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19 octobre 2018 5 19 /10 /octobre /2018 08:00

Dossier Pour la SCIENCE 93 – Octobre-décembre 2016

Les promesses du monde QUANTIQUE

(entretien de Alexia Auffèves avec Loïc Mangin) 

La mécanique quantique entretient depuis ses débuts des rapports controversés avec l'idée de réalité. Une nouvelle façon d'envisager la réalité tente de réconcilier Einstein et Bohr.

La mécanique quantique se tient à la ligne de démarcation entre le réalisme et l'antiréalisme, deux visions des choses telles qu'elles sont, l'ontologie, par opposition à ce que l'on peut en dire, l'épistémologie. Dans la physique ''normale'' l'observateur peut décrire ce qu'il voit, en MQ il perd sa neutralité. Historiquement Einstein était le tenant d'une vision réaliste, affirmant que l'objet observé existe mais que des raisons pratiquement empêchent de l'atteindre. Le camp d'en face est incarné par Bohr, selon lui parler de l'état d'un objet qui soi-disant existe mais reste inaccessible n'a aucun sens.

Ce débat nait dans les années 1930 relevait essentiellement de la métaphysique. En 1964 pourtant le physicien John Stewart Bell établit un critère mesurable pour trancher entre ces deux visions permettant de sortir de la métaphysique pour revenir à la physique. Des expériences dans ce sens furent menées à partir de 1979, mais surtout 1982, par Alain Aspect.

Alexia Auffèves travaille sur ces idées avec le physicien Philippe Grangier et la philosophe Nayla Farouki grâce à laquelle elle traduisit leur réflexion en termes philosophiques, d'ontologie et d'épistémologie permettant une relecture de Bohr. Celui-ci se vit souvent reproché sa vision positiviste réduisant la mécanique quantique à une série de ''recettes'' fonctionnant sans besoin d'en connaître la réalité sous-jacente.

Cette opposition réalisme/antiréalisme ressemble à la thèse et l'antithèse d'une dissertation de philosophie.

La notion de réalité en physique consiste d'abord à isoler un objet d'étude puis à tenter de le caractériser permettant à notre cerveau d'élaborer une ''carte d'identité'' de nature opérationnelle et phénoménologique permettant de conclure qu'il y a quelque chose de tangible derrière l'objet étudié.

Dans le monde quantique il en va autrement où l'ordre des questions posées influe sur les réponses, et, donc, sur la carte d'identité, empêchant d'en faire un état définitif. Pourtant les recherches du trio visent à cette évolution en considérant le système étudié et le contexte expérimental. Un postulat de base dans leur façon d'envisager la réalité, nommé Contexte, Système Modalité (CSM). En mécanique quantique l'état d'un système ne dépend pas que du système lui-même mais aussi du contexte. Second postulat : dire que pour un système donné le nombre de modalité est fini. Par exemple : pour le photon, sa seule alternative est d'être transmis ou réfléchis, deux modalités. En termes sensationnaliste ce photon est dans une superposition d'états mais influent sur l'analyseur une certitude serait acquise.

Considérons le chat de Schrödinger,il est raisonnable d'admettre qu'on puisse décider avec certitude dans le monde usuel utilisé comme contexte, si le chat est mort ou vivant. Dans quel contexte pourrait-il être ''à la fois'' mort et vivant ? Les expériences de superpositions quantiques d'objets de plus en plus ''gros'' sont difficiles à réaliser, le problème étant de réaliser des contextes où il serait permit de vérifier que les superpositions envisagées sont des modalités.

Il est temps de libérer le matou d'Erwin de la machine infernale dans laquelle il est enfermé depuis si longtemps.

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11 octobre 2018 4 11 /10 /octobre /2018 08:00

Dossier Pour la SCIENCE 93 – Octobre-décembre 2016

Les promesses du monde QUANTIQUE

(Jean-Paul EbranElias Khan)

 

La physique quantique mit en évidence des propriétés contre-intuitives qui bousculèrent le sens commun. Faut-il simplement ''faire avec'' ou, avec des philosophes, s'interroger sur ce qu'elles révèlent du réel ? Bohr et Einstein s'étaient opposés quant à l'interprétation à donner à la physique quantique.

Vous imaginez que le noyau d'un atome est sphérique ? Vous avez tort. Certains sont aplatis, d'autres en forme de poire, de banane, de bulle... Ernest Rutherford en 1911 présenta l'atome comme un système planétaire microscopique. Jusqu'alors l'atome ressemblait à un gâteau contenant des raisins secs. Il comprit qu'il était constitué d'un minuscule noyau hyperdense d'environ 10-15mm chargé positivement, accompagné d'électrons. La mécanique affina ce schéma en faisant correspondre au cortège électronique un nuage plutôt que des orbites. Le noyau atomique est loin d'avoir livré tous ses secrets. La tâche est ardue de définir un cadre unique correspondant à la diversité des structure du noyau. Objet quantique s'il en est, constitué d'éléments complexes et associant dans sa dynamique trois des quatre forces fondamentales.

Comprendre la variété des structures du noyau impliquait la recherche des règles sous-jacentes par une approche théorique rendant compte des phases du noyau. Il importe de comprendre la structure du noyau avant d'en étudier les phases.

Le noyau est un assemblant de nucléons, les protons et les neutrons, ces nucléons sont constitués de quarks et de gluons. Le proton est composé de deux quarks u et d'un quark d, c'est l'inverse pour le neutron. La cohésion entre les quarks est assurée par l'interaction forte, véhiculée par des gluons faisant office de colle entre eux. L'interaction forte maintient la cohésion du noyau. La chromodynamique quantique qui décrit l'interaction forte montre une ''soupe'' d'une multitude de quarks et de gluons en interaction.

Pour étudier le noyau il faut tenir compte de 3 des 4 forces fondamentales (les interaction forte, faible et électromagnétique). Un défi mathématique, pour un noyau formé d'une dizaine ou de quelques centaines de nucléons il est difficile d'obtenir une description exacte. Le noyau peut présenter différentes phases découlant de la compétition entre la nature quantique des nucléons et leurs interactions. Les nucléons présentent des propriétés d'onde et de particule. Mathématiquement ils sont décrit par une fonction d'onde déterminant leur probabilité de présence.

Le noyau présente deux grandes caractéristiques, la dispersion spatiale des fonctions d'onde des nucléons et la distance moyenne entre ces particules. Le rapport de ces caractéristiques, le ''paramètre'' de phase'' permet de définir trois phases dans le noyau:liquide, moléculaire et cristalline.

Dans la majorité des cas, les nucléons formant le noyau s'organisent dans une phase de liquide quantique dont l'approche phénoménologique a été introduite par le physicien soviétique Lev Landau en 1956. dans cette phase, l'interaction des nucléons est importante mais ne suffit pas pour dominer l'agitation de ces derniers. Elle rappelle la phase liquide de la matière ordinaire où les molécules sont en interaction mais où l'agitation thermique reste importante. Dans cette phase le noyau présente une grande variété de comportements. Il se déforme lorsqu'il est excité et présente des formes exotiques, allant de la soucoupe au ballon de rugby en passant par la poire. 

La difficulté expérimentale pour étudier de nouvelles formes nucléaires et qu'elles apparaissent dans des noyaux instables, dont la durée de vie est de l'ordre de quelques nanosecondes à quelques millisecondes. Ces noyaux se désintègrent rapidement par interaction faible. La déplétion de matière en leur cœur est due à un effet spécifiquement quantique. Les noyaux instables représentent 95% des édifices nucléaires connus, les stables, tel celui de l'oxygène, n'en constituent que 5%. les expérience de notre siècle s'orientent vers une étude systématique de ces derniers. Nous découvrirons alors peut-être de nouveaux états de la matière qui nécessiteront d'affiner nos modèles, voire des formes et états que les physiciens n'ont pas encore imaginés.

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10 octobre 2018 3 10 /10 /octobre /2018 07:27

HENRI VERNESWILLIAM VANCEDARGAUD – 1973 

Morane et Ballantine ont toujours aimé les invitations étranges, celle envoyée par Sophia Paramount les conviant à essayer le manège de la place centrale de Nowhere City se présentait sous la forme d'une carte postale portant un timbre à l'effigie du président Garfield et portant le tampon en date du 12 avril 1882. Bob vérifie que la ville existe bien. Un nouveau courrier leur apporte des billets pour la dite cité. Étrange, d'autant que timbre et cachet sont authentiques.

Pour en savoir davantage ils leur faut se rendre sur place en passant par Memphis où ils prennent le bus pour Nowhere City. Sur la place le carrousel les attend. Ils s'installent, seuls, la musique résonne, le manège démarre, accélère jusqu'à rendre impossible leur descente comme la vision de ce qui les entoure. Enfin la machine s'arrête, ils en descendent et constatent que leur environnement n'est plus celui qu'ils ont quittés mais celui de la ville de 1882.

Que faire d'autre que s'installer dans le seul hôtel de la ville ? Nouvelle surprise, ils sont attendus sous les noms de William Bridge et Robert Dupont, et leurs passeports sont bien à ces noms ! Dans leurs chambres ils trouvent même des costumes à leurs tailles et dans la valise de Morane la carte de Sophia est désormais adressée à Robert Dupont !

Dans le restaurant de l'hôtel ils aperçoivent un vieil ennemi à eux, le Dr Xhatan, puis leur amie, Sophia Paramount, laquelle nie porter ce nom et les connaître. Ils reconnaissent également diverses personnalités disparues depuis des mois.

Pendant la nuit Sophia s'introduit dans la chambre de Bob, cette fois plus de raison de mentir, elle avoue avoir été attirée elle aussi par une carte postale mais envoyée par Morane. Ils tombent d'accord qu'il ne peut s'agir que d'une manœuvre de Xhatan. Dans quel but, et comment, organisa-t-il ce voyage dans le temps ? Après avoir réveillé Bill, nos amis décident d'explorer la ville, le port, et continuent jusqu'à une clôture barbelée et électrifiée bornée de miradors disposant de projecteurs qui ont tôt fait de les repérer. Ils s'enfuient mais sont rattrapés, des hommes armés s'approchent. Soudain ils se sentent mal et s'effondrent. Pour se réveiller dans leurs lits avec l'impression d'avoir fait un cauchemar.

Plus tard, au restaurant c'est le Dr Xhatan qui se présente comme Mr Brown. La nuit suivante c'est Bill qui agresse Bob, tentant de l'étrangler dans son sommeil. Heureusement Morane sait se défendre et réveille son ami qui semblait somnambule.

Au dehors le carrousel de la place se remet en marche, sa musique résonne dans la ville attirant ses habitants qui paraissent hypnotisés. Ne l'étant pas ils suivent discrètement ce qui se passe et voient le manège se déplacer et un escalier apparaître en dessous. Tout le monde y descend, le manège retrouve sa place comme s'il ne s'était rien passé. Ayant noté ce qui s'était passé les aventuriers attendent que la place soit dégagée pour descendre à leur tour. Ils commencent à explorer le réseau de souterrains quand ils découvrent un étrange laboratoire où des inconnus sont enfermés sous des cloches de verre. Impossible d'agir pour l'instant, ils doivent en savoir plus pour pouvoir contrer les activités du Dr Xhatan/Brown.

Ils tentent à nouveau de s’échapper, profitant de leur échec précédent. Engagés dans la jungle ils découvrent que celle-ci est occupée par des indigènes qui les capturent et les livrent au maître de Nowhere City. Ils se réveillent donc dans le laboratoire de Xhatan où celui-ci leur avoue enfin son ambition et la raison de leur venue en compagnie d'une Sophia qui semble lui obéir sans discuter. Ils se retrouvent dans des cloches en verre, des électrodes sur la tête, prêts à être ''programmés'' pour obéir aveuglément au Dr Xhatan.

Sont-ils vraiment devenus les esclaves du criminel où vont-ils réussir à mettre fin, une fois encore, à ses coupables activités. Je ne veux pas gâcher votre plaisir de le découvrir en lisant cet album des aventures de Bob et Bill, en compagnie cette fois de la belle Sophia Paramount. Ça change !

 

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9 octobre 2018 2 09 /10 /octobre /2018 08:00

Baptiste BoryszkaLemieux Éditeur – 2017

 

John, assis sur un rocher atteint avec difficulté, s'essayait à la réflexion devant une mer au soleil couchant de novembre.

Imaginant que cet endroit et cette position l'aideraient. Le froid remontant de la pierre le saisit, il avait mal au genou... Sa volonté étant moins forte que la chair il dut quitter cette partie de la digue d'Amager-Strand pour rentrer à Copenhague. Faute de métro il opta pour la marche et en 90 minutes retrouva son appartement de Vesterbro, au cœur de la vieille ville. Un quartier dépeuplé mais riche du passé. Avant de monter chez lui il puisa de l'eau au puits partagé avec ses deux voisins.

En guise de repas il mit à cuire dans la cheminée une betterave dans une casserole remplie d'eau. Le légume était assez gros pour être partagé avec ses voisins. Chaque soir ils dinaient ensemble chez l'un ou l'autre à tour de rôle.

Lotte travaille dans le garage hérité de son père, avec Thor, ouvrier depuis longtemps et qui avait connu la jeune femme encore enfant. Ensemble ils faisaient vivre l'entreprise, un duo complémentaire à l'instar du poisson clown et de l'anémone de mer. À 18 h le garage ferme, Thor s'en va, Lotte fait le tour de l'atelier, remarque une batterie oubliée par un client, veut la ranger au coffre. Ce faisait elle découvrit à l'intérieur du bloc d'acier un passeport chinois dont elle s'empara. Chez elle, au-dessus de John, elle étudia sa trouvaille avant de la ranger dans son propre coffre, à la suite de quoi elle prépara le repas du soir : une citrouille.

10 ans plus tôt les moustiques avaient profité d'un printemps caniculaire, John et Lotte se rencontrèrent fortuitement, quand le second renversa la première en voulant éviter un autre activiste avant qu'arrive la police. John aimait la littérature, Lotte était anticléricale et le démontra en débitant un argumentaire sur les méfaits de l'Église sur la société. Elle montait un nouveau groupe se prétendant ''féministe'' et plus ''anticlérical'', John y adhéra. Ses études se terminant, le premier devint professeur, la seconde resta dans son garage, les deux emménagèrent dans le même immeuble.

Mark était représentant syndical dans le bâtiment. Entendant un contremaître gueuler il se sentit obligé d'intervenir. Comme il s'y attendait c'était bien le vieux Jørgen qui se faisait houspiller. Il était bien trop vieux pour ce genre de boulot mais qu'aurait-il fait d'autre pour vivre ? Mark était également membre du parti laïc œuvrant pour que les acquis sociaux du siècle précédent soient plus que des mots. Il était le troisième voisin.

Décembre arrivait, le premier samedi était l'occasion d'une fête se prolongeant invariablement en gueule-de-bois le lendemain matin. Se retrouvaient les amis et collègues de nos triplette. La nuit avançant le nombre de fêtards se réduisait à une dizaine. John porta le dernier toast !

Lui venait d'une famille de classe moyenne, à voir ses parents il avait décidé qu'il ne voulait pas ressembler à son père, avoir une épouse qui ressemblerait à sa mère, et encore moins vivre dans un pavillon de banlieue. Le weekend il fréquentait des bars faussement clandestins du vieux centre où chacun pouvait parler librement, c'est-à-dire feindre d'entendre ce que l'autre disait pour en faire autant quand son tour viendrait. Son établissement préféré était le Café Krilo. Il y fit la connaissance de Mark, le vit régulièrement, sauf durant de graves troubles partant d'une querelle sur les congés payés qui dégénéra en affrontement sanglants durant lesquels le père de Mark perdit la vie. Quand John partit de chez lui et n'eut plus que de faibles moyens de subsistance, c'est Mark qui l'aida à passer cette période difficile. Quand les combats cessèrent le syndicat dut vendre ses propriétés pour se renflouer, dont l'immeuble qui abritait le Café Krilo. Mark et John rachetèrent, avec l'aide des parents de ce dernier, et la participation de Lotte. Le café avait été ravagé mais les étages étaient habitables.

L'installation eut lieu un samedi de décembre, jour qui fut célébré annuellement avec des amis et des bouteilles.

Le questionnement de John n'est pas résolu pour autant. Comment continuer sa relation adultérine avec le directeur de l'université ?

Il était temps de rouvrir le Café Krilo ! Mais où est Lotte ?

En cette fin de vingt-et-unième siècle le Danemark, à l'image de l'Europe, connaît une grande régression socioculturelle et politique. Sous les assauts de l'église et de groupes, minoritaires, d'extrême-droite le pays, le continent, s'est replié sur lui-même. Plutôt que de combattre ceux qui le pouvaient émigrèrent, traversant des frontières fermées dans l'autre sens, laissant derrière eux un champ de ruines rappelant les heures sombres des grandes crises du siècle précédent.

Pour certains le danger vient de l'ouverture des frontières aux flots de fuyards quittant guerre et misère, BB est de l'avis contraire, dessinant un royaume ayant cédé aux sirènes toxiques du repli sur soi et des ''valeurs'' anciennes au détriment de celles qu'il juge meilleures, intégrant ici ou là quelques divinités nordiques qui n'en demandaient pas tant. Les personnages sont sympathiques et caricaturaux, groupe d'archétypes convenus, fils de bourgeois en rébellion ou ouvrier fier de l'être. Le résultat est pourtant agréable à lire par la fluidité de l'écriture et en le prenant comme une parodie.

Impossible d'éviter de désigner le ''mal'', le costume est toujours le même, c'est le nom donné au bouc qui change.

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2 octobre 2018 2 02 /10 /octobre /2018 08:01

Dossier Pour la SCIENCE 93 – Octobre-décembre 2016

Les promesses du monde QUANTIQUE

Interview de Serge Haroche par Loïc Mangin

 

Au début du XXème siècle il semblait que la physique était une science quasiment achevée. Deux problèmes pourtant subsistaient, le premier, lié à la valeur de la vitesse de la lumière, l'autre venait du spectre du rayonnement d'un corps chauffé qui n’obéissait pas aux règles de la physique classique. Reprenant l'idée de Planck, Einstein postula que les ondes lumineuses sont également constituées de corpuscules, les photons.ainsi naquit la notion de dualisme entre onde et particule. Ces questions, et leurs réponses, amenèrent la théorie de la relativité et la physique quantique.

De la dualité onde-corpuscule découlent les piliers de la physique quantique. Le premier est le principe de superposition, un système microscopique dual peut se trouver en plusieurs endroits à la fois et être dans des états d'énergies différentes. Ce concept amena la notion d'intrication. Les parties d'un système ayant interagi restent liées malgré leur éloignement. Autre conséquence de la dualité, l'onde associée à une particule est en fait une onde de probabilité.

Les concepts de superposition d'état et d'onde de probabilité sont associés au phénomène d'interférence quantique : des ondes de probabilités qui se superposent peuvent s'additionner ou se soustraire selon qu'elles sont en phase ou non, ce qui diffère des lois régissant les probabilités classiques.

La physique quantique est statistique mais elle décrit la nature qui l'est également. Tous les physiciens ne sont pas d'accord avec cette opinion, ils cherchent à dépasser le hasard pour décrire une réalité objective déterministe.

Autre problème : la gravitation est la seule force que la physique quantique ne peut décrire de façon cohérente. La théorie des cordes paraît être une réponse crédible. Aucune solution n'est encore apportée. C'est dommage car par ailleurs la théorie quantique ne rencontre que des succès, le modèle standard des particules, par exemple, est conforté par toutes les observations.

Serge Haroche poursuit ses recherches dans le domaine de l'information quantique avec l'ambition de réaliser un ordinateur quantique exploitant directement les concepts quantiques pour calculer plus rapidement et plus efficacement que les ordinateurs classiques. Malheureusement pour l'instant les systèmes fonctionnant ne sont formés que de quelques ions ou de quelques circuits. Plus grand, ils se brouillent, c'est la décohérence. En revanche les horloges atomiques ont fait de grands progrès en se fondant sur un phénomène quantique, les oscillations des électrons dans les atomes, atteignent une précison de l'ordre d'une seconde sur l'âge de l'Univers.

Ces horloges sont embarquées dans des satellites coordonnés nous envoyant des signaux déterminant notre position par triangulation avec une précision de l'ordre du mètre. Une précision qui s'améliorerait avec des horloges plus performantes qui permettraient de mesurer des variations locales très faibles du champ magnétique terrestre pour prédire l'imminence de séismes.

La physique quantique permit de mieux comprendre l'écoulement des électrons dans les solides pour produire des matériaux semi-conducteurs, de la supraconductivité et toute l'électronique moderne et les ordinateurs classiques.

La deuxième révolution est lié au développement d'appareils ou la logique quantique jouera un rôle important et direct. Ce sont la métrologie, les ordinateurs et la communication quantique. Elle est à la fois conceptuelle, exploitant l'intrication et les superpositions, et pratique, isoler des systèmes quantiques (atomes, photons...) pour les mesurer individuellement, ce qui est possible grâce aux lasers, à la supraconductivité, et aux outils nés de la première révolution quantique. Celle-ci fut conduite par des hommes motivés par la curiosité sans s'attacher aux applications pouvant venir de leurs découvertes. Des applications qui les auraient probablement surpris. De même il est impossible aujourd'hui d'annoncer les utilisations possibles de cette deuxième révolution.

La physique quantique n'est pourtant pas limitée à l'infiniment petit mais est essentielle pour comprendre la physique, même à l'échelle de l'Univers. En particulier par la détection des ondes gravitationnelles primordiales. Celles qui furent observées pour la première fois en 2016 n'étaient pas primordiales mais nées de la coalescence il y a un milliard d'années de deux trous noirs.

Cette découverte va sans doute bouleverser l'astrophysique du XXIème siècle en lui ouvrant une nouvelle fenêtre sur l'Univers.

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28 septembre 2018 5 28 /09 /septembre /2018 07:30

Frank Thilliez – 2006 La Vie du Rail – 2008 Pocket

Franck Sharko se souvient. Le temps passe mais n'efface rien. Que l'accident soit vieux d'un an ne diminue pas sa douleur. Revivre avait été difficile pour Suzanne qui réapprenait à s'occuper d’Éloïse, et un chauffard en une seconde avait tout détruit.

Et le hasard qui lui fait rencontrer, au creux des remparts de Saint-Malo le conducteur, Patrick Chartreux. Difficile de contrôler sa haine, son envie de ''faire une connerie''.

Comme si être policer, commissaire de surcroît, lui en donnait le droit.

Mais comment se retenir ?

Rentrer à Paris, vite,retrouver son appartement, et les trains miniatures sur le sol. Dormir, dormir...

Le téléphone est l'ennemi du sommeil, qu'importe son dernier jour de congé, son divisionnaire lui demande d'aller dans une église où un curé a découvert dans un confessionnal une femme morte, nue, rasée des orteils au sommet du crâne.

Exactement ce qu'il lui fallait : la traque.

 

Le lieutenant Sibersky le reçoit, le met au parfum. La mort avait les pieds liés, pas les mains, ses yeux étaient bandés par du sparadrap et son crâne était couvert de papillons, vivants. 7. Ceux qui ont une tête de mort sur l'abdomen. La victime était propre, lavée, le tueur était calme, organisé, il connaissait les lieux.

Et cette main au doigt tendu pour indiquer un message inscrit au sommet d'un des piliers rénovés : Derrière le tympan de la Courtisane, tu trouveras l'abîme et ses eaux noires. Ensuite, des deux moitiés, le Méritant tuera l'autre Moitié de ses mains sans foi et l'onde deviendra rouge. Alors, au son de la trompette, le fléau se répandra et, sous le déluge, tu reviendras ici, car tout est dans la lumière. Surveille les maux, et, surtout, prends garde au mauvais air.

Un des avantage du métier de policier est de rencontrer des gens intéressant comme Paul Legendre, professeur et conférencier à la Faculté libre de théologie protestante de Paris.

L'enquête s'annonce difficile, d'autant que Patrick Chartreux l'a reconnu. Pour tenter de contrôler son subordonné le divisionnaire préfère qu'il soit l'adjoint de la commissaire Del Piero.

En attendant, les premiers résultats sur la cause de la mort arrivent, la victime semble avoir littéralement implosée, de plus elle avait contracté une bronchopneumonie aiguë, surprenant en pleine canicule.

 

Le hasard est mutin, surtout quand une enfant vient sonner chez lui, fille d'une voisine infirmière qui travaille de nuit, qui se retrouve dehors pour avoir voulu rattraper son chat. Une enfant qu'il avait déjà remarqué alors qu'elle lisait une histoire de fantomette, la favorite d'Héloïse. Il peut la garder pour la nuit, laissant un message sous la porte de son appartement pour que sa mère vienne la chercher le lendemain.

Le hasard est vicieux qui fait arriver un mail à cet instant. La réponse de Legendre qui veut lui expliquer ce qu'il a compris. L'enfant n'apprécie pas d'être abandonné et disparaît alors que Sharko se rend chez un voisin pour lui confier la gamine.

Le policier ne veut pas perdre de temps et n'avertit pas ses collègues. Legendre lui donne le moyen de découvrir un nouveau message, qu'il se le fait voler. Ce qu'il en a lu lui permet pourtant d'avancer, et de trouver d'autres victimes.

Les moustiques rejoignent les papillons !

La nuit aura été longue, épuisante. Rentré chez lui il retrouve l'enfant qui s'était seulement caché sous le lit. Seule, l'appartement du policier lui appartenait, et Éloïse lui avait appris à faire démarrer les trains... la remarque fait un choc à Franck. Il appelle immédiatement un labo parasitaire, prend rendez-vous.

Mais que se passe-t-il réellement ?

 

15 h, les policiers, experts et autres personnes concernées par l'enquête se retrouvent dans le labo pour apprendre que la victime du confessionnal est décédée d'une forme violente de la malaria, le paludisme neurologique. Bonne nouvelle, leur risque de contamination est, seulement, de vingt pour cent.

Qui est cet assassin, minutieux, patient, si organisé qu'il peut préparer une arme biologique n'acceptant aucune erreur, et aussi dangereuse pour lui que pour les autres ? Quelle force obscure le pousse-t-elle à agir ainsi ? Un inquiétant roman de Frank Thilliez, comme les autres devrais-je dire, mais pire par les idées qu'il peut donner.

 

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19 septembre 2018 3 19 /09 /septembre /2018 07:30

Henri Vernes – William Vance – Dargaud – 1970 

Soirée télé pour Bob Morane et Bill Ballantine, ils regardent la retransmission d'un concert. Soudain quelque chose dans la musique semble différent, et nos amis sentent une étrange torpeur s'emparer d'eux. Impression brève mais à la sortie de laquelle ils conservent le souvenir d'une jeune femme, Cyrillia Sirius leur apparaissant pour leur donner rendez-vous à Orly une heure plus tard, affirmant qu'elle a besoin d'eux.

Une invitation qu'ils ne peuvent refuser !

Malheureusement l'organisation dirigé par Miss Ylang-Ylang a détecté le message télépathique de Cyrillia. Pourquoi ne pas profiter de l'invitation, même si elle ne leur était pas adressée ?

Cyrillia est à l'heure, elle se présente comme une survivante de l'antique race hyperboréenne. Celle-ci disposait d'une science très évoluée et avait mis en orbite un satellite en contenant le meilleur et capable de rester actif pendant une durée quasi illimitée. En prévision d'un cataclysme à venir les hyperboréens avaient choisi l'hibernation mais 17 seulement survécurent, ranimés trop tard pour ne pas avoir subi d'irréversibles dommages.

Le temps leur est compté et Cyrillia est venu leur demander de détruire leur satellite, ce Chevalier Noir repéré par les radars dont nul ne savait ce qu'il était. Eux seuls disposent de la force suffisante pour cela. Ce que le trio ignore c'est que leur ''conversation'' a été captée par un SMOG intéressé par le savoir des mourants, et les bénéfices substantiels qu'il en tirerait. Il lui suffit de suivre nos amis. Bob et Bill doivent s'entraîner pour supporter le vol jusqu'au Chevalier, ils ne remarquent pas les hommes qui les observent et les regardent disparaître dans le vaisseau devant les conduire à la base où ils apprendront ce qu'ils doivent savoir. Ils découvrent aussi les survivants, ou ce qu'il en reste, trop faibles pour agir, voyant venir une fin qu'ils ne peuvent éviter.

À l'extérieur les hommes de Miss Ylang-Ylang arrivent, Morane et son comparse décollent pour le satellite qu'ils atteignent peu de temps avant les envoyés du SMOG. Vont-ils réussir, sauver les secrets hyperboréens en les détruisant ? Le suspens est ''insoutenable'', mais la qualité du scénario et des dessins nous entraînent dans l'action jusqu'à la conclusion, attendue.

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7 septembre 2018 5 07 /09 /septembre /2018 08:00

 Stephen King – 2013 – Albin Michel 

 

Automne 1973, le plus beau de la vie de Devin Jones, quarante ans plus tard il peut le dire ! À cette époque le ciel de la Caroline du Nord était dégagé et l'air doux, même à 7 h du matin quand il quittait son appartement.

Son rituel est bien établi, un arrêt chez Betty, la boulangère, pour acheter deux croissants.

Le plus bel automne qui vit son cœur se briser à cause de Wendy Keegan. Ils s'étaient connu au cours de leur première année à l'université du New Hampshire. Tout allait bien entre eux, jusqu'à ce que Wendy trouve pour l'été un boulot chez Filene, à Boston. Elle lui murmura qu'ainsi elle pourrait avoir sa chambre... eux qui n'avaient eu l'occasion de le faire.

Lui retrouvait son travail à la cafétéria, à nettoyer le sol, à remplir les lave-vaisselle.

Pourquoi ne pas trouver un autre travail, et cette petite annonce proposant un job à Joyland ? Wendy l'avait poussé à postuler.

Quarante ans plus tard Devin se demandait encore pourquoi il n'avait pas été assez bien pour elle qui avait préféré le lit du premier venu.

 

Joyland était un parc indépendant, suffisamment grand pour en mettre plein la vue, et quand le jeune homme s'y rendit, encore en travaux avant la saison. Histoire de faire connaissance avec les lieux il commence par un tour de grande roue, avec arrêt au sommet.

Génial !

Histoire d'être plus près de son travail il peut s'installer chez Mrs Emmalina Shoplaw, il sera à quelques minutes du parc et pourra venir à pied.

Et puisqu'il fait partie de la maison son nouvel ami, Lane Hardy, lui avoue qu'il y a une maison hanté dans le parc. La Maison de l'Horreur. Ce n'est pas qu'une attraction, le train fantôme en l’occurrence, il y a une vraie fille fantôme à l'intérieur.

Mrs Shoplaw possède quatre chambres mais n'a qu'une autre pensionnaire, miss Ackerley, la bibliothécaire.

Quand au fantôme la logeuse ne peut l'affirmer, en revanche il y a bien une histoire de meurtre. Et puisque Devin veut en savoir plus elle veut bien lui raconter ce qu'elle sait. La victime s'appelait Linda Gray et venait de Florence, en Caroline du Sud.

Son meurtrier l'avait égorgé à la moitié du train fantôme.

Un journaliste découvrit quatre autre crimes pouvant être imputé à l'assassin de Linda Gray. Celui-ci n'avait pas été arrêté, tout ce que l'on savait de lui est qu'il avait un tatouage d'oiseau sur la main.

Vous connaissez Stephen King et imaginez des scènes atroces, des créatures fantastiques et terrifiantes. Rien de cela ici ou l'intrigue sert de justificatif au roman qui est plus le regard d'un homme sur son passé, King lui-même peut-être est arrivé à l'âge de regarder en arrière plutôt qu'en avant. Devin est plein d'ambitions, il se voit écrivain, marié, père... alors que la vie va raboter ses illusions et lui apprendre que les rêves se réalisent rarement. Pour autant que ce soit une bonne chose qu'ils le fassent, mais que c'est dans la nature de l'être que de se projeter dans le futur en l'auréolant de réussite professionnelle et personnelle.

L'existence pourtant est faite de petites joies qui avec le temps ramènent les grandes peines à une plus juste proportion.

Sympa de regarder le monde du haut de la grande roue, mais il faut redescendre. Ce qui n'est pas si mal.

Non ?

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29 août 2018 3 29 /08 /août /2018 07:30

Pour la Science 471 – Janvier 2017

La guêpe émeraude et sa blatte-zombie

Christie Wilcox

 

Elle est petite, colorée, mais son venin, qu'elle injecte à une blatte transforme celle-ci en repas vivant pour sa descendance. Bel exemple de manipulation neurologique d'une espèce par une autre.

Si les blattes font des cauchemars il est probable que les guêpes émeraude Ampulex compressa en sont une cause première.

Ce petit insecte prend le contrôle du système nerveux de la blatte qu'elle donne à sa progéniture. Il ne s'agit pas, comme au cinéma ou à la télévision, d'un virus mais d'un venin spécifique agissant comme une drogue sur le système nerveux de sa victime.

Ceux-ci, chez les humains ou les insectes, ne sont que des assemblages de neurones. Il existe des millions de composés venimeux pouvant activer ou désactiver des neurones, logique donc que des venins puissent agir sur le système nerveux central. Même injectés loin du cerveau certains l'atteignent en franchissant les barrières de protection comme la barrière hématoencéphalique. D'autres, comme chez l'Ampulex, sont injectés directement dans le cerveau.

 

La guêpe émeraude est une démonstration magnifique et terrifiante que les venins neurotoxiques peuvent faire plus que paralyser. Elle est étudiée depuis des années par les biologistes, en particulier Frédéric Libersat et ses collègues de l'université Ben Gourion. La guêpe, d'une taille de la moitié de sa victime, attaque par dessus, fond sur la blatte, la saisit avec ses pièces buccales en introduisant dans le thorax de sa proie son aiguillon. Cela en quelques secondes, le venin agit rapidement ce qui permet à la prédatrice une autre injection, directement dans les ganglions cérébraux, l'équivalent du cerveau de l'insecte. La guêpe cible spécifiquement ces ganglions, enlevés pour une expérience elle les cherche malgré tout.

La blatte passe ensuite une demie heure à faire sa toilette. Peut-être une action du venin afin que le repas qu'elle est devenu soit débarrassé de ses champignons et bactéries, ou une façon d'attendre la suite. L'un ou l'autre de ces comportements probablement induit par la dopamine contenue dans le venin.

La dopamine se retrouve dans le cerveau d'une grande variété d'animaux avec des effets fondamentaux. Elle fait partie pour nous du ''système de récompense'', nous procure une sensation de bien être mais est aussi liée à des comportements addictifs et aux sensations obtenues avec des drogues comme la cocaïne. La blatte ressent-elle un moment d'euphorie ? Espérons-le compte tenu de ce qui l'attend !

La guêpe se détourne pour chercher un terrier où elle laissera son œuf, quand elle revient la blatte perd toute envie de s'échapper. La première dirige son gibier vers le nid, pond, et fixe son œuf à la base d'une patte de sa proie, la génération suivante trouvera de quoi s'alimenter. Le venin se dissiperait, mais le cafard est mort. 

La blatte conserve sa perception de l'environnement mais ne peut plus réagir comme elle l'aurait fait auparavant.

Le venin cible certains canaux ioniques présent sur la membrane des neurones, les canaux chlorure GABA-dépendants. Le GABA est un important neurotransmetteur du système nerveux animal. Le venin inhibe l'activité cérébrale qui pousserait la victime à fuir, de plus il inactive aussi temporairement les neurones moteurs. Un seul venin, deux effets, la nature fait bien les choses. De plus il ralentit le métabolisme de la blatte qui sera consommable plus longtemps.

Le bébé guêpe commence par absorber l'hémolymphe puis s'introduit dans l'abdomen de sa ''nourrice'' pour la dévorer de l'intérieur avant de se métamorphoser en pupe. Après un processus durant un mois, l'imago émerge abandonnant la carcasse de celle qui lui permit de vivre et grandir.

Le venin de la guêpe émeraude n'est qu'un exemple, extrême certes, de venin neurotoxique. Des dizaines de milliers d'espèces sont connues pour l'effet manipulateur de leur venin. Adultes elles se nourrissent normalement, larves, elles consomment d'autres animaux. Mi-indépendantes, mi-parasites, ce sont des ''parasitoïdes''. L'émeraude cible la blatte, d'autres utilisent des araignées, des chenilles, des fourmis... l'Agriotypus plonge, jusqu'à 15 minutes sous l'eau, pour fixer ses œufs sur des larves de phryganes, les Lasiochalcidia passent les mandibules d'un fourmilion pour déposer leurs œufs dans sa gorge. Mieux, des guêpes hyperparasitoïdes parasitent d'autres guêpes, comme les Lysibia nana. Cela peut aller jusqu'à des espèces se parasitant l'une l'autre, conduisant à une poupée russe d'interactions parasites.

Le ''zombie'' se fait parfois protecteur de la guêpe qui la dévore !

D'autres animaux venimeux produisent des toxines modifiant les états mentaux jusqu'à traverser notre propre barrière hématoencéphalique, ce qu'aucun venin de guêpe ne réalise.

Nous autres (sauf moi bien sûr !) , avons une affinité pour les substances perturbant notre cerveau. Les blattes fuient quand certains sapiens paient pour une dose qui leur fait connaître une expérience similaire.

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27 août 2018 1 27 /08 /août /2018 07:30

Hervé Gagnon – Hurtubise – 2010 

En cet automne 1185 Philippe II Auguste entame son règne. L'été avait été pluvieux et frais, l'hiver s'annonçait rude ! Les villages de la seigneurie de Rossal s'y préparaient, leurs habitants savaient déjà que la faim accompagnerait le froid.

Le seigneur de Rossal était Florent, et son domaine n'était qu'une constellation de hameaux. Petit, chétif, calme et compatissant, il entrait dans la cinquantaine et voyait les revenus de son fief allait dans les poches de son suzerain, le baron de Sancerre. Lui était généreux et agissait au mieux pour adoucir les conditions de vie de ses serfs.

À son grand désespoir il restait sans postérité, non sans faire ce qu'il pouvait pour engendrer un hériter mais même sa troisième épouse ne répondait pas à son attente. Un jour pourtant Nycaise se révéla enceinte. Le futur père était heureux, enfin. S'il avait su ce qu'il adviendrait il eut étranglé son enfant dès son apparition.

L'accouchement fut long et douloureux. L'enfant été voilé, son visage était drapée d'une membrane blanchâtre masquant ses traits que l'accoucheuse arracha et jeta au feu. Pour chacun cela signifiait que le nouveau né était maudit porteur de malheur.

Florent décida qu'il vivrait, nul ne lui en aurait voulu qu'il fasse un autre choix ! Le Père Théobald Prelou fut chargé du baptême qu'il compléta de quelques paroles d'exorcisme. L'enfant fut appelé Gondemar.

De grandes festivités marquèrent l'événement, jusqu'à ce que le peuple ait connaissance de ce qui s'était passé. À peine né l'enfant était déjà un paria redouté. Un stigmatisé !

En 1190 les conditions ne s'étaient pas améliorées, nul que le futur seigneur des lieux en était responsable. Un dimanche à la sortie de la messe, sur le parvis se tenait un prédicateur, un de ces errants prêchant de village en village. Un homme sinistre et sans âge vêtu d'une peau de bête crasseuse laissant paraître une maigreur quasi cadavérique.

''Gerbaut de Gant ! '' s'écria Ylaire, la sage-femme du village. Un ancien tisserand qu'un incendie avait privé de ses biens, et de son esprit, disait-on, et qui affirmait avoir reçu une illumination divine.

Gerbaut se lança dans les anathèmes prévus, annonçant le jugement à venir et la sanction inévitable pour qui ne ferait pas repentir. Satan était là, dans le village, il fallait se méfier des adhérents à la Grande Hérésie qui gangrenait les régions du Sud. Ayant dit il passa devant les habitants réunis et révéla les secrets les plus intimes de quelques-uns. Devait-il être sorcier autant que prophète pour connaître les vices de chacun ! Même le père Prelou fut soumis à ses accusations, fondées elles aussi.

Finissant son show il montra du doigt le fils de Florent et prévint qu'il apporterait la mort serait damné, maudit pour l'éternité.

Gondemar eut une enfance solitaire, rejeté qu'il était par les autres enfants du village qui ne craignent pas de le maltraiter. Ainsi apprit-il les conditions de sa naissance et cette malédiction d'être né voilé alors qu'il n'y était pour rien. L'enfant grandit bien, sans le moindre problème de santé, acquérant rapidement une stature exceptionnelle surmontée d'une épaisse chevelure rousse. Le père Prelou devint son précepteur, lui apprenant à lire, écrire, compter. Il possédait de nombreux livres traitant d'architecture, de philosophie, d'histoires... dont celle de Perceval, héros en quête du Saint-Graal dont les aventures étaient contées par Chrestien de Troyes. Il apprit le latin et comprit que le monde était plus grand que Rossal, puis la mathématique, et les mystères de la religion. Un bon chrétien doit préparer sa mort sa vie durant aimait à répéter le père, une bonne vie et une bonne mort, voilà le secret du paradis

À 11 ans Gondemar en sait autant que le prêtre. Sa solitude n'est brisée que par ses parents, Prelou, et Pernelle. Il avait rencontré cette dernière à la faveur d'un attentat commis par les autres enfants du village désireux d'améliorer la situation en le tuant. Jeté dans un puits où il aurait dû mourir de faim. Entendant ses cris elle l'avait sauvé. Pernelle n'était pas belle, elle boitait, ses dents inégales étaient gâtées et son visage portait les séquelles de la vérole à laquelle elle avait survécu. Elle était blonde et ses yeux dégageaient une grande chaleur.

Gondemar eut ainsi sa première amie.

À 13 ans Gondemar est désigné successeur de Florent,une broche en fer l'attestait aux yeux de tous.

En cet automne 1198 la chaleur annonçait de piètres récoltes, les mouches à blé étaient repues. Une bande de brigands menée par Onfroi avait fait irruption sur la place du village, ils prirent ce qu ils purent, tuèrent Papin, violèrent Pernelle puis s'en allèrent.

À son retour Florent se désola, mais qu'aurait-il pu faire ? Il prit alors une décision dont les conséquences allaient être fatales.

Pernelle se renferme, elle ne veut plus voir personne, encore moins Gondemar, si elle ne s'était pas interposée aurait-elle subi le même sort ? L'adolescent regrette son état, sa naissance, sa vie. Il ne peut faire que les gens l'aiment mais il peut justifier qu'ils le redoutent même s'il justifie l'anathème jeté sur lui, cause et effet se superposant.

D'abord se venger de ceux qui tentèrent de le tuer, le meneur avait été, avec sa famille, exilé, les autres connurent la fosse creusée pour lui sans personne pour les en sortir.

Florent revint accompagné d'un homme : Bertrand de Montbard. Son visage portait la marque du coup d'épée qui l'avait frappé et éborgné. Son œil restant était d'un bleu de ciel d'été et son regard semblait voir jusqu'à l'âme. Le seigneur de Rossal allait devenir maître d'armes et protégerait le village, il devrait aussi enseigner son savoir de Templier à Gondemar.

L'éducation commencerait dès le lendemain matin.

Il allait apprendre à tuer.

Lui manquait un cheval, il le trouva, Sauvage serait son nom. Mais moins que son maître.

Gondemar est un élève doué qui va vite devoir mettre en pratique ce qu'il a appris, avec succès comme on s'en doutait. Et Onfroi revient dans la région...

L'enfant né voilé suit le chemin tracé par sa naissance, pour l'accompagner du côté de Rossal ouvrez ce livre, heureusement il ne s'agira pour vous que de lecture.

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