Il paraît... on m'a dit, mais j'hésite à vous en faire part, les mots ont un sens pour qui les prononce, un autre pour qui les entend. La couleur des paroles variant suivant l'acuité visuelle, ou intellectuelle, de qui les perçoit. Un commentaire murmuré dans une oreille attentive peut y croître, y embellir parfois, y pourrir le plus souvent suivant si le locuteur est espiègle ou non. Il paraît que le chef est un... mais la hiérarchie peut m'entendre, se méprendre, je devrais me défendre et risquerais de finir en sacrifice propitiatoire, en symbole de l'autorité s'affirmant détentrice de ce qu'il faut, de ce qui convient, du véritable sens des mots, strict et hors des interprétations personnelles riches en confusion.
Il paraît que je fais courir des rumeurs, que je rapporte des médisances, colporte des ragots, dissimulé derrière un pseudo, hantant les réseaux soucieux, insinuant que je pourrais dire, que je devrais, mais la peur met sa main sur ma bouche, retient ma main, modère mes explications pour rester sur les rails du consensus mou, ceux qui mènent à ce monde parfait que chacun prétend souhaiter, peignant sur ses sombres pensées un sourire hypocrite et social.
Mais je ne vous ai rien dit, spéculateur mutique je prie mais ne romps pas.