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TROUVAILLE
Je n'ai jamais cru ce que l'on me disait, ou racontait, déjà lorsque j'étais enfant, aussi je ne saurais vous en vouloir si vous n'apportiez aucun crédit à mon histoire, tout en insistant sur le fait que cela ne saurait avoir la moins importance pour moi ainsi que vous le comprendrez si vous voulez bien lire ce texte jusqu'à sa conclusion.
À dire la vérité moi-même, encore à cet instant, j'ai quelques difficultés à le croire, mais vous jugerez par vous-même.
Cela remonte à une époque où j'étais cow-boy, travaillant durement pour gagner peu, mais ma jeunesse supportait cette existence, ces moments où l'on s'applique à survivre, où l'instant se suffit à lui-même, l'ouest américain alors restait à conquérir, à civiliser pourrais-je dire selon la vision de l'époque. Les hommes, les animaux, les éléments étaient brutaux et nseuls survivaient ceux qui pouvaient s'adapter à une nature perfide jouant avec ses créations, ses créatures jusqu'à les détruire comme un enfant balaie son château de cartes pour en construire un autre, éternel insatisfait n'ayant de plaisir que dans la construction l’œuvre achevée n'ayant ni sens ni intérêt.
Avions-nous tant évolués depuis la maîtrise du feu, ce premier pas sur la conquête de notre environnement ? D'abord dominer la Terre avant de nous tourner vers le ciel, mais je m'égare, les mots m'emportent, m'éloignent de ce que je veux, de ce que je dois relater.
Nous avions voyagé, mes compagnons de labeur, et moi, vers le sud du Texas, atteint l'océan, laissés nos chevaux pour avancer vers la plage. La nuit approchait, le soleil s'enfonçait derrière l'horizon, nous marchions quand je heurtais du pied quelque chose. Un caillou pensais-je en me baissant par réflexe pour regarder. J'aperçus un éclat brillant reflet du soleil sur une surface lisse. Je me baissais alors que mes camarades avançaient sans se soucier de moi. Je sortais du sable humide un objet, long, cylindrique, métallique. Je ne dis rien çà mes amis et le glissais dans ma poche discrètement. Nous nous arrêtâmes plus loin, établirent notre campement, mangeant rapidement avant de nous coucher. Après une journée fatigante dormir ne posais jamais de problème. Sauf pour moi, je sentais l'objet dans ma poche comme s'il diffusait une douche chaleur.
Sûr que mes camarades dormaient je me levais,m'éloignais, il fallait que j'en sache plus. La faible lumière de la lune me permit de découvrir une espèce de capsule, une boite oblongue que je parvins à ouvrir pour découvrir une feuille roulée que je pris, dépliais, sans parvenir à lire quoique ce fut. Je sais maintenant qu'il n'y avait rien. Cette nuit-là. Déçu je rentais et rejoignis les autres dans le sommeil. Je rêvais, alors que cela m'arrivait rarement. Je me vis debout sur la plage dans un décor où rouge et noir se mêlaient jusqu'à m'aspirer. Je me réveillais brusquement avant même que le jour en ait fait autant, le cœur battant sans que j'en comprenne la raison, debout je tentais de réveiller mes compagnons qui ne bougèrent pas, j'allais les bousculer, les traiter de flemmards quand, m'approchant, je découvris qu'ils étaient morts, la gorge tranchée, tous.
Étant le seul survivant et des images de mon ''rêve'' revenant, je compris vite ce qui était arrivé et mon évidente culpabilité.
Je traînais les corps vers l'eau, les abandonnais et partis alors qu'il me semblait entendre des créatures sortir de l'eau. J'attendis quelques minutes et quand je me retournais découvrir que les cadavres avaient disparus. J'héritais de leurs affaires, de leurs chevaux dont je tirais un bon prix.
La nuit suivante je découvris les premiers mots sur le feuillet,rédigés dans une langue inconnue mais qui me dit quelque chose.
Depuis bien des années ont passé, des décennies, presque deux siècles. Je sais maintenant ce que dit le texte dans la capsule, dans quelle langue il est rédigé. Comment je survécus, vous l'avez compris et si je peux rédiger ce qui ressemble à une confession c'est que l'heure du départ est arrivée. Je suis revenu à l'endroit de ma découverte pour la remettre à l'endroit même où je l'avais faite, comme d'autres le firent avant moi, comme d'autres le feront dans l'avenir avant de m'avancer dans l'océan, laissant un linceul liquide me recouvrir. J'ai beaucoup changé physiquement, et mon apparence est bien différente, repoussante sinon inquiétante, pour certains, sauf ce jeune homme rencontré à Providence et dont je suppose que depuis cet instant il s'inquiète de ce qui peut se trouver dans les abysses et, plus encore, ce qui pourrait en remonter.
L'océan sera ma nouvelle demeure.
Si cela vous intéresse allez donc faire un tour, le soir venu, sur la plage la plus proche.