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11 août 2015 2 11 /08 /août /2015 07:34

Pour la science 445

L'homme : une évolution en marche.

Les sociétés humaines connurent de nombreux changements durant leurs parcours, ceux-ci s'accélérèrent ces 30 000 dernières années en même temps que l'évolution génétique de l'homme. Tout indique que celle-ci doive continuer.

 

L'espèce humaine neutralisa d’innombrables dangers, apprit à se protéger des éléments et des prédateurs, développa des traitements contre de nombreuses maladies mortelles, transforma les petits jardins de ses ancêtres en vastes champs agricoles et augmenta ses chances de mettre au monde des enfants en bonne santé.

Nombreux sont ceux qui pensent que le progrès permet d'échapper à la sélection naturelle et que l'évolution est arrivée à son terme. Il n'y a plus de ''survie du plus apte'' si presque tout le monde survit jusqu'à un âge avancé. Idée répandue dans le grand public mais aussi chez des scientifiques.

Ce n'est pas le cas. Nous avons évolué, évoluons et évoluerons tant que nous existerons. Rapporté à une journée de 24 H les 7 millions d'années qui nous séparent de notre ancêtre commun avec le chimpanzé, les 30 000 années qui viennent de s'écouler ne représentent que six minutes ! Pourtant durant cette période d'importants changements se produisirent, de vastes groupes migrèrent vers de nouveaux environnements, notre alimentation s'est modifiée et la population mondiale a été multipliée par plus de mille. En conséquence le nombre de mutation génétiques s'est accru, alimentant une sélection naturelle rapide. L'évolution humaine ne stagne pas, au contraire, elle semble s'accélérer.

Il y a 11 000 ans l'homme est passé de chasseur-cueilleur à agriculteur et s'est mis à cuire ses aliments induisant des modifications anatomiques. Il y a 10 000 ans ses dents étaient en moyenne 10 % plus grosses en Europe, Asie et Afrique du Nord. Les nourritures cuites, molles, demandent moins de mastication, les dents et les mâchoires diminua au fil des générations.

Les anthropologues n'ont compris la proximité de l'évolution de ces caractères que depuis une dizaine d'années, en outre l'analyse de génomes a précisé les traits sélectionnés. La tolérance au lactose chez l'adulte est récente et fut acquises séparément chez les populations pastorales d'Afrique subsahariennes, dans la péninsule arabique chez les populations de chameliers et de chevriers, plus récemment de l'Irlande à l'Inde et plus généralement en Europe du Nord. Les ADN séquencés de squelettes de fermiers européens d'il y a 5000 ans montrent l'absence de la mutation génétique idoine pourtant présente chez plus de 75 % des européens. Quand une mutation apparaît, pour qu'elle s'impose il lui faut d'abord acquérir une certaine fréquence, sa croissance s'accélère ensuite jusqu'à sa domination.

L'épaisse chevelure noire et lisse de presque tous les Asiatiques de l'Est est apparue il y a moins de 30000 ans, à la faveur d'une mutation du gène EDAR, primordial dans le développement de la peau, des cheveux, des dents et des ongles. Ce variant génétique a été exporté en Amérique par les premières vagues de colonisateurs, venues de l'Est asiatique. L'histoire évolutive de la pigmentation de la peau, des cheveux et des yeux a été simple et rapide. Chez nos ancêtres ils étaient noirs, depuis des dizaines de modifications génétiques les ont éclaircis. Une, sur HERC2 donne des yeux bleus, sur MC1R elle donne des cheveux roux... L'ADN renseigne sur l'apparition de ces mutations. Les yeux bleus semblent remonter à plus de 9000 ans. Mais les modifications des caractères physiques visibles ne sont pas seuls étudiés. Ainsi la plupart des gens ont du cérumen collant alors que nombreux habitants de l'Est asiatique ont un cérumen sec qui s'écaille et ne colle pas. Celui-ci résulte d'une mutation récente du gène ABCC11, mutation touchant également les glandes sudoripares. Si vous avez des aisselles qui sentent la transpiration et du cérumen collant vous êtes probablement porteur de la version originale d' ABCC11, s'il est sec et que vous n'avez pas besoin de déodorant, vous portez le nouveau variant génétique. Une autre mutation est intervenue pour sauver des millions d'Africains. Celle du gène DARC qui conféra une résistance plus grande à Plasmodium vivax, un des deux principaux parasites du paludisme. 95 % des populations subsahariennes en sont porteuses contre 5 % des Européens et des Asiatiques.

Nous nous représentons l'évolution comme un processus où les ''bons'' gènes remplacent inexorablement les ''mauvais'' mais les adaptations humaines les plus récentes attestent de la part essentielle du hasard.

L'évolution humaine se poursuit. Les chercheurs l'observent ''en direct'', en étudiant les tendances sanitaires et la natalité. Le projet britannique UK Biobank va analyser les génotypes de centaines de milliers de personnes et suivre leur santé tout au long de leur vie. Il faut analyser des milliers de cas pour comprendre quels changements génétiques influent sur la santé humaine. Retracer la généalogie des mutations nous permet de remarquer les gagnants sur le long terme. Les populations humaines sont sur le point de devenir la plus grande expérience de biologie évolutive jamais réalisée.

John Hawks conclue son article en s'interrogeant sur l'avenir. Les versions ancestrales des gènes cohabitent avec leurs versions modernes, les déplacements de populations permet un brassage génétique sans précédent. Pour autant les caractères se mélangeant vont-ils s'uniformiser sur la planète ? Il répond clairement non. Les variants ne sont pas additifs. Les populations métisses ne sont pas constituées d'une masse indistincte de clones. Et il conclut : Chacun de nos descendants sera une mosaïque vivante de l'histoire humaine.

 

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