Quelques œuvres traversent le temps, signe qu'elles surent voir l'âme humaine en profondeur et que celle-ci, malgré le passage du temps, ne change pas, ce qui ne saurait étonner qui a les yeux ouverts.
Ainsi en est-il du texte de Sun-Tzu ( 孙子) intitulé "L'Art de la Guerre", titre français puisque le
titre original serait, je maîtrise mal le chinois : 孙子兵法, Stratégie militaire de maître Sun.
La guerre est-elle un art ? Si la question m'était posée, et elle l'est, je répondrais oui, peu d'activité demandent la maîtrise de techniques différentes, produisant des progrès utilisables
hors des champs de batailles, et de capacités mentales diverses mais complémentaires.
La stratégie est comme l'eau qui fuit les hauteurs et remplit les creux.
Il ne s'agit pas d'être le plus fort mais aussi, surtout, de comprendre l'adversaire, ses forces et faiblesses, pour le tromper et ainsi l'amener à faire ce que nous voulons, quand et où nous le voulons en lui faisant croire qu'ainsi il sera vainqueur, ainsi, défait, est-il condamné à la fuite. Sun-Tzu insistant sur l'importance de lui laisser une échappatoire pour éviter que, acculé, il ne se batte avec l'énergie du désespoir pour employer un lieu commun explicite.
Celui qui n'a pas d'objectif ne risque pas de les atteindre.
L'auteur expose quelques principes de base qu'il convient de ne pas perdre de vue :
Dissimuler ses forces, paraître mal préparé et incapable d'attaquer si l'on est sur le point de le faire et, inversement, sembler proche d'agir si l'on en est incapable.
L'art de la guerre c'est de soumettre l'ennemi sans combat ! Une vision bien différente de celle de nombre de généraux qui, il est vrai, avaient une vision lointaine du front, les leurs étant restés trop longtemps serrés dans leurs képis !
Harmonie, équilibre, attention aux conditions climatiques, économie des hommes et matériels et efficacité, autant de qualités nécessaires pour l'emporter en cas de guerre classique mais aussi lors des affrontements économiques dont nous sommes les témoins chaque jour. Car Sun-Tzu n'est pas passé de mode, au contraire, certes la nature des conflits n'est plus toujours militaire mais elle reste la même au plan stratégique. Une entreprise adverse, un marché à conquérir, des actions en guise de munitions... Il y a moins de victimes humaines, et c'est tant mieux, mais une guerre pour économique qu'elle soit n'est différente qu'en apparence. Ainsi l'Art de la Guerre est-il étudié aujourd'hui non seulement dans les états-majors mais aussi par les comités de direction, les écoles militaires comme celles de marketing !
Une crise n'est jamais qu'un conflit, presque, comme les autres, plus elle est grande
et plus d'opportunités à saisir offre-t-elle, encore faut-il savoir le faire. De là à dire qu'il serait possible d'utiliser ce livre dans ses relations au quotidien il y a un pas, que je ne
crains pas de franchir !
Dans son texte l'auteur montre une grande compétence, il pourrait avoir été général pendant la période des Royaumes Combattants (entre 443 et 221 avant Jésus-Christ) mais ce pourrait être un pseudonyme collectif, à vrai dire peu importe aujourd'hui, le texte reste, partiel semble-t-il, et je vous invite à le télécharger gratuitement, et légalement (parmi d'autres textes), dans la traduction du R. P. Amiot (1772). Ce qui ne sera pas le cas de sa version manhua (10 volumes aux ÉDITIONS DU TEMPS collection TOKI scénarisée par Li WEIMIN et dessinée par Li ZHIQING.
L'avoir lu permet, faute d'être soi-même actif, de mieux suivre l'actualité ; n'être qu'un rouage n'empêche pas de vouloir comprendre le mécanisme !