Amos Tutuola (1920-1997) - (my life in the bush of ghosts -1954)
Belfond - littérature étrangère
ISBN 2-7144-2118-0
Traduction : Michèle Laforest
Réédition 10/18 1993
Ces deux éditions sont épuisées.
(Couverture française introuvable)
Porté au théâtre à Avignon, mis en scène par Guy Lenoir, avec Isaach de Bankolé.
Un album de Brian Eno et David Byrne paru en 1981 porte également ce
titre.
Né à Abeokuta au Nigeria, son père, Charles, était fermier. Tutuola entend son premier conte en Yoruba à l'âge de 7 ans. À la mort de son père en 1938 il doit quitter le Salvation Army primary school défiitivement et s'occuper de l'exploitation familiale. La vie de fermier ne
lui convient pas et en 1940 il part pour Lagos où, durant la Seconde guerre mondiale il travaillera pour la R.A.F. Le conflit terminé il fera de nombreux petits boulots.
En 1946 paraît son premier livre The Palm-Wine Drinkard. Amos Tutuola, Nigérien, écrit dans un anglais proche de l'oral. En 1954 paraît My Life in a bush of ghosts, l'histoire d'un enfant de huit ans échappant à un raid de marchands
d'esclaves pour se retrouver seul dans une brousse peuplée d'esprits et de fantômes, une brousse au cœur de la forêt tropicale, un lieu résistant aux assauts du « progrès ». Ainsi que
resterait-il en nous de ce que nous sommes vraiment si comme cet enfant nous étions confronté à des croyances que nous pensons extérieures, lointaines, oubliées peut-être ?
Bien sûr ce livre remonte à plus d'un demi siècle, une autre époque pour bien des gens mais ce livre nous permet de mettre entre parenthèse la réalité technologique de notre temps pour nous
ramener à un âge où rêves et terreurs se mêlent et viennent d'un temps que nous croyons enfouis si profondément qu'il est destiné à rester inaccessible. Du point de vue du lecteur je dirais que
le plaisir est d'autant plus grand de retrouver des émotions enfantines, spontanées, sans être puérile au sens benêt du terme, qu'il est possible de fermer le livre, lu pour le Défi des Littératures de l'imaginaire sur les 5 continents, pour le rouvrir plus tard.
Sympa d'épouser une fantôme (ça arrive dans la réalité !), d'être transformé en vache (no comment !), en tronc-chantant (à ne pas confondre avec un étron-chantant...), d'être enfermé dans une
amphore et embarqué... Le lecteur, lui, est entraîné bien loin de son quotidien, et, franchement, ça fait du bien. Alors laissez-vous prendre par l'imaginaire, vous m'en remercierez, un peu, et
serez redevable à Amos Tutuola de nous ouvrir à la culture yoruba. Passez de la Ville-sans-Nom à la Ville-sans-Espoir jusqu'à la Vallée de la Perte ou du Gain, qui sait ce que vous garderez de
votre rencontre avec Superlady... Un seul regret, devoir lire, écouter serait tellement mieux !
Raymond Queneau traduisit L'ivrogne dans la brousse en 1953, certains crurent qu'il en était l'auteur sous un pseudonyme. La littérature
africaine, à l'époque, semblait improbable.
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