- J'ai ramassé dans mon jardin
Des tintements d'un clocher voisin
Apportés par le vent et l'envie que demain
Au jour naissant ne me reste plus rien.
- J'ai redessiné mon jardin en long,
Entre deux collines, dans un vallon,
Y aie semé quelques blés blonds
Fait mes devoirs, appris mes leçons.
- De mon jardin les boutons d'or
Garnissent les murs de mon décor.
Ils me disent quel fut mon sort,
Pourquoi ces traces sur mon corps.
- Dans mon jardin il est un lieu,
Garni de ruches sur fond de cieux.
Pour quelles s'y noient je les veux bleu
Bourdonnantes de vie quand il pleut.
- Au fond de mon jardin il reste un mur
Couvert de baies, groseilles et mûres,
Une maison qu'en mon âge mur
Je sais envahi des spectres qui m'eurent.
- Et m'enfer mère dans une seigneurie,
Où je suis un serf, un valet soumis
À des regards froids et aigris
Dans ce jardin où nul ne rit.
- Des mots sillon creusant sans cesse
La terre de centre où ne passent
Que des peut-être qui me blessent,
Qui ne germent qu'en promesses.
- Quelle eau potable irriguerait
Un temps perdu et oublié
Sur ce puits je me penchai
Sans voir mon ombre ou mon reflet.
- J'ai pris l'échelle, l'ait accroché,
À la margelle, me suis glissé
Dans l'illusion, l'halluciné,
Dans ce jardin, qu'ai-je amassé ?