capitales » et un manuscrit Sentences « vaticanes ».

 

Né en 341 avant JC dans l'île de Samos il reçut l'enseignement du platonicien Pamphyle, puis, à Théos, celui d'un matérialiste, émule de Démocrite, Nausiphane. À Athènes il suivit les leçons de Xénocrate successeur de Platon à la tête de l'Académie. En -306 il fondra sa propre école : Le Jardin. À la différence des écoles platonicienne et aristotélicienne, élitistes et visant les (futurs) dirigeants de la Cité, il s'adressait à tous et portait son enseignement vers la sagesse plus que vers le savoir et la recherche.

 

Vivre en accord avec la nature, à l'écart de toute vie publique et politique, sa pensée est orientée vers ce qu'il faut faire pour mener une vie heureuse et « sage ».


 

Bien loin de l'image « hédoniste » habituellement colportée de lui, Épicure propose de faire face à ses désirs, ses passions, il suggère la primauté de l'esprit face à la culture, la tradition, ces rites qui ne sont que les barreaux d'une cage rassurante. Il nous invite à la sérénité, à l'ataraxie « l'absence de trouble », pas si loin du nirvana bouddhiste. Un héritage de Démocrite. Il ne s'agit pas là d'une simple méthode, d'une leçon à connaître et à se réciter périodiquement mais d'un engagement spirituel et physique. Rien à voir donc avec la stimulation obsessionnelle des centres neuronaux du plaisir à laquelle son nom est assimilé.

 

 

Quand nous disons que le plaisir est notre but ultime, nous n'entendons pas par là les plaisirs des débauchés ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle, ainsi que le disent ceux qui ignorent notre doctrine, ou qui sont en désaccord avec elle, ou qui l'interprètent dans un mauvais sens. Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l'absence de souffrance corporelle et de troubles de l'âme.

Il n'est pas possible de vivre de façon bonne et juste, sans vivre avec plaisir.

Il faut viser la suffisance à soi, car ainsi la douleur provenant du manque est supprimée.


 

Les épicuriens résument la doctrine d'Épicure par le tetrapharmakon que Diogène d'Œnoanda fit gravé sur le mur d'un portique :

On ne doit pas craindre les dieux ;

On ne doit pas craindre la mort ;

Le bien est facile à atteindre ;

On peut supprimer la douleur.


 

Suivant la tradition de son temps Épicure était un philosophe mais aussi un astronome et un physicien, ce qui prouve bien que les vrais philosophes en notre temps se comptent sur les doigts de la Vénus de Milo. Il nous propose de regarder la nature sans nous satisfaire d'explication magiques ou merveilleuse (ou religieuse - NDLR), et moins encore anthropomorphique.


 

Ainsi d'une œuvre dont si peu nous est parvenu il est possible d'en tirer des commentaires bien plus long, raison de plus pour déplorer l'impossibilité d'accéder à l'ensemble de ses réflexions. Quelques citations encore, pour le plaisir :

Être mort n'est pas pire que de n'être pas encore né ;

La survie personnelle est impossible ;

L'enfer est une projection des terreurs morales de cette vie ;

Une vie vraiment achevée n'est pas augmentée par un temps infini.

C'est la qualité de la vie qui prime, la qualité du bonheur, et non la quantité.

 

Comment mieux conclure ce (court) article ? Peut-être en vous invitant à (re)lire Épicure, au moins philosopherez-vous quelques minutes, ce ne serait pas un mal n'est-ce pas ?


 

 

 

 

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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 06:00

 

                                          

Rivages poche / Bibliothèque étrangère (2004)

Traduction : Solange Lecomte

ISBN 2743612398

308 pages


 


 


 

Certes le Défi : Poésie sur les 5 continents, comme son nom l'indique, concerne la poésie mais en explorant l’œuvre de Janet Frame j'ai découvert le roman dont le titre est celui de cet article.

L'auteur y scanne la réalité, souvent sordide, de l'enfermement psychiatrique, au point qu'il apparaît que qui y rentre saint d'esprit ne semble pouvoir en sortir autrement que dément. Nous voyons la (sur)vie au quotidien de Fiona, Sheila, Mary-Margaret et tous les autres dont leurs efforts pour demeurer vivants, sinon pensants, dans un cadre lui murmurant continuellement qu'ils ne sont plus ni l'un ni l'autre ! Les visages traduisent le flou de consciences fragmentées et dans leurs regards nous devinons des âmes rongées par l'acide de pensées qu'elles ne peuvent maîtriser.

 

Nous entendons les cris des malades et les grincements des portes, à moins que ce ne soit le contraire... Nous sentons la rétention des camisoles, le grésillement des électrochocs, nous apercevons des silhouettes errantes, spectres en attente d'une mort salvatrice, nous regardons par dessus l'épaule d'infirmières dissimulant leur répulsion sous un masque de méchanceté, ainsi la société cache-t-elle sa peur derrière de hauts murs.

 

Qu'est-ce que la folie, est-elle dans le crâne de cette femme qui regarde par la fenêtre un spectacle qu'elle ne peut décrire, dans les gestes de celle-ci dessinant un invisible portrait ou dans le commentaire froid et technique d'un spécialiste ?

Et puisque je pose la question j'y réponds : le troisième est le pire !


 

Comment survivre dans ce monde terrifiant (l'asile) sinon en créant son univers, comment survivre dans le monde atroce (le nôtre) sinon en s'inventant un ailleurs supportable, un blog peut-être. Mais qui vit du bon côté des barreaux ?

À se demander si le monde n'est pas plus beau vu par la fenêtre d'un asile psychiatriste...


 

 

Diagnostiquée schizophrène en 1945 après avoir été profondément traumatisée par la mort de ses deux sœurs par noyade à dix ans d'écart elle sera internée pendant huit ans et subira deux cent électrochocs sans pour autant cesser d'écrire. Son premier recueil Le Lagon sera publié en 1951. Son succès lui évite une lobotomie programmée, subissant par la suite de nouveaux examens il sera démontré qu'elle ne souffrit jamais de schizophrénie.

 

Née à Dunedin, Nouvelle-Zélande, le 28 08 1924 elle est attirée tôt par la littérature et veut devenir poète alors que sa famille la pousse à devenir institutrice, métier qu'elle tentera, en vain, d'exercer !

En 1988 elle met un terme à sa carrière après The Carpathians.

 

Au final elle publiera un recueil de poèmes, cinq de nouvelles et onze romans, en 1990 Jane Campion adaptera son autobiographie Un ange à ma table au cinéma. En 2004 elle meurt d'une leucémie sans avoir eu le prix Nobel auquel elle fut proposé l'année précédente.

Dommage, pour le Nobel !

 

 

 

 

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 06:00

 

Anthologie de poèmes de Rado

Bilingue Malgache/Français

Imprimée à Madagascar.

2005/201 pages

 

Georges Andriamanantena (Madagascar)


 

Né le 1er octobre 1923 à Antanarivo et mort le 15 septembre 2008 il était le dernier né d'une famille de cinq enfant. En 1929 il fait son entrée à l'école de Faravohitra à Antanarivo, en 1933, année du décès de sa mère il rentre à l'école d'Ambohijatovo Atsimo jusqu'en 1941. L'année suivante il intègre le collège Paul Minault. D'abord comptable dans une société d'assurance il rejoint son frère à la rédaction du journal « Hehy » (rires). En 1960 à Strasbourg il fait des études de journalisme, métier qu'il exercera jusqu'à 1978 avant de se consacrer à la littérature et d'être employé par le ministère de la Culture et de l'Art Révolutionnaire. Son premier recueil paraît en 1973 sous le titre Dinitra et préfacé par son frère, il contient ses thèmes fétiches l'Amour, Dieu et la Patrie. Son pseudonyme : Rado vient du proverbe malgache : "Voahangy mitohim-bolamena raha misarak tsy ampy ho RADO" (Des perles liées par un fil d'or, si elles sont séparées on n'obtient plus un collier, ou rado).


 

D'expression malgache et défenseur de la culture Rado sortit dix ouvrages contenant ses poèmes, tous au programme du secondaire malgache. Citons parmi ses œuvres Dinitra (sueur), Zo (droit), Sedra (épreuve)...  Ça n'en fut pas une de découvrir cet auteur dans le cadre du défi : Poésie sur les 5 continents.

Membre de l'Académie malgache il était aussi peintre, graveur et sculpteur. Il composera même une vingtaine de chants religieux ! Militant du parti d'opposition AKFM avant l'Indépendance il n'hésite pas à prendre le contre-pied des prises de positions de son parti.

Il laisse une veuve et six enfants (4 filles et 2 garçons) et 26 petits et arrières petits-enfants.

 


 

"Laissez donc se casser les oreilles qui se cassent

En entendant les cris qu'on ne peut étouffer

Mais pour nous, il nous faut ensemble réclamer

Le droit et le statut d'une même égalité"


 

"Avela izay sofina vaky ho vaky

Mandre antsoantso tsy azo tsindriana

F'isika rehetra tsy maintsy mitaky

Ny zo sy ny satan'ny fampitoviana"

(17 mai 1969)


 

 

 


 

Ne lui dites rien

Vous allez la voir, mais... Qu'elle ne sache rien de ma peine

Elle ne doit rien savoir

Des cruelles morsures qui ont déchiré mon âme...

Dans les rets qu'elle m'avait tendus,

Et de mon cœur en suée qui m'étouffe à minuit

Quand je songe à mon sort !


 

Si elle s'enquiert de moi,

Pour une fois mentez !

Dites-lui que mes pensées l'ont complètement oubliée

Et que les fleurs ont recouvert les cendres du passé

Brûlé par les feux de la passion

Comme ces journaux intimes que vous voyez là.

Taisez ma vieillesse blanche et ridée.

M'avez-vous compris ?


 

J'ai encore quelque chose à vous demander :

Voyez si elle est heureuse

Voici les signes qui vous aideront :

Il y a des fleurs, roses, sûrement,

Dans sa chambre et la photo de

Son amant à son chevet.

Si vous en voyez, c'est qu'elle est heureuse,

Alors ne lui dites rien de moi

Il lui est arrivé ce que je souhaitais pour elle.

N'oubliez rien de tout cela,

Et adieu !


 

Oh ! Une dernière recommandation

Ne touchez nulle chose de votre main-ci

Avant de serrer la sienne.


 

Oui... cela suffit. Bonne route

Et refermez doucement cette porte sur mes larmes...


 

traduction : Serge Henri RODIN


 


 

S'il te reste encore

S'il te reste encore ne serait-ce qu'un sourire

Pour résister à cette ironie du sort

Pourquoi, dis-moi, pourquoi tu te fais souffrir

Gaspillant ainsi les larmes de ton corps ?


 

S'il te reste encore ne serait-ce qu'une étoile

En qui tu vois lumière, sur qui tu peux compter

Pourquoi, dis-moi, pourquoi ton regard se voile

Durant des nuits d'hiver, pourquoi ces sentiments amers

Devant un horizon avide d'éclairage ?


 

Traduction : Voahangy ramiejamanana ANDRIAMANANTENA

 

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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 06:00

 

 

 

                                  LOUIS SCUTENAIRE

 

 

"Carnet d'indiscrétions personnelles"

Éditions Allia - mai 1998

ISBN 2904235043

300 pages


 

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"L'esclave qui aime sa vie d'esclave a-t-il une vie d'esclave ?"

"Il y a des gens à qui la mort donne une existence."

"La vieillesse est un alibi."

"Je suis partagé entre mon goût pour les faits et mon goût pour l'effet."

"Je voudrais vivre assez vieux pour savoir ce que je deviendrai."

"Je perds souvent la tête. On ne me la rapporte jamais."

"Il faut regarder la vie en farce."

"La misère n'est sinistre que parce qu'elle n'est pas générale."

"Souvent, au lieu de penser, on se fait des idées."

"Dans ce monde, l'on n'a que la terreur pour se défendre contre l'angoisse."

"Je méprise trop ces gens pour me déplaire en leur compagnie."

"Le péché originel c'est la foi."

"Si on ne me lit plus dans mille ans, on aura tort."

"Je prends le monde tel que je suis."

"Je ne suis pas scutenairien, c'est bien plus fort : je suis Scutenaire."



 

"On dit de moi :

Il fait des calculs d’épicier : C’est vrai.

C’est un tendre : Bien sûr.

Il est dans le désarroi : Évidemment.

Comme il est détaché ! : Tiens donc !

Il est gentil : Mais oui.

Quel goujat ! : D’accord Marcel.

Il a beaucoup de talent : Le flatteur n’a pas toujours tort.

Il sent mauvais : Triste, mais possible.

Je voudrais m’offrir sa grande carcasse : Bien aimable.

Il n’est pas beau : Je le pense.

Combien il est grand ! : La toise le confirme.

Il est grossier : Merci, ma chérie.

C’est un coureur : Hum, hum !

Il est jaloux : Oui, comme Victor Hugo.

C’est un anormal : Qui ne l’est pas ?

Il s’est mal conduit : Je le crois.

Il a de l’allure : Je suis confus, vraiment, mais…

Il est fait : Il faut bien.

Il est égoïste : Je souris avec approbation.

Il est trop modeste : Oui, oui.

Il écrit très bien : Vous savez lire, monsieur.

C’est un maquereau : Le plus beau compliment.

Il se soigne comme une femme : Je le suis un peu, femme.

Il a de jolies cravates : Quelle femme de goût !

Il est propre, trop propre : On ne l’est jamais assez.

Il fait gentiment l’amour : Connaisseuse !

Il est maladif : Hélas !

C’est un beau gaillard : Oh !

Il ne sait pas aimer : Sans doute.

Il a des tics : Et vous pas ?

Quelle nouille ! : Je l’ai déjà pensé.

Mais comment se fait-il que dans ce portrait si poussé je ne me reconnaisse pas, ni personne avec moi ?"

 

 

Ainsi parla LS !

Comment l'ai-je découvert ?

Par une citation "Je vous parle d'un autre monde, le vôtre" en exergue d'un Bob Morane lu alors que j'avais une dizaine damnée ; ainsi dois-je à Henri Vernes d'avoir découvert Jean Ray, et le fantastique, et Louis Scutenaire, de là à penser qu'il est pour quelque chose dans ce que je suis devenu... il y a un pas que je franchis avec reconnaissance. Je vous le présente avec plaisir dans le cadre du défi : Poésie sur les 5 continents.

J'évoquerai HV prochainement, il le mérite (?). Au passage je remarque que JR, LS et moi sommes du même signe, ça ne veut rien dire mais c'est déjà un point commun !

 

 

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Je ne suis ni poète, ni surréaliste, ni belge !

Né à Ollignies le 29 juin 1905, il écrit ses premiers poèmes en 1916. Il fréquentera de nombreux établissements scolaires dont il sera régulièrement exclu avant de s'engager en 1924 dans des études de droit.

 

En 1926 il rencontre Paul Nougé puis Magritte dont il titrera nombre d'œuvres. Plus tard, à Paris, il fréquentera André Breton. En 1938 seront recensés par Breton et Éluard dans leur Dictionnaire abrégé du surréalisme aussi bien les Textes automatiques (1931) et Les Jours dangereux les Nuits noires (1928...).

 

À partir de 1943 il commence Mes inscriptions somme de maximes, aphorismes, histoires, impressions et autres réflexions qui toquent à la porte de son esprit. Titre en hommage à Restif de la Bretonne qui avait ainsi nommé le recueil de graffitis qu'il avait gravés sur les quais de l'Île Saint-Louis. Ainsi pendant quarante ans Louis Scutenaire construira une œuvre puzzle atypique et foisonnante. Il parlera de tout, du reste, et d'autre chose encore. "Ne parlez pas de moi je suffis à la tâche" dit-il, ou encore "Je me suffis ; parfois il y en a même trop".

 

Volontiers irrespectueux, blasphémateurs, anarchiste, admiratif de la bande à Bonnot, prônant une improbable révolution dont il sait qu'elle ne résoudrait rien il avoue lui-même : C'est probablement par conservatisme que je reste révolutionnaire ! Quoi de plus facile en effet que de jeter sur l'incendie du réel des mots qui ne font que le nourrir ? Critique du capitalisme il finit par entrevoir une nature humaine loin de ce qu'il souhaiterait, et, pour donner mon avis, quelle serait la réalité d'une société correspondant aux visions apocalyptiques des révolutionnaires ? Que nombre existent encore malgré les exemples de l'Histoire ne fait que démontrer que qui critique et vitupère change de comportement dès lors qu'il s'assoit à la table du profit.

 

« J'ai quelque chose à dire et c'est court » écrit-il également, et ce bien avant moi ce qui n'est pas sans me faire de la peine ! Il précise : Mes Inscriptions sont une rivière de Californie, il faut tamiser des tonnes de sable et de gravier pour trouver quelques pépites, voire des paillettes. » Ainsi, si vous connaissez un peu ce blog, comprendrez-vous quelle filiation spirituelle me plais-je à voir entre lui et moi, la remontant même jusqu'à ce « cher Diogène » !

 

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Il meurt le 15 août 1987 en regardant un film sur Magritte à la télévision.


 

"Les oiseaux viennent d'ailleurs" écrit-il, comme le regret de ne pas en être, vraiment, un !


 

La première leçon que donnait ce philosophe, c'était que la concision est essentielle puisqu'elle est suffisante. (...) Son œuvre ? Les bulles d'une carpe qui crèveraient entre les palettes des nénuphars pour libérer une règle de morale ou de conduite.

Frédéric Dard, Avant-propos de Louis Scutenaire, Lunes rousses, Paris, Le Dilettante, 19878.

 

 

 

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Bienvenue sur ce blog ! Vous y découvrirez mes goûts, et dégoûts parfois, dans un désordre qui me ressemble ; y partagerez mon état d'esprit au fil de son évolution, parfois noir, parfois seulement gris (c'est le moins pire que je puisse faire !) et si vous revenez c'est que vous avez trouvé ici quelque chose qui vous convenait et désirez en explorant mon domaine faire mieux connaissance avec les facettes les moins souriantes de votre personnalité.

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