Le professeur Faust est un savant, universitaire couvert d'honneurs, pourtant alors que la mort s'approche, il se dit que c'est dommage, qu'une telle intelligence ne peut se perdre alors qu'elle peut tant apporter à un monde
désireux d'en savoir plus sur les secrets de la vie, d'autant qu'il se dit qu'il a laissé passer bien des choses en restant courbé sur ses feuillets...
Opportunément
Méphistophélès survient qui lui fait une proposition difficile à repousser : la jeunesse éternelle, en paiement il ne demande que l'âme du docteur. Celui-ci hésite un moment puis accepte après que Méphistophélès lui ait fait goûté les plaisirs accessibles avant de les lui retirer, une espèce de bande annonce ainsi que la promesse de regarder l'avenir dans un miroir pour le modifier. Une espèce d'effet spécial trompeur cette fois.
Faust est heureux d'avoir 20 ans, d'autant qu'il fait la connaissance d'une jolie bohémienne, Marguerite. Sur ces entrefaites la police vient l'arrêter pour l'assassinat du professeur Faust qui a disparu. Comment pourrait-elle croire qu'il s'agit du même homme. Emprisonné il est libéré par Méphisto, comment refuser de signer maintenant ?
Le succès va être au rendez-vous, Faust devient conseiller pour le Prince et lui propose quantité d'inventions bien en avance sur leur temps. Méphisto lui montre alors le miroir dont il fut question plus haut, Faust tue le Prince pour prendre sa femme et son pouvoir avant de ravager le monde autour de lui avec ses découvertes. En 1950 la Seconde Guerre Mondiale est encore dans toutes les mémoires et la menace nucléaire un risque proche de devenir réalité.
Le titre en dit long, ici la beauté est bien celle du Diable, Faust est un vieillard, un simple humain confronté au temps qui passe, qui fuit et ne laisse derrière lui que des regrets bien vite transformés en cendres.
Outre un scénario, prenant quelques libertés avec le texte de Goethe, l'intérêt du film repose sur l'affrontement de deux ''monstres'' du cinéma, tellement contraire pour ne pas dire opposés. Gérard Philippe est tentateur par la représentation qu'il donne d'une jeunesse parfaite, inhumaine de ce fait, Michel Simon est vieux, laid, aime à choquer et provoquer quand le premier se montre plus lisse. Tous les deux se complètent parfaitement ; encore mieux quand les rôles s'inversent, que Philippe incarne Faust et Simon un Méphistophélès jubilatoire et cabot, au point de tirer la couverture à lui au détriment de son jeune partenaire.
La réalisation est précise et montre une grande maîtrise dans la manipulation du spectateur, jouant avec la lumière, le contrechamp et les décors, retrouvant l'imagination des premiers temps du cinéma.
Attention à ce que vous signez, le Diable est aussi menteur que tentateur et finira par venir prendre ce que vous lui avez promis.
Dommage qu'il ne soit pas venu me voir, je sais en échange de quoi j'aurais signé...