Solomon Northup vit avec sa femme et leurs enfants, un garçon et une fille, à Saratoga Springs, il est charpentier et joue du violon ; un détail qui a son importance : Solomon est noir et aux états-unis en 1841 l'esclavage a encore cours.
Un jour il est approché par deux hommes qui lui proposent de rejoindre leur cirque pour une brève mais rentable tournée. Solomon hésite mais les deux hommes sont convaincants et sympathique, il n'a aucune raison de se méfier. Un soir après un dîner au cours duquel il boit trop. Ses nouveaux amis le ramènent, le mènent au lit et s'en vont.
Northup s’endort dans sa vie, il va se réveiller dans une autre. Une geôle obscure où il est enchaîné, poignets et chevilles, le tout relié au mur.
Il crie, appelle au secours, ne vient qu'un homme qui lui dit qu'il est un esclave en fuite venant de Géorgie. Solomon nie, se fait violemment tabasser, nie encore, et reçoit plus de coups jusqu'à ce qu'il accepte son état.
Par la suite il va être envoyé, discrètement, à la Nouvelle-Orléans où il est acheté par William Ford, planteur de son métier, au cours d'une véritable vente à domicile, les acheteurs ayant un ordre de passage pour faire leur choix. Le négrier vendait ses produits comme s'il se fut agit de n'importe quel autre bien de consommation. Ford va se révéler relativement correct et offrir à Solomon Platt son violon en paiement d'un service rendu. Mais Ford a des dettes et pour les honorer transfère ses droits de propriété à Edwin Epps, propriétaire alcoolique et violent. Celui-ci est exigeant et aime utiliser son fouet quand ses esclaves ne sont pas assez performants pour ramasser le coton de ses champs. Dans cette activité la championne est Patsey, jeune et jolie, elle va attirer l'attention de son propriétaire puis la jalousie de l'épouse de celui-ci qu'il délaisse.
Et on le comprend !
Patsey se rend parfois dans une plantation voisine dont le propriétaire ne craint pas d'afficher sa maîtresse noire, elle y trouve un peu de paix loin de Epps si brutal qu'elle demandera une nuit à Solomon de la tuer parce qu'elle ne parvient pas à le faire elle-même.
Ce à quoi il ne peut se résoudre.
Douze ans vont passer, à supporter, à survivre, jusqu'à ce qu'un jour il rencontre Bass un canadien venu construire un pavillon pour Epps, celui-ci n'aime pas l'esclavage et ne se gène pas pour le dire, quand il demandera à Solomon de lui raconter son histoire celui-ci hésitera, ayant été déjà trahi, mais finalement, n'ayant rien à perdre, il se confie et demande à Bass d'envoyer une lettre pour lui. Décision difficile et risquée mais finalement le canadien va accepter. Quelques jours plus tard Platt est appelé par le sheriff du coin qui lui pose des questions précises auxquelles seul Northup peut répondre. Convaincu de l'identité réelle de l'homme qu'il a devant lui il l'emmène malgré les hurlements de Epps convaincu d'être dans son droit, n'a-t-il pas payé pour cet homme, ne peut-il en disposer comme il le souhaite ?
Solomon s'en va, déchiré de devoir abandonné Patsey mais trop heureux de s'éloigner des années d'enfer qu'il vient de vivre.
Redevenu libre, ayant retrouvé son nom, sa place et sa dignité il va retrouver sa famille, y compris son petit fils qui vient de naître. Il tentera de faire condamner ceux qui l'exploitèrent mais les lois leur étant par trop favorables il n'y parvint jamais. Il milita pour l'abolition, aida les esclaves tentant d'échapper à leurs maîtres puis écrivit un livre dans lequel il raconta son histoire, lequel servit de base à ce film. Nul ne sait comment il finit sa vie ni où il fut inhumé.
Steve McQueen (deuxième du nom) aime les sujets forts, en adaptant l'histoire de Solomon Northup il en trouve un à la hauteur de son ambition. Combien de vies furent-elles utilisées et détruites pour la ''grandeur'' économique des états-unis ? Au fond que vaux la loi quand elle permet cela, que vaux la religion quand elle le justifie ? Combien d'existences dévorées par la terre pour faire pousser des dollars, combien de renoncement, de honte ravalée pour s'éloigner du fouet, le lit du proprio valant mieux qu'un champ de coton sous le soleil ! Tout cela est derrière nous, certes, mais moins que nous le pensons.
Pour un Solomon qui s'en sortit combien d'autres dissous par le temps dont les fantômes rodent en quête d'une paix introuvable ? Il n'y a pas de doute qu'il est préférable d'être blanc, en France au XXIème siècle que noir aux USA au XIXème !
Si vous avez encore des doutes sur la nature humaine allez voir ce dont elle fut capable, vous ne serez plus étonné de ce qu'elle fait aujourd'hui encore.