Þýska húsið 2015 - Éditions Metaillié 2017 – traduit de l'islandais par Éric Boury

Le Sudin contourna frégates et torpilleurs avant d'accoster au port de Reykjavik. Eyvindur avait bien écoulé cirage et vernis dont il était commercial, cette fois déçu du peu de commandes enregistrées. Pour l'instant c'était son épouse qu'il voulait retrouver : Vera. Mais elle est absente, il devra attendre pour s'excuser des mots qu'il lui lança avant de partir. Attendre longtemps puisqu'elle était partie avec ses affaires.
Le cadavre est sur le sol, une balle dans la tête laisse peu de chance. Flovent examine les lieux mais il semble qu'il s'agisse d'une exécution, le tueur attendait sa victime, a tiré par derrière, la balle est ressortie par l’œil. L'inspecteur avait peu d'expérience des assassinats malgré un stage fait à Scotland Yard. Ce qui l'étonna le plus était que le tueur ait dessiné quelque chose sur le front de sa victime avec son sang.

Quand au mort il s'appelait Felix Lunden et c'est Olafia, sa logeuse, qui avait trouvé sa dépouille en venant réclamer le loyer. Elle avait l'habitude de toucher son argent à date fixe et s'était étonnée, avant de comprendre que Felix avait une bonne raison d'avoir manqué son versement. Il était représentant quand à savoir s'il fréquentait les soldats d'occupation c'était impossible à dire pour les voisins. Flovent reconnaissait la balle, elle venait d'un Colt 45, l'arme des soldats étasuniens, de là à penser qu'un militaire l'avait tué... il faut dire qu'en cette année 1941 les militaires envoyés par Washington sont nombreux pour empêcher que s'approchent trop les nazis, et occuper le pays par la même occasion.

Au moins la cause de la mort est-elle facile à préciser, une balle dans la tête ne passe pas inaperçue. Peut-être est-il le fils de Rudolf Lunden un médecin qui frayait avec les sympathisants nazis avant la guerre. D'après le légiste le gribouillis sur le font est une tentative de dessin au moment ou débarque Thorson, un islandais d’Amérique venu aider pour l'enquête. Pour Baldur, le légiste, pas de doute, le dessin est une croix gammée. Ce qui pouvait coller avec la découverte d'une capsule de cyanure trouvée dans une valise de Lunden.

Un problème se présente pourtant, Olafia, la logeuse qui a trouvé le corps ne reconnaît pas son locataire ! Conclusion, Felix pourrait être l’assassin. Au moins les parents de Felix seront-ils rassurés d'apprendre que leur fils n'est pas la victime. Quoi qu'il en soit le père n'est pas coopératif et ne semble pas porter les islandais dans son cœur. Une piste à creuser !

Les services de contre-espionnages us et britannique se partageaient une ancienne léproserie, histoire de faire semblant de s'entendre tout en s'observant sans discrétion.
Thorson et Flovent enquêtent, réinterrogent le père, puis le beau-frère, directeur d'école, Ébeneser, qui affirme ne rien savoir, ne plus avoir de lien avec l'ancien parti nationaliste ni n'avoir revu son parent depuis un bon mois. Dont doute les policiers, mais autant laisser passer, pour le moment, ils savent que leur deuxième visite sera plus profitable, le temps qu'Ébeneser mijote.
La rumeur est venu aux oreilles de l'américain qu'une importante réunion pourrait se tenir en Islande, avec Winston Churchill, le pays étant la plus importante base américaine en Europe, bien qu'un peu loin du terrain. Y aurait-il un lien entre la disparition de l'un, la venue, supposée, de l'autre ?
Entre temps le mort est identifié, il s'agit de Eyvindur Ragnarsson, un représentant rentré avec le Sudin et que son employeur soupçonnait d'avoir détourné sa recette. Preuve était faite qu'il n'en était rien. Flovent peut perquisitionner la résidence du mort, réaliser qu'il n'y reste plus trace de sa compagne. D'intéressant il n'y trouva qu'une enveloppe portant l'inscription Industrial Chemical Prophylactic Product et la confirmation que Vera appréciait beaucoup la compagnie des militaires et était parti discrètement, une nuit, avec un soldat. Aurait-elle demandé à un de ses ''amis'' d'éliminer son ex ?
Indridasson place son enquête dans l'Islande de 1941, période sombre et lieu de rencontres et de confrontations secrètes, chaque camp essaie d'y placer ses pions. Premier volet d'une trilogie des ombres dont les suivants ne devraient pas tarder. L'auteur utilise l'époque pour démontrer que l'esprit humain ne s'est pas amélioré depuis. Loin de là !