Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 novembre 2014 7 09 /11 /novembre /2014 09:00

Jacques Becker – 1960

Une fiction peut être plus réaliste qu'un documentaire quand on sait qu'être sous le regard de la caméra modifie le comportement. Ainsi ce film donne-t-il une vision crue de la (sur)vie dans cellule de la prison de la Santé. Il bénéficie d'un scénario de José Giovanni basé sur sa propre expérience.

Gaspard est un jeune détenu qui est transféré dans une nouvelle cellule où il va découvrir que ses codétenus creusent un tunnel pour s'évader. D'abord hésitant il va s'intégrer au groupe et participer à la tentative.

Une réalisation qui rend parfaitement l'atmosphère de la prison, ses contraintes, la promiscuité, la virilité, la camaraderie, mais aussi le danger et la trahison toujours possible par un lâche ou celui qui a été écarté d'un projet.

Quel meilleur endroit pour découvrir le sens du mot liberté, aussi mythique soit-il, qu'une geôle où elle semble inaccessible, devenant par là même le but commun capable de rallier toutes les énergies.

Les habitants de la cellule sont différents mais complémentaires, représentatifs d'une société qui voudrait gommer ses différences mais espère que cela n'arrivera jamais, chacun voulant préserver ses acquits où, mieux, accéder à un niveau qu'il estime, à tort ou à raison, supérieur au sien.

Difficile d'échapper au sentiment d'oppression né de l'enfermement, les couloirs sans fin où le regard cherche, sinon la sortie, du moins une lumière lui rappelant que l'extérieur existe encore.

Outre José Giovanni il faut souligner la présence de Jean Keraudy, un des acteurs, et plus que cela puisque lui aussi connu la prison pour avoir volé des cartes d'alimentation pendant la guerre. L'ensemble de la distribution est constituée de comédiens non professionnels dont deux feront carrière : Jean Constantin et Philippe Leroy-Beaulieu.

Jacques Becker mourut avant que son œuvre ne soit finalisée, ce qui lui évita de constater que malgré son succès critique celle-ci ne rencontra pas le public. Il fallut des années pour qu'elle obtienne son statut, mérité, de classique du cinéma.

Rien à voir avec la vision d'une évasion que l'on a aujourd'hui. Pas d'explosifs, d'armes, d'hélicoptères, de coups d'éclats. Tout est lent, répétitif comme si le spectateur était assis avec les autres, creusait avec les autres, espérait avec les autres.

Un film captivant, littéralement.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Lire au nid
  • : Mes (ré)créations littéraires et photographiques.
  • Contact

Bienvenue...

Bienvenue sur ce blog ! Vous y découvrirez mes goûts, et dégoûts parfois, dans un désordre qui me ressemble ; y partagerez mon état d'esprit au fil de son évolution, parfois noir, parfois seulement gris (c'est le moins pire que je puisse faire !) et si vous revenez c'est que vous avez trouvé ici quelque chose qui vous convenait et désirez en explorant mon domaine faire mieux connaissance avec les facettes les moins souriantes de votre personnalité.

Rechercher

Pages