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6 octobre 2009 2 06 /10 /octobre /2009 06:08


 

Silence, premier témoin de la création, tu fus le commencement, tu seras la fin.

Tu es la vie, tu es la mort.

Léger, tu sais être pesant, voire lourd de sens.

J'aimerais te dédier un hymne, mais quelles paroles pourraient te louer !.

Ta discrétion n'a d'égale que ta puissance.

Ton frère, le calme, veut te ressembler.

Ta sœur, la paix, est toujours en guerre.

Tu deviens secret lorsqu'on veut te "garder". Échappant alors aux autres, tu les agaces.


On demande souvent, comme par hasard à ceux qui te méconnaissent, de te "respecter", voire de "t'observer"… ne serait-ce qu'une insupportable minute.

On ferait mieux de te prier, tel un Dieu.

Tu affectionnes les sables du désert, la haute mer, les abysses, les grandes plaines, les cimes désertes, les rivières, les forêts, le cadre choisi d'une abbaye cistercienne. Tu protèges et enveloppes, sans jamais les étouffer ceux qui croient en toi pour mieux habiter leur âme.

Tu as des amis plus modestes : les grillons, les oiseaux, le bruissement des feuilles, le clapotis des ondes, ceux qui font le chant de la Terre et qui, loin de te déranger, t'accompagnent en amis discrets, virtuoses chevronnés.

Partie intégrante de son rythme, tu fais respirer la musique, et, sans toi, aucun instrument ne saurait s'exprimer dans une parfaite plénitude.

Tu as hélas de nombreux ennemis : le verbiage, le vacarme des moteurs, les cris, les querelles, de prétendues musiques, les fusils, les canons, tous ceux qui craignent de te rencontrer… Entends-tu notre planète, cet immense théâtre d'horreurs, crier au seuil de l'apocalypse, dans le fracas des bombes : "silence, je tourne"… ?

Bienheureux les malentendants, ton royaume leur appartient !

On ne te gagne pas, on te mérite.


Ignorant ton éternelle disponibilité, certains veulent "t'acheter" sans doute parce qu'on leur a dit que tu valais de l'or !

Je me souviens de cette première nuit en Chartreuse où je venais de quitter la ville. Sans me prévenir, tu as empli ma demeure. Comme je ne te connaissais pas, un instant j'ai eu peur. Depuis, fidèle ami, mon amant, tu ne me quittes plus.

Chaque soir, je n'entendais pas venir ta petite complice, féline, délicate et soyeuse, jusqu'au moment où elle posait son doux menton sur le dos de ma main pour murmurer en ta compagnie son air favori, intarissable et lénifiant.

Lorsqu'il n'y aura plus que la nuit, ornée de sa grande lettrine, tu seras encore là, sublime pour toujours.


Jacques APPAR

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commentaires

A
<br /> Merci Monsieur Appar pour ce brillant  éloge du silence. Souhaitant à mon tour lui rendre hommage, mais n'ayant pas votre verve, je me tais ... Il comprendra.<br /> Amitiés et bon mardi<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Ainsi sera-t-il !<br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br />

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