Saviez-vous (non, n'est-ce pas ?) qu'avant de publier L'Origine des espèces (1859) Darwin avait réfléchi sur les questions mentales (mémoire, intelligence, conscience, émotions...) en comparant les facultés psychologiques de l'homme avec celles de nombreux animaux et s'interrogeait sur leur origine.
Ensuite la psychologie et la théorie darwinienne de l'évolution ont entretenus des rapports difficiles, certains psychologues cherchant à la rectifier, d'autres la contestant.
Konrad Lorenz pensait que les catégories de l'entendement sont le résultat d'une évolution adaptative répondant à des circonstances environnementales spécifiques. Il chercha les structures innées des comportements s'efforçant de comprendre la transmission et la modification de ces schémas.
Plus tard la science du comportement se scinda (principe même de la schizophrénie) : psychologie d'un côté, étudiant les mécanismes ; éthologie d'un autre, étudiant les structures innées. La psychologie expérimentale s'appuyant sur des modèles animaux, l'éthologie considérant qu'elle avait son mot à dire sur les attitudes humaines.
Ainsi naquit la psychologie évolutionniste ! Le mot paraît avoir été utilisé pour la première fois en 1973 par le biologiste et philosophe américain Michael Ghiselin. Il se répandit dans les années 1990.
David Buller définit le domaine de la psychologie ainsi :
Un champ de recherche caractérisé par des travaux « adoptant une perspective évolutionniste sur le comportement et la psychologie » et un ensemble de doctrines fonctionnant comme un paradigme et défendant « une perspective sur la psychologie humaine se traduisant par un ensemble de théories et méthodologies spécifiques ».
Ainsi trois postulats peuvent-ils définir la psychologie évolutionniste.
1 - Les adaptations psychologiques caractéristiques de l'espèce humaine sont des traits complexes ayant demandé des centaines de milliers d'années de sélection cumulatives répondant à des contraintes environnementales. La survie ne dépendait pas seulement d'aptitudes physiques mais aussi de comportements générés par des réflexes psychologiques tels que : identifier les plantes comestibles, reconnaître les cris d'alarmes, être attentif aux enfants...
2 - L'esprit a une structure modulaire composée d'organes mentaux qui sont autant d'algorithmes darwiniens préstructurant l'expérience selon des dimensions adaptatives variées telles des fenêtres sur l'environnement présentant non une image mais des informations physiquement et biologiquement pertinentes. Il existerait plusieurs centaines de modules mentaux caractéristiques de l'espèce humaine reposant sur l'action conjuguée de nombreux gènes ayant requis un processus sélectif de longue durée.
3 - Ces modules ont évolué dans l'environnement écologique et social du Pléistocène et refléteraient « des universaux psychologiques constitutifs de la nature humaine ». Ce dernier postulat relativise l'importance de la diversité culturelle. Celle-ci masquant une uniformité psychologique sous-jacente.
Pour résumer (!), la psychologie évolutionniste applique le principe darwinien de la sélection naturelle à l'étude de l'esprit humain, le cerveau ayant évolué pour résoudre les problèmes rencontrés par nos ancêtres. De là à supposer que pour faire face au contexte actuel l'évolution n'écrive un nouveau chapitre il n'y a qu'un pas que j'imagine sans l'espoir d'en voir un jour les effets. Il y a peu j'évoquais le film AO, le dernier néandertalien, j'imaginais le dernier sapiens...
Quelle évolution dans l'avenir ? Deux points suffisent pour tracer une droite, et la continuer au delà du second !
Ce livre n'est qu'une introduction à la psychologie évolutionniste, les thèses qu'il présente sont multiples et complexes, je serais incapable de vous les résumer ici sinon à recopier des pages entières ce qui serait long et emm... n'est-ce pas ? Il ne s'agit pas d'un best-seller à la mode aux histoires prévisibles mais d'un rayon lumineux essayant d'éclairer les profondeurs de notre passé, je ne regrette pas le temps mis à le lire et à tenter, partiellement j'en conviens, à le comprendre.
À vous de prendre le relais !