Dernier des quatre classiques de la littérature chinoise ce Rêve dans le pavillon rouge fut écrit au XVIIIe, il fait partie de la collection UNESCO d’œuvres représentatives.
Composé de 120 récits il fait partie des plus longs romans jamais écrits, il est généralement classé au quatrième rang des romans chinois par le nombre de caractères utilisés : 1 million. Il est actuellement publié en cinq livres pour un ensemble de 2500 pages. Cao Xueqin se présentait comme correcteur d'un autre auteur, c'est bien plus tard que la paternité de l’œuvre lui fut attribuée, sans doute préféra-t-il faire montre de discrétion face à une œuvre quelque peu critique, ce qui pouvait être mal vu !
Centrée sur l'amour entre Jia Baoyu (Jia Jade magique) et sa cousine Lin Daiyu (Lin Jade sombre) elle est grandement autobiographique, Cao Xueqin ayant été comblé par l'empereur Kangxi avant de connaître un renversement de situation, elle décrit aussi par le détail le système féodal alors en cours en Chine, basé sur les privilèges de quelques-uns et l'exploitation de presque tous.
Tout commence alors qu'un rocher portant, gravé par la déesse Nuwa, demande à un prêtre taoïste et un moine bouddhiste de l'emporter afin de découvrir le monde et l'existence humaine.
Jia Baoyu est adolescent encore, promis à sa cousine Xue Baochai il lui préfère son autre parente Lin Daiyu qui partage ses goûts pour la musique et la poésie. Ce triangle amoureux servira de fil conducteur au récit.
Le récit débute à Suzhou puis se continue dans ''la capitale'' sans que l'auteur la cite une fois, à l'époque il s'agissait, déjà, de Pékin.
La plupart des thèmes de la culture chinoise est présentée, médecine, cuisine, mythologie... mais dominent la poésie et la religion, autant dans sa version cléricale où nous voyons des prêtres croulant sous les offrandes des familles nobles, que dans sa version individuelle nous montrant des personnes ''normales'' en quête de la Voie et bénéficiant de qualités que les premiers ne possèdent pas. Autre élément fondamental de l'époque : l'esclavage, chaque noble possède ses esclaves, ce qui n'est pas sans entraîner de fortes dépenses, il arrive même que certains esclaves aient des esclaves aussi.
Et le féminisme ? La question peut surprendre pour une histoire se déroulant au XVIIIe et pourtant elle se justifie par le parti pris de l'auteur lui-même qui dénoncent dans son texte l'exploitation des femmes tout en soulignant leurs qualités injustement méprisées.
Le Pavillon rouge dont il est question est en fait un gynécée et le rêve une série d'air entendu par Jia Baoyu alors qu'il se trouve dans une chambre rouge.
Une texte foisonnant, lyrique et historique, poétique et dramatique dans lequel, comme pour les trois autres, il est recommandé de prendre son temps pour ne pas se perdre dans les noms, les rôles et les lieux.
Je ferme les yeux, tends l'oreille... Rien ! Il est vrai que la pièce dans laquelle je me tiens n'est pas rouge et ce bâtiment loin d'être un gynécée.
Pas de chance !