01net Hors-Série – Juillet-Aout 2016
ROBOTS
Stéphane Barge
Bionic Ant ne s'arrête que pour recharger ses batteries cachées sous son abdomen. Après quoi, déployant ses deux petites antennes contre une borne électrique, elle repart rejoindre ses copines au turbin. Pour concevoir cette abeille robot, les ingénieurs de Festo, une start-up allemande, ont copié la morphologie des vrais insectes, l'ont doté d'antennes, de six pattes et de petites mandibules pour saisir des objets.
BA, si bien nommée, ne travaille pas seule, son cerveau est trop petit pour résoudre les casse-tête et ses capacités physiques trop faibles pour rouler les mécaniques. En présence d'autres ''animat'' identiques elle réalise des prodiges. Chez les créatures high-tech aussi l'union fait la force ! Bionic Ant est une pionnière de cette discipline de ''robotique collaborative'' consistant à associer plusieurs micromachines, individuellement faibles mais capable de communier et d'unir leurs efforts pour assurer des tâches complexes. Il existe plus grand, plus gros, des fourmis géantes pesant une centaine de grammes et grandes comme la main. Les chercheurs de Stanford suivent cette piste ont montré comment six ''fourmis'' de 12 grammes chacune, collaborant, pouvant déplacer une berline d'1,8 tonne. Rapporté à notre taille cela reviendrait à déplacer la tour Eiffel pour six humains !
Les fourmis ne sont pas les seuls préférés des roboticiens. À Harvard des ingénieurs associés à des biologistes ont développé des essaims de drones abeilles dont les muscles, élaborés à partir de matériaux piézoélectriques font battre leurs ailes jusqu'à 120 fois par seconde. Les chercheurs envisagent de les utiliser pour polliniser les cultures, en renfort des vraies abeilles de plus en plus rares. D'autres essaient de créer des nanopoissons électroniques qui, injectés dans notre corps, déboucheraient nos artères.
Mieux, ou pire, MagnetoSperm, engin microscopique imaginé par des scientifiques hollandais doté d'une tête et d'un flagelle pour se déplacer à la façon d'un spermatozoïde. Ses ''pères'' imaginent l'utiliser pour des opérations de fécondation in vitro.
En attendant que les robots n'aient plus du tout besoin de nous. Ce qui arrivera, inéluctablement.