En sortant de la projection de Naissance d'une nation de D. W. Griffith, Abel Gance eut l'idée d'une fresque mettant en scène Napoléon Bonaparte qui s'intitulerait : Napoléon vu par Abel Gance.
Son projet initial n'était pas la réalisation d'un seul film mais de six, malheureusement la faillite de son producteur intervenant en cours de tournage du premier long-métrage il revoit son ambition à la baisse et dû se contenter du premier volet, espérant reprendre son projet des jours meilleurs revenus.
Qui n'advinrent jamais, même si en 1960, Gance réalisa Austerlitz. Entre temps il avait vendu un de ses scénario à Lupu Pick qui le réalisa en 1929. Du sexaptique originel trois parties furent donc portées à l'écran.
Outre l'ambition artistique portée par le réalisateur Napoléon vaut également pour sa présentation technique : trois écrans juxtaposés montrant parfois la même image, parfois trois visions différentes d'une même scène.
Le tournage, entamé en janvier 1925, s'interrompit donc le 21 juin suite aux difficultés d'un producteur, Gance ayant trouvé un autre financier, il reprit au long du premier semestre 1926.
la première se tint le 7 avril 1927 à l'Opéra Garnier dans une version courte, avec une musique de Arthur Honegger, une version longue fut projetée en mai de la même année.
En 1935 Abel Gance sortit une version sonore de son film, cette fois sous le titre Napoléon Bonaparte, il ne s'agissait pas d'une simple version sonorisée mais d'une vision différente basée cette fois sur le principe du flash-back, le film commençant un soir dans une auberge de Grenoble, les Cent Jours vont commencer, et les protagonistes évoquent la trajectoire histoire de l'Empereur revenant de l'Île d'Elbe. Certaines scènes furent retournées avec de nouveaux acteurs, certains ayant eu le mauvais goût de décéder entre temps, d'autres furent doublés par d'autres comédiens.
Au fil des années une vingtaine de versions furent produites. Nous attendons toujours qu'il y en ait une ''définitive''.
Pour en revenir au film originel il nous montre Bonaparte, de son enfance jusqu'à son retour triomphal de la campagne d'Italie en passant par son séjour à l'école de Brienne, son adhésion au Club des Cordeliers où il rencontre Danton et Rouget de l'isle, le siège de Toulon, on y voit l'intervention de Barras lui permettant de devenir général puis son mariage avec Joséphine de Beauharnais.
Un monument du cinéma, un témoignage sur une vision épique de l'histoire. La rencontre entre deux ambitions qui s'échouèrent sur le sable du réel, mais ce qui en reste vaut la peine, et la patience, d'être découvert.