Impossible bien sûr de remonter aux sources du rire ni de dire s'il est aussi ancien que l'homo sapiens lui-même, considérant que d'autres primates semblent disposer de cette capacité (le premier nommé n'étant donc pas le seul à avoir le sens du ridicule) il me semble possible d'accorder cette capacité à nos lointains ancêtres.
Il fallut pourtant attendre le début du XVI ème siècle et l'humanisme pour que des études soient faites sur ce sujet. Citons d'abord Castiglione dès 1528, dans son Cortegiano, suivi de près, en 1533 par Rabelais, auteur du fameux : Le rire est le propre de l'homme ! puis Vivès en 1539, Érasme suivra. Un siècle plus tard c'est Descartes qui l'évoquera dans son ultime ouvrage : Les passions de l'âme (1648) précédant Hobbes dans Léviathan et Spinoza dans L'éthique.
Des médecins se pencheront aussi sur le sujet, Joubert en particulier qui verra ce comportement avec un œil différent des Humanistes, soulignant l'importance de la vue et de l’ouïe, que ce qui fait rire est souvent chose laide et meséante. ''Le style commun de notre rire est toujours la dérision et le mépris''.
La différence se fait entre le rire et le sourire, ce dernier étant signe de plaisir et d'affection.
Rien n'échappant, à l'époque, à la religion la question sera soulevée de savoir si le Christ aurait ri, ce qui ne semble pas prouvé, mais comment imaginer qu'il n'ait pas souri, signant ainsi son appartenance à l'humanité.
De fait rien de ce que nous venons de voir n'est nouveau mais reprise d'idées anciennes. Aristote en particulier se pencha sur le sujet, il eut été étonnant qu'il échappât à sa curiosité et à son désir de s'exprimer sur tous les sujets. Il semble le premier à avoir dit que l'homme était seul à rire mais en ayant porté un œil sur le Philèbe de Platon, parce que seul moqueur des défauts d'autrui et satisfait de tourner ledit en ridicule. Dans l'Antiquité le rire est considéré comme le moyen de se glorifier par rapport à quelqu'un avec qui se comparer est valorisant.
L'époque moderne tentera pourtant de rapprocher le rire de l'admiration, du rejet d'un comportement méprisable. C'est l'ambition des Humanistes de se moquer d'attitudes viles ou de vices dont il convient de s'écarter.
Le rire peut-il être bienveillant, la cruauté est mal vue de la majorité, dont je ne fais pas partie. De nos jours il est bon de se montrer (mais de se montrer seulement) empathique et compatissant bien que nombres de ''comiques'' et autres ''humoristes'' n'hésitent pas à patauger dans le vulgaire et le graveleux, permettant donc à leur auditoire de se soulager de sa méchanceté par personne interposée.
Il est évident que le rire éclaire la nature humaine, si tant d'auteurs se sont penchés sur lui, et sans être jamais drôles pour autant, c'est qu'il est révélateur de par la difficulté qu'il y a à le dominer. C'est aussi un moyen de gagner un public à sa cause, pour en rester là, à l'instar des ''comiques'' mais aussi pour retenir l'attention en l'utilisant comme excipient dans un discours pour faire passer ses idées ; valoriser l'auditeur en lui montrant des individus supposés bêtes, ignares ou envahis de comportements ineptes autorisant par là-même que l'on s'en moque est le meilleur moyen qu'il pense avoir raison et que celui qui parle est digne d'être entendu.
Source : bullies.centerblog.net sur centerblog.
Impossible de passer sous silence l’œuvre de Henri Bergson Le Rire, paru le 1er mai 1900. je n'ai pas eu le courage de le lire mais il semble garder l'idée que le rire, fils du sarcasme, est une sanction de la société pour qui ne vit pas comme il convient.
De là à penser que je suis moi aussi risible il n'y a qu'un pas que je vous autorise à franchir !
Ne pas oublier les regards sur le même sujet de Catherine, Denis, et Heide.