Science & Vie HS Spécial Extra Terrestres 2016
Le Geipan
La vérité est ici (Muriel Valin)
Les témoignages sur les phénomènes extraterrestres sont analysés par le Geipan, un groupe d'études basé à Toulouse dans les locaux du CNES.
Le CNES de Toulouse étudie les véhicules ou les systèmes orbitaux, le Geipan (Groupe d'études et d'information sur les phénomènes aérospatiaux non-identifiés) lui, s'il occupe le même bâtiment, se penche sur les ovnis. Il a été créé en 1977 et occupe aujourd'hi deux personnes à plein temps plus une vingtaine de bénévoles et quelques contractants qui receuillent les phénomènes inexpliqués survenus dans le ciel français, les étudie puis communique avec le grand public via un site internet. C'est la seule structure de ce genre en Europe, dans le monde il faut aller au Chili pour trouver son pendant.
''Notre objectif est de ne pas laisser les témoins de quelque chose de bizarre seuls face à l'insolite, l'inexpliqué et l'étrange'' précise Jean-Paul Aguttes. ''Quand une personne se retrouve isolée avec son observation, cela peut déclencher de grosses émotions chez elle. Elle risque de chercher des explications par elle-même par des sources pas toujours sérieuses... D'où l'importance de notre démarche de communication et d'enquête''.
Des centaines d'associations d'ufologie sont prêtes dans le monde à recueillir les témoignages de ceux qui ont observé des phénomènes sans les comprendre. Ces associations défendent souvent un postulat tranché : soit pour soutenir que notre planète est souvent visitée par des êtres venus d'ailleurs, soit pour certifier que c'est impossible. Le Geipan se veut neutre et propose à qui s'adresse à lui un protocole bien établi : d'abord vérifier si son observation ne correspond pas à une confusion classique, puis, si c'est négatif, elle peut envoyer un témoignage écrit qui sera étudié par les experts.
Chaque année le Geipan reçoit environ 500 messages dont une moitié est rapidement explicitée. La seconde demande une étude approfondie. Des enquêteurs peuvent être dépêchés sur place pour mener leur enquête et recueillir d'autres témoignages. Ce sont souvent des bénévoles précise Jean-Paul Aguttes. ''Je rencontre tous les candidats, ai un entretien avec chacun, les teste avec des exercices d'analyse de cas et vérifient s'ils ont une démarche rationnelle et méthodique. Leur conviction ne doit pas influencer l'enquête''.
En outre une quinzaine de scientifiques sont invités à se pencher sur des cas complexes et à donner leur avis. Chaque cas est ensuite classé dans une catégorie de PAN (phénomène aérospatial non-identifiés) : le PAN A compile les phénomènes identifiés, le PAN B, ceux qui le sont probablement, le PAN C, les non identifiables, et le PAN D, les non-identifiés. Un tiers des cas étudiés par le Geipan sont dus aux lanternes thaïlandaises, ces lampions lancés en grappe vers le ciel prolifèrent en France depuis 2007. Hors ces cas 10% restent inexplicables. Surtout aujourd’hui avec la prolifération des drones.
Comment progresser dans l'avenir ? Les demandes augmentent, de quels nouveaux moyens se doter ? Deux projets pourraient l'aider. D’abord un réseau de 100 caméras pointées vers le ciel, baptisé Fripon cet outil est en voie de déploiement, et fut conçu pour traquer les météores et leur trajectoire. Ensuite la mise en place d'un groupe de travail consacré à l'étude des cas inexpliqués en France, mais aussi dans le monde.
Jean-Paul Aguttes ajoute ''Si nous voulons faire avancer la science autour des phénomènes inexpliqués, nous avons intérêt à creuser dans différentes directions et à étoffer les partenariats.'' Outre l'accroissement des moyens l'idéal serait une collaboration scientifique à l'échelle internationale.