Oscar Wilde – 2016 – traduction de François Dupuigrenet
Desroussilles
Qu'un pêcheur tombe amoureux d'une sirène aux cheveux d’or humaine, au corps semblant fait d'ivoire, à la queue d'argent et de perle, n'a rien de surprenant, si ce n'est qu'ici cette dernière ne pourra l'aimer que s'il abandonne son âme. Celui-ci accepte, après tout une âme est-ce que c'est utile et pas, souvent, une gène ? Reste qu'il faut trouver le moyen de s'en débarrasser ce qui n'est pas facile. Entre l'âme et l'amour la différence est-elle grande ? Sous le regard lucide, armé du style acéré qui est le sien, Wilde dessine le jeu du désir, l'apparence de l'amour et les risques qu'il fait prendre. Pour le corps de sa belle sirène le pêcheur fait appel à la sorcellerie afin de se séparer de l'obstacle le séparant de son amour. L'âme ne renonce pas pour autant à son hôte et se rappelle à son bon souvenir régulièrement.
Ainsi que l'écrit Wilde ''On ne peut sacrifier son âme à l'amour d'une chimère, fût-elle d'une beauté sublime, sans avoir à en payer le prix''. Tout est dit, le pêcheur renonce à son âme pour aimer une image, ce qui ne peut que le conduire à un destin funeste. Dont l'auteur semble se délecter, et nous avec lui.
La mort comme solution... oui, c'est la seule.
La beauté est un avantage, Oscar nous l'a démontré dans son Portrait de Dorian Gray, à nouveau il est question de l'apparence et de ce que celle-ci peut dissimuler, de moins beau, quand l'esprit est trop conscient du masque physique qui est le sien et en est perverti par le pouvoir qu'il possède.
L'enfant étoile renie sa mère naturelle en découvrant qu'elle n'est qu'une mendiante mais la vie est impitoyable et ses errements vont altérer son apparence jusqu'à l'amener à s'interroger, et, peut-être, espérer le pardon de sa mère. À mépriser autrui on en devient méprisé, méprisable. La rédemption est-elle accessible ?
Des animaux peuvent représenter des humains, nous le savons depuis longtemps mais ici quand l'un veut ouvrir les yeux à l'autre sur ce qu'il est nous savons que la morale ne sera pas celle que La Fontaine eut rédigée.
Et c'est tant mieux.