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29 mars 2017 3 29 /03 /mars /2017 07:07

Pour la science 463

Bogdan Dobrescu et Don Lincoln

La galaxie d'Andromède, notre voisine, tourne trop vite sur elle-même pour que les lois connues de la physiques maintiennent sa cohésion. Les étoiles de sa périphérie devraient être expulsées. Si la matière se résumait à celle que l'on voit, Andromède, et la plupart des galaxies spirales, ne devrait pas exister.

Les cosmologistes pensent que la ''matière noire'' entoure et imprègne Andromède, apportant le surplus gravitationnel qui en assure la cohésion. Cette matière représenterait plus de 80 % de la matière contenue dans l'Univers.

Les théories les plus simples la décrive composée d'un unique type de particules, à identifier, malgré les recherches aucune preuve directe de son existence n'a pu être apportée. Certains scientifiques imaginent donc plusieurs types de matière noire quand d'autres étudient les théories justifiant qu'elle n'existe pas et où les lois de la gravitations s'écarteraient de la mécanique newtoniennes.

L'existence de la matière noire reste privilégiée car elle explique la variétés d'observations astronomiques et cosmologiques : le mouvement des galaxies au sein des amas galactiques, la distribution de la matière à l'échelle de l'univers, la dynamique de la matière lors d'une collision de deux amas ou le phénomène de lentilles gravitationnelles. La matière noire paraît complexe et pourrait s'accompagner d'un type de forces inconnus agissant fortement sur la matière noire et peu, ou pas, sur l'ordinaire.

Si sa nature est inconnue certaines de ses propriétés sont déductibles par son influence sur la matière ordinaire. Les particules la composant sont probablement assez lourdes, être électriquement neutres. Elles sont insensibles à l'interaction forte mais pourrait interagir avec la matière ordinaire via l'interaction faible. Elle est stable aux échelles de temps cosmiques : elle ne se désintègre pas. Elle fut produite en totalité dans les premiers instants du Big Bang car aucun mécanisme permettant d'en produire n'a été découvert. Or une particule massive se désintègre plus ou moins vite en particules plus légères, si elle ne le fait pas c'est une grandeur associée à cette particule doit être ''conservée''.

La théorie la plus simple satisfaisant à ces conditions postule un type de particules, le wimp (weakly interacting massive particle).

Malgré des expériences de plus en plus précises, aucun signe concluant de l'existence des wimps n'a été détecté. Pour expliquer cette non-détection certains physiciens explorent des modèles moins classique. Dans ces modèles ces particules porteraient un nouveau type de ''charge sombre'' attractive ou répulsive en étant électriquement neutres, ces hypothétiques particules pourraient émettre des ''photons sombres''. Ces photons devraient être partagés moins fréquemment que dans la matière ordinaire.

Il est possible d'imaginer un univers ou existe une particule avec une charge sombre positive et son homologue de charge négative. Ce modèle suppose une forme d'électromagnétisme sombre conduisant les particules de matière noire à émettre et absorber des photons sombres. À quoi ressemblerait un univers de matière noire avec plus de particules dotées de charges sombres ?

La situation revient à postuler un proton et un électron sombres, même un photon sombre portant l'électromagnétisme sombre qui les lie. Ces particules pouvant se combiner pour créer des atomes sombres, des molécules sombres, et la chimie associée.

Ainsi la Galaxie aurait trois composantes : un nuage sphérique de wimps, 70%, et deux disques aplatis, 15% chacun.l'un en matière ordinaire, l'autre en matière noir. Ces disques seraient alignés, ou à peine inclinés l'un par rapport à l'autre. Une ''galaxie'' de matière noire coexisterait dans le même espace que la Voie lactée, elle serait dépourvue d'étoiles comme de grosses planètes sombres qui seraient détectables.

Les physiciens recherchent la matière noire complexe à l'aide de détecteurs souterrains avec peu d'espoir d'y parvenir, ils tentent également d'en créer dans les accélérateurs de particules.

Sans succès jusqu'à présent.

L'énigme est profonde. À grande échelle de nombreuses observations s'expliquent par la présence de matière noire. L'échec de sa détection directe souligne l'urgence d'en identifier la nature.

 

Tant qu'aucune solution au mystère de la composition du cosmos n'aura été apportée il convient d'être ouverts à la multitude d'explications possibles.

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24 mars 2017 5 24 /03 /mars /2017 08:52

Pour la Science 463

Minimum génétique

Sean Bailly

La nature est créative, la preuve, elle produit des génomes de toutes tailles. Celui du blé par exemple comporte 120 000 gènes, celui de l'homme seulement 20 000... Les généticiens se posent donc la question du nombre minimum de gènes pour produire une cellule viable pouvant se répliquer. Craig Venter et son équipe de La Jolla (Californie) ont réalisé une cellule avec 473 gènes. Une étape pour la biologie de synthèse, domaine ayant pour objectif de construire de nouveaux systèmes biologiques pour comprendre les mécanismes du vivant.

L'aventure a commencé en 1995 avec le séquençage du génome du Mycoplasma genitalium, bactérie vivant dans le conduit urinaire humain et n'ayant que 517 gènes. En 2010 une réplique du génome du Mycoplasma mycoides fut créé et substituée au matériel génétique d'une cellule d'une autre espèce de mycoplasme. Le résultat final est une cellule de synthèse JCVI-syn3.0 disposant de 473 gènes. Certains gènes ont été classé par l'étude de leur structure, leur rôle précis n'a pu être identifié, 79 gènes restent mystérieux. Au total, c'est un tiers du matériel génétique dont l'utilité est inconnue.

Comme le souligne Jack Szostak, biochimiste à Harvard ''le plus intéressant est que ce résultat montre ce que nous ne savons pas.'' Il reste tant à découvrir sur les fonctions indispensables à la vie. JCVI-syn3.0 servira à l'étude de fonctions précises que les biochimistes ajouteront une à une.

La biologie de synthèse vise à créer des fonctionnalités cellulaires sur mesure pour produire des composants destinés au secteur pharmaceutique ou chimique.

JCVI-SYN3.0 est-elle la cellule minimale ? Probablement pas, les recherches continuent.

 

Un GPS dans notre cerveau

May-Britt Moser et Edvard Moser

Le GPS a modifié notre capacité à conduire une voiture, piloter un avion et même à parcourir les rues d'une ville. Des travaux récents montrent que le cerveau des mammifères est doté d'un système de navigation nous guidant d'un endroit à un autre. Il évalue où nous sommes et allons en intégrant des signaux concernant notre position et le temps qui s'écoule. La capacité de savoir où nous sommes et devons aller est indispensable à notre survie. Il s'agit de profils d'activité électrique dans le cerveau, où des groupes de cellules s'activent pour refléter l'agencement du milieu et la position. On présume que la formation de ces cartes mentales a lieu principalement dans le cortex, cet ensemble de couches supérieures du cerveau formant des replis sinueux apparues tardivement dans l'évolution. De récents travaux ont montrés que ces systèmes sont constitués de divers types de cellules spécialisées calculant en permanence la position de l'animal, la distance parcourue, sa direction et sa vitesse.

Les premières recherches sur les cartes spatiales du cerveau commencèrent avec Edward Tolman, prof de psychologie à Berkeley de 1918 à 1954. auparavant nul n'envisageait que les animaux se fassent une image globale d'un labyrinthe pour en prévoir le meilleur chemin. Il observa des rats prenant des raccourcis, faisant des détours, semblant enregistrer des informations relatives aux événements vécus en des endroits précis.

Il fallut pourtant attendre 40 ans avant des études de l'activité neurale apportent une preuve de l'existence d'une telle carte. Les microélectrodes permirent d'enregistrer l'activité électrique de neurones individuels qui permirent d'identifier la décharge de neurones individuels pendant que les animaux vaquaient à leurs occupations. John O'Keefe, de l'University College de Londres, mit en évidence des neurones ''cellules de lieu''. Cette découverte ouvrit une fenêtre sur les parties les plus profondes du cortex sensoriel et du cortex moteur. La découverte dans l'hippocampe de cellules créant une carte de l'environnement immédiat d'un animal démenti l'idée que celui-ci était trop éloigné des organes sensoriels pour traiter ces informations. Il fut mis en évidence l'importance du cortex entorhinal, région servant d'interface entre l'hippocampe et le reste du cortex.

La compréhension du système neural de navigation reste un chantier ouvert d'autant que l'environnement d'un laboratoire diffère de la nature.

Dans la maladie d'Alzheimer le cortex entorhinal décline rapidement, la maladie provoque la mort de cellules cérébrales et la réduction de sa taille. De ce fait c'est un critère d'identification des sujets à risques, comme son effet, la désorientation. La maladie avançant des cellules de l'hippocampe meurent et avec elles la capacité à se souvenir d'expériences vécues ou des concepts tels que les noms des couleurs.

80 ans après les travaux de Tolman, il apparaît que les cellules de lieu ne sont qu'une des composantes de la représentation que le cerveau se fait de son environnement spatial pour calculer la position, la distance, la vitesse et la direction.

Il existe également des cellules de grilles fournissant également une représentation du temps écoulé et de la distance parcourue indépentandate des repère externes dont l'animal dispose. Si les invertébrés en disposent également cela impliquerait quel'évolution créa ce système de cartographie spatiale il y a des centaines de millions d'années.

À nouvelles découvertes, nouvelles questions, comme leur utilité pour les déplacements sur de longues distances, comme les migrations. Les générations futures de scientifiques ont de quoi s'occuper, si elles ne se perdent pas en route.

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21 mars 2017 2 21 /03 /mars /2017 08:44

Science & Avenir 804 – Février 2014

SUPRACONDUCTIVITÉ

Franck Daninos

Les physiciens rêvent, comme tout le monde me direz-vous, mais eux c'est de faire un pas dans la maîtrise de la science. Par exemple, créer des supraconducteurs à température ambiante.

La clé se trouverait dans l'usage de métamatériaux, des composites structurés à l'échelle du nanomètre, qui n'existent pas à l'état naturel. Si rêve il y a c'est que les supraconducteurs conduisent l'électricité sans perte d'énergie. Ils créent des champs magnétiques très intenses utilisés dans les accélérateurs de particules, l'imagerie du cerveau, les trains à sustentation...

Le problème, encore non résolu, c'est que leur industrialisation demande la suppression de systèmes de refroidissement couteux et encombrants. Au dessus de -133°C ils ne fonctionnent pas. D'où l'intérêt des travaux d’Igor Smolyaninov et de Vera Smolyaninonva. L'enjeu est de conserver le phénomène induisant la supraconductivité : la formation de paires d'électrons. Celles-ci se superposant forment une seule onde quantique occupant tout le matériau qui dès lors ne présente aucune résistance à la propagation du courant.

Igor et Vera imaginent d'empiler des couches alternées de supraconducteurs et d'isolants. L'idée est testée en laboratoire à Towson (Maryland).

MAKURIE

Bernadette Arnaud

J'imagine que, comme moi, vous n'aviez jamais entendu parler de la Makurie, cet état fut pourtant un puissant royaume chrétien au nord du Soudan et au Sud de l'Égypte qui exista de 500 à 1400. christianisé dès le VIe siècle par des missionnaires envoyés par Justinien Ier et l'impératrice Théodora. Elle résista à l'avancée de l'islam avant de décliner quand l’Égypte fut dominée par les ayyoubides. La salle du trône de Dongala fut transformée en mosquée au XIIIe siècle.

Ce qui ramène cet état sur le devant de la scène est la découverte de trois cryptes funéraires vieilles d'au moins 900 ans contenant 17 momies par une mission archéologique polonaise en 1993 sises en annexe d'un monastère dédiée à la sainte Trinité, à l'extérieur de Dongala. L'une, contenant 7 corps, présente sur les murs des inscriptions magico-religieuse, associant des extraits des évangiles de Marc, Luc, Jean et Matthieu à des noms et signes hermétiques, des cryptogrammes et un carré de Sator. Rédigées en grec et en copte sahidique, transcrites à l'encre brune sur une mince couche de chaux sont probablement l’œuvre d'un seul auteur, Ioannou, dans la signature apparaît à trois reprises. Selon Wlodzimierz Godlewski, responsable des fouilles, ces inscriptions étaient destinées à protéger le tombeau et ses défunts, inhumés dans de simples linceuls de lin, des puissances du mal. L'identité de ces morts est inconnu mais ce groupe de 7 pourrait inclure le corps de l'archevêque Georgios, clerc principal de la cité royale, dont la mort en 1113 à 82 ans est commémorée sur une stèle exhumée à proximité.

 

JEÛNE et CANCER

Marie-Noëlle Delaby

L'idée fait son chemin que le jeûne affaiblirait les cellules malades tout en permettant de mieux supporter les traitements. Valter Longo, professeur à l'université de Californie du Sud, fondent ses travaux sur l'idée que le vieillissement serait ralenti par la restriction calorique. L'organisme mettant en place des mécanismes de défense face à la restriction, mieux, la protection induite par le jeûne aiderait l'organisme face à un traitement toxique mais vital. Des études démontrent que les cellules saines survivent à ce traitement alors que les tumeurs régressent.

Résultats positifs mais obtenus in vitro ou sur des animaux, ce qui ne permet pas une transposition chez l'homme. Les cellules tumorales du sein, du poumon, certains mélanomes, les gliomes et les neuroblastomes semblent réagir positivement au jeûne, pas les cancers des ovaires, prostate ou côlon.

Il convient d'attendre la publication de nouveaux résultats pour tirer des conclusions définitives.

En étudiant les mécanismes des manchots pour survivre face au froid polaire et à la disette, le physiologiste Yvon Le Maho s'est intéressé au jeûne. Ces animaux peuvent jeuner 120 jours pour couver, ensuite il repart vers la mer pour se nourrir. Il a alors perdu 80% de ses réserves lipidiques. Ce signal existe chez certains petits mammifères. Il prouverait que la capacité de jeûner est un caractère adaptatif ayant permis aux animaux de survivre en cas de famine.

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14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 08:57

Sciences et Avenir 804 – Février 2014

 

Qui n'est pas tenté pour se stimuler d'utiliser vitamines, compléments alimentaires et autres psychostimulants ? Pourtant nous disposons d'un moyen naturel, gratuit, efficace et agréable pour être en forme : le sommeil. Et pourtant un tiers des français reconnaissent dormir moins des 7 heures recommandées par la communauté médicale. Dormir n'est pas une perte de temps, au contraire, en réduire la durée peut bouleverser l'organisme jusqu'à modifier l'expression de certains groupes de gènes impliqués dans le métabolisme. En situation de restriction de sommeil la plupart des processus cognitifs se dégradent explique Arnaud Rabat, docteur en neuroscience à l'Irba. Si les processus automatisés ne sont pas affectés les performances des processus contrôlés, comme l'attention, la prise de décision ou la mémorisation chutent, ajoute Philippe Peigneux.

Le lien entre sommeil et fonctions cognitives a été évoqués dès 1924 par John Jenkins et Karl Dallenbach, psychologues à l'université Cornell, à Ithaca qui demandèrent à deux étudiants de mémoriser des listes de syllabes sans signification. Les résultats montrent qu'ils oubliaient moins les syllabes apprises après une période de sommeil qu'après une période équivalente d'éveil. Plus tard fut déterminée l'existence de différentes phases de sommeil qui n'étaient pas équivalentes pour consolider les aptitudes.

Le sommeil est une succession de 4 à 6 cycles de 90' en moyennes. Chaque cycle comprend 4 stades variant suivant que l'on se rapproche du lever. En début de nuit il s'agit de sommeil lent profond, en fin, le sommeil paradoxal est privilégié. Après que celui-ci eut paru le plus important il paraît maintenant que c'est le sommeil lent profond qui mérite ce titre et se révèle le plus important pour améliorer l'apprentissage. Celui-ci préférant un endormissement régulier.

Durant l'éveil, les neurones émettent des ondes courtes et rapides. Les informations reçus sont encodées temporairement par l'hippocampe grâce à un neuromédiateur, l'acétylcholine. Ils diffusent de l'adénosine qui leur donne l'énergie nécessaire. Cette molécule s'accumule sur les récepteurs des neurones la journée et provoque un ralentissement de leur activité et un besoin de dormir. La caféine se fixant sur les même récepteurs contre cet effet.

Lors de la phase de sommeil lent profond, l'adénosine est pompée par les neurones pour synthétiser de nouvelles réserves d'énergie. Le cerveau fait le plein et se régénère alors que le taux d'acétylcholine chute. Les neurones du néocortex émettent des ondes amples et lentes, le thalamus produit des ondes courtes et rapides. L’hippocampe alors déstocke les informations, les trie et les envoie vers le néocortex pour un encodage à long terme.

Il est possible d'inverser le processus, en reproduisant dans le cerveau les ondes du sommeil lent profond par stimulation transcranienne la mémoire est consolidée.

Autre méthode d'amélioration de la mémorisation : les odeurs et sons. Copier l'environnement de la phase d'apprentissage durant le sommeil lent profond aide la mémoire.

Le sommeil paradoxal est en revanche primordial pour la créativité. Ainsi que le disait Friedrich Kekule ''Apprenons à rêver !'' face à un problème, le sommeil aide la compréhension et la lucidité.

 

Combien de temps dormir ? À quelle heure se coucher ? Il n'existe aucune réponse générale. L'important est de connaître son chronotype quand on veut apprivoiser son sommeil. Notre horloge biologique est située dans les noyaux suprachamastiques de l'hypothalamus, au-dessus du chiasma optique, la partie du cerveau où les nerfs optiques se croisent. Il faut faire avec sa nature, une personne ''matinale'' ne sera jamais un oiseau de nuit, et inversement, pas plus qu'on ne choisit d'être petit ou gros dormeur. Le problème étant d'être décalé par rapport à son rythme, de vivre un ''jetlag social''.

Retenons aussi l'effet de la lumière, la lumière renfermant des ''cellules ganglionnaires à mélanopsine'' remplissant une fonction non visuelle. Plus celles-ci reçoivent une lumière intense, dans les bleus, comme les LED, plus elle retarde l'horloge biologique. L'idéal est une lumière plus orangée.

Coq ou Hibou, l'important est l'accord avec son chronotype.

Et la sieste ? 10 à 15', mais pas après 16h.

Si après avoir lu cet article vous avez sommeil, ne vous en faites pas, c'est normal.

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10 mars 2017 5 10 /03 /mars /2017 08:14

Science et Avenir 804 – Février 2014

 

Vous connaissez vos parents, vos grands-parents et pouvez remonter sur quelques générations, quelques siècles au mieux. Je suis donc heureux de vous présentez votre, et notre, ancêtre le plus ancien retrouvé.

Contrairement à l'idée commune, notre aïeul le plus éloigné n'était pas une éponge (j'en connais aujourd'hui) mais de la gelée, ce qui n'est pas plus reluisant, au contraire. Le génome du cténophore l'a trahi ! Joseph Ryan a analysé les gènes de Mnemiopsis leidyi, prédateur marin, transparent et gélatineux, puis reconstruit l'histoire évolutive des cinq lignées qui peuplaient les océans il y a plus de 600 millions d'années. Le cténophore appartient à une branche sœur de tous les autres organismes multicellulaire, dont les humains, et sa lignée serait la premier à avoir divergé à partir d'un ancêtre commun. Jusqu'alors les éponges semblaient plus primitive car ne possédant ni neurones ni cellules musculaires. Les éponges auraient pu les perdre au cours de l'évolution.

Notre ancêtre !

Vous pensez que vieillir augmente le risque de mortalité ? C'est vrai pour nous, pas pour certaines espèces comme la mésange charbonnières, la grenouille à pattes rouges ou la grande tortue du désert. Leur taux de mortalité diminue avec le temps et dépendrait moins de l'âge que de son environnement – prédation, maladie... dans un espace protégé certaines espèces peuvent vivre longtemps. Le record appartient à un cnidaire, l'hydre d'eau douce, potentiellement immortelle si aucun facteur extérieur, létal, n'intervient.

 

Le chien est notre ami le plus fiable, et j'en sais quelque chose, certains chercheurs pensent qu'il ne lui manque que la parole et voulant remédier à cet état de fait ont mis au point un casque pour le faire ''parler''. Non comme nous, il est trop intelligent pour dire autant de connerie ! Mais en analysant ses ondes cérébrales. Certaines seraient assez claires pour être verbalisées.

Ce casque, No More Woof ''plus d'aboiements'', conçu par la société suédoise NSIC pour l'instant ne capte correctement que le signal ''Je suis fatigué''. NSIC doit exploiter des travaux universitaires sur le centre de la faim dans l'hypothalamus et identifier les ondes cérébrales relatives à la curiosité de l'animal.

Comme s'il ne savait pas s'exprimer sans cela !

Vivement le casque qui ferait taire les cons !

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27 février 2017 1 27 /02 /février /2017 08:26

Historia Spécial – Janvier_Février 2016

 

Philippe Charlier

Ce simple mot suffit pour que vous voyiez un être errant, mort mais animé encore d'une inextinguible faim de chair humaine vivante. En réalité, si l'on peut dire, il trouve sa naissance dans le vaudou, lequel a sa source sur le territoire haïtien. Île où trois cultures se rencontrent, négro-africaine, précolombienne et française. Son origine viendrait de nzambi (dieu) et zumbi (fétiche), en langue trilouba (bantoue).

 

Au-delà de l'effroi à leur vision, les zombies sont des êtres condamnés par des sociétés secrètes (Chanterelle, Bizango, etc.) puis drogués, principalement avec de la tétrodotoxine (tirée du fugu). La victime semble morte alors qu'elle est en catalepsie. Enterrée de jour, elle est exhumée la nuit suivante pour ''vivre'' sa nouvelle existence.

Pour l'attirer hors de sa tombe, le bokor (sorcier vaudou), ou ses aides, utilise un éléments spirituels de la victime et conservé dans une bouteille. Le bokor, donc, au pied de la tombe avec ladite bouteille, fait se lever l'individu. Celui-ci doit être aidé, les servants du sorcier tirent le cercueil du caveau puis le place la tête en bas pour que le sang afflue au cerveau, après quoi ils sortent le corps, le frictionnent pour détendre les muscles et aider au retour veineux. Enfin ils lui font boire une potion à base de feuilles de concombre zombie trempées dans du clairin (alcool fort), ou respirer la fumée des mêmes feuilles brûlées à ses pieds. Le zombie est ensuite aspergé avec de l'eau glacée puis violemment fouetté pour éveiller ses sens et stimuler son système nerveux afin qu'il soit capable de marcher. Un bâillon l'empêche de crier. Ensuite un condeur (ou conducteur) l'enveloppe dans un linceul, lui noue une corde autour de la taille et l'emmène chez le bokor.

Le zombie représente l'idéal de l'esclave, il se place au service de celui qui a commandé l'acte de zombification. Il se retrouve dans un champ de canne à sucre ou comme gardien d'une maison pour surveiller les murs ou les habitants. Son alimentation est surveillé, il mangue sur des feuilles de banane, comme les anciens esclaves, l'alcool lui est interdit, comme toute substance qui pourrait le réveiller. Le processus de zombification associe réel et symbolique. mélange difficilement compréhensible pour les occidentaux qui se concentrent sur l'action chimique au détriment de l'autre, ne voient que l'impact physique en mettant de côté l'esprit du zombie pour qui exister en tant qu'individu était déjà difficile puisque sans attache culturelle ou environnementale.

L'esclave, arraché à sa terre natale, voit se rompre la chaîne symbolique le reliant à sa famille, son pays, ses ancêtres, ses croyances. Le culte des morts (guédé) est capital dans le vaudou haïtien ; les esclaves y sont attachés dès leur inscription dans le système dominguois, il comble une absence et réstitue à l'individu des racines propres.

Le système esclavagiste prétendait destituer les noirs de leur humanité, petit à petit ils élaboreront leur propre religion, imaginaire radical et lien communautaire réel. Le baptême imposé par les colons français fut reconverti en une porte d'entrée aux rituels vaudou, mais l'influence du catéchisme, obligatoire, se fera sentir dans le syncrétisme entre chrétienté et religions d'Afrique noire.

Les zombies ne sont attesté qu'en Haïti, ''fossiles vivants'' d'un esclavage pas tout à fait aboli.

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24 février 2017 5 24 /02 /février /2017 08:40

Historia Spécial – Janvier_Février 2016

 

Catherine Salles

C'est en Arcadie qu'apparaît le premier lycanthrope de la mythologie grecque. Un puissant souverain nommé Lycaon (loup) était riche et père de 50 fils. Cruel et impie il ne reculait devant rien pour dépouiller ses sujets. Zeus, qui aimait se mêler au peuple pour observer les hommes, se présente à lui déguisé en pauvre paysan. Pourtant les Arcadiens devinent sa nature divine alors que le roi est d'un avis contraire.

Reste à le démontrer, pour cela le souverain ne trouve rien de mieux que de servir à son hôte les entrailles de victimes sacrificielles améliorées avec les reste dépecés d'un esclave.

Nul crime n'est pire que l'anthropophagie, tabou chez les hommes et les dieux. Zeus discerne le piège et transforme le roi en loup avant de tuer ses fils. Dès lors quiconque mangera de la chair humaine deviendra un loup-garou dévorant troupeaux et humains. Zeus atterré par ce comportement provoquera un déluge pour engloutir l'humanité !

[Preuve que celui-ci ne fut pas plus définitif que les autres !]

Hérodote est le premier à évoquer la lycanthropie d'un peuple, les Neures, voisins des Scytes, sur la rive gauche du Danube. Un fois l'an tous se transforment pour quelque jours. Dans la réalité il est probable qu'il s'agissait de rites initiatiques voyant les Neures revêtir des peaux et masques de loups. De même ''existaient'' en Arcadie un temple dédié à Zeus Lycéen (Zeus Loup) qu'aurait fait érigé Lycaon, où étaient servi aux fidèles entrailles d'humains et de victimes sacrées. Les consommateurs se métamorphosaient en loup. Parmi ceux-ci on trouve Déménète, athlète de Parrhasie qui ne recouvra sa forme humaine que dix ans plus tard, juste à temps pour remporter à Olympie le prix du pugilat.

Dans le Satiricon, roman de Pétrone, Nicéros est esclave et amoureux d'une cabaretière, Melissa. Voulant la rejoindre à la campagne il est accompagné par un militaire pour le protéger. Sa surprise est grande quand une nuit il voit celui-ci déshabiller, se transformer en loup, et disparaître dans les bois. Partant seul il retrouve Melissa qui lui raconte qu'un loup ayant pénétré dans l'étable y saignât toutes les bêtes. L'animal fut mis en fuite par un esclave qui le blessa au cou. Sur le chemin du retour Nicéros retrouve le militaire et constate, avec effroi, que celui-ci est blessé au cou ! Comprenant sa nature il évitera de le toucher et de partager ses repas.

On est jamais trop prudent.

Croyance populaire voyant les esprits mauvais se transformer en créatures destructrices il y a peu d'exemple dans la littérature antique de loup-garou. Platon évoquera par analogie le goût du sang de leurs sujets par des tyrans semblable alors, moralement, à des prédateurs insatiables.

Les romains redoutaient les loups-garous, et les striges, démons ailés pouvant changer de forme pour pénétrer les maisons, attaquer les nourrissons ou les cadavres, se nourrir de leurs chairs, s'abreuver de leurs sang, pour alimenter leur magie. Les striges sont en quelque sorte des loups-garous femelles !

 

L'OPINION DE LA SCIENCE

Gautier Cariou

Pour la science, la réalité est claire, il n'y a en fait de loup-garou que des cas psychiatriques nécessitant un suivi. Chacun connait ce scénario. Un soir de pleine lune, poils et canines s'allonge, le corps et le visage se déforment pour prendre une forme lupine, l'instinct prend le dessus sur l'humain. Après l'Antiquité c'est l'inquisition qui traque les loups-garous et les condamne à mort.

Les références à ces créatures sont nombreuses mais si elles existent ce n'est pas sous cette forme légendaires mais dans la réalité d'hommes persuadés de se transformer en loup et agissant comme tel : la lycanthropie clinique. Elle se retrouve dans plusieurs maladies mentale comme la schizophrénie ou le syndrome dépressif sévère. En 1988 un homme après avoir battu à mort un homme avoua être un loup-garou. Sa femme témoigna l'avoir souvent entendu hurler la nuit.

Outre des affections mentales la prise de psychotropes peut déclencher les mêmes symptômes. Divers cas attestent des effets de ces produits, un homme qui est pris d'une envie de chasser des lapins pour les dévorer vivants, une femme marche à 4 pattes et tente de mordre le personnel soignant. Rien de diabolique pourtant là-dedans, seulement l'ignorance des maladies induisant ce comportement. Pourtant le médecin Marcellus de Side, au IIème siècle décrit la lycanthropie comme une manifestation possible de la mélancolie. Pline l'Ancien écrit dans son Histoire naturelle ''Qu'il y ait des hommes qui se t transforment en loup et retrouvent leur première forme, on peut en toute confiance assurer que rien n'est plus faux.''

Le mythe du loup-garou pourtant perdura.

John Illis, du Guy's Hospital de Londres, proposa en 1963 que la lycanthropie était causée par la porphyrie, maladie causée par un déficit enzymatique provoquant l'accumulation de porphyrines qui provoque une hypersensibilité à la lumière, augmente la pilosité, notamment sur le visage, une nécrose des tissus et une coloration brunâtre des dents. Symptômes assez spectaculaires pour expliquer l'origine du loup-garou, comme celle du vampire.

Et la lune ? Les études sont contradictoires sur son effet. La croyance en cette influence est appelée ''effet transylvanien'', les observateurs obéiraient à des préjugés culturels.

Et je le regrette, combien j'aimerai me transformer en loup, courir dans les bois, et oublier ces oripeaux humains.

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20 février 2017 1 20 /02 /février /2017 08:11

Historia Spécial - Janvier_Février 2016

 

Gautier Cariou

Qu'en est-il de la réalité du vampirisme ? À Venise en 1576, alors que la peste décime la population, les fossoyeurs découvrent des cadavres qui s'animent, gémissent, dont poils, cheveux et ongles ont continués à pousser alors que du sang coule de leur bouche. Pas de doute, il s'agit de vampires !

Les médecins légistes modernes auraient eu plus de sang froid tant ces phénomènent sont naturels. La rigidité cadavérique s'estompe après quelques heures, les membres se relâchent, provoquant des mouvements post mortem. De même les gaz, le méthane en particulier, s'accumulent lors de la putréfaction et peuvent s'échapper par les voix naturelles, la bouche par exemple, faisant vibrer les cordes vocales. Le corps se déshydratant, la peau se rétracte autour des follicules pileux et des ongles, donnant l'illusion d'une croissance ayant continuée.

 

Dans son livre Vampires, Burial and Death, Paul Barber souligne que le mythe du vampire pourrait venir d'une méconnaissance de la décomposition, mais aussi de la rage, maladie modifiant le fonctionnement du système nerveux, créant une hypersensibiltié à la lumières et aux odeurs, anxiété et agitation. Elle se transmet par la morsure, comme la vampirisation.

En 1985 le biochimiste américain, David Dolphin, de Harvard, évoque la porphyrie erythropoïétique congénitale, ou maladie de Günther. Affection causée par une difficulté à synthétiser les molécules d'hème, un constituant de l'hémoglibine. Elle se traduit par une coloration marron des dents, une photosensibilité cutanée sévère. Les lésions provoquées par la maladie s'accompagnent de nécrose des tissus avec une destruction progressive du nez, des oreilles, doigts et gencives, faisant ressortir les dents du malade. Le tout accompagné d'une chute des cheveux donne une description proche de celle du vampire, celui de Murnau, pas de Browning. Des porteurs d'une maladie aux effets si spectaculaires ne purent qu'être ainsi considérés, et traités, par le passé.

Cette affection est si rare qu'il n'est pas démontrée qu'elle ait pu participer à la création du vampire. Un ou deux cas auraient pourtant pu suffire.

 

Le vampirisme peut être lié à des maladies psychiatriques, certains tueurs en série buvaient le sang de leurs victimes. Il s'agit là du syndrome de Renfield, le compagnon humain de Dracula, induisant une fascination fétichiste pour le sang.

 

Le vampirisme clinique, recherche obsessionnelle de sang à ingérer, n'est pas considéré comme une maladie en soi mais la manifestion d'un délire schizophrénique ou de psychopathie.

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16 février 2017 4 16 /02 /février /2017 08:59

Historia Spécial – Janvier_Février 2016

 

Laurent Vissière

Y a-t-il environnement plus apte à ouvrir l'appétit que l'ombre de cadavres empalés en grand nombres autour de sa table ? Ainsi nous est décrit, dans L'Histoire du voïvode Dracula, traduit par Matei Cazacu, un repas de Vlad III. Quand un de ses serviteurs s'approcha en se bouchant le nez, avouant qu'il ne pouvait plus supporter cette puanteur, il se retrouva empalé à son tour, histoire qu'avec la hauteur l'odeur ne l'incommoda plus.

 

Une anecdote parmi d'autres montrant la cruauté du seigneur de Valachie.

Vlad est un Basarab, famille qui règne sur la Valachie. Contrée prospère mais instable, prise entre la Hongrie et l'empire Ottoman. Quand il vient au monde, en 1430, son père est exilé en Transylvanie mais parvient un peu plus tard à se faire couronner prince de Valachie par le roi de Hongrie, Sigismond de Luxembourg qui lui confère en outre deux ordres de chevalerie, celui de Saint-Ladislas, et celui du Dragon, honneur qui aurait valu à Vlad son surnom de Dracul ''Dragon'', et celui de Dracula à ses enfant ''fils du Dragon''. Vlad II est capturé par les Turcs et n'est libéré qu'en envoyant en otage ses cadets, Vlad et Radu. Les Hongrois qui se méfient de lui le mettent à mort avec l'ainé, installant sur le trône valaque Vladislas II. Vlad III lui reste à la cour du sultan. Il découvre un monde où le souverain exerce un pouvoir absolu et où les opposants sont suppliciés.

Il parvient difficilement à rallier à sa cause les principautés voisines dans le but de récupérer le trône de son père, en 1456 enfin il dispose d'une armée. Les boyards valaques l'accueillent à bras ouverts et, pour signifier leur soutien, tue Vladislas II. Cette même année passe dans le ciel la comète de Halley, Vlad III y voit un signe favorable.

Le nouveau souverain entend asseoir son autorité et éliminer ceux qui la mettraient en doute. Qu'une région menace de se rebeller et elle subit ses foudres, les villages sont brûlés et les populations massacrés. Ainsi gagne-t-il son surnom de Tepes ''l'empaleur''. Et il ne manque pas d'adversaire, Dan III qui prétend au trône de Valachie et est soutenu par une partie de l'aristocratie du pays. Le dimanche de Pâques 1459, Vlad invite pour un banquet une cinquante de boyards, peut-être plus. Tous seront empalés. L'année suivante il s'empare de Dan III et le décapite lui-même avant de faire exterminer ses partisans et sa famille, hommes, femmes, enfants et bébés. Les fils ne doivent pas un jour vouloir venger leur père.

Les Turcs sont des adversaires plus difficiles, un moment il accepte de leur verser le tribut qu'ils exigent mais se ravise après une bataille dont il sort vainqueur, avec les hongrois. Quand Mehmed II lui envoie une ambassade, il la fait massacrer. Puis, l'hiver suivant, il franchit le Danube et va mener un raid dévastateur. Infligeant aux Turcs le sort qu'ils réservaient à leurs ennemis. Le sultan de Constantinople envoie une armée de 60 000 hommes contre la Valachie, mais Dracula connait son ennemi, sait lutter contre lui et va lui infliger de grosses pertes. Les Turcs pourtant avancent, en vue de Târgoviste il découvre la ''forêt des empalés'', sur 3 km 20 000 corps pourrissent sur des pieux !

Mehmet II tente un coup, il laisse en Valachie, Radu, avec pour mission de rallier les mécontents, qui ne manquent pas, et promet de rétablir la paix avec les Ottomans. Le roi de Hongrie va arbitrer la situation, proposer une parente à Vlad, et s'emparer de lui lors de la cérémonie, diffusant à travers l'Europe L'Histoire du voïvode Dracula qui fait la liste de ses crimes tout en grandissant sa légende.

L'ancien prince se retrouve en Hongrie, pendant quinze ans il tue le temps, avant, en 1475 de participer à un nouveau conflit entre les Hongrois et les Turcs, remportant de nouveaux succès, regagnant, temporairement, son trône, avant d'être tué au combat. Sa tête sera envoyée, pratique turque, embaumée et remplie de coton, en guise de trophée à Mehmed II.

L'Histoire l'aurait-elle oublié si Bram Stoker ne l'avait arraché à la tombe ?

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11 février 2017 6 11 /02 /février /2017 08:32

Historia Spécial – Janvier_Février 2016

Roger Faligot

il faut emprunter un escalier extérieur pour atteindre la crypte de l'église de Saint-Michan, à Dublin. En 1860, s'étonnant qu'il y fasse assez chaud, y descend Abraham Stoker. Il vient observer deux corps momifiés, ceux des frères Shears, exécutés en 1798 pour s'être rebellés contre les anglais. Une vision qui marquera Stoker.

En 1897 il publie Dracula, récit qui parle plus de lui qu'il n'y paraît, de sa vie et obsessions les plus secrètes, enfouies sous l'apparence d'un bourgeois victorien, roux et jovial.

Son nom même semble prédestiné, venant du gaélique stocaire signifiant ''usurier'', un suceur de sang à sa façon. Il faut dire qu'il descend, par son père, de colons protestant écossais qui, venant s'installer en Irlande, spolièrent les paysans irlandais.

Né à Clontarf, banlieue de Dublin, Stoker failli mourir à la naissance. Pendant 7 ans sa mère, Charlotte, sera à son chevet alors qu'il est paralysé. Elle lui raconte les histoires de l'Ouest où il est question de femmes vampires, créatures que la mère de Bram, féministe, affectionne.

Il finit par sortir de son lit et commence à vivre. Gamin chétif il devient un solide rugbyman dans l'équipe du Trinity College où il côtoie Oscar Wilde et Edward Carson. Le Trinity eut parmi ses anciens étudiants Sheridan Le Fanu, auteur en 1872 du roman Carmilla, histoire de vampires lesbiennes qui inspirera Stoker pour les personnages féminins de Dracula.

 

Il devient fonctionnaire, en tire son premier livre, manuel à l'usage de l'administration. Il est aussi journaliste pour des journaux dublinois, dont l'Evening Dublin Mail, dirigé par Le Fanu. Auteur de chroniques littéraires il rencontre Henry Irving, célèbre acteur, dont il devient le secrétaire puis l'imprésario, au Lyceum Theater de Londres, en décembre 1878.

Avant de partir pour la capitale il épouse Florence Balcombe qu'il ravît à Oscar Wilde. Concurrence amusante considérant que l'un et l'autre ont peu d'appétence pour les amours hétérosexuelles.

Son personnage s'inspire de Vlad III Tepes qui terrorisa les Ottomans, comme Dracula veut s'installer en Angleterre pour effrayer les anglais, à la manière de la Fraternité révolutionnaire irlandaise qui fait exploser des bombes en Grande Bretagne. Bram n'utilise pas d'explosif mais un personnage.

 

Il situe son roman en Transylvanie grâce à Arminius Vambéry, professeur à l'université de Budapest, mi-espion, mi-explorateur qui décrit les mœurs du ''Pays des morts'' et sert de modèle au professeur Abraham Van Helsing. Il s'inspire également du roman de Jules Verne Château des Carpates pour décrire la région et du château de Slains plutôt que de celui de Bran.

Des chercheurs évoquent une autre influence aujourd'hui, celle de Abhartach, chef d'un clan irlandais qui se serait manifester le lendemain de sa mort en exigeant de boire le sang de paysans pour se régénérer dans la région de Dún Dreach-Fhoula, le château du visage de sang, qui se prononce ''droc-ola'' !

Par ailleurs Stoker versait dans l'ésotérisme et appartenait à l'ordre hermétique de l'aube dorée.

Le succès de Dracula sera tel que le reste de l’œuvre de son auteur restera dans l'ombre. Wilde affirmera qu'il s'agit du plus grand roman du XXe siècle (bien qu'il ne l'ait pas connu). Le roman est adapté au théâtre, mais Henri Irving est déjà mort, celui-ci s'était reconnu et avait confié sa détestation du texte.

Bram Stoker meurt à Londres le 20 avril 1912. décès occulté par le naufrage du Titanic qui eut lieu quelques jours plus tôt. Paquebot construit à Belfast, Stoker avait réalisé dans ces chantiers un repartage quelque temps plus tôt.

Dracula s'inscrit dans la tradition gothique et celtique dont font partie des romans dublinois : Melmoth, l'homme errant (1820) de Charles Robert Mathurin, Carmilla (1872) de Sheridan Le Fanu ou Le Portrait de Dorian Gray (1891) d'Oscar Wilde. Il se rattache également à une tradition plus moderne par sa constructions, l'érotisation des scènes d'horreur, les non-dits interpelant l'imaginaire du lecteur.

 

 

Le cinéma, puis la télévision, donnera une ampleur inégalé au mythe du vampire. De nouveaux auteurs vont s'en emparer, Anne Rice, Stephenie Meyer, Charlaine Harris, John Ajvide Lindqvist. En 2009 Dacre Stoker publie, avec Ian Holt, une suite à Dracula : Dracula, l'immortel. Le célèbre vampire ne disait-il pas : ''Le temps est avec moi'' !

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