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16 janvier 2019 3 16 /01 /janvier /2019 09:13

01net Hors-Série – Juillet-Aout 2016

ROBOTS

Stéphane Barge

Il suffisait qu'un convive lui présente son verre et elle le remplissait de vin coupé avec un peu d'eau lors d'un dîner chez Philon de Byzance. Rien d'extraordinaire pensez-vous, à tort, car cette servante était un automate et Philon pouvait être fier de l'avoir fabriqué, au troisième siècle avant JC.

Ce n'est pourtant pas là l'automate le plus ancien qui aurait existé, un siècle plus tôt, le pythagoricien Archytas de Tarente, grand ami de Platon, avait conçu une colombe de bois, révèlent Agnès Guillot et Jean Arcady Meyer dans La bionique – Quand la science imite la Nature (Dunod). Cet oiseau, ancêtre de nos drones, volait sur une centaine de mètre grâce à des jets

d'air comprimé, expulsés par une vessie d'animal placée à l'intérieur. Plus ancien, mais plus simple, en 800 avant JC, dans l’Égypte antique, une statue du dieu Amon bougeait son bras pour désigner le nouveau pharaon, ainsi que le rapporte Jean-Claude Heudin dans Les créatures artificielles – Des automates aux mondes virtuels (Odile Jacob).

À l'époque la religion motive la conception de ces machines qui reposent souvent sur un ingénieux assemblage de cordes et de poulies. Leurs mécanismes dissimulés dans des statues servaient aux oracles à illustrer, et crédibiliser, des manifestations divines pour impressionner le peuple. Afin d'exécuter une action ces appareils nécessitaient une intervention humaine. Il fallut le génie de Ctésibios d'Alexandrie, un grec, prédécesseur pour quelques années, de Philon de Byzance, pour les autonomiser. Féru d'hydraulique et de mécanique ce fils de forgeron se fit la main en inventant une horloge à eau si précise que son cadran faisait exactement un tour par année solaire. Par la suite il construisit une machine qui jouait seule de la musique. Cet ancêtre de l'orgue de Barbarie reposait sur un

enchevêtrement de pompes, de pistons et soupapes reliés à une dizaine d'instruments à vent. Ses travaux fut compilés quatre siècles plus tard par Héron d'Alexandrie qui dressa notamment les plans d'un distributeur d'eau automatique avant de rédiger un traité consacré à la confection d'automates. Les Arabes appliquèrent ses principes, exploitant la force élastique et motrice des gaz sous l'effet de la chaleur et de la pression. À Bagdad, vers 800, après JC, les jardins du calife Harun Al-Rachid étaient peuplés d'oiseaux et de créatures mécaniques. Androïdes qui influenceront les européens dès la renaissance.

En effet au Moyen Âge le clergé voyait d'un mauvais œil ces imitations d'une vie que seul dieu pouvait octroyer. Qui prenaient le risque de transgresser cet interdit risquait de se voir condamner au bucher. Ces intégristes modifieront leur point de vue en voyant que ces mécaniques leur épargnait les corvées d'angélus. Au XIVe siècle naquirent les jaquemarts, personnages de plomb faisant tinter les cloches à la place des curés. Le premier fut perché en 1383 sur Notre-Dame de Dijon. Plus tard l'automate devint un signe extérieur de richesse. En son château d'Hesdin, en Picardie, le duc d'Artois invitait ses visiteurs à se promener au milieu d'oiseaux, de musiciens et autres créatures qui les arrosent ou leur souffle de la farine au visage.

Leur âge d'or survint au XVIIIe siècle. L'ingénieur grenoblois, Jacques de Vaucanson, en 1738, fit sensation avec son Canard mécanique à l'Académie des sciences. Chaque aile de ''l'animal'' était constituée de 400 pièces, il pouvait allonger le cou pour prendre le grain dans une main, l'avaler, puis le digérer après l'avoir transformé en bouillie et l'expulser. Voltaire n'hésita pas à comparer l'inventeur à Prométhée, Titan réputée avoir façonné les hommes de ses mains. Joseph-Marie Jacquard s'inspirera plus tard de ses travaux pour fabriquer son métier à tisser.

En 1774 la famille d'horlogers suisses Jacquet-Droz s'approchera du robot avec l'Écrivain, une merveille capable de mémoriser et tracer un texte de 40 signes. Joseph Faber créa, lui, Euphonia, machine capable de tenir une conversation dans n'importe quelle langue européenne. Pour l'activer Faber utilisait pédales et claviers régulant le passage de l'air pour reproduire les phonèmes de base à travers un système imitant la langue et larynx humains. Euphonia est l'ancêtre de la synthèse vocale.

Au XIXe siècle la vogue des automates s'étend à toute la planète, cent ans plus tard les automates mécaniques font leur apparition dans les vitrines pour appâter le chaland. L'électricité reléguera ces machines mécaniques aux oubliettes. Seleno est le premier chien électrique, inventé par Hammond et Miessner, il faut éclairer ses yeux pour le faire avancer. D'autres suivront jusqu'à Aibo, le toutou de Sony des années 90.

c'est vrai qu'un chien robot ne meurt pas...

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