- Vois donc ce bel enfant et ses yeux grands ouverts,
Devine-t-on en lui ce qu'un jour il sera ?
- Duquel le pourrait-on, entre l'ange et le rat,
Mille chemins sont tendus, si vaste est l'univers.
- Cela est vrai, mais lui brisera l'ordinaire,
Niera le paradis, traversera l'enfer,
Au désert survivra, comme aux chaînes de fer.
Pour amie la douleur, pardon pour adversaire.
- Pourra-t-il dépasser le pire que nous conçûmes,
Apaiser sa furie, oublier la douceur ?
Libérer son esprit, absorber la noirceur,
Nos fardeaux délaisser, ces besoins qui consumes !
- Si un être le peut, céder à ses pulsions,
À genoux, essoufflé, son âme agonisante,
Pouvoir se relever, sa volonté tremblante,
Le plaisir à ses pieds, dominant ses passions.
- La Création est donc un chemin compliqué,
Qu'il faille avoir goûté, pour en avoir saisis le sens,
Aux poisons qu'elle distille, le bonheur est absence.
À lui d'abandonner les autres sur le quai.
Dans les vastes prairies de la crédulité,
Il s'en iront brouter, sans âme et oublieux,
Qu'un temps fut où ils virent de l'espoir dans les cieux,
La conscience vidée, viendra l'éternité.
- Regarde le bouger, entend-t-il nos pensées ?
- Il sait que nous serons, toi parrain, moi marraine.
L'idéal incarné, quand la vie n'est plus vaine,
Vice et perversité sur lui se sont penchés.