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7 août 2008 4 07 /08 /août /2008 05:12

 

Au début était le Verbe. L'écrivain mime le créateur mais son oeuvre est-elle reflet ou réalité ? Est-ce lui le miroir ou le lecteur ? Je comprendrais alors d'avoir évité ce dernier si longtemps.

 

Avant d'être rédigé, un livre est toujours un chef d'oeuvre. L'écriture est une course pour s'éloigner le moins possible de cette ambition.

 

Un livre est toujours un produit, le temps seul lui donne sa valeur.

 

Peser ses mots, tirer la langue de concentration. Puiser dans les dictionnaires la perfection grammaticale et stylistique. Voir naître devant soi une oeuvre aux dimensions d'un palais.

Vide !

 

Entre la camisole et l'écriture, je crus avoir choisi, benêt que je fus ! Les pages absorbèrent mes cris, mes peurs, mes délires, jusqu'au jour où elles me les renvoyèrent, où, ma méfiance disparue, les feuilles se firent miroir. Comment ne plus écrire sans perdre la tête, préférant à la blancheur du papier celle des murs capitonnés.

Écrire n'est pas être libre mais l'esclave devient maître s'il assume son destin.

 

Écrire n'est pas une profession, c'est une obligation, un ordre. Ainsi j'ai trouvé mon alibi, et j'aime ça.

Écrire offre les moyens de perpétuer son omnipotence infantile, de jouer dans son monde hors des contraintes et des codes imposés par la société. Un texte est une fenêtre sur une cour de récréation quand ce n'est pas un mur. Passer par l'enfance est enrichissant pour qui n'y reste pas planté. Du reste, comme un enfant, un livre, avec le temps, peut se retourner contre son géniteur en le révélant pour ce qu'il est.

 

Qui tient les mots tient les gens.

 

Bibliothèque rose, verte... marron ! Tant d'auteurs semblent chier par les doigts.

 

La quantité se suffit du don, de cette aptitude à produire sans besoin de prendre son temps, cette envie de courir sans cesse qui semble interdire de marcher. Le génie demande du travail, de la patience, de revenir sur ses pas, sur ses mots, de plonger son regard dans l'inquiétant miroir d'encre.

 

Écrire au goutte à goutte, que chaque phrase ait un sens, quand une hémorragie est une dilution au profit de la forme contre le fond.

 

L'oeuvre se fait vampire, écrire pour s'autodétruire, affrontant la mort avec l'envie de la duper.

 

Cette plume est un poignard en quête d'un encrier de sang.

 

Je souris en pensant à mes biographes tentant de séparer dans mes écrits l'imaginaire et le réel, alors que moi je n'y suis pas parvenu et y ai renoncé. Imaginant le réel pour réaliser l'imaginaire.

 

Profession : homme de l'être, l'ivre de papier.

 

La littérature consiste à employer cent mots là où quatre vingt dix-neuf suffiraient. C'est chercher l'artifice, peindre un sourire sur une face cadavérique l'art est-il autre chose qu'un mensonge, le décor d'une maison vide ? Approchons-nous, arrachons des murs les tableaux, les belles tapisseries, jetons au loin ce qui dissimule une nudité terrifiante de beauté.

Osons-le, osez-le... Moi je peux l'écrire.

 

Écrire comme le contraire de vivre avant d'admettre que le spectateur est mieux placé pour comprendre que l'acteur emporté par son rôle et les situations. Le monde offre tant de moyens pour qui veut se perdre mais seul celui qui se sent être rien, y succombe.

Écrire pour comprendre, ouvrir les yeux pour se relire.

 

Le fumier est excitant quand la rose n'est qu'enivrante.

 

L'inspiration est équivoque. Le mystique y voit l'intervention de Dieu, ainsi peut-il s'asseoir et ne pas chercher plus loin. L'artiste digne de ce nom refuse une explication aussi simple, il a envie de faire se lever son esprit, de le faire avancer en des voies étranges et perturbantes. Un peu de l'âme suinte entre les mots, un peu de folie aussi. La seconde protégeant la première.

 

Les mots ne répondent pas, ils précisent la question. Ils ne suffisent pas à endormir un coeur qui n'a jamais battu, au contraire, ils l'amènent à le comprendre. Après quoi ils suffisent rarement.

 

L'inspiration ouvre une à une les portes de l'esprit, attendant d'arriver quelque part.

 

L'imagination : n'est-ce pas tourner en rond de plus en plus vite sur un manège qui ne bouge pas quand l'inspiration est l'écho de pensées venant de par delà soi ? L'une gesticule, crie, quand l'autre entend puis tente d'écouter. La première voudrait refuser ce que la seconde souhaite accepter.

 

Les mots font escalier, facile de sauter des marches en descendant ; en remontant c'est autrement plus difficile. Mais pourquoi revenir en arrière ? Le véritable écrivain me semble être celui qui sait se laisser dépasser, emporter par les situations, par les personnages qui prennent de lui un peu, et parfois beaucoup, de vie.

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Bienvenue sur ce blog ! Vous y découvrirez mes goûts, et dégoûts parfois, dans un désordre qui me ressemble ; y partagerez mon état d'esprit au fil de son évolution, parfois noir, parfois seulement gris (c'est le moins pire que je puisse faire !) et si vous revenez c'est que vous avez trouvé ici quelque chose qui vous convenait et désirez en explorant mon domaine faire mieux connaissance avec les facettes les moins souriantes de votre personnalité.

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