S'il est un sujet qui semble loin de moi c'est bien le bonheur, c'est pourquoi je saisis l'offre de Heide, transmise par Catherine, pour me pencher sur ce concept mystérieux, son contraire me siérait davantage, encore que, en y repensant, ils ne semblent pas s'opposer mais se compléter. Le premier est-il l'oubli du second ? Il y a peu je le voyais emplissant le regard de bovin ignorant de leur sort et synonyme d'un état quasi végétatif et pour tout dire proche de l'idiotie.
C'est l'opportunité d'une remise en cause de ce point de vue.
Homme de mots (de maux aussi parfois...) je vois que l'étymologie donne à ce mot ''Eür'' le sens de ''l'accroissement accordé par les dieux'' et le fait voisiner avec ''fondateur'', ''auteur'' et les diverses formes de ces termes.
Ainsi se pose la question du bonheur comme satisfaction présente dégagée de toute projection dans le futur sous quelque forme que ce soit. Faut-il suivre Épicure et chercher la paix de l'âme et du corps, une forme de momification, la vie existe-t-elle hors du temps qui passe et des changements qu'il instille en nous. Faudrait-il se rapprocher de Blaise Pascal qui fait du bonheur le fruit de la foi, fruit amer aujourd'hui mais qui serait délicieux au paradis. Autant dire que je ne suis pas près de le déguster.
Et vous ?
Peut-être la vision de Baruch Spinoza est-elle préférable : ''Bien agir et être dans la joie''. Réaliser des désirs raisonnables sans être troublé par ses passions dans le cadre d'une nature amicale.
Bref, s'em...nuyer grave ! Pour user d'une terminologie moderne loin du style spinozien mais ayant l'avantage de la précision dans la concision.
Reste la vision kantienne, celle pour laquelle j'avoue le maximum de connivences qui voit dans le bonheur un concept oublieux de son sens originel et sujet philosophique propre à d'autant plus de thèse que chercher à le définir devient synonyme de le connaître. Cette fois le fruit n'a même plus de goût sinon l'idée de celui qu'il pourrait avoir. Vous faut-il la santé, l'argent, une famille aimante, un travail plaisant, une voiture, un...
Chacun veut ceci ou cela mais sa nature, pour ne pas dire LA nature, le porte à céder à des passions qui n'en sont pas opposées à cette dernière mais sa progéniture.
Vaste sujet, les questions qu'il soulève justifieraient des pages et des pages, quoi de plus difficile à définir que ce qui, au final, ressemble à une idole. Une idée que l'on perçoit mais qui se modifie à mesure que l'on s'en approche pour la voir mieux. Mais savoir que l'horizon est une ligne imaginaire n'empêche pas de vouloir s'en approcher n'est-ce pas ?
Passez devant !