La vie ne fait pas que des cadeaux à Tom, sa dernière rencontre avec sa mère a lieu dans le pénitencier où elle va
être exécutée.
Plusieurs décennies plus tard son fils risque de connaître le même sort. Entre les deux une existence pénible que
l'auteur sait nous raconter sans pathos, ce qui est une qualité, et sans en rajouter dans les effets larmoyants ou complaisants. La quatrième de couverture évoque une parenté avec Dickens (même
origine anglaise), avec moins misérabiliste et plus d'optimisme, de fraicheur dans le style qui font d'une vie difficile un bout de chemin que l'on a envie de faire avec son héros. Savoir qu'il
ne s'agit que d'un livre aide, si nous avions à vivre une telle vie... Le temps n'est pas encore venu d'une technique permettant de partager les sensations et émotions d'un personnage. Cela
viendra, je ne me fais pas de soucis, une connexion entre le cerveau et la tablette. Après tout lire c'est opter pour une autre vie, pourquoi ne pas la ressentir encore plus
intensément ?
Mais je m'égare.
Tommy est en pension, il survit en rêvant des grands espaces, cet Ouest imaginaire où s'affrontent cowboys et
Indiens, le lieu des possibles, d'une vie repartant de zéro. Mais combien qui le voulurent y parvinrent-elles ?
Le pensionnat, presque un orphelinat en fait, est austère, c'est un euphémisme, comme il se doit, l'ambiance
pesante, les souvenirs étouffants et les autres enfants de vrais tortionnaires alors que les enseignants ne valent guère mieux, leur violence est moins physique mais pas moins efficace. Quand sa
sœur, Diane, épouse Ray Montane, alors vedette d'une feuillleton western à succès, nous sommes dans les années 50, Tom pense qu'il va faire de l'illusion une réalité.
Nous ne serons pas surpris qu'il n'en soit rien, loin de là. Le rêve américain porte bien son nom et Hollywood
pourrait se nommer Cursewood.
Le problème est que Diane n'est pas sa sœur mais sa mère, et nous savons dès les premières pages ce qui va lui
arriver.
Pourquoi, comment... À vous de le lire, et de suivre la vie de Tom, ses difficultés avec son épouse, son fils. Les
pages sur la relation entre eux furent instructives pour moi. L'enfance nous façonne et nous oriente. Les blessures invisibles ne le restent pas toujours, dommage !
Celui-ci opte pour l'alcool, celui-là pour l'encre. Ce n'est jamais un vrai choix.
Durant l'été 2008, alors qu'il écrivait ce roman, puisant dans son expérience des pensions anglaises, Evans et sa
famille faillirent mourir de l'ingestion de champignons vénéneux, il s'en sortirent avec l'obligation de se faire dyaliser en attendant une greffe salvatrice, ainsi dans le récit... mais
découvrez-le vous-même.
J'ai toujours détesté les champignons !