Les enfants s'amusent dans leur radeau avec un anorak vert qui flotte entre deux eaux mais quand celui-ci remonte à la surface et se révèle contenir un cadavre l'effroi remplace l'amusement.
Erlendur, alors débutant, patrouille avec ses coéquipiers, Gardar et Marteinn, se rend chez un individu causant du tapage. Mais à leur arrivée tout est tranquille. Il frappe, attend jusqu'à ce qu'un homme leur ouvre et s'étonne de leur présence. Non il n'a pas fait de bruit, et il est seul, son épouse est dans leur chalet d'été avec ses copines. Rien à signaler donc mais le policier a un doute et retourne frapper pour demander à aller aux toilettes, l'homme hésite, Erlandur le bouscule, entre, et découvre le corps inconscient d'une femme inconsciente. L'homme finit par avouer, il ne voulait pas faire ça mais elle est tombée...
Une patrouille banale somme toute et la vie de la victime n'était pas en danger. Après quelques jours d'hospitalisation elle retournerait vivre avec son bourreau. C'est en rentrant chez lui qu'il repensa à ce message, l'année précédente, la découverte d'un cadavre dans une tourbière à Kringlumyri. Premier sur les lieux rien n'avait été découvert depuis. Lui connaissait ce SDF qui lui avait parlé d'un homme tentant d'incendier la cave où il habitait. Il débutait alors dans la police et n'était pas sûr d'y avoir sa place. Un SDF de moins ce n'était pas une affaire importante et nul n'avait voulu en savoir plus. Erlendur pourtant se souvenait avoir eu affaire à Hannibal à plusieurs reprises en raison de l'alcoolisme de celui-ci. Le policier avait visité la cave du clochard, exiguë et encombrée de choses sans intérêt.
Retournant vers le marais Erlendur retrouva un des enfants qui avaient découvert le corps puis chercha le pipeline qui avait été l'ultime logement de Hannibal, après que sa cave eut été incendiée. À sa grande surprise l'endroit avait un nouvel occupant, du même genre que le précédent. Il se présentait, Vilhelm, édenté et hirsute. Oui il connaissait Hannibal, une relation.
Erlendur était passionné de disparitions et se plongeait dans de vieux dossiers bien qu'elles fussent rarement considérées comme suspectes. Rien dans la mort de Hannibal n'indiquait un homicide mais cette histoire, parmi d'autres, l'intéressait toujours, comme celle d'une jeune femme dont la disparition avait été prise pour un suicide. Par hasard, retraçant la vie de Hannibal, il rencontre un autre SDF qui affirme qu'il a été noyé et l'envoie rencontrer Bergmundur, un ami du disparu. Il n'apprend pas grand chose et cherche la famille du mort, un frère et une sœur.
Pourquoi le policier était-il si curieux après un simple SDF, cela le surprenait. Néanmoins il voulait en savoir plus, une qualité dans sa profession. Mais un an après, n'est-il pas trop tard ?
Et si l'incendie qui avait causé l'éviction d'Hannibal était vraiment criminel, et l’œuvre des deux frères voisins, Ellert et Vignir ? Ceux-ci auraient pu retenter leur chance en le noyant.
En apprenant que Hannibal avait une boucle d'oreille en or dans son refuge Erlendur s'interroge et finit par penser à la jeune disparue, celle-ci était friande de colifichets et de bijoux.
Et s'il y avait un lien entre les deux affaires ?
Boire pour oublier est une habitude, un besoin, chez certains. Hannibal avait de quoi oublier...
Arnaldur Indridason nous conte ici la première affaire de son héros qui vient d'entrer dans la police. Erlendur est sur la piste, pas question qu'il l'abandonne avant de savoir où elle va le conduire. Faire le chemin est facile, il suffit d'ouvrir ce livre et de se laisser aller.
HENRI VERNES – WILLIAM VANCE - EDITIONS DU LOMBARD
Bob Morane et son vieux complice Bill Ballantine séjournent sur l'Île de Pâques, chez l'habitant, quand ils entendent des bruits étranges. Dehors ils aperçoivent les célèbres statues qui se sont mises en marche et détruisent tout sur leur passage avant de se diriger vers l'océan d'où, ensuite, sortent des espèces de bulles qui viennent capturer nos amis et les emmènent vers les profondeurs jusqu'à une espèce de temple dont la porte, ouverte, les laisse passer puis se referme derrière eux avant que l'eau se retire. Ils se retrouvent dans des cavernes sous-marines interminables éclairées par une phosphorescence à l'origine introuvable.
Alors qu'ils remarquent un blason royal de MU, le continent englouti sous le pacifique une voix résonne qui appelle RAAH-MU, RAAH-MU... une femme apparaît, une simple projection qui les invite à la suivre. Bien qu'ils tentent de résister une énigmatique attraction se fait sentir à laquelle ils sont obligés de céder.
Finalement ils découvrent une cité souterraine, abimée par de nombreux séismes et éclairée par un soleil artificiel !
Continuant à avancer ils tombent sur une créature qui se présente comme Rubor, le maître de MU, celui devant lequel on courbe l'échine. Ce qui n'est pas le genre de Morane. Mais Rubor ne l'appelle pas ainsi, mais Raah-mu, prince venu soutenir la reine Rapa-nui.
Rubor use de sa force hypnotique pour soumettre les deux amis avant de leur confier qu'il compte utiliser ses pouvoirs pour lancer une armée de statues à l'assaut du monde.
Grande ambition !
Bob et Bill sont enfermés dans une prison dont les barreaux sont trop solides pour eux. La chance est pourtant de leur côté, un tremblement de terre fendille le mur de leur geôle, libres ils s'échappent et cherchent un abri. Ils le trouveront dans l'espèce de cathédrale qu'ils ont remarqué en arrivant. Bien que leur ennemi tente de les retenir ils résistent assez à son influence pour y entrer. Et ce qu'ils découvrent n'a rien d'une église mais ressemble à un autre monde où l'espace même est différent. L'intérieur est bien plus vaste qu'ils le paraissait du dehors.
Et la force de Rubor ne s'y exerce plus.
Explorant les lieux ils tombent sur ce qui ressemble à un tableau de bord, et Morane peut expliquer qu'ils ne peuvent se trouver que dans un vaisseau spatial, un engin capable de traverser les dimensions.
Parcourant salles et corridors ils trouvent de mystérieux casques, par curiosité Bill appuie sur la pierre qui les surmonte et il disparaît, alors que l'écossais le sent sous ses doigts.
Après l'avoir essayé ils se découvrent invisibles, le moyen de sortir de l'engin-cathédrale sans être remarqué par les créatures de Rubor.
Malheureusement la réserve d'énergie des casques ne leur permet que de sortir et de s'éloigner.
À nouveau la voix féminine se fait entendre, et son appel à Raah-mu afin qu'il vienne à elle.
Ainsi font-ils la connaissance de Rapa-nui qui leur raconte l'histoire de MU, l'arrivée de Rubor, le cataclysme survenu il y a des millénaires et la malédiction interdisant aux muvians de retrouver la surface.
Rapa-nui, pouvant observer la nouvelle société découvrit le sosie du prince, le moyen, peut-être, de briser la malédiction, et de vaincre Rubor.
Faisons confiance à Morane pour trouver le moyen d'y parvenir. Un duel, à l'ancienne, quoi de mieux ?
Sous la direction de Josiane Olff-Nathan – Éditions du Seuil – 1993
Introduction de Josiane Olff-Nathan
C'est la science qui est ici mise en cause [comme si elle avait une réalité individuelle, un peu comme la société qui serait responsable des maux de l'humanité!]. Ce livre montre la compromission nazis/scientifiques. L'enjeu n'en est autre que les rapports de la science et de la démocratie [déités laïques s'il en est].
Il pose un regard sur l'influence qu'eut le national socialisme sur la science, et inversement ; sur la légitimation des mathématiques dans l'Allemagne fasciste, l'existence d'une deutsche Physik initié par Philipp Lenard et Johannes Stark frustrés par la République de Weimar qui ne leur donna pas l'importance qu'ils pensaient avoir et tentèrent de l'obtenir dans l'arène politique sous le Reich. Dès 1924 l'un et l'autre soutinrent Hitler emprisonné après sa participation au putsch manqué de
Munich. Ils ne purent remplir le rôle qu'ils avaient ambitionnés sinon par leur influence sur la nouvelle génération bien qu'ils s'évertuèrent à rejeter la théorie de la relativité.
En 1937 Stark avait attaquer Werner Heisenberg dans la revue des SS Das Schwarze Korps, soulignant que celui-ci avait refusé de signer en 1934 un appel public de soutien à Hitler et l'accusant d'avoir soutenu des thèses prônés par des savants juifs. Heisenberg pensa émigrer, il est fort dommage qu'il ne l'ait pas fait. Une lettre de Himmler le convainquit mais le prix Nobel dut accepter de séparer une découverte de celui qui l'avait faite sans obtenir le poste qu'il voulait à Munich.
Bien que les SS le considéraient comme un ''intellectuel apolitique''. Par la suite Heisenberg dirigea à Berlin les recherches sur la bombe atomique sans les voir aboutir. À partir de 1945 la République fédérale d'Allemagne entreprit une dénazification de la science, de nombreux scientifiques furent jugés pour leur soutien au national-socialisme.
Recherche et enseignement scientifiques s'épanouissent mal dans une dictature tant celle-ci surveille chercheurs et publications. La communauté établie et apolitique de la physique mena une rude bataille contre la science politisée incarnée par la deutsche Physik.
Impossible ici, ce n'est pas mon propos, de faire le résumé de ce volume, vous y suivrez l'évolution de la science en Allemagne et comment elle pâtit du régime, ce qui n'est pas une surprise. La plupart des scientifiques adhérèrent par obligation au parti, peu manifestèrent une vraie approbations, sinon collaboration, au système.
Mein Kampf présente une vision pessimiste de l'évolution de l'humanité, pessimisme biologique fondé sur l'affirmation d'une loi que les hommes n'auraient cessé de violer : une espèce ne s'accouple qu'avec elle-même les peuples n'en tinrent pas compte, pas même l'Aryen supérieur avec pour conséquence sa fin en tant que porteur de culture. Autre aspect de ce pessimisme : se trouver dans un monde fini et la nécessité d'avoir un espace vital nécessaire à sa survie et son expansion. La décadence menace, mais s'il subsiste une minorité intacte qu'un génie la guide !
Il suffisait d'y penser.
Impossible de privilégier une contribution, chacun apporte un éclairage différent à une époque, en soulignant les traits marquants et spécificités qui permettent de mieux connaître ces heures sombres de l'Histoire en général et de la science qui ne pouvait rester à l'écart.
Certes sa lecture demande temps, calme et attention tant derrière son sujet, la science, transparaît la réalité mortifère du nazisme et comment elle fut mise en œuvre. L'histoire semblait devoir amener ce désir de retrouver une pureté originelle, si celle-ci existât jamais. De nombreux peuples furent présentés comme d'improbables hybridations, des hérétiques qu'il fallait éliminer comme le soulignait Bernard Gui : l'hérésie ne peut être détruite sans que les hérétiques le soient, et qu'importe si pour cela il faut éradiquer une ethnie entière. La science n'avait pas, l'aura-t-elle jamais, le dessus sur le fanatisme, elle ne fit que servir une nouvelle légalité ''scientifique'' (in)justifiant le génocide.
Toute une littérature hygiéniste du dix-neuvième siècle souligne la menace de certaines catégories de populations, l'idée naquit du criminel-né, la maladie mentale était incomprise, syphilis, tuberculose et alcoolisme faisait des ravages, la dégénérescence était inévitable sans une action efficace. En Allemagne elle alla jusqu'au pire. Il fallait éliminer le corps physique pour que meure le mal qu'il portait. La guérison imposait l'amputation des membres gangrenés et corrupteurs.
Quand à la science qui est au cœur de l'idéologie national-socialisme il s'agit sans doute de la ''biologie raciale''. De nombreux raciologues et eugénistes célébrèrent l'avènement du nouveau régime.
Jusqu'aux années 80 l'historiographie présentait pour la période 1933-1945 une communauté scientifique apolitique et passive face au pouvoir. La science était la victime d'une idéologie qui l'avait falsifiée. Après 1945 la tentation de disculper la biologie fut grande. En réalité comme l'affirment Horst Seidler et Andreas Rett dans La Biologie raciale sous la national-socialisme : à notre connaissance il n'y eut pas un seul anthropologue pour se dresser, en paroles ou en écrit contre l'idéologie raciale du national-socialisme. Les anthropologues les plus éminents de leur discipline fournirent une justification scientifique à la folie raciste du nazisme. Sur la petite centaine d'anthropologues allemands dans les années 30, une demi-douzaine seulement émigrèrent, résistèrent ou furent persécutés par le régime. Le national-socialisme désirait initier une ''révolution eugénico-raciale'' et initia pour cela une ''biocratie'' gouvernée par les médecins psychiatres, généticiens eugénistes et bio-anthropologues.
Il existait une véritable symbiose entre la communauté bio-anthropologique allemande et le nazisme. L'anthropologie biologique allemande a largement collaboré à la politique raciale nazie. Elle en fut, avec la médecine, la psychiatrie et la génétique humaine, la plus fidèle servante. On peut détecter cinq secteurs d'affinité : eugénisme, métissage racial, nordicisme, antisémitisme et primat de la race. Sous Weimar déjà la législation eugénique existait, le programme d'euthanasie en revanche fut l’œuvre des médecins psychiatres. Le premier rendit un immense service aux nazis en fournissant les ''critères d'évaluation, les catégories de classement et les règles d'efficacité'' qui permirent de définir et justifier l'ordre social traçant la ligne de démarcation entre les membres de la ''communauté du peuple allemand'' et les étrangers. L'hygiène raciale légitima la dichotomie entre le ''membre de la communauté'', utile, et ''l'étranger''. Il importe de préciser que l'enseignement de l'eugénisme est antérieur à la prise de pouvoir par les nazis.
Fritz Lenz, influent et tapageur hygiéniste de l'époque, s'exprimait ainsi : il faut exiger absolument l'enseignement de l'hygiène, y compris raciale... C'est seulement quand les principes de bases de la vitalité raciale seront familiers à la majorité des gens cultivés que nous pourrons espérer mettre un terme à notre déclin et le transformer en ascension. 9 ans plus tard Depdolla affirmait : C'est en lui (l'enseignement de l'eugénisme) que se combinent l'instruction , la transmission de connaissances, et l'éducation, la formation intérieure de l'être humain. Hambourg fut, en 1928, la première ville à mettre en place un enseignement de l'eugénisme à côté de celui de la génétique.
Kaiser-wilhelm institut Berlin
J'espère avoir titillé votre curiosité encore qu'il faille rappeler que la science n'est qu'un instrument utilisé par le scientifique, c'est lui et lui seul qui est responsable de l'usage qu'il en fait, qu'il tente de se justifier par le contexte est rarement une excuse recevable.
Une lecture édifiante bien que ce livre soit déjà ancien qui dessine un tel portrait de l'homo sapiens que j'en viens à me demander si Adolf n'avait pas raison d'être pessimiste.
Morane l'affirme à son ami, ils seront à Porto-Rico avant la nuit. Quand Bill lui fait remarquer la jauge proche de zéro le pilote doit se rendre à l'évidence que sa certitude est à revoir.
Personne n'est à l'abri d'une fuite. Heureusement une île est proche, Serado, où règne le président Hippolyte Chabré, le président fou. Impossible d'aller ailleurs et sitôt posés ils voient arriver la police. Laquelle constate la véracité des dires des arrivants mais affirme que si venir à Serado est interdit, en partir l'est aussi.
Les voilà donc à l'hôtel ''Palmes Sauvages'' depuis une semaine, sans que la situation paraisse pouvoir se débloquer. Pour mettre de l'animation la police d'état se présente pour arrêter Mr John Damon, et, comme par un fait exprès, c'est le nom sur le passeport de Morane, le vrai ayant disparu. Finalement tout le monde part en voiture, et en chemin les policiers avouent être des faux et avoir monté ce mensonge pour ''inviter'' les deux étrangers discrètement chez Laver, chef de l'insurrection. En fait il y a méprise, et les hôtes de nos amis prennent Morane, Damon, pour un tueur à gages venu éliminer le président Chabré.
Bill suggère qu'il est temps de s'éloigner, pourquoi ne pas récupérer leur avion ? En chemin ils tombent sur l'attaque d'un village par les troupes présidentielles, rester à l'écart n'étant pas leur genre ils interviennent. Finalement ils changent d'avis, laisser en place un tel président leur est impossible.
La nuit suivante Félicité Chabré doit arriver par bateau, pour aider les insurgés, mais pas question que son père soit éliminé. Leur vedette étant attaqué Félicité et Bob Damon prennent le large de leur côté. Mais la jeune femme est futé et comprend que le comportement de Bob n'est pas celui d'un tueur, force est pour Morane de lui avouer la vérité. Néanmoins Laver ne doit rien savoir, et la jeune femme accepte de garder le secret. Elle veut préserver son père, impossible qu'il ait tant changé sans raison.
Il faut passer aux choses sérieuses, l'attaque de la forteresse, ce qui, à en voir les photos, promets d'être difficile.
Sur place Bob, Bill et Félicité cherchent un moyen d'intrusion, finalement le premier pense en avoir un. Il suffira de quelques bons ouvriers...
mais le temps tourne, la police approche, il faut prendre des risques et tenter le tout pour le tout.
Justement Morane et Ballantine sont experts dans ce domaine !
Quel est le secret de Serado ? Morane parviendra-t-il à rétablir la démocratie ?
Après la première guerre mondiale l’Allemagne collectionnait les prix Nobel. Malgré le boycott infligé par les Alliés l'Allemagne fut la patrie de la science où les jeunes physiciens américains venaient se former. L'allemand était la langue indispensable, après 1945, malheureusement c'est un autre idiome qui, profitant de la victoire, s'imposa. Après le succès des nazis, le départ de nombreux scientifiques juifs et la mise à l'écart de leurs amis elle connut une baisse catastrophique, David Hilbert put répondre au ministre de la Science, de l'Éducation et de la Culture populaire du Reich qui lui demandait si son institut avait souffert de ces absences ''Mais il n'a pas souffert monsieur le ministre ! Il n'existe plus !''
Les publications sur le nazisme sont innombrables mais peu portèrent leur attention sur la science, mis à part quelques polémiques, sur Heidegger par exemple ou le rôle de Heisenberg au moins jusqu'à la parution du livre de Benno Müller-Hill Science nazie, Science de mort. Ce livre s'organise autour de la question de la responsabilité de la science en tant que sous-système social en interaction constante avec le reste de la société.
La science et une technique de plus en plus omniprésente joue un rôle essentiel dans l'organisation et l'histoire de nos sociétés industrielle comme dans l'évolution de notre confort et la transformation de notre environnement, elle influence également notre perception du monde en influençant l'évolution des mentalités.
Le nazisme dû compter avec la science bien qu'il s'en méfiât, et s'évertua dans la pratique à exploiter l'efficacité scientifique par la voie du développement technique, exemple que suivit le gouvernement de Vichy qui réorganisa l'industrie française en y introduisant la notion de ''branche'' économique et créant de grand organismes d'état. En Allemagne la chimie joua un rôle essentiel dans le soutien au régime, IG-Farben se rallia dès 1933 à Hitler, licencia ses directeurs juifs et profita pleinement du plan de militarisation de l'industrie. Cette société prit une part active dans l'organisation et l'exploitation des camps de concentration, en particulier avec l'usine BUNA d'Auschwitz.
Quand Planck voulu intercéder en faveur des savants juifs, en particulier Fritz Haber, Hitler lui répondit que si la science pâtissait des mesures antisémites et bien il faudrait faire sans science !
Vingt prix Nobel s'expatrièrent au cours des premières années du régime, 25% des physiciens perdirent leurs postes. Les multiples interventions de ce livres tentent de répondre à quelques questions tout en gardant à l'esprit que l'avenir pourrait apporter davantage de précisions. Herbert Mehrtens s'interroge sur la confrontation avec ''la banalité du mal quand celui-ci se compose de millions de détails réunis'', Pierre Ayçoberry et Mechtild Rössler nous aident à retracer quelques contours de l'idéologie national-socialiste, le premier en proposant une image novatrice de ses concepts d'histoire et de temps, le second pour une analyse du leitmotiv ''d'espace vital'' et de son influence sur l'histoire de la géographie.
Après 1933 le personnel politique est remplacé, les opposants sont jetés en prisons, partis et syndicats sont interdits, les lois raciales promulguées et les valeurs soumises à l’idéologie officielle. La fusion en un éternel présent du Reich de mille ans avec l'esprit des Germains ancestraux marque la fin de l'histoire. Pour les nazis ''l'Histoire'' c'est ''la Mythologie''. L'histoire, comme nous l'entendons, existe par l'écriture quand l'oralité la réadapte en fonction du présent pour en préserver vérité et efficacité dans la structure des sociétés. L'écriture implique le découpe du temps en passé, présent, futur. La parole est sociale, l'écriture implique le développement d'une pensée individuelle, la confrontation de l'individu avec son psychique et son cortège de fantasmes, de souvenirs, de projets et de sentiments. Le nazisme voulait effacer l'histoire par les autodafés, la censure et l’apologie de romans exaltant héros positifs et valeurs paysannes. ''La littérature et les arts n'ont plus été qu'un reflet et un support du mythe'' souligna Lionel Richard, ''mythes de la Race, du Sang, du Sol, de la Supériorité de l'Homme aryen ou du Néo-paganisme, choses parlant à l'esprit sans que la raison intervienne''. Le nazisme c'est la parole, ainsi que le Führer l'affirmait dans son livre ''La force qui mit en branle les grandes avalanches historiques fut la puissance magique de la parole parlée. La grande masse d'un peuple se soumet toujours à la puissance de la parole.'' (Mein Kampf P111)
La parole ici est au service d'une volonté de puissance, tyrannique et à l'inverse d'une parole démocratique circulant librement ou celle, impersonnelle, des sociétés traditionnelles, vecteur de la permanence des sociétés démocratiques. La science est écriture, elle produit des textes dont les auteurs retrouvent l'anonymat quand leurs résultats sont intégrés dans le corpus évolutif de la science.
Les université s'adaptent aux exigences du nouveau pouvoir, les chercheurs cherchent, les étudiants étudient, la science progresse. Il faut voir là l'effet d'un idéalisme apolitique et le respect de lois votées légalement avec le désir de restaurer la grandeur du pays mise à mal par la défaite de 1918. Pour construire une nouvelle société l'idéologie était insuffisante, il fallait les techniciens spécialisés et des scientifiques compétents. La science devait être efficace et Göring exigeait des programmes réalisables en moins d'un an.
Au début du vingtième siècle se manifestaient inquiétude et pessimisme quand à l'évolution de l'espèce humaine, eugénistes et anthropologues européens et américains pensaient que le développement de l'hygiène et de la médecine contrecarrait la sélection naturelle. Malades et tarés n'étant plus éliminés l'espèce était vouée à une dégénération rapide accélérée par le déclin des classes ''supérieures'' dont le faible taux de natalité inquiétait. Bien des généticiens avaient la conviction que le potentiel génétique de l'humanité était menacé par la prolifération des gènes nocifs. La Société d'eugénisme britannique mettait en garde, en 1937, contre les métissages ''mauvais dans certaines circonstances''.
Le national-socialisme n'était-il pas ''de la biologie appliquée à la politique'' selon Hans Schemm ? Le Deutsche Biologen-Vergan, union des biologistes qui se place en 1939 sous la direction de Himmler en rejoignant en 1939 l'Ahnenerbe ne ménage pas ses efforts pour organiser des ''camps d'éducation en biologie'' et la diffusion des thèses racistes à tous les niveaux de la société. Quand au serment d'Hippocrate, à une prisonnière, médecin elle aussi, qui lui demandait s'il s'en souvenait, le docteur Klein, médecin à Auschwitz répondit ''Mon serment me dit de faire l'ablation d'un appendice gangreneux du corps humain. Les juifs sont l'appendice gangreneux de l'humanité, c'est pourquoi j'en fait l'ablation''.
Mai 1983 Cynthia Bigge est une adolescente de quatorze ans qui respecte les ''obligations'' de son âge, c'est-à-dire qu'elle se révolte contre ses parents et se plait à faire des bêtises, à braver les interdits et à provoquer ses géniteurs.
Ce matin-là elle se réveille avec les séquelles d'une gueule de bois carabinée, la corbeille prouve qu'elle n'avait pu atteindre dans la nuit les toilettes pour vomir... Elle profite d'une maison silencieuse pour vider ladite corbeille dans les toilettes avant de passer dans la salle de bain tenter de se rafraîchir pour faire illusion. Mais personne ne se manifeste, tout est calme alors qu'à l'ordinaire, de la cuisine, viennent les bruits du petit déjeuner et ceux de son frère Todd qui aimait mettre Led Zeppelin à fond. Mais tout le monde semblait parti tôt et sans rien préparer pour elle, sans doute par remontrance contre son comportement. La veille au soir son père ne l'avait-il pas extraite de force de la voiture de Vince Fleming avant de la ramener chez eux ?
Elle avait prétexté travailler avec son amie Pam, au lieu de cela boire avec le jeune homme avait paru plus ludique ! Sa mère l'attendait pleine de reproches, mais la jeune fille n'était pas capable de discuter, tout juste put-elle rejoindre sa chambre et s'écrouler sur son lit non sans avoir hurler ''je voudrais que vous soyez morts !''
Phrase qu'elle n'était pas prête d'oublier.
À l'école son cerveau encore embrumé fut incapable de répondre aux interrogations de ses professeurs et à midi quand elle appela son domicile ce fut pour entendre la sonnerie résonner sans que nul décroche. Quand à son père il était toujours en déplacement pour son travail et était injoignable. Todd même n'était pas au lycée et cela ajouta à son inquiétude. Incapable d'attendre la fin des cours elle rentra en courant chez elle pour découvrir que rien n'avait changé. Affolée elle sonna chez les Jamison, expliqua comme elle put la situation avant que sa voisine ne l'accompagne pour faire le même constat d'une maison vide.
Mme Jamison appela la police, celle-ci entama doucement les recherches avant de considérer que la situation était plus étrange qu'elle le semblait.
25 ans ont passés et la famille de Cynthia est toujours portée disparue, personne n'en revit un des membres et la police ne découvrit aucun indice de ce qui aurait pu lui arriver. La jeune fille a grandi, s'est mariée, à son tour elle est mère d'une petite Grâce de 9 ans. Elle n'ignore pas les interrogations qui la suivent, les pensées qu'elle suscitent : et si elle avait tué sa famille, aussi improbable que cela semblât en raison de son jeune âge à l'époque.
Elle finit par accepter de participer à une émission de télévision pour tenter de raviver les mémoires, de motiver les témoins qui accepteraient, après un quart de siècle, de se manifester.
Effectivement, quelque chose va se passer : un coup de téléphone semblant indiquer que sa famille est vivante... dommage qu'elle ait fait une fausse manœuvre et effacé le numéro de la mémoire, puis...
Il serait dommage de vous en dire plus tant le suspens est important et les interrogations sur ce qui se passa cette nuit-là nombreuses. Terry, le mari de Cynthia est le narrateur, il raconte ce que son épouse vécut, comment il la rencontra et combien fut difficile de supporter des événements qu'ils mirent du temps à comprendre avant de tenter d'échapper à une menace qui n'avait fait qu'attendre le meilleur moment pour se manifester. La vengeance est un plat qui se mange froid dit-on, cette fois elle dut être congelée pour se manifester aussi longtemps ensuite, chez certains la rancune est tenace, autant que motivante et la méchanceté une source d'énergie vitale incroyable.
Le début est un peu long, le temps de poser le décor, d'expliquer la rencontre de Cynthia et son mari avant que la machination enfin se mettre en action...
Faites attention à la vie que vous menez et vérifiez en vous levant que vous n'êtes pas seul dans la maison.
Pour Terry et Cynthia la tranquillité ne sera que de courte durée, Grâce va grandir, avoir quatorze ans à son tour... la famille Archer se croyait En lieux sûrs, Linwood Barclay en décida autrement. Succès oblige ! Si j'en ai l'opportunité je vous en ferais relation le moment venu.
Texte H. VERNES – DESSINS W. VANCE – DARGAUD ÉDITEUR
Bob Morane débarque à l'aéroport de Tokyo, une voiture de l'hôtel Shubashi l'attend et l'y conduit. Serviable il ne peut manquer d'intervenir pour protéger une jeune employée d'un mufle prêt à être violent. Elle se présente : Azadé. Plus tard alors qu'il se fait servir un thé, par Azadé, celle-ci lui murmure de ne pas boire.
Ce qu'il fait, on ne sait jamais. Dans la nuit il se réveille suite à un rêve bizarre, il sent une atmosphère étrange, sort de sa chambre, explore l'hôtel, et ne rencontre personne. Dans l'obscurité des hommes lui tombent dessus et il doit céder sous le nombre. Il se retrouve dans un camion, pieds et poings liés. Les véhicules conduisent tout le monde jusqu'à un temple d'où sortent des hommes en tenue de danseurs kabuki. Leur chef prend la parole, il affirme qu'un agent américain se cache dans la clientèle et lui demande de se dénoncer. Devant le silence il fait injecter à tous du penthotal. Encore une fois Azadé intervient en faveur de Bob qui n'a qu'à dire la vérité, ce n'est pas lui l'agent recherché.
Deuxième échec, reste la torture, classique mais efficace.
En attendant un homme se rapproche de Morane, se présente comme l'agent Triple X et lui demande de retourner à l'hôtel Shubashi, chambre 35, récupérer un microfilm. Peu après Azadé revient pour libérer, discrètement l'homme qui l'aida.
Impossible pour Bob de ne pas aller faire un tour chambre 35. il avance silencieusement mais se sent soudain attaqué par derrière. La bagarre s'engage, jusqu'à ce qu'il allume sa torche et reconnaisse son ami Bill Ballantine avec qui il avait rendez-vous. Celui-ci avait été surpris de découvrir l'établissement fermé et était entré pour en savoir plus.
Ensemble ils vont récupérer le microfilm alors que l'hôtel s'embrase. Jamais à court d'idées nos amis parviennent à s'échapper. Direction, le temple où Morane fut retenu prisonnier.
Tout le monde a disparu, ne reste qu'une inscription à l'endroit où se tenait l'agent Triple X : l’œil du Samouraï.
À l'abri ils font le point, et cherche ce que veut dire l'inscription. Un seul établissement tokyoïte porte ce nom. Un cabaret tenue par Tokyo Lil. Un mot de la maîtresse des lieux les convie en privé où ils sont drogués sans pouvoir se défendre. Ils se retrouve dans un dojo, entouré de ceintures noirs les invitant au combat. Malgré leur vaillance il cède devant le nombre et se retrouve précipités dans une rivière dont la fraicheur les ranime et leur permet de regagner la rive, où les attend Tokyo Lil.
Ils peuvent discuter tranquillement, et la jeune femme peut leur raconter la légende de l’œil du samouraï. Bob et Bill sont encore en mauvaise posture, et une nouvelle fois c'est Azadé qui les tire de ce mauvais pas.
Pas question d'en rester là, une seule destination possible, le Temple de l’œil. La solution s'y trouve forcément.
Hara kirira bien le dernier pourra dire Ballantine.
Quand à Azadé il n'était pas là par hasard, bien sûr.
Sarah Geringën est inspectrice. Sur le plan personnel elle veut désespérément mettre un enfant au monde et depuis des années fait, avec son mari, ce qu'elle peut pour cela. Cet impératif de la nature est devenu presque obsessionnel pour elle. Or ce soir-là elle sort en claquant la porte du domicile conjugal après une altercation avec son époux qui envisage une autre vie. Pour elle c'est un coup si violent qu'elle ne sait pas comment le supporter, partir semblait la seule solution pour gagner du temps, trouver un lieu où se calmer et envisager l'avenir, pour autant que ce mot ait encore un sens pour elle.
Le froid est vif à Oslo et passer la nuit dans sa voiture n'est pas envisageable, heureusement le destin est mutin, ou l'auteur sadique, qui la convie à enquêter sur une mort étrange survenue à l'hôpital psychiatrique de Gaustad, un lieu qu'elle connaît pour y avoir envoyé un serial-killer quelques années plus tôt.
Cette fois il s'agit de la mort, par suicide semble-t-il, d'un patient enfermé depuis plus de trente ans, dont personne ne sait rien, et appelle par le chiffre 488, gravé sur son front, visiblement avec la pointe d'un couteau. Un patient qui ne peut s'exprimer sinon par des cris qu'il pousse comme pour se libérer d'une frayeur insupportable.
Ce qui est le cas !
Très vite Sarah Geringën se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond, d'abord comment aurait-il pu s'auto-étrangler comme l'affirme l'infirmer certifiant avoir assisté à la scène à travers la caméra de surveillance, ensuite quand l'équipe scientifique arrive il devient évident qu'il mourut ailleurs et qu'il s'agit d'un assassinat. Elle découvre finalement la cellule où 488 fut assassiné et contemple sur les murs une multitude de dessins semblant n'avoir aucun sens. L'avenir démontrera que ce n'est pas le cas, mais nous nous y attendions. Par ''chance'' le tueur qu'elle fit enfermé acceptera de la renseigner, preuve qu'il ne lui en voulait pas, ou pas trop.
Ce n'est que le début d'une enquête qui va mener notre héroïne dans plusieurs pays puis jusque dans... mais vous en dire trop gâcherait votre plaisir. Le CIA, autrefois, menait des expériences sur la domination mentale et était prête à tout pour cela, ce qui n'est pas une surprise, quand il apparut qu'elle était allé trop loin il lui fallut se débarrasser de tout ce qui pouvait être gênant, comme le patient 488 qui trouva une place dans une cellule profonde où nul n'aurait plus dû entendre parler de lui, non sans qu'il continu à subir des expériences menées en toute discrétion, mais pas tant que ça, la preuve.
Elle va suivre une piste qui la conduira à rencontrer Christopher Clarence, journaliste d'investigation dont le frère semblait s'être trop approché d'un secret mal caché de l'entreprise où il travaillait jusqu'à trouver la mort dans ce qui semblait un accident.
Clarence est devenu le père de substitution du fils de son frère et il est très surpris de ce que lui apprend l'enquêtrice norvégienne mais comment ne pas la croire quand les faits s'organisent pour lui donner raison.
L'enquête va s'avérer dangereuse, il fallait s'y attendre, mais aussi plus complexe qu'elle le paraissait, derrière la CIA se cachait une ambition religieuse inattendue, mais pourquoi pas. Le désir de révéler au monde un mystère qui changerait définitivement la vision que chacun pouvait avoir de l'avenir en plongeant dans le passé jusqu'aux origines, et plus loin encore.
Ce côté enquête est intéressant, ce qui l'est moins est l'histoire d'amour trop prévisible entre Sarah en mal d'enfant et Clarence néo-père célibataire, un argument qui peut toucher une partie du lectorat probablement ; sans parler de quelques raccourcis qui, s'ils aident l'action, la rende moins crédible. J'allais oublier le goût de l'auteur pour le mot asthénie qu'il utilise régulièrement...
Ces détails mis à part l'histoire est prenante, les rebondissements réguliers et les personnages intéressants. Quand au côté scientifique il ouvre des perspectives improbables mais abyssales dont la conclusion n'est pas pour me déplaire.
Un auteur que je ne connaissais pas, ce n'est que son deuxième roman, j'attends de lire le prochain.
Le commissaire Erlendur enquête sur la mort d'un certain Holberg. Un homme retrouvé tué chez lui d'un coup de cendrier sans trace d'effraction, ce qui implique qu'il ait laissé entré le meurtrier ce qui ne paraissait pas son genre.
Le mobile de l'agression est inconnu, pour l'instant. Le plus simple est de connaître la vie de la victime pour retrouver quelqu'un qui aurait une raison de l'assassiner. Et de laisser une phrase incompréhensible en guise de signature.
En fouillant le domicile de Holberg les policiers mettent la main sur une photo, celle d'une tombe portant un prénom, des dates, rapprochées. Celle d'une petite fille. L'enquête continue, progresse, finalement Erlendur apprend que Holberg avait commis un viol plusieurs dizaines d'années plus tôt et qu'une enfant en avait résulté, une enfant morte si jeune, d'une tumeur cérébrale détectée trop tard.
Le fil est là, il suffit de le tirer, et Erlendur va découvrir que l'enquête à l'époque fut mal conduite, que le flic qui s'en occupait était un salaud qui s'était moqué de la victime, traumatisant celle-ci autant que l'agression elle-même.
Mais ce n'est pas tout, Holberg commit au moins un autre viol avant celui-ci. Lequel aurait pu, lui aussi, imposer la vie à un(e) enfant...
Remonter le temps n'est pas chose facile mais Erlendur est obstiné, il va découvrir quel lien unissait Holberg à son assassin lequel pourrait aussi passer pour une victime, indirecte.
Ce roman met en scène la première enquête du commissaire Erlendur, écrit en 2000 mais parut en France Cinq ans plus tard. L'auteur y développe les obsessions islandaises, celle des disparitions particulièrement, un tropisme séculaire, où la légende dépasse souvent la réalité autant que l'étude conduite sur le génome de presque 1% de la population. Un excellent moyen de traçage pour peu que quelqu'un présente une particularité déplaisante et un argument que l'auteur sut utiliser.
Peut-on vivre en sachant qui est son père et quel est son héritage ?
Stanislas Dehaene – Leçons inaugurales du Collège de France / Fayard – oct 2006
Après des décennies d'absence au Collège de France la psychologie cognitive faisait son retour dans ce centre de l'intelligence et de la culture (autant dire que vous n'y êtes jamais allé!) et Stanislas Dehaene était chargé d'en reprendre la chaire.
Par cette présentation inaugurale Dehaene fait, d'une part, le résumé de ce qu'est la psychologie cognitive puis, dans un second temps, le plan de ce que sera son enseignement.
Comment mieux commencer que par la définition de la psychologie que donna Williams James dès 1890 ''La psychologie est la science de la vie mentale''.
Depuis cette science a évolué pour finalement rejoindre les Science de la Vie en exploitant la panoplie des méthodes de la biologie à la génétique jusqu'à l'imagerie cérébrale. Ainsi naquit une science de la vie mentale visant à énoncer des lois générales de la pensées, un domaine que l'on pensait inaccessible à la méthode scientifique.
Ses visées sont larges : comment s'organise la chaîne de commande depuis la perception jusqu'à l'acte moteur ? Sous quelle forme sont stockés nos souvenirs (j'aimerais le savoir!) ? Qu'est-ce qu'un mot ? (j'aimerais le savoir aussi) un concept, une émotion, une intention, une décision, une introspection ? Parmi quelques interrogations, une réponse amenant deux questions.
Dans ces décennies d'absence des progrès sans précédents furent fait dans le domaine des sciences cognitives. Des laboratoires tentent de décrypter les opérations mentales, ils rassemblant psychologues, linguistes, anthropologues, éthologues, neurophysiologistes, médecins, physiciens, mathématiciens... s'affrontent d'anciennes questions philosophiques et technologies des sciences du comportement, neuro-imagerie et modélisation mathématique. En particulier au centre NeuroSpin que dirige Stanislas Dehaene
La psychologie cognitive s'attache à l'étude de la nature des lois que la psychologie est susceptible de découvrir et la possibilité que certaines soient aussi solides et universelles que les lois de la physique. Elle s'attache à l'étude minutieuse des domaines de la cognition dont le fonctionnement répond à des contraintes particulières.
En premier lieu interviennent des lois physiques, chimiques et biologiques, la pensée étant ancrée dans la biologie cérébrale elle est contrainte par les principes d'organisation du vivant. Le cerveau de l'homme est une machine chimique où les retrouve les mêmes mécanismes moléculaires à l’œuvre chez la mouche drosophile ou le poisson torpille pouvait écrire Jean-Pierre Changeux. Une autre catégorie de lois de la psychologie peut être décrite, par analogie, avec des algorithmes. À l'instar de l'ordinateur le cerveau est un système de traitement de l'information qui doit résoudre efficacement divers problèmes usant pour cela d'une forme d'analyse algorithmique qui pourraient s'avérer universelles. Soulignons que l'architecture du cerveau ne ressemble pas à celle d'un ordinateur classique.
Il ne saurait y avoir de compartimentation entre biologie et psychologie, psychologue et neurobiologiste s'attachent à comprendre comment une fonction cognitive émerge de l'architecture hiérarchique et enchâssée du système nerveux dont l'imagerie vise à en décomposer l'architecture fonctionnelle des représentations mentales.
La troisième catégorie des lois psychologiques (ainsi trinitaire!) pourrait être des lois physiques internalisées. Les lois de notre environnement ne sauraient nous être entièrement étrangères. La permanence de l'organisme ne peut s'envisager sans un minimum d'intelligibilité du monde. Autant par son évolution que par son développement notre système nerveux apprend à comprendre son environnement. Pour Roger Shepard après Ernst Mach ces lois physiques internalisées nous permettraient par pure réflexion de tirer des conclusions profondes sur les lois de la nature.
Ainsi Galilée put-il déduire d'un raisonnement que deux corps de masse différentes tombent à la même vitesse avant d'en faire l'expérience. De telles expériences montrent que notre esprit incorpore certaines des lois de la physique. Celle-ci connut ses succès les plus éclatants lorsqu'un objet théorique, une pure vue de l'esprit, se voyait confirmer par l'expérience des années plus tard.
Dehaene étend cette conclusion aux mathématiques dont l'origine viendrait des représentations mentales structurées que nous héritons de notre évolution : le sens du nombre, de l'espace, du temps... La psychologie de l'arithmétique offre un beau prétexte à passer en revue certaines des lois les plus solides de la psychologie cognitive.
Au premier rang des questions qu'espère résoudre la psychologie cognitive figure celle de l'origine des concepts, plus particulièrement, des concepts abstraits. L'intuition approximative du nombre mais aussi de l'espace et du temps est répandue dans le monde animal parce qu'elle est essentielle à sa survie.
Le texte est court, mais dense et mon propos n'est pas de vous le résumer mais de le présenter, je ne peux prétendre à davantage et vous mâcher le travail serait dommage. Emparez-vous de ce texte, court et peu onéreux, plongez à l'intérieur et vous apprendre, découvrirez, vous interrogerez, quitte à être en désaccord, le propos est de vous inciter à la réflexion et pas à un bête apprentissage à ruminer sans l'avoir compris, il s'agit de science, pas de religion.
À ce jour je ne pus assister aux cours de SD au Collège de France, ni avoir accès à leur contenu, c'est une ambition. Est-elle au dessus de mes moyens ? Possible, mais incertain.
Bienvenue sur ce blog ! Vous y découvrirez mes goûts, et dégoûts parfois, dans un désordre qui me ressemble ; y partagerez mon
état d'esprit au fil de son évolution, parfois noir, parfois seulement gris (c'est le moins pire que je puisse faire !) et si vous revenez c'est que vous avez trouvé ici quelque chose qui
vous convenait et désirez en explorant mon domaine faire mieux connaissance avec les facettes les moins souriantes de votre personnalité.