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15 mars 2025 6 15 /03 /mars /2025 19:46

Depuis le début de janvier 1937 Howard se sent mal, au point qu’il l’avoue bien qu’évoquant, comme souvent pour minimiser son affection, une grippe et des problèmes intestinaux. Le 16 février il finit par consulter le docteur Cecil Calvert Dustin qui lui prescrit 3 médicaments, probablement des antidouleurs. À son ami Talman il reconnaît ressentir une douleur constante et l’incapacité à s’allonger à cause d’un fort gonflement intestinal, il ne peut que rester assis et ne peux lire ou écrire que quelques minutes d’affilée. Sur une carte postale envoyée à Willis Connover le 9 mars il confesse être très malade et devant le rester longtemps.

En fait Lovecraft est malade depuis longtemps et s’en est parfois plaint à ses correspondants, mais il n’aime pas les médecins, il ne leur fait pas confiance après la mort de sa mère survenue à la suite d’une opération de la vésicule biliaire bien qu’il semble que cette intervention n’ait pas causé ni précipité son décès.

En réalité il souffre d’un carcinome de l’intestin grêle favorisé par une glomérulonéphrite chronique. La principale cause de ce cancer est un régime alimentaire trop riche en matière grasse et trop carencée en fibres, la pauvreté, quasi la misère de HPL explique cette habitude alimentaire basée sur des boîtes de conserve de piètre qualité. Il ne dépense que 2,10 dollars par semaine pour se nourrir ; en plus des conserves il mange du fromage, des crèmes glacées et des gâteaux.

En outre il est possible que Lovecraft fait souffert de poïkilothermie, il lui arriva souvent de se plaindre du froid et cette affection provoque une incapacité pour le corps de maintenir sa température. Une hypothèse qui, malheureusement, se sera jamais ni confirmée ni infirmée.

Par ‘’chance’’ depuis le début de l’année Howard tient un ‘’journal de mort’’ qui, grâce aux traces qui en reste, il est perdu, éclaire une fin de vie pénible.

Le 10 mars Lovecraft entre au Jane Brown Memorial Hospital où il occupera la chambre 232. Le lendemain il cesse de prendre des notes sur son état. Il est déclaré mort le 15 mars, tous les témoignages indiquent qu’il affronta la fin aussi sereinement que possible sans espérer quoi que ce soit d’un ‘’autre-monde’’ auquel il ne croyait pas.

Probablement pensait-il qu’il ne resterait pas grand-chose de lui, il avait abandonné la fiction depuis deux ans et se disait que la poésie aurait pu être un meilleur chemin.

Difficile de se mettre à sa place, non dans ses ultimes instants mais dans ses dernières années alors qu’il vivait dans un logement misérable et pouvait supposer que sa postérité se perdrait dans le néant. Ainsi il n’aurait jamais imaginé être admis, depuis septembre 2024, dans la plus prestigieuse collection française : la Bibliothèque de la Pléiade sous le numéro six cent soixante-treize sous la direction de Philippe Jaworski.

Je n’ai pas encore lu ce volume de 1408 pages et sûrement admirable autant que critiquable, l’important dans ce billet était de montrer la trajectoire unique d’une œuvre et, conséquemment, de son auteur dont la vie fut une lente descente vers la misère alors que ses textes, après un long et tortueux chemin, se dirige vers l’immortalité, après tout n’a-t-il pas écrit que la mort elle-même pouvait mourir ?

 

Impossible de ne pas remercier la remarquable biographie de HPL par S.T. Joshi auquel je dois les renseignements utilisés ci-dessus. Indispensable pour tout admirateur du Maître de Providence, si vous n’en êtes pas vous ne seriez pas arrivé à cette ligne.

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20 août 2024 2 20 /08 /août /2024 20:26

 

TROUVAILLE

 

Je n'ai jamais cru ce que l'on me disait, ou racontait, déjà lorsque j'étais enfant, aussi je ne saurais vous en vouloir si vous n'apportiez aucun crédit à mon histoire, tout en insistant sur le fait que cela ne saurait avoir la moins importance pour moi ainsi que vous le comprendrez si vous voulez bien lire ce texte jusqu'à sa conclusion.

À dire la vérité moi-même, encore à cet instant, j'ai quelques difficultés à le croire, mais vous jugerez par vous-même.

Cela remonte à une époque où j'étais cow-boy, travaillant durement pour gagner peu, mais ma jeunesse supportait cette existence, ces moments où l'on s'applique à survivre, où l'instant se suffit à lui-même, l'ouest américain alors restait à conquérir, à civiliser pourrais-je dire selon la vision de l'époque. Les hommes, les animaux, les éléments étaient brutaux et nseuls survivaient ceux qui pouvaient s'adapter à une nature perfide jouant avec ses créations, ses créatures jusqu'à les détruire comme un enfant balaie son château de cartes pour en construire un autre, éternel insatisfait n'ayant de plaisir que dans la construction l’œuvre achevée n'ayant ni sens ni intérêt.

Avions-nous tant évolués depuis la maîtrise du feu, ce premier pas sur la conquête de notre environnement ? D'abord dominer la Terre avant de nous tourner vers le ciel, mais je m'égare, les mots m'emportent, m'éloignent de ce que je veux, de ce que je dois relater.

Nous avions voyagé, mes compagnons de labeur, et moi, vers le sud du Texas, atteint l'océan, laissés nos chevaux pour avancer vers la plage. La nuit approchait, le soleil s'enfonçait derrière l'horizon, nous marchions quand je heurtais du pied quelque chose. Un caillou pensais-je en me baissant par réflexe pour regarder. J'aperçus un éclat brillant reflet du soleil sur une surface lisse. Je me baissais alors que mes camarades avançaient sans se soucier de moi. Je sortais du sable humide un objet, long, cylindrique, métallique. Je ne dis rien çà mes amis et le glissais dans ma poche discrètement. Nous nous arrêtâmes plus loin, établirent notre campement, mangeant rapidement avant de nous coucher. Après une journée fatigante dormir ne posais jamais de problème. Sauf pour moi, je sentais l'objet dans ma poche comme s'il diffusait une douche chaleur.

Sûr que mes camarades dormaient je me levais,m'éloignais, il fallait que j'en sache plus. La faible lumière de la lune me permit de découvrir une espèce de capsule, une boite oblongue que je parvins à ouvrir pour découvrir une feuille roulée que je pris, dépliais, sans parvenir à lire quoique ce fut. Je sais maintenant qu'il n'y avait rien. Cette nuit-là. Déçu je rentais et rejoignis les autres dans le sommeil. Je rêvais, alors que cela m'arrivait rarement. Je me vis debout sur la plage dans un décor où rouge et noir se mêlaient jusqu'à m'aspirer. Je me réveillais brusquement avant même que le jour en ait fait autant, le cœur battant sans que j'en comprenne la raison, debout je tentais de réveiller mes compagnons qui ne bougèrent pas, j'allais les bousculer, les traiter de flemmards quand, m'approchant, je découvris qu'ils étaient morts, la gorge tranchée, tous.

Étant le seul survivant et des images de mon ''rêve'' revenant, je compris vite ce qui était arrivé et mon évidente culpabilité.

Je traînais les corps vers l'eau, les abandonnais et partis alors qu'il me semblait entendre des créatures sortir de l'eau. J'attendis quelques minutes et quand je me retournais découvrir que les cadavres avaient disparus. J'héritais de leurs affaires, de leurs chevaux dont je tirais un bon prix.

La nuit suivante je découvris les premiers mots sur le feuillet,rédigés dans une langue inconnue mais qui me dit quelque chose.

Depuis bien des années ont passé, des décennies, presque deux siècles. Je sais maintenant ce que dit le texte dans la capsule, dans quelle langue il est rédigé. Comment je survécus, vous l'avez compris et si je peux rédiger ce qui ressemble à une confession c'est que l'heure du départ est arrivée. Je suis revenu à l'endroit de ma découverte pour la remettre à l'endroit même où je l'avais faite, comme d'autres le firent avant moi, comme d'autres le feront dans l'avenir avant de m'avancer dans l'océan, laissant un linceul liquide me recouvrir. J'ai beaucoup changé physiquement, et mon apparence est bien différente, repoussante sinon inquiétante, pour certains, sauf ce jeune homme rencontré à Providence et dont je suppose que depuis cet instant il s'inquiète de ce qui peut se trouver dans les abysses et, plus encore, ce qui pourrait en remonter.

L'océan sera ma nouvelle demeure.

 

Si cela vous intéresse allez donc faire un tour, le soir venu, sur la plage la plus proche.

 

 

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16 mars 2024 6 16 /03 /mars /2024 21:12

Vous connaissez HP LOVECRAFT, dont nous commémorions hier le 87ème anniversaire de la disparition, prétexte à un article de plus, et Alan MOORE l'un des meilleurs auteurs de sa génération, leur rencontre ne pouvait que donner une œuvre exceptionnelle dont Omnibus publie l'intégrale en un seul volume, fort lourd il est vrai mais incontournable pour qui apprécie l'univers de l'un ou l'autre de ces auteurs, ou plus largement une bande dessinée sortant de l'ordinaire.

Ainsi se présente Providence et autres récits lovecraftiens, scénarisés par Alan MOORE et illustrés par Jacen BURROWS assistés de Antony JOHNSTON, NUMBUS STUDIO, Juan RODRIGUEZ et JUANMAR, traduit par Thomas DAVIER.

Tout commence en 2004, c'est la fête de Farrakhan, dans Clinton street dans le quartier de Red Hook. Aldo Sax est un agent du FBI envoyé là pour enquêter sur une série de crimes violents qui s'ils se ressemblent dans leur mode opératoire semblent ne pas avoir de lien entre eux puisque à chaque fois un coupable a été arrêté, d'abord un libraire de 20 ans dont le beau-frère découvrit dans son réfrigérateur 12 mains humaines individuellement ensachées, celui-ci appela immédiatement le FBI, ensuite il y eut un poivrot qui trimbalait trois têtes dans un sac de supermarché puis une famille décimée par le fils, et seul survivant... tous reconnurent leurs crimes, l'étrange étant qu'ils se ressemblaient sans que ces criminels aient pu communiquer, d'où l'intervention de Sax, spécialiste de la ''théorie des anomalies'' qui commence son enquête en se basant sur des bizarreries trouvées chez ou sur chacun des tueurs.

Pour cela il se rend au Club Zothique, y circule toutes les drogues possibles et ''la poudre blanche'' une nouveauté basée sur la DMT, une production du cerveau, naturelle donc et éliminée rapidement.

Il rencontre un contact qui lui parle de l'Aklo dont Sax n'a jamais entendu parler et qui est proposée par Johnny Carcosa un homme portant toujours un masque sur le visage. Sax se rapproche de cet homme pour goûter à ce produit alors que sur la scène montent les Chats d'Ulthar qui entament leur succès, Les Variations de Zann...

Sax convient d'un rendez-vous avec Carcosa, il va pouvoir tester ce nouveau produit...

 

Gordon Lamper et Merril Brears sont agents fédéraux arrivent dans un centre psychiatrique ultra sécurisé, ils viennent voir un certain Aldo Sax emprisonné pour avoir assassiné 2 personnes avant de les découper à la façon particulière des meurtres précédents. Ils espèrent que Sax pourra leur apprendre quelque chose, et vont être déçus, celui-ci emploie une langue inconnue, des agents, mais pas des lecteurs dont je vous souhaite de faire partie.

C'est le début d'un long voyage de 643 pages, plus de nombreux compléments que je vous laisse découvrir. Au long de ce périple vous suivrez Robert Black, jeune journaliste qui commence, en 1919, son enquête sur les zones d'ombre des États-Unis, il fera de nombreuses rencontres, découvrira des rites inconnus, des créatures improbables, des livres que personne ne devrait même nommer. Il rencontra même, entre autres, un jeune auteur que nous connaissons bien.

Mais tout cela vous l'attendez, que dis-je : vous l'espérez, vous le désirez. N'est-ce pas ?

 

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20 août 2023 7 20 /08 /août /2023 05:30

S'il est un texte emblématique de l'oeuvre de notre ami Howard, c'est bien celle-ci, d'abord parce qu'elle met en avant sa création la plus célèbre et, mais est-ce bien le cas, de Cthulhu et de Lovecraft lequel est le créateur et lequel la créature ? Bien sûr personne de sensé ne peut se tromper et intervertir les rôles, mais qui disait autrefois que la plus grande force du Diable était de nous faire croire qu'il n'existait pas...

 

Mais chacun pensera, ou croira, ce qu'il veut, ou peut, aujourd'hui la question n'est pas là et si je reprends la plume c'est pour honorer la naissance de HPL survenue, vous le savez tous, le 20 août 1890.  Le hasard, ou une volonté ''inconnue'', fait qu'il s'agit aussi d'un jour de fête pour moi. C'est donc un double événement qu'il me semblait important de souligner, pour cela je voulais vous présenter le travail de François Baranger, bien que je sois sûr que vous le connaissez déjà, si ce n'est pas le cas et avant d'aller faire un tour dans d'inhospitalières régions je vous suggère de vous rendre dès demain si c'est physiquement, dès la lecture terminée de cet article si c'est par internet, chez votre libraire préféré pour l'acquérir.

Si vous êtes ici par hasard je vous résume l'histoire qui est relatée ici.

 

Tout commence à Boston, en 1926, Francis Thurston hérite de son grand-oncle décédé dans des conditions inhabituelles de documents évoquant une secte mystérieuse, et inquiétante, adorant une espèce de divinité endormie au fond de l'océan dans une cité cyclopéenne depuis des millions d'années. Intrigué Francis va marcher sur les traces de son parents pour découvrir l'abominable vérité et que c'est l'humanité entière qui est en danger.

Il fallait l'immense talent de François Baranger pour donner la meilleure illustration de Cthulhu, à moins qu'il n'ait eu, comme un certain personnage de Lovecraft, la possibilité de la contempler dans sa grandeur immortelle. Puisqu'il semble avoir conservé l'intégrité de son esprit je pense que ce n'est pas le cas, et c'est une bonne chose puisqu'il ne s'est pas arrêté là et... mais j'aurais l'occasion de vous présenter la suite de son travail.

 

J'ai eu la chance de profiter d'une édition spéciale, judicieusement appelée EDITION R'LYEH comportement davantage d'illustrations ainsi que d'un reportage abondamment illustré du travail de l'illustrateur, le tout dans un format plus important. Je pense cette édition épuisée, que cela ne vous empêche pas de la rechercher ou, à défaut, de vous procurer la version normale, vous ne le regretterez pas.

 

Vous imaginez ce qui vous arrivera si vous ne le faites pas...

 

 

Bragelonne

 

 

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15 mars 2023 3 15 /03 /mars /2023 10:22

Éditions Actu SF

45, chemin du Peney

73000 Chambery

www.edition-actusf.fr

 

Existe-t-il un titre qui conviendrait mieux à définir l’œuvre du maître de Providence ? Encore que pour certains ils puissent s'agir de simple lucidité, pourquoi craindre la réalité ?

 

Il y a un an, pour commémorer sa disparition le 15 mars 1937, j'évoquais le manque de reconnaissance dont souffrit HPL au long de sa, courte, vie, mais les choses ont changé depuis cette époque et ce livre en est une preuve, parmi d'autres. Vous y lirez divers articles et interview, un article sur Lovecraft et les préjugés, comme s'il existait des gens qui n'en ont pas, et sans oublier que dénoncer ceux des autres est une bonne façon, simpliste il est vrai, de se donner bonne conscience, il en va de même pour le racisme dont fit preuve l'auteur qui nous intéresse ainsi que pour la quasi absence de femme dans ses textes. Est-ce un défaut de ne pas polluer un récit avec des histoires d'amour banales qui n'apportent rien à l'action, bien que ce terme convienne peu à la production Lovecraft. À ce propos il est regrettable que Sonia Greens ait brûlé les lettres que son époux lui envoya, nul doute qu'elles eussent été plus éclairantes que ses créatures même si celles-ci peuvent éclairer, partiellement, celui qui les engendra.

 

Excellente analyse également sur Lovecraft et le personnage de ''reclus'' que beaucoup dépeignirent, sans l'avoir jamais connu, dessinant une version mythifiée d'une vie par ailleurs digne d'être étudiée. Le lien entre HPL et REH est également souligné, les auteurs de Deirdre Tales qui ont traversés le temps ne sont pas si nombreux et ceux deux là sont ceux dont la postérité est la plus grande. Ils correspondirent pendant des années, chacun exprimant son admiration pour l'autre, ce qui n'empêchait pas les désaccords. Homard fut beaucoup touché par le décès de son correspondant, ils ne se rencontrèrent jamais, et il disparut l'année suivante. Combien d'esprits rencontra-t-il qui purent le comprendre...

Que ne suis-je né quelques décennies plus tôt.

 

Il serait fastidieux, et inutile, que je recopie la liste des interventions, elles sont assez nombreuses pour apporter quelques précisions au portrait de l'homme et de l'auteur. D'autres travaux existent dont j'espère me faire l'écho ici dans l'avenir. Sans oublier les traductions françaises et leur évolution, les premières qui remontent aux années 50 ne rendaient pas hommages au travail de Lovecraft, et les illustrateurs qui tentèrent de dessiner l'indicible, mais j'y reviendrai... dans 366 jours, si Nyarlathotep ne vient pas me chercher avant.

 

Intervenir une fois par an est peu mais en les programmant je pourrais donner l'impression que je suis encore là alors que je serais attablé avec quelques amis chez notre ami CTHULHU.

 

D'ailleurs il se pourrait que vous y soyez conviés également.

De quel côté de la fourchette, ça...

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15 mars 2022 2 15 /03 /mars /2022 17:58

Il y a 85 ans disparaissait, alors presque inconnu, Howard Phillips Lovecraft. Depuis les choses ont bien changé et HPL prend la place qui lui revient de droit. Cet anniversaire voit la parution en France, enfin dois-je dire, d'une intégrale digne de ce nom, c'est-à-dire disposant de traductions refaites, et celles-ci permettent au lecteur français de mieux apprécier le style de l'homme de Providence et de plus facilement entrer dans son univers. C'est aussi pour moi l'occasion de le (re)découvrir, à travers son œuvre mais aussi à travers sa vie, en cela la parution de sa biographie I am Providence, écrite par S. T. Joshi, une somme en deux volumes mais pour une existence qui en valait la peine. Une existence avec laquelle j'aime à me trouver quelques points communs d'autant que j'ai découvert HPL alors que j'avais 25 ans et avais quelques opinions et goûts que j'ai retrouvé, au moins partiellement, en plongeant dans les nouvelles d'un auteur nouveau pour moi.
 

 

Refaire ce chemin, plus riche et complexe aujourd'hui, plus clair aussi, bien que plongeant dans des profondeurs insoupçonnées, je suis conforté dans la certitude que je suis moins seul que je l'ai cru, même si c'est à travers l'abîme du temps, forcément !


 

 

Nous partageons le plaisir de voyager, et pas seulement par l'imaginaire, la vision de la place de l'Homme dans la Création, si infime qu'elle est difficilement discernable, et, entre-autre, la conviction que celui-ci porte une ambition, pour autant qu'elle soit sienne, trop lourde pour ses capacités cognitives. Maudit, pour utiliser un terme lovecraftien, celui qui est trop lucide et doit supporter ce qu'il entrevoit, avec le risque de finir comme tant de personnages de l'auteur dont je parle ici. Et je ne parle pas de l'héritage... du moins pas aujourd'hui, encore un po(i)nt commun.

Je suis d'ailleurs, certes, mais d'où ?

 

 

Le plus simple sera pour vous de vous plonger dans ces milliers de pages au risque, non de vous perdre, mais de vous trouver, mais c'est là le propre de la littérature.

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21 août 2020 5 21 /08 /août /2020 13:03

Misha Green d'après le roman de Matt Ruff – 2020 – HBO

Noir et blanc : Des soldats courent dans une tranchée,

l'homme de tête s'arrête, regarde autour de lui, emprunte une échelle vers la surface, et découvre un champ de bataille où s'affrontent humains, extra-terrestres et créatures étranges.

D'une soucoupe descend une jeune femme, rouge, qui le

prend dans ses bras alors que derrière lui une créature tentaculaire, à l'image de Cthulhu, s'approche avec, visiblement, de mauvaises intentions. Heureusement un coup de batte de base-ball lui explore la tête, avant qu'elle ne se reforme et...

À la faveur d'un cahot le jeune homme se réveille et retrouve le livre dans lequel son esprit s'était aventuré.

Ouf. Si l'on peut dire !

Atticus, surnommé ''Ati'' revient de Corée où il combattit après s'être engagé, il retrouve son univers habituel, à une exception, notable près, son père a disparu en laissant une lettre étrange adressée à son fils dans laquelle il évoque un leg que doit recevoir Ati, ce qui surprend beaucoup celui-ci, en outre il est question de la ville d'Arkham d'où seraient originaire les parents de sa mère.

En prêtant au texte plus d'attention oncle George découvre qu'il s'agit d'Ardham, une lettre qui change tout, la première cité appartient au monde de Lovecraft, elle est imaginaire(?), la seconde est réelle bien qu'il soit difficile d'en trouver la localisation et encore plus une carte permettant d'y accéder.

Ce n'est pas une raison pour que Atticus ne veuille pas partir à la recherche de son géniteur, s'il faut pour cela trouver cette ville il y est près. Pas question de partir seul à l'aventure, il va être accompagner de son oncle, et de Letitia ''Leti'' Dandridge, une cousine.

Bien que dans ces états-unis des années 50 Internet n'existe pas il ne leur sera pas difficile de trouver, approximativement où se trouve le comté de Devon qui abrite Ardham. Reste à s'y rendre.

Rien de plus simple penserez-vous, sauf dans l'Amérique des années 50 règne la ségrégation et des lois régissant la séparation entre les blancs et les noirs. Georges le sait bien puisqu'il édite un guide spécial destiné aux noirs pour faciliter leurs déplacements en leur indiquant les routes les plus sûres.

À cette époque les agressions racistes sont nombreuses et rarement sanctionnées pénalement.

Notre trio part donc pour Ardham et l'héritage de Atticus, le chemin ne sera pas long mais semé d'embûches, et de policiers aimant faire des cartons sur les noirs mais aussi de créatures étranges, et agressives, droit sorties des récits de Lovecraft, les seconds sont terrifiants mais les plus dangereux ce sont les premiers, et c'est l'argument de la série de montrer que le véritable ennemi n'est pas celui que l'on pense.

Lovecraft grandit dans un environnement où le racisme était ''normal'' et certains de ses contes peuvent être lus comme la mise en scène de cette idéologie, ce qui est possible, certains passages de sa correspondance sont sans ambiguïté à cet égard, il y dénonce clairement les minorités menaçant son art de vivre, son héritage culturel et prenant une place qu'il estimait mériter. Décédé en 1937 il n'aura pas connu la guerre ni les camps et encore moins les années 50, quelle aurait été son évolution...

Pour lui les Grands Anciens n'étaient pas vraiment des ennemis, les humains étant pour eux ce que sont les fourmis sont pour nous. Les verrons-nous dans cette série, faute d'avoir jamais eu un film digne de ce nom pour nous présenter la cosmogonie lovecraftienne ?

N'ayant vu, hier, histoire de commémorer les 130 ans de la naissance d'Howard, que le premier épisode, je ne peux que livrer une impression partielle, et partiale forcément, elle est on ne peut plus favorable avec l'association d'un univers que je connais bien avec celui, plus réel, de la ségrégation étasunienne. 

Qui est réellement Atticus et cette blonde qui intervient alors

que des policiers leur tire dessus ?

D'un côté l'horreur classique, de l'autre l'horreur sociale, les 9 épisodes à venir diront si elles font bon ménage, ça ne m'étonnerait pas.

Maintenant que nous connaissons la route...

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23 août 2019 5 23 /08 /août /2019 08:00

Anthologie établie par Stéphane Bourgoin – Éditions Clancier-Guénaud – 1983 – traduction de François

Truchaud, Gérard de Chergé, Jean-Paul Gratias

En Juillet 1934 Robert Bloch vendit sa première nouvelle au magazine Weird Tales. À 17 ans, après avoir terminé ses études secondaire et alors que la Grande Crise minait le pays, c'était une belle réussite. Le secret de la tombe n'était pourtant pas un chef d’œuvre mais l'éditeur, Farnsworth Wright, avait du flair et devinait sans doute un talent qui ne demandait qu'à

éclore.

Ainsi encouragé le jeune Robert écrivit une nouvelle histoire, The Feast in the Abbey, elle aussi fut acceptée. La chance restait là et le destin de Bloch prit une direction nouvelle, et intéressante.

Celui-ci fut malgré tout ironique puisque cette deuxième histoire fut la première à paraître en novembre 1934 dans un numéro daté de janvier de l'année suivante.

L'auteur reconnaît que The Feast était meilleure. Suivirent le Secret de Sebek, L'expérience de James Allington, Le démon noir, La grimace de la goule, Le Dieu sans visage... autant de récits exploitant des thèmes éculés signes des tâtonnements d'un auteur cherchant son style et s'inspirant du Mythe de Cthulhu preuve de l'influence du maître de Providence.

Est-ce pour se débarrasser d'une tutelle que Bloch décida de rédiger un texte dans lequel il assassinait M. Lovecraft, non sans lui en avoir préalablement demandé la permission. RB put donc rédiger Le visiteur venu des étoiles, en réponse HPL écrivit L'habitué des ténèbres où son jeune correspondant était tué dans des circonstances atroces. L'histoire ne s'arrête pas là, une nouvelle vient conclure le triptyque L'ombre du clocher.

Robert s'essaya aux nouvelles Égyptologiques ou Égyptillogiques et avoue qu'il lui fallut 10 ans avant d'écrire de façon convenable.

S'il est un point commun à toutes les nouvelles rassemblées ici c'est qu'elles sont liées au monde lovecraftien dont l'initiateur se plut longtemps à encourager et motiver un Bloch débutant et cherchant sa voie.

Bloch la découvrit mais jamais ne désavoua ce qu'il devait à Lovecraft bien qu'il eut peut-être existé sans lui. Les amateurs de Cthulhu aiment toujours à découvrir des à-côtés du Mythe fondateur, des agrégats venant le nourrir et l'approfondir.

Pour aller plus loin il est indispensable de lire Retour à Arkham. Si vous ne le faites pas méfiez-vous que Cthulhu ne vienne vous chercher.

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20 août 2019 2 20 /08 /août /2019 08:00

S.T. Joshi – Éditions ActuSF – 2019

Sous la direction de Christophe Thill

Traduit par Thomas Bauduret, Erwan Devos, Florence Dolisi, Pierre-Paul Durastanti, Jacques Fuentealba, Hermine Hémon, Annaïg Houesnard, Maxime Le Daim, Arnaud Mousnier-Lompré & Alex Nikolavitch

Nul n'est censé ignorer, sous peine d'être offert en pâture au Grand Cthulhu, que Lovecraft figure au sommet de mon panthéon personnel, aussi est-ce avec plaisir que je fais, enfin, état de la sortie en mars de cette année de l'imposante biographie consacrée à cet auteur par S.T. Joshi. Celle-ci fut rédigée entre 1993 et 1995 mais était inédite en français. Et heureusement, à l'époque la version éditée était réduite et que, depuis, de nombreux documents sur HPL ont été découverts et pris en compte par l'auteur qui décida donc de publier la version intégrale de son ouvrage. L'ensemble fait près de 1400 pages. Il fallait ça pour présenter un auteur dont la valeur et l'œuvre sont reconnue, se dégageant du monde du fantastique, ou de la science-fiction, pour prendre sa place dans l'histoire de la littérature. Le cinéma aurait son importance pour cela mais l'univers lovecraftien est difficile à rendre sur grand écran alors que les illustrations de qualité sont nombreuses. Nul doute que ceci sera facilité lorsque paraîtra une nouvelle traduction des textes de Lovecraft. Dans les années 50 le respect du travail original était moins strict qu'il l'est de nos jours où le traducteur doit connaître l'auteur autant que son environnement, imprégné du premier, comprenant le second il peut livrer une traduction aussi proche que possible de ce que voulait le rédacteur original.

''À l'Américaine'' cette bio suit son sujet au plus près, donnant noms et dates, soulignant chaque détail et citant ses sources à chaque fois pour ne rien, ou presque, laisser dans l'ombre. L'avenir pourrait apporter d'autres précisions par la découverte de textes encore inconnus ou de correspondances ignorées. Impossible de ne pas regretter que Sonia Green, épouse de HPL pendant deux ans, ait jugé bon de livrer les missives de son (alors futur) époux aux flammes.

Joshi recherche les origines de Howard en éliminant les inventions, ou croyances sincères, que celui-ci avait sur ses ancêtres, cherchant dans le passé des aïeux nobles ou important, mais anglais, lui qui longtemps se rêvait fidèle serviteur de sa majesté, portant perruque poudrée et costume. Nous voyons Lovecraft enfant dans une grande maison qui était un univers pour lui et un cadre prompt à lui offrir ce qu'il demandait, ainsi put-il laisser libre cours à sa curiosité scientifique et à son imaginaire mais en gardant des distances qui furent difficiles à réduire avec les autres. Encore qu'il soit préférable d'éviter les fréquentations trop vulgaires !

Le biographe évoque le décès du père pour une ''paralysie générale'' d'origine syphilitique, le comportement distant de la mère qui put se laisser aller à le déclarer ''hideux'', ses ''dépressions'' qui lui interdirent une scolarité ''normale''. Le lien est logique entre la vie et l’œuvre, changer la première serait altérer la seconde. Se demander ce qui serait arriver si... est un jeu mental, distrayant mais vain.

Contrairement à l'image que Jacques Bergier voulu dessiner de HPL celui-ci n'avait rien d'un reclus et aimait voyager autant que rencontrer ses amis et les recevoir chez lui, du reste il est probable que la correspondance dont le français se vantait ne fut qu'une invention de sa part. Une de plus, mais la question n'est pas là.

Impossible de laisser de côté les opinions raciales, racistes souvent, et sociales, presque socialistes sur la fin, de Lovecraft. Les remettre dans leur contexte historique et familiale n'est qu'une explication, pas une excuse. Pour autant cela n'empêcha pas Howard d'épouser une femme de confession juive. Mariage improbable mais qui eut lieu néanmoins, Lovecraft n'avait jamais semblé intéressé par le sexe, il est probable que ses expériences furent rares. Ces activités ne représentaient rien de passionnant pour lui en regard de l'art, de la science ou de l'esthétique.

Inutile, d'en rapporter davantage ici, la vie du natif de Providence se lit comme un roman, c'est un plaisir de le suivre à travers le temps, de connaître ses découvertes et influences, de partager sa curiosité, d'apprécier, ou non, ses lectures mais aussi ses difficultés. Si son jeune âge fut aisé il n'en fut rien par la suite et il connut des moments de vraie pauvreté tant il lui était difficile de vendre ses textes et lui peu désireux de faire des efforts pour y parvenir, aussi bien pour suivre les goûts du moment que pour présenter son travail de la manière requise.

Tout commença le 20 août 1890 à 9 h du matin. Pour certains artistes l'immortalité, fut-elle relative, n'est pas qu'un vain mot. Que penserait-il de ce qu'il est devenu ? Je pense qu'il en apprécierait certains aspects mais que le monde lui déplairait, la quantité est plus valorisé que la qualité, l'avoir se substitue à l'être et la machine est en passe de devenir intelligente, elle ! Qui sait s'il n'aurait pas un regard ironique se disant que la fin est proche pour cette espèce médiocre, et si elle arrive en même temps que la mort de la Terre alors ce n'est pas grave en regard de l'immensité de l'Univers.

J'aurais à dire sur ma ''relation'' avec Howard, cette édition étant en deux partie j'aurais le temps d'y revenir en mars prochain. Sauf si Cthulhu me rappelle en Sa demeure avant.

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20 août 2017 7 20 /08 /août /2017 07:20

- Howard, est-ce un succès pour vous de faire partie de l'actualité 8 décennies après votre décès ?

- Succès ? Surprise peut-être, écrire n'était pour moi qu'un divertissement. Être connu, populaire comme disent certains, ne fut jamais mon ambition. Posture peuvent-ils penser. Mais non, quelle importance, quelle utilité, peut avoir la célébrité, sinon des contraintes à supporter, des compromissions à accepter, bref, tout ce que j'ai toujours détesté, pour ne pas dire méprisé. Je viens d'un autre temps, d'un autre siècle, d'un lieu hanté, non de figures fantastiques mais de notions que beaucoup taxeraient, à raison probablement, d'archaïques. J'étais déjà vieux de mon vivant, alors maintenant...

- Néanmoins votre œuvre a survécu.

- Combien d'auteurs qui le voulurent n'y parvinrent jamais, alors moi qui n'y pensais pas, faute de temps peut-être, en profite, c'est l'ironie, si j'ose dire, de la chose, et la démonstration qu'il est impossible de planifier un avenir sur lequel nous n'avons pas de prise.

- Votre œuvre est disséquée par des ''spécialistes'', des hommes, depuis Derleth et Wandrei, ont fait le maximum pour lui donner la place qu'ils estimaient, et je les rejoins, lui revenir de par sa qualité.

- En regard de celles de beaucoup je veux bien le croire.

- On dirait que ça vous amuse ?

- Nous en revenons à cette notion de succès, à mon époque les vedettes littéraires de mon domaine trustaient les illustrations et les couvertures. Qui s'en souvient aujourd'hui. C'est la relativité de l'ambition.

- La vôtre fut seulement de produire des textes de qualité.

- Ce qu'ils ne sont pas tous, je le reconnais. Mes débuts sont pleins des exemples que j'aie suivi, j'espère que les suivants, quelques-uns au moins, ont une touche personnelle.

- Dommage que vous n'ayez pu continuer votre travail.

- Les regrets ne servent à rien et peut-être cela se serait-il retourné contre moi.

- J'en reviens à ces commentateurs qui analysent chacun de vos mots dans vos textes et lettres, qui étudient vos faits et gestes, vos déplacement, votre régime alimentaire, votre famille, votre éducation et ses conséquences sur vos récits, votre mariage, vos pensées...

- Cela fait partie du ''jeu''. Mes textes me reflètent mais des réflexions esquissent les portraits de ceux qui les font. Comme ces mots sont plus vôtres que miens.

- J'essaie au moins de vous trahir un minimum, et en vous animant ainsi de mieux vous comprendre pour vous approchez.

- Vous êtes meilleur juge que moi. Se voir, honnêtement, est difficile ; pour ne pas dire impossible.

- Quelle représentation pourrait avoir Cthulhu aujourd'hui, dans notre monde moderne et connecté ?

- Votre monde est justement le Sien, Ses tentacules qui s'étendent partout, des millions d'êtres qui se tournent vers Lui chaque jour... Qu'importe la représentation physique, celle que j'ai pu donner était fonction de mes références, de l'époque, et de celles de mes contemporains. Ceux qui L'ont cherché ne pouvaient Le trouver, Il transcende les dimensions. Nos mots, sens et capacités sont trop faibles et doivent se contenter d'approximations lointaines. Lesquelles sont déjà dangereuses. Il est des créatures, des formes de vies qui nous dépassent comme nous dépassons les bactéries, et que nous ne savons pas remarquer. Sauf rares exceptions qui voient s'ouvrir une porte par l'entrebâillement de laquelle ils distinguent des formes qu'ils n'oublieront jamais, la plupart deviennent fou, quelques-uns finissent artistes, mais ils appartiennent à la première catégorie.

- Être à la mode vous convient ? Et votre anniversaire aujourd'hui ?

- Où je suis cela ne m'importune pas le moins du monde. J'ai, comme vous je pense, oublié ces rituels obsolètes et fabriqués. Le hasard, le destin, ou pire encore, pourtant fit bien les choses si je ne me trompe.

- Et où êtes vous Howard.

- Approchez-vous, je vais vous le dire à l'oreille...

     

    À suivre. Peut-être !

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