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14 mai 2009 4 14 /05 /mai /2009 05:53

 

Quelques œuvres traversent le temps, signe qu'elles surent voir l'âme humaine en profondeur et que celle-ci, malgré le passage du temps, ne change pas, ce qui ne saurait étonner qui a les yeux ouverts.

Ainsi en est-il du texte de Sun-Tzu ( 孙子) intitulé "L'Art de la Guerre", titre français puisque le titre original serait, je maîtrise mal le chinois : 孙子兵法, Stratégie militaire de maître Sun.
La guerre est-elle un art ? Si la question m'était posée, et elle l'est, je répondrais oui, peu d'activité demandent la maîtrise de techniques différentes, produisant des progrès utilisables hors des champs de batailles, et de capacités mentales diverses mais complémentaires.


La stratégie est comme l'eau qui fuit les hauteurs et remplit les creux.


Il ne s'agit pas d'être le plus fort mais aussi, surtout, de comprendre l'adversaire, ses forces et faiblesses, pour le tromper et ainsi l'amener à faire ce que nous voulons, quand et où nous le voulons en lui faisant croire qu'ainsi il sera vainqueur, ainsi, défait, est-il condamné à la fuite. Sun-Tzu insistant sur l'importance de lui laisser une échappatoire pour éviter que, acculé, il ne se batte avec l'énergie du désespoir pour employer un lieu commun explicite.


Celui qui n'a pas d'objectif ne risque pas de les atteindre.


L'auteur expose quelques principes de base qu'il convient de ne pas perdre de vue :

Dissimuler ses forces, paraître mal préparé et incapable d'attaquer si l'on est sur le point de le faire et, inversement, sembler proche d'agir si l'on en est incapable.


L'art de la guerre c'est de soumettre l'ennemi sans combat ! Une vision bien différente de celle de nombre de généraux qui, il est vrai, avaient une vision lointaine du front, les leurs étant restés trop longtemps serrés dans leurs képis !


Harmonie, équilibre, attention aux conditions climatiques, économie des hommes et matériels et efficacité, autant de qualités nécessaires pour l'emporter en cas de guerre classique mais aussi lors des affrontements économiques dont nous sommes les témoins chaque jour. Car Sun-Tzu n'est pas passé de mode, au contraire, certes la nature des conflits n'est plus toujours militaire mais elle reste la même au plan stratégique. Une entreprise adverse, un marché à conquérir, des actions en guise de munitions... Il y a moins de victimes humaines, et c'est tant mieux, mais une guerre pour économique qu'elle soit n'est différente qu'en apparence. Ainsi l'Art de la Guerre est-il étudié aujourd'hui non seulement dans les états-majors mais aussi par les comités de direction, les écoles militaires comme celles de marketing !

Une crise n'est jamais qu'un conflit, presque, comme les autres, plus elle est grande et plus d'opportunités à saisir offre-t-elle, encore faut-il savoir le faire. De là à dire qu'il serait possible d'utiliser ce livre dans ses relations au quotidien il y a un pas, que je ne crains pas de franchir !




Dans son texte l'auteur montre une grande compétence, il pourrait avoir été général pendant la période des Royaumes Combattants (entre 443 et 221 avant Jésus-Christ) mais ce pourrait être un pseudonyme collectif, à vrai dire peu importe aujourd'hui, le texte reste, partiel semble-t-il, et je vous invite à le télécharger gratuitement, et légalement (parmi d'autres textes), dans la traduction du R. P. Amiot (1772). Ce qui ne sera pas le cas de sa version manhua (10 volumes aux ÉDITIONS DU TEMPS collection TOKI  scénarisée par Li WEIMIN et dessinée par Li ZHIQING.


L'avoir lu permet, faute d'être soi-même actif, de mieux suivre l'actualité ; n'être qu'un rouage n'empêche pas de vouloir comprendre le mécanisme !

 

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19 avril 2009 7 19 /04 /avril /2009 06:15

Sujet "en travaux", je l'améliorerai (ce sera facile, je sais) au fur et à mesure !

 

Haseo Kim In-hu 하서 김인후 (1511-1560)

 


Savant de l'époque du Roi Injong il passa ses examens en 1540 et rédigea une dizaine de livres montrant de grandes connaissances en astronomie, géologie et médecine. Ses textes furent publiés la première en 1568 puis réédités au cours des siècles suivants. Son œuvre offre l'avantage d'avoir été parfaitement conservée.



Gobong Gi Dae-seung 고봉 기대승 (1527-1572)


Il fut, avec Toegye, le chef du mouvement Sarim en opposition avec le mouvement Hungu sur le principe d'occuper ou non de hauts postes dans la fonction publique. il occupa un temps le poste de Censeur Général avant de retourner dans sa ville natale pour continuer ses recherches sur les principes gouvernant la nature humaine. En 1558 il rendit visite à Toegye à Seoul alors qu'il venait y passer les grades supérieurs de ses études. Entre les deux savants commença une polémique appelée "Sachil iginonbyeon" sur l'origine des vertus et la nature des émotions...



Yulgok Yi I 율곡 이이 (1536-1584)


Né le 26 décembre il est un des plus importants érudits confucéen de la Dynastie Joseon. Sa mère Sin Saimdang était calligraphe. À l'age de trois ans il connaissait l'écriture Chinoise et à sept ans il composait des poèmes en Chinois classique. À 13 ans il passa le premier niveau de l'Examen littéraire de la Fonction Civile dont il atteignit le niveau supérieur à 29 ans. Sa thèse Cheondochaek est une pièce littéraire majeure démontrant sa grande connaissance à la fois du Confucianisme et du Taoïsme. Après un retrait du monde de trois années il rédige en 1576 "l'essentiel du Confucianisme" considéré comme le meilleur guide pour respecter les règles confucéennes de vie.




Uam Song Si-yeol 우암 송시열 (1607-1689)


Troisième fils de Song Gap-jo, sa mère rêva qu'elle avalait une pierre de lune quand il fut conçu. La nuit précédant sa naissance son père, retenu à Cheongsan pour une cérémonie familiale rêva lui que Confucius visitait sa maison. Ensuite seulement il reçu la nouvelle de la naissance de Song Si-yeol.

Il perdit son père en 1629 puis, un délai de trois ans respecté, devint l'étudiant de Sagye (Kim Jang-saeng), un disciple de Yulgok dont Song Si-yeol devint le continuateur. Après la mort de Sagye Song poursuivi son enseignement avec le fils de ce dernier Sindokjae (Kim Jip).

Au cours de sa longue vie il connut beaucoup d'honneurs, du poste de gouverneur de Gyeongneung au poste de ministre du roi Hyojong; mais aussi de vrais échecs. Son œuvre reflète les théories de Yulgok mais aussi des idées personnelles. Il servit d'exemples pour nombre de ses successeurs.



Hwaljae Yi Gu 활재 이구 (1613 - 1654)


Brillant érudit Néo-confucéen durant les règnes des rois Injo (1623-1649) et Hyojong 1649-1659) il laisse quatre volumes de poésies et textes en prose prouvant sa profonde compréhension de l'enseignement de Confucius et sa vaste connaissance de l'histoire, de la littérature et de l'astronomie.



Seongho Yi Ik성호 이익 (1681-1763)


Un des premiers philosophes et critique social du Silhak. Né dans une famille Yangban (de lettrés) du clan Yeoju Yi. À l'instar de son milieu il fit des études pour atteindre une haute position dans la bureaucratie de l'époque mais il échoua lors de son premier essai en 1705. La mort de son frère aîné peu de temps après lors d'une rixe lui fit perdre tout intérêt pour la fonction publique.

Engagé dans la ligne de pensée de Yu hyeong-won son œuvre va des méthodes de gouvernement à la famille en passant par l'économie et propose de nombreuses idées de réformes. Ainsi attira-t-il beaucoup de disciples donnant une forte impulsion au Silhak (mouvement réformateur confucéen).



Dasan Jeong Yak-yong 다산 정약용 (1762-1836)


Considéré comme le plus grand représentant du renouveau confucéen, son travail couvrit de nombreux domaines affirmant la nécessité de retrouver une plus grande proximité avec la pensée originelle de Confucius, critiquant les philosophes de son temps perdus en discussions oiseuses loin des préoccupations concrètes. Pour lui les examens d'accès à la fonction publique ne devaient plus seulement porter sur une connaissance approfondie des Classiques Chinois mais aussi sur la compétence technique.

Né dans l'actuelle province Namyangju (Gyeonggi) il y termina ses jours. Serviteur de l'état durant toute son existence, occupant de nombreux postes jusqu'à la supervision de la forteresse Hwaseong au début des années 1790. En 1794 il fut enquêteur royal dans sa province, période au cours de laquelle il apprit beaucoup sur la vie de ses concitoyens ce qui influença ses écrits postérieurs. Au total son oeuvre approche les 500 volumes.

Il fut également l'un des premiers à se convertir au catholicisme, prenant le nom de baptême de John  ou 요한 (Yo-Han) en coréen.

Durant 18 ans il vécu en exil à Kangin.
Son nom de plume Dasan signifie montagne de thé.



Hwaseo Yi Hang-no 화서 이항노 (1792-1868)


Le dernier disciple Confucéen de la Dynastie Joseon passa son examen de la fonction publique en 1808 pourtant il refusa de se déplacer pour occuper un poste de fonctionnaire. Son nom, Hwaseo, provient de la localisation de son lieu de naissance, à l'ouest du mont Cheonghwasan. Défenseur de principes strictes il rédigea un mémoire critiquant Heungseon, père du roi, pour abus de pouvoir. Professeur, il eut parmi ses élèves Choe Ikheon et Yu Inseok, futurs leaders du mouvement Wijeongcheoksa (en faveur de l'orthodoxie confucéenne) à la fin de l'ère Joseon. Son enseignement insistait sur le respect dû au Roi comme à son père et sur le devoir de protéger l'indépendance de la nation contre les influences étrangères. Yi passa toute sa vie dans son village natal. Sa maison, construite par son père, a été restauré récemment, elle est l'exemple parfait de la demeure d'un haut fonctionnaire de l'époque.

http://www.ocp.go.kr/jsp/vr/cybertour_main.jsp?codeid=40000401&eflag=E


 

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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 05:44

(une esquisse de brouillon, pour le moment !)
 

Seol Chong 설총 (début du 8ème siècle)


Également connu (!) sous le nom "Chongji" et son nom de plume "Bingwoldang"

(빙월당/氷月堂), fils d'une figure importante du Bouddhisme et de la princesse Yoseok, fille du roi Muyeol. Son souvenir perdure par son travail pour représenter la langue Coréenne en caractères Chinois. Il écrivit une parabole critiquant la tendance des monarques à préférer leur satisfaction au respect du Droit. 



Kim Bu-Sik

김부식 (1075 - 1151)


Historien il dirigea la rédaction, cinquante volumes en chinois, du Samguk Sagi "Mémoire historique des Trois Royaumes", le plus ancien texte historique de Corée retraçant la période s'étendant entre le 1er siècle av J-C et VIIème siècle après, l'imprégnant de confucianisme sans recours au merveilleux.

 

Mokeun Yi Saek 목은 이색 (1328 - 1396)


Poète, essayiste néoconfucéen, professeur des princes et conseiller des rois il joua un rôle important dans l'introduction en Corée de la philosophie de Zhu Xi. De retour à Goryeo il fonda une académie où furent éduqués les fondateurs de la Dynastie Joseon. Il croyait à la coexistence du Confucianisme, du Bouddhisme et du Taoïsme.



Jeong Mong-ju Po Eun 정몽주 (1337 - 1392)


Après la réussite à ses examens il soutint le Néo-confucianisme tout en étant fonctionnaire au service du roi qui avait confiance en son savoir et son jugement, il participa ainsi à divers projets nationaux et ses travaux lui gagnèrent un grand respect dans la cour de Goryeo. Il avait visité la Chine et le Japon en tant que diplomate, conduisit des tractations avec le Japon et signant la paix avec la dynastie Ming en 1385.

Il fut assassiné en 1392 par cinq hommes sur le pont de Sonjukkyo dans le Gaeseong, devenu aujourd'hui un monument national, une des pierre de ce pont deviendrait rouge sous l'effet de la pluie indiquant ainsi l'endroit où il fut tué. Sa mort marqua la fin de 474 ans de dynastie de Goryeo.



Sambong Jeong Do-jeon 삼봉 정도전 (1342 - 1398)


Noble le plus puissant de la dynastie de Joseon, idéologue influent du Néo-confucianisme et conseiller du roi Yi Seonggye, fondateur de la dynastie de Joseon. Né dans une famille ayant accédée depuis peu à la noblesse son père tenait un poste élevé. Sa mère étant esclave il eut des difficultés à suivre d'importantes études, mais son intelligence lui permit de surmonter les obstacles qu'il rencontrât.


 

Jeompiljae
Kim Jong-jik 점필재 김종직 (1431 - 1492)


Né à Miryang dans la province de Gyeongsang il passa les examens littéraires les plus importants en 1453 puis 1459 avant d'entrer au service du gouvernement où il occupa de nombreuses et importantes positions. Il gagna les faveurs du Roi Seongjong au point de susciter de nombreuses jalousies. Après sa mort, en 1498, sa doctrine provoqua des soulèvements étudiants à Muo, Gapja (1504) Kimyeo (1519) et Eulsa (1545) qui furent violemment réprimés discréditant son œuvre. Sa mémoire fut réhabilitée longtemps plus tard.



Maewoldang Kim Si-seup 매월당 김시습 (1434-1493)


Né à Seoul, enfant doué il savait lire à 8 mois ! À 21 ans il se retira dans un monastère bouddhiste, le Temple Yongjangsa, pour se consacrer à la poésie et la calligraphie. Il rédigea le premier texte en chinois classique de Corée : Geumosinhwa (금오신화;金鰲新話) . Ses Contes de Geumo devinrent instantanément un classique. Il essaya de concilier le Confucianisme et le Bouddhisme et fut un des premiers à professer des idées démocratiques en Corée.

 


Hwadam
Seo Gyeong-deok 화담 서경덕 (1489-1546)


Né dans un village de Kaesong, fils d'un lettré pauvre, il était en grande partie autodidacte, mécontent du système féodal il renonça aux fonctions publiques pour construire une école le "Pavillon de Soso" pour enseigner les enfants et écrire. Avec T'oegye et Yulgok, mais le premier, il développa une vision Coréenne du néo-confucianisme.



Toegye Yi Hwang 화담 서경덕 (1501-1570)


Haut-fonctionnaire, homme politique, gouverneur de Danyang, il est la grande figure intellectuelle et spirituelle du XVIe siècle en Corée. Érudit de premier plan, il a fondé près d'Andong la fameuse académie confucéenne appelée Dosan-seowon (école de la Montagne édifiante). Il y enseigna les caractères chinois. Pour le mieux connaître une visite s'impose là : http://bextes.org/toegye.html 


Un texte traduit en français : 


 

 


                                                                        (à suivre)
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10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 06:55


 

Vieille question s'il en est puisque déjà Aristote la pose dans son célèbre Problème XXX, appelé aussi l'Homme de génie et la mélancolie, par mélancolie Aristote parle de cette tristesse songeuse attachée à l'image de l'artiste illustrée à la Renaissance puis dans le spleen des romantiques. Il remarque surtout le lien qui semble unir créativité et variations de l'humeur, Diderot pourra plus tard dire que le génie est proche de la folie, en effet le créateur est souvent caractériel, instable, obsédé par une œuvre qui semble naître d'un savant mélange de la difficulté d'être et d'un principe énergétique constitutionnel, celui-là même qui a animé tous les créateurs d'univers, les aventuriers de l'impossible, poètes, mages, prophètes, peintres, inventeurs, musiciens...

L'exaltation créatrice est proche de la mélancolie, sœur de la dépression, fille de la manie et proche parente de la folie quand l'œuvre ne parvient plus à contenir tous les affects.

Cette lecture nouvelle des destinées hors du commun livre des conclusions surprenantes : les créateurs usant des arts du langage - poésie, littérature - et ceux des arts non verbaux - plastique et musicaux. Les premiers connaissant une grande proximité avec les troubles mentaux, les liens avec la folie et la dépression sont peu fréquents chez les seconds. Constatons avec surprise que rares sont les peintres ou musiciens classiques portant un pseudonyme.

L'auteur pose la question : La littérature toucherait-elle à un fruit défendu, ou bien l'œil et l'oreille protégeraient-ils de la folie ?

J'avoue avoir une mauvaise vue et une audition parfois déficiente, mais c'est un hasard...


C'est le daimon de Socrate qui servira de modèle à la psychiatrie du XIX siècle pour argumenter son discours sur la proximité du génie et de la folie, cette voix intérieur, un génie familier pour la société grecque qui croit à l'existence des dieux et des démons, c'est une muse capable d'inspiration pour le philosophe et le poète, c'est une hallucination auditive pour la psychiatrie classificatoire.


Diderot comme Kant souligneront que le génie est un don de la nature qui élève au-dessus de ses contemporains. L'homme de génie voit si rapidement, dira le premier, que c'est presque sans regarder.


Étymologiquement le follis latin est tout d'abord un "soufflet pour le feu" mais rapidement le fol est un malade mental, en 1694, le Dictionnaire de l'Académie nous dit que le fol est celui "qui a perdu le sens, l'esprit, qui est tombé en démence". L'aliénation, elle, vient du latin alienus (autre) et signifie devenir autre.



Impossible, et vain, de résumer un tel livre en quelques phrases, l'auteur traverse l'histoire et explore les liens existant entre deux états parfois complémentaires mais parfois seulement, la psychiatrie et la neurologie explorent, cherchent mais ne peuvent, pour l'heure, tout expliquer. Nous cherchons la source du génie, ce facteur humain qui permet à certains d'être différents de ses contemporains, qui permet ou qui contraint, mais cette dernière remarque est personnelle. De Socrate à Rimbaud nous cheminons avec quelques personnalités dont l'histoire, non sans raison, elle, retint le nom sauf celui du premier homme qui réussit à se dégager des primates et dont nous sommes, tous, les descendants !


Notre époque veut comprendre, résoudre, réduire et, ceci a-t-il un lien avec cela, j'ai beau regarder autour de moi je ne vois pas un seul génie à l'horizon.


Il est vrai que j'évite les miroirs !


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17 septembre 2008 3 17 /09 /septembre /2008 06:18
 

Non je ne Péreclise pas, je retrouve seulement un moment important de mon passé, c'était en ... C'était il y a longtemps !

Une bibliothèque de quartier tenue par deux dames, de hauts rayonnages, cette odeur doucereuse de vieux livres et de poussière, l'ambiance calme et feutrée que l'on s'attend à trouver dans ce lieux. J'étais venu m'inscrire en quête de lecture en général mais de Bob Morane en particulier (oui, j'en parlerais bientôt), les formalités effectuées une des dames m'indique une porte au fond à gauche de la pièce. Je m'y rendis donc pour découvrir une pièce éclairée par une haute fenêtre qui n'avait pas connu la chance d'un nettoyage depuis longtemps. Une pauvre ampoule vint à mon aide pour m'y retrouver dans ce local finalement plus accueillant, pour moi, que l'autre.

 

Je commence à chercher, trouve rapidement ce que je voulais mais continue mon exploration, ainsi je tombe sur un titre qui retint mon attention : Le Carrousel des maléfices ! Le nom de l'auteur ne me disait rien mais je trouvais la couverture si attractive que je décidais de monter moi aussi sur ce manège, j'ignorais qu'il m'entraînerait si loin, je pense même y tourner encore en y prenant du plaisir.

Bref, je m'égare. Cet auteur s'appelait Jean Ray, grâce à lui j'entrais dans le monde du fantastique. Plus tard je découvrais que cet auteur était l'ami de Henri Verne, l'auteur de Bob Morane, lequel participa au renouveau de l'oeuvre de Jean Ray dans laquelle je venais d'entrer. Oeuvre immense forgée au long de dizaines d'années et de l'obligation de produire régulièrement pour vivre. Une sorte de motivation qui génère souvent une qualité moindre mais qui dans ce cas vit naître de nombreux excellents contes.

Quelques détails biographique sur un JR sympathique : Né Raymond de Kremer à Gand le 08 juillet 1887 (lui-même reconnut que le signe du Cancer est celui des aventuriers ce qui me fait plaisir, allez savoir pourquoi...) il connut une vie aventureuse, moindre qu'il ne se plut à le raconter mais digne d'intérêt malgré tout, laquelle nourrît son oeuvre tout au long de sa vie. Sous le nom de John Flanders il écrivit en néerlandais nombre de récits dont certains, j'en suis sûr, restent à découvrir et à traduire. Sous ce nom il eut la chance d'être édité quatre fois dans la mythique revue Weird Tales qui publia de nombreux textes de Lovecraft et autres auteurs fantastiques que je découvris plus tard.

Sans cette première lecture j'aurais pris un autre chemin nettement moins accidenté et intéressant.

Jean Ray mourut dans sa ville natale le 17 septembre 1964 après avoir vu la renaissance de son oeuvre, laquelle fut portée à l'écran plusieurs fois, jetons un voile pudique sur ces tentatives !
                                                                                    


Jean Ray, le regard toujours vers le lointain.  

Ce livre contient une vingtaine de textes dans lesquels éclatent le talent, l'imagination et le style si particulier de Jean Ray. Il mélange le fantastique, la science fiction, le macabre et la mathématique, l'ironie et le mauvais esprit, je lui dois donc une partie de ce que je suis devenu et lui en serais éternellement reconnaissant. Maintes fois il s'amuse à guider son lecteur dans un dédale puis à l'y laisser en compagnie d'un rire moqueur qui sera le seul guide du curieux. J'espère vous avoir incité à passer la porte, n'ayez pas peur d'avancer vers la lumière que vous apercevez et si elle semble reculer à mesure de votre avancée dites-vous que vous arrivez malgré tout quelque part.

 

       Réédition chez Néo












Où, ça...  Laissez Jean Ray vous prendre par l'imaginaire, probablement nous retrouverons nous quelque part, ou ailleurs !

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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 05:11
 

S'il existe deux événement incontournables dans la vie ce sont bien la naissance et la mort. Pour le premier il semble difficile malgré certaines théories de le vivre, tout au plus peut-on tenter de le retrouver ou le reconstruire, à l'autre bout d'un chemin plus ou moins long se trouve la mort. Reconnaissons que nous nous interrogeons tous un jour ou l'autre sur Elle. Certains préfèrent l'idée de mourir dans leur sommeil, j'aimerais bien, à l'inverse de la majorité, La voir venir et profiter d'un instant unique.

 

Bref, de cela il n'est pas question dans ce livre mais de ce que "nous" savons de la mort, il n'est pas question de ce qui pourrait se trouver après, d'ailleurs il m'arrive de me demander s'il y a vraiment quelque chose avant !

 

 

Les auteurs posent préalablement l'histoire des recherches sur la mort. Linné, fondateur de la classification des espèces, et ses élèves invoquent la sagesse divine qui imposa l'ordre naturel. Ils soulignent l'importance du maintien d'un équilibre entre les diverses espèces. En revanche Buffon est plus actuel quand il admet que la nature n'est pas exemple de ratages, qu'elle "bricole", pour reprendre le terme de François Jacob. Par le jeu sans fin de la reproduction et de la mort le total de la quantité de vie est toujours la même, et la mort qui semble tout détruire ne fait aucun tort à la nature qui se montre elle-même indépendante de la mort et du temps.

Ainsi que le souligna le grand anatomiste Xavier Bichat : « La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort. » C'est l'année de la mort de ce dernier, en 1802, que le mot "biologie" fait sa première apparition notamment sous la plume de Lamarck. Celui-ci oppose l'organique "nécessairement assujetti à la mort", à l'inorganique, immortel à défaut d'être vivant.

N'omettons pas la « révolution bernardienne » du fondateur de la physiologie moderne : Claude Bernard !

Plus tard la science essaiera de comprendre ce qui mène à la mort : le vieillissement, ainsi naîtra en 1903 la gérontologie mais aussi la "thanatologie" pour désigner l'étude scientifique de la mort. Ces deux termes sont l'oeuvre du biologiste français Elie Metchnikoff.

 

Je n'ai là fait que survoler le premier des huit chapitres, le sujet est vaste, A Klarsfeld et F Revah étudient l'utilité même de la mort pour la vie et son évolution comme si ce n'était pas la mort elle-même qui était indispensable mais la vie qui devenait inutile une fois un cycle de reproduction assuré. Tu nais, tu recombines tes gènes et tu quittes la scène !

 

La mort existe au coeur de chaque cellule, c'est l'apoptose, quand ce mécanisme est déréglé comme dans le cancer, les cellules ne mourant plus c'est l'individu dans son ensemble qui est en péril. Alors par un curieux retournement l'absence de mort est la cause du décès !

 

Le dernier chapitre bien sûr s'interroge sur le désir de repousser la mort et les chemins de recherches pour y parvenir, je me demande si, à l'image du cancer ci-dessus, l'immortalité d'une partie ne pourrait pas causer la disparition du tout.

C'est là que se pose la question du sens de la vie et pas seulement de sa direction, au moins pour celle-ci nous avons, ce livre le démontre, une destination, quand à son utilité, ça... La biologie peut apporter, et c'est la conclusion des auteurs, un élément de réponse mais pas davantage, vivre est peut-être le meilleur moyen de supporter la mort, du moins l'idée que l'on s'en fait.

 

Personnellement je m'amuse à imaginer une forme de vie post-humaine mêlant l'organique à l'inorganique, l'homme à la machine,l l'être sous une forme électronique qui alors pourrait se recopier à l'infini, un peu comme une bactérie, il faudra que je me penche sur la question, du point de vue de cette dernière bien sûr. Un mode de reproduction asexué serait-il plaisant, mais alors le plaisir aurait-il encore un sens et le mot une existence, quand à la vie elle-même... Mais le chemin est devant nous et je doute de le parcourir encore assez longtemps pour en arriver là !

Mais si on me proposait un pacte à signer de mon sang...

 

En bref un livre qui pose des questions sur un sujet incontournable et ne tente pas, pour une fois, d'asséner une réponse définitive.

 

 

Si des morts regardent ce blog je serais heureux d'avoir leur avis, à condition qu'ils ne terminent pas leur message par "A bientôt".

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2 septembre 2008 2 02 /09 /septembre /2008 04:20
 

Connaissez-vous Wônhyo, Ch'oe ch'i-wôn, Toegye, Yulgok ou Tasan, parmi quelques d'autres ? Je gage que non et c'est bien normal puisque la Corée (je ne précise pas du Sud ici puisque l'époque dont je parle ne connaissait pas la scission, malheureuse, qui existe aujourd'hui.) souffre d'être prise entre deux géants de la Pensée Asiatique, le Japon et surtout la Chine, c'est de ce dernier pays dont viendra les principales influences que subira la Corée au fil de sa longue histoire, à savoir le Taoïsme, le Bouddhisme et le Confucianisme, avant de développer une pensée propre. 

Dans ce livre ( préfacé par Oliver Abel) Philippe Thiébault esquisse le portrait de la pensée asiatique dont les pères fondateurs furent Chinois puis nous guide sur le chemin de la spécificité de la pensée coréenne s'extirpant du néo confucianisme pour établir sa spécificité.

  

Quand nous imaginons un "penseur" nous voyons un homme à son bureau tentant d'exprimer sa pensée, recommençant et recommençant encore, nous n'avons pas la position "méditative" qu'adoptèrent souvent les penseurs d'Asie et ce malgré les Méditations métaphysiques de Descartes. Malgré tout la quête de l'esprit est similaire dès lors qu'elle est digne de ce nom ! Ainsi que l'exprimait Hegel : Il y a un Esprit unique et il est préférable de regarder la forêt avant de voir les arbres. Ainsi, partant de cette remarque je noterais que parfois étudier un arbre mort peut être intéressant car ce qui le conduisit au déclin puis à la mort ne saurait nous être étranger. La lucidité me contraignant à considérer que ne pourrais jamais être dans cette forêt que l'ombre d'un bonsaï et mon ego en prend un coup de devoir l'avouer.

 

Citons Chinul : Tous les sages et saint du présent ne font que cultiver leur esprit-coeur. Ceux qui étudieront à l'avenir feront bien de s'appuyer adéquatement sur cette approche. Mon souhait est que tous ceux qui pratiquent cette voie ne recherchent l'esprit-coeur absolument pas à l'extérieur d'eux-même. (p73) (Cette "simple phrase" aurait pu résumer ce que je cherchai, et cherche encore, à exprimer dans une nouvelle publiée récemment !)


Chinul (1158 - 1210)

Ainsi que l'exprime Philippe Thiébault : Chinul mettait en garde contre les dangers de l'illuminisme, de la croyance aux miracles et des raccourcis rapides où l'on se pense arrivé sans en avoir fait l'effort, sans discipline, sans l'humilité et la patience d'étudier et de se maîtriser .Le chemin de Chinul vers "l'esprit-coeur vrai" est un chemin de lumière encore aujourd'hui (p 77).

En ces temps où brillent tant de fausses lumières, tant de phares menant vers l'absence il est bon de savoir s'orienter.

 

L'auteur appuie sur les différences entre les approche extrême-orientale et cartésienne de la recherche de la connaissance. Il retrace les évolutions des différentes pensées asiatiques et l'influence qu'eurent les penseurs sur les politiciens et même les inspirations que purent avoir les philosophes des Lumières venant d'Asie.

Pour ma part, et probablement la vôtre, j'ignorai que les Coréens avaient mis au point les caractères mobiles et imprimé de très beaux livres avant Gutenberg (p 119).

 

J'aimerais m'arrêter sur tant de parties de ce livre que je serais tenté de le recopier entièrement, il m'est impossible de le résumer, je cherche simplement à vous indiquer un chemin qui pour avoir une étroite entrée n'en est pas moins large et capable de nous emmener loin, non au-delà de nous mais au plus profond de ce Soi tellement plus riche que ce Moi que l'Oxidant met en avant. L'intérêt du jeu pourrait-être de tenter de rapprocher ces pensées par ce qui les réunis et les compléter par ce qui les différencie. "Oser penser" s'écria Kant, s'il revenait tant de mains tenteraient de le bâillonner qu'il aurait du mal à s'exprimer hors du cadre agagadémique dans lequel il est coincé.

Toegye ne regarde pas le monde comme Descartes (p 131), mais une vision stéréoscopique est bien meilleure pour l'observer !

 

Espérons que les oeuvres principales de la pensée Coréenne seront accessibles au public français, parce que s'il me fallait apprendre le Coréen... Tant de brillants esprits ont puisés en eux le meilleur pour l'exprimer qu'il serait dommage qu'il reste inaccessible à ceux qui, moins brillants, ne sont pas moins attirés par la véritable clarté.

J'ai tenté de vous donner envie d'ouvrir ce livre disponible où vous savez, ce n'est pas un bien grand effort, ensuite...

Cela vous appartient.

 

Comment mieux conclure qu'avec ces paroles de Ch'oe Han-gi (p 339) : Un monde viendra où les hommes voyageront librement sans considération de frontières nationales [...]Tous les pays du monde ont des formes de pensées et des activités humaines en commun. Les langues peuvent différer mais ne se dressera aucune barrière de communication et d'harmonie tant que nous aurons tous la connaissance et la technique pour conclure et comprendre.

Et n'oublions pas que Séoul a été choisie pour accueillir l'été dernier le 22 ème congrès mondial de philosophie.

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Bienvenue sur ce blog ! Vous y découvrirez mes goûts, et dégoûts parfois, dans un désordre qui me ressemble ; y partagerez mon état d'esprit au fil de son évolution, parfois noir, parfois seulement gris (c'est le moins pire que je puisse faire !) et si vous revenez c'est que vous avez trouvé ici quelque chose qui vous convenait et désirez en explorant mon domaine faire mieux connaissance avec les facettes les moins souriantes de votre personnalité.

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