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8 mars 2016 2 08 /03 /mars /2016 08:46

Les Cahiers de Science & Vie 152

 

L'ouvrage de Diderot et d'Alembert fait appel aux meilleurs savants pour dresser le tableau des sciences, des arts et des métiers. Malgré censure et critique, l’œuvre phrase des Lumière connaîtra un succès sans précédent.

En juillet 1749, après sa Lettre sur les aveugles, d'un matérialisme athée insupportable, Denis Diderot est enfermé au château de Vincennes. C'est le premier arrêt de l'Encyclopédie, entamé depuis fin 1747, avec Jean le Rond d'Alembert. Il restera en prison 3 mois. Ce ne fut que le premier écueil que rencontrera l'Encyclopédie pendant plus d'un quart de siècle. Pourtant, soutenue elle va s'affirmer et rencontrer un immense succès. Ses promoteurs sont entourés des meilleurs savants de leur temps et proposent un savoir débarrassé des superstitions. Dans ses 28 volumes elle présente une pensée philosophique moderne et une critique des pouvoirs monarchiques et religieux.

Au départ pourtant elle ne devait être que la traduction des deux volumes d'une encyclopédie anglaise, la Cyclopaedia d'Ephraïm Chambers parue en 1728 et rien ne semblait lui offrir une telle destinée. L'abbé de Gua de Malves doit la diriger et d'Alembert, alors premier géomètre d'Europe, en contrôler les mathématiques. Diderot est traducteur, travail qui lui permet de subsister depuis que son père lui a coupé les vivres. L'abbé jette l'éponge, et DD reprend le projet. Avec d'Alembert ils vont amplifier la vocation première du projet. Diderot était un jeune homme inconnu mais d'Alembert, lui, avait la réputation et le poids nécessaires vis-à-vis du pouvoir et des éditeurs, mais c'est lui qui va insuffler sa vision philosophique dans le projet.

La somme de découvertes diffusées ainsi va rendre caducs les inventaires médiévaux plaçant la foi au centre des connaissances. Dès la fin du XVIIe les dictionnaires proposant un ordre alphabétique des savoirs rencontrent un grand succès partout en Europe, principalement ceux introduisant un contenu scientifique actualisé.

Le Dictionnaire universel de Furetière ou le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle, ''l'arsenal des Lumières'', annoncent l'Encyclopédie dont l'ambition est ''d'exposer autant qu'il est possible, l'ordre et l'enchaînement des connaissances humaines''. Un nouvel ordre du savoir est présenté qui le désacralise. Son point de départ est l'entendement humain. Les subdivisions des sciences se rattachent aux trois facultés de l'entendement que sont la mémoire, la raison et l'imagination. L'histoire renvoie à la mémoire, la philosophie à la raison, et la poésie à l'imagination. Désormais ce n'est plus dieu qui dirige la nature mais l'Homme qui l'explique commente Martine Groult.

L'Encyclopédie se veut un dictionnaire ''raisonné''. Elle présente deux axes pour la connaissance, l'homme et la nature, ouvrant la voie à une science émancipée de la théologie et à une métaphysique fondées sur l'expérience et l'observation. Elle innove en faisant appel à plus de 140 collaborateurs, par l'importance donnée à des disciplines naissantes ainsi que par un la place donnée aux planches d'illustration. Pour la première fois dans un dictionnaire les noms propres sont absents.

En 1751, 1000 souscripteurs permettent le lancement de l'entreprise, ils seront 4200 en 1757. L’œuvre sera vivement critiquée par les jésuites et les milieux conservateurs et surmontera bien des obstacles avant d'arriver à son terme. Au final l'Encyclopédie comporte dix-sept volumes de textes, soit 72000 articles, complétés par onze volumes de planches dont l'impression s'achève en 1772.

Ainsi s'érigea un monument de référence pour les sciences, les arts et les métiers. Elle présente la somme des progrès de l'esprit humain et en expose le bilan critique en conservant un regard critique sur le progrès. Ses concepteurs développent une vision lucide des limites de la perfectibilité de l'esprit humain, et inscrit ses progrès dans une vision plutôt noire de l'histoire le progrès est pris au sens cinématique de mouvement et peut aussi aller vers l'arrière ; les lumières de la raison peuvent être à nouveau obscurcies par la corruption et la barbarie. La modernité de l'Encyclopédie tient à sa présentation des découvertes nouvelles mais aussi, surtout, à son invitation à se méfier de tout dogmatisme, à douter de tout, y compris du progrès. Véronique le Ru explique comment ils durent dissimuler leur analyse critique dans des réseaux d'articles. Leurs idées sur la séparation de l'Église et de l'État ne se troue pas ni à l'entrée. Église, ni à celle d'État, mais aux entrées superstition, fanatisme et templier. Cependant les encyclopédistes sont pus des réformistes que des révolutionnaires, souhaitant une monarchie parlementaire et témoignant du mépris envers la ''populace''.

 

Martine Groult : Les encyclopédie. Construction et circulation du savoir de l'Antiquité à Wikipédia. (l'harmattan 2011)

Véronique Le Ru. Subversives lumières, l'Encyclopédie comme machine de guerre. (CNRS 2007)

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commentaires

C
Bonjour Lee.<br /> <br /> Un ouvrage de sciences utile, qui a ouvert nombre de coeurs et d'esprits encore arnachés aux ténèbres du Moyen-Age. Le but de la Connaissance est d'éclairer, pas de diriger.
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L
Bonsoir chenzen, le seul<br /> <br /> Encore que certains finissent par s'éblouir ou perdre la vue dans leur quête sans fin.

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