Babe – Chris Noonan – 1995 – 95'
Babe est un porcelet dont le destin ressemble à une ligne droite, de la porcherie à l'abattoir. C'est pour ce dernier lieu qu'il voit partir sa famille avec une incompréhension troublante. Ce ne sera pas sa destination immédiate, il va partir pour une foire agricole pour y être vendu à Hoggett, un fermier naïf et sympathique. Il va faire la connaissance de Fly, la chienne de la maison, qui l'accueille et l'aide à s'intégrer. C'est elle qui lui demandera son nom, Babe, dit-il, car c'est ainsi que sa mère l'appelait. Il rencontre également Ferdinand, un canard qui pour se faire passer pour un coq chante chaque matin, sans que son cri soit vraiment ressemblant à celui d'un gallinacé puis Maa, la brebis, ainsi qu'un trio de souris chantantes. Chacun a une place a tenir, et Babe comprend que la sienne pourrait ressembler à celle de ses parents.
Le cochon et le canard forment un duo de ''victimes'' qui ne se font pas au rôle qui leur est dévolu. Le second a trouvé sa solution, en s'adaptant au besoin du moment pour remplir n'importe quelle mission, ainsi devenu indispensable voit-il la casserole s'éloigner. Le premier doit en faire autant, prendre un chemin de traverse pour montrer qu'il n'est pas qu'un morceau de viande en attente de transformation.
C'est ainsi qu'il va devenir chien de berger, une transformation étonnante mais qui prouve qu'avec de l'imagination et de l'énergie il est possible de sortir de sa condition. C'est bien ce que voulaient Chris Noonan et George Miller, utiliser un conte en apparence pour enfants pour donner une leçon, avec le sourire, aux adultes. Les premiers peuvent s'amuser des personnages et de leurs aventures, les seconds peuvent y voir la transposition d'une réalité qu'ils connaissent. Ainsi reprennent-ils le principe des fables si chères à La Fontaine. Autre message pour le producteur, faire de la propagande pour le végétarisme, de ce côté là j'avoue ne pas y avoir été sensible et apprécier une, ou plusieurs, tranche(s) de saucisson ou de jambon, et autres parties de notre ami le porc. De notre victime voudrait nous dire Miller (le meunier), comme si l'antilope était la victime du lion ou l'homo sapiens celle du virus.
C'est ne pas (vouloir) comprendre la nature que nier la répartition des rôles, si le genre homo était resté ce qu'il était jamais il n'aurait dominé la Terre. Et ça aurait été mieux pour elle, sans doute. Le fait est pourtant là et regarder l'avenir dans un rétroviseur ne va pas l'aider à progresser. Babe survit en changeant de rôle, mais une exception ne fait pas la règle, il va à l'encontre de la, et de sa, nature. Le gardien du troupeau en fait partie, et celui-ci reste promis à l'exploitation !